Théorie

réfléchir à l’état physique et mental de l’écriture

52 réponses à “Théorie”

  1. auddie dit :

    « s’il y a de nouvelles façons de penser, il y a de nouvelles façons de l’écrire »

    (phrase, citée de mémoire, parue sur la revue de poésie contemporaine JAVA, numéro 27/28, hiver 2005 2006)

  2. x dit :

    Le chat mange, boit, vole ciel, la voix lactée, le croissant de lune chatte, dicte, boite ta pendule, tes larmes, ton pelage page l’âme, l’habitude, l’ennui vague des fortunes, du sable, de rage humanise quelques minutes, chaque zénith, chaque coin, tout ami animal, chat leurre sa souris, son trou, ses lèvres s’envolent, s’amusent, s’intéressent félinement, insatiablement, impulsivement bourdonne à la raison, à l’angoisse, à l’autre monte ce but, cette marée, ces fuites qui visent le point.

  3. auddie dit :

    Certaines personnes savent écrire effectivement ; elles « savent écrire », mais j’ai trouvé leur « savoir écrire » clairsemé de figures nettes, d’un pigment éthique -comme si leur français avait jauni – procédant par de grands dégagements, voulant tout décrire, par la plus fine des accumulations, dans un français humble et sec, orné du vocabulaire -parfaitement- exact, et par cette faute, tant d’arbres cacheraient le sous bois ; son trésor, si exact et mû par une précision si mécanique, qu’il en dessert et la langue et le propos, ne nous laissant pas compléter la trame par nos images. Oui ; celles-ci même qu’on voudrait produites par notre coeur et nos identités, nos associations d’idées, nos lignes entre les chiffres, comme des jeux de feuilles de chou d’enfants qui nous montrent le dessin bâtard de l’ogre ou du camion de pompier, au feu les mouchoirs! ou de quelque paysage par trop carré, un peu grossier, mais qu’on avait au moins fait nous-même, un moderne effeuillage, une digression anormale, automnale et tutii quantique; quand à leur rythme … hum, des virgules et des points à la place des points et des virgules, des « en ce sens que »… , eh bien, … des panneaux, des panneaux mon ami ! et non des écrans géants, nous ne voyons plus la route.

  4. Arthur-Louis Cingualte dit :

    RAYMOND ROUSSEL DANS LE CAMBOUIS
    par Arthur-Louis Cingualte

    Aucun homme ne peut porter sur soi toute une usine d’automobiles.
    Ezra Pound

    Introduction

    Que ça se sache : Raymond Roussel n’est pas un écrivain. Raymond Roussel n’est pas non plus un dispensable et excentrique littérateur du Paris de la première séquence du XXe siècle. Raymond Roussel est un artiste ― un type qui, pour ne pas perdre son temps, avait pris l’habitude de manger les trois repas de la journée d’une traite l’est forcément. De le rappeler aujourd’hui, c’est particulièrement affligeant mais pourtant bien nécessaire. C’est que tant qu’on voudra mollement le réhabiliter en tant qu’homme de lettre (sic), il n’enchantera que les quelques aventuriers qui vont aux bibliothèques machette à la main. Alors que si on rendait à la lumière ― comme il semble évident ― tout son génie extravagant, fort est à parier que la terre entière se passerait de son compas. Mais les élites académiques aiment beaucoup trop l’ordre : mettre les genoux à terre devant le totem de Raymond, ça serait trop chatouiller l’Armageddon et le Nirvana sur un seul et même pied. Le lent Modiano leur suffit. « Alors, Roussel, un artiste donc ? » me demande-t-on encore une fois histoire d’être certain. Oh mais oui, très certainement, comme la corne au milieu d’un rhinocéros ! C’est même l’un des plus grands, un des majeurs ! Et puis un vrai, je veux dire dans toute l’équivoque complexité étymologique du terme : artiste / artisan, inventeur / créateur… C’est important de le dire, de le répéter tout ça, d’ailleurs je le mets là, juste au-dessus, pour vous, écrit en néons clignotants. Ça ne se loupe pas. Pas d’excuse pour le laisser encore dans le cambouis. Parce que Roussel, l’artiste, est aujourd’hui noyé dans le cambouis qu’a trop consommé Raymond l’artisan. Dans l’atelier de l’enfer, sous l’épaisse et gluante matière noire, c’est à peine si on lui voit la moustache. Faut dire qu’au purgatoire c’est à peine un outsider. Saint Pierre lui passe régulièrement au-dessus, l’air de rien, en faisant sautiller ses clefs : malgré quelques pressions qui viennent d’en Haut, là-bas on se méfie de ce type un peu bizarre. On se méfie de sa présence exotique, hypnotisante et insistante. Raymond Roussel c’est une queue de paon, c’est le bleu de travail en lapis-lazuli, c’est la peau retroussée jusqu’aux coudes, c’est l’architecte d’une pyramide qui tient sur la pointe, c’est l’Indien ouvrier funambule qui ajuste des poutres d’acier entre les étoiles, et tout en dessous, bien en bas, Jules Verne (que Roussel, pourtant, déifiait) se découvre tout petit, tout misérable ; Léonard de Vinci nanifié trébuche pathétiquement sur sa trop longue barbe d’ermite inspiré. Roussel ? il pose canne à la main, il a la classe, lui.
    Raymond et moi, je ne sais même plus quand on s’est rencontrés. C’est un peu comme si j’avais toujours connu cette tête inquiète et très élégante, ce regard de garçonnet étranger aux désirs sexuels, ces allures sophistiquées de favorisé par le sort (Roussel était un très riche héritier) et ce comportement merveilleux parfaitement exposé aux moqueries et aux cruautés (tout comme le plus beau travesti des salons littéraires, Pierre Loti, pour qui Roussel nourrissait un véritable fanatisme). Je crois même l’avoir deviné avant de le voir pour la première fois ! C’est qu’il traîne tellement partout. Une fois lu, on ne sait plus ni où, ni quand : il devient ubique. Comme s’il parfumait de son âme les contours magiques du monde dans un trompe-l’œil, dans une mise en abyme, dans un jeu de mots, dans le parfum de l’aile d’un grand-duc, dans l’alphabet en stries noires du zèbre, dans le trajet nocturne d’une fourmi abandonnée. Raymond Roussel est partout. Je suis ensorcelé par sa présence, par sa non-mort (Raymond Roussel, bien entendu, est immortel). Son cambouis a tout taché.

    Le machinateur

    Donc.
    Esthétique : la machine, d’abord, c’est l’instrument de la mystification. Périactes : c’est le mot que les Grecs employaient pour identifier, au théâtre, l’ensemble des mécanismes qui permettent d’articuler le décor, de le changer pendant une représentation. La machine, ici, fonctionne comme l’envers nécessaire à tout ce qui appartient au prodigieux. C’est la technique qui permet sa manifestation et sa manipulation. Raymond Roussel sait tout ça : de la même façon que les périactes, les machines (machines/œuvres) présentées par les naufragés du Lyncée ― avec tant de détails et de précision que leur réalisation semble au lecteur envisageable ― dans Impressions d’Afrique, participent à animer un gala devant un large public. Machines mystificatrices aux logiciels labyrinthiques, elles ne fonctionnent que pour la beauté du geste, que pour le panache et le spectacle. L’inventeur c’est le créateur (l’artisan, l’artiste), sans l’aspect démiurgique. Il procède à l’envers du machiniste rousselien qui, lui, marche de la technique vers l’illusion. L’inventeur n’a pas le sens du sacré. Pratique, mathématique, rigoureux et rentable, il s’inscrit dans le tissu du capital : il appartient à la culture, c’est-à-dire à tout ce qui n’est pas artistique. Voyez quel trajet empruntent les machines de Raymond Roussel : l’une permet de sculpter des représentations complexes dans la chair des raisins, une autre, pilotée par l’aisselle de l’ingénieur Bex, allume une sorte de phare dont la lumière projetée sur une plante dessine par transparence de magnifiques vitraux ; celle de Fogar aussi mérite le coup d’œil, articulée par la digestion de caillots de sang qui occupe trois étranges animaux, une éponge prend les contours d’un véritable cœur humain miniature… Et je n’évoque pas la Résurrectine de Canterel dans Locus Solus, allez voir !
    Toutes les possibilités sont considérées : les machines ne restreignent pas leur imagination aux pièces industrielles qu’invoque l’imaginaire collectif, elles sont des mondes dans le monde qui usent de l’ensemble des matières créées (animales et végétales). Ce ne sont pas des constructions mais des créatures. Des créatures automatisées, conçues déjà domptées. C’est là le sens du sacré de Roussel : dans son atelier se travaille toute la Création. De cette façon Roussel décrit les acrobaties et les tours de chants présentés lors du gala des Incomparables (quel nom !) de manière identique à celle de ses machines. La dialectique descriptive empruntée dans les deux cas évoque la notice, le manuel, elle explique, rend vraisemblable. De cet usage naît le trouble, le magique, le spectaculaire : les machines et les prouesses physiques fonctionnent. Si elles ne sont pas à proprement parler réalisables, elles demeurent dans l’esprit du lecteur envisageables.
    C’est tout cet ensemble qui se confond dans une adorable partouze d’ambiguïté très divertissante. Chez Raymond Roussel la machine c’est le théâtre, c’est le spectacle : elle est à la fois devant et derrière la scène.

    Raymonglyphe

    « Je me suis toujours proposé d’expliquer de quelle façon j’avais écrit certains de mes livres (Impressions d’Afrique, Locus Solus, L’Étoile au Front et La Poussière de Soleils). Il s’agit d’un procédé très spécial. Et, ce procédé, il me semble qu’il est de mon devoir de le révéler, car j’ai l’impression que des écrivains de l’avenir pourraient peut-être l’exploiter avec fruit. Très jeune j’écrivais déjà des contes de quelques pages en employant ce procédé. Je choisissais deux mots presque semblables (faisant penser aux métagrammes). Par exemple billard et pillard. Puis j’y ajoutais des mots pareils mais pris dans deux sens différents, et j’obtenais ainsi deux phrases presque identiques. En ce qui concerne billard et pillard les deux phrases que j’obtins furent celles-ci : « 1. Les lettres du blanc sur les bandes du vieux billard… » « 2. Les lettres du blanc sur les bandes du vieux pillard. » Dans la première, lettres était pris dans le sens de signes typographiques, blanc dans le sens de cube de craie et bandes dans le sens de bordures. Dans la seconde lettres était pris dans le sens de missives, blanc dans le sens d’homme blanc et bandes dans le sens de hordes guerrières. Les deux phrases trouvées, il s’agissait d’écrire un conte pouvant commencer par la première et finir par la seconde. Or c’est dans la résolution de ce problème que je puisais tous mes matériaux. » source : Raymond Roussel, Comment j’ai écrit certains de mes livres, Gallimard, coll. L’imaginaire, Paris, 2010. P.11, 12.
    Artisan ? On serait tenté, là, d’ajouter ingénieur.
    Deuxième épaisseur de cambouis : il n’y donc pas uniquement machine dans les représentations rousseliennes, il y a aussi machine dans la forme et le style de son expression artistique : Machine à écrire. Formule, système, procédé (comme il l’emploie pour brouiller les pistes) sont des termes qui, même s’ils semblent convenir, sont trop faibles et insuffisants. Ils dispensent de procéder à une véritable vision d’ensemble de l’œuvre de Roussel. Une vision qui dépasse le contenu même de ses écrits. Quand on est confronté à des cas comme celui-là, il faut prendre toute la baleine et ne pas avoir peur du sang : il faut fouiller toutes les épaisseurs. C’est comme ça qu’on doit fonctionner avec les artistes, les vrais. Oui, une machine à écrire, un instrument objectif qui travaille le son pour tordre le sens, une stratégie esthétique qui ne repose pas sur l’intuition poétique mais réinvente la contrainte poétique. C’est plus difficile.
    Tout ça ne suffit même pas. Impressions d’Afrique va plus loin encore. Passé la Machine à écrire, Roussel réinterprète l’enchevêtrement narratif si bien épuisé par les conteurs perses, indiens et arabes des Mille et une nuits. Les histoires se télescopent comme les produits de ses machines, le récit dans son ensemble adopte leur forme, leur dialectique, devient un méta-texte, un monde mécanique doué. Les lettres ne sont plus d’encre mais de cambouis, le livre se machinise.
    La machine ne refait pas le monde mais tente de le reconstruire, c’est une matrice, un motif qui se régénère de manière autonome, c’est la pensée de Dieu (pas de cerveau mais une machine dans sa tête), et qui l’a bien compris, ça ? Le grand assassin de l’Art en personne : Marcel Duchamp !

    Professeur Rousselstein : « Pourquoi ne suis-je pas célèbre comme Pierre Loti ? »

    Ce n’est pas encore fini : la Machine rousselienne s’étage, domine l’œuvre, elle creuse son zénith sous une troisième et dernière couche de cambouis : celle qui concerne le réel, celle qui concerne la vie même de son auteur, celle qui a, dans son insatiable désir de s’affranchir, achevé de le noyer tout à fait.
    Les usages biographiques qui pointent la situation d’héritier très privilégiée de Roussel comme le motif principal de son suicide sont particulièrement naïfs. Selon eux, Raymond, ce susceptible petit capricieux, rompu à l’inflexible habitude de tout pouvoir faire et avoir, n’a pas supporté de rester dans la cave de la reconnaissance. Ce sont bien là des démonstrations de marins d’eau douce qui préfèreront le poisson-chat (sans, d’ailleurs, jamais voir sa magie toute rousselienne) à la baleine, Pierre Henry à Albert Ayler. Comme c’est pratique ! Comme c’est petit d’en revenir aux considérations psychologiques pour boucler l’artiste alors que tout est parfaitement limpide. Alors qu’il suffit simplement d’observer une photo de Roussel jouer avec un petit chien, poser avec un beau chapeau un sourire mélancolique aux lèvres, ou de l’entendre dire qu’il a bien pensé à déposer des roses à Ispahan en mémoire de Loti. Ces commentateurs, Cocteau, ils l’ont bien lu pourtant ! La machine infernale, ça ne leur dit rien ? C’est simple : de façon tout à fait impitoyable, la machine s’est emparée de la vie de Raymond Roussel. Le machiniste s’est fait machiniser. Quoi de plus logique ?
    Du livre au théâtre, l’excentricité des premiers jours s’est épuisée comme un carburant. L’électricité, trop simple, l’agaçait. Raymond ne décidait plus : il répondait à un ordre par lui-même inventé. Il s’est agrégé à sa machine, à son spectacle. Il est devenu ― bien avant Dali ― une œuvre d’art. Ses livres ? Ils ne documentent que cet ultime chef-d’œuvre.
    Est-ce un hasard s’il a choisi de mourir à Palerme ? Palerme, la ville qui conserve le Triomphe de la Mort le plus impressionnant de toute l’histoire de l’art et le célèbre tous les jours dans la rue. Palerme, territoire syncrétique du monde pendant au moins mille cinq cents ans. Le 14 juillet 1933, via Roma, dans la chambre de l’hôtel de Palerme et des Palmes ― le nom ne s’invente pas ―, Charlotte Dufrêne (Marie-Charlotte Frédez, son « amie ») note soigneusement les doses de barbituriques que Raymond s’administre ― ces notes sont comme des données pour la Machine à qui il faut inlassablement rendre compte : Raymond doit bien prendre son carburant. Sur son matelas, au sol ― Roussel avait souvent peur de tomber de son lit drogué ―, dans un état d’extase mystique, devient l’âme de la Machine même. Ou l’inverse.

    Alors, pour finir, retroussez vos manches, passez derrière la scène, derrière les rideaux, derrière la machinerie, attrapez sans crainte cette corde et tirez dessus : « En terminant cet ouvrage (Comment j’ai écrit certains de mes livres) je reviens sur le sentiment douloureux que j‘éprouvai toujours en voyant mes œuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale. (Il ne fallut pas moins de vingt-deux ans pour épuiser la première édition d’Impressions d’Afrique.) Je ne connus vraiment la sensation du succès que lorsque je chantais en l’accompagnant au piano et surtout par de nombreuses imitations que je faisais d’acteurs ou de personnes quelconques. Mais là, du moins, le succès était énorme et unanime. Et je me réfugie, faute de mieux, dans l’espoir que j’aurai peut-être un peu d’épanouissement posthume à l’endroit de mes livres. » source : Ibid, p. 34, 35.
    « Mettez les mains dans le cambouis ! » gueule la tête de Danton conservée dans un des bocaux du professeur Canterel dans Locus Solus. Faites marcher la révolution pour celui qui a trop travaillé la gloire !

  5. Arthur-Louis Cingualte dit :

    SONG FOR ROWLAND

    Quand on a l’âme romantique faire pleurer d’amour une fée est un délice inestimable. La fée que Rowland S. Howard fait pleurer est Electricité. Sur sa guitare il la caresse langoureusement, parfois violement, toujours très suavement. Sous les spotlights la lilliputienne irradiée bousille ses lèvres écarlates de toutes ses dents : elle crie pour noyer l’orgasme dans ses larmes : l’Eros est l’enfer des fées.

    Quand on l’âme romantique laisser pousser les ronces dans sa chaire est un prestige inexprimable. Rowland est vénéneux : il n’y a plus d’histoires : c’est lui qui envoute Shéhérazade.

    Australien volant : sa gueule de saudade prise dans la fumée qui s’échappe de sa cigarette le fait ressembler à une vieille péniche fantôme. Elle passe dans l’horizon électrique vertical comme un cadavre pas tout à fait retourné. Elle mouille d’une pluie argent qui pénètre une Danaé bouleversée.

    Il pense que la gloire est une jeune femme sur laquelle les bijoux ne tiennent pas. A ses pieds, dans le noir, le guitariste les récupère, se lève puis, découvrant la sublime créature, les laisse tomber une nouvelle fois : Rowland S. Howard à l’âme romantique.

  6. auddie dit :

    mes crédits Fonic m’ont lâché, et me suis retrouvé dans l’impossibilité de vous,
    moi et mes assistants, et à l’heure prévue,
    assurer de ma joignitude

    retroussé, commère, et contre toute attente: libre,
    je vous passe toutes mes affections et libres ententes,
    je vous signale un bon séjour à berlin
    avant que je rentre:
    vous avouer: mon collègue: de dos: inerte.
    Un peu sale: le détenteur du doute, enseigné: l’à côté du sans gasse: le plèbe, à la louche, le gondé quand je me lutte: Homère: le grand duc, entre deux épouses
    et les incendies
    je me fais au deuxième qu’un arbre au seul sans doute
    au lit
    à la masse
    au démon

  7. Manuel dit :

    L’amant confesseur pose le même dilemme que le psychanalyste dragueur ou QUE NOUS MÊMES DANS LE CHATTING

    NOUS AVONS DES JOURNAUX INTIMES

    QUI CIRCULENT ET S’ENTRECHOQUENT parfois sans s’écrire

    clause ultime du temps est l’amour, et puis on recommence ces commerces de l’homme et la femme sous des clauses qui ne ressemblent à rien et on s’en fout, tant pis

  8. Manuel dit :

    Colonel de la Guardia Civil Galindo : « Une balle dans la tempe, comme il est d’usage, ce sera moi même qui le ferai » Il sera ce criminel de la guerre sale anti-térroriste proclamé héros incompris par les journaux de droite

  9. auddie dit :

    Dans mon câlin mic mac intrépide mal blessé, dans la satire du grand cercle, du grandissime! un malin sans droits, sans rudiments électroniques, bouge son buste en actionnant sa perceuse comme un robot. Seul un horaire spécial me permet de prendre conscience des avancées effectuées. Voilà, je me prélasse dans l’atmosphère et sous mes draps, la faïence. Des millions de poils surgissent de mes jambes, frétillent. C’est l’exode… A la relecture de ces premières phrases, il semble qu’il soit impossible de saisir le propos exact. Le scénario construit que je développe sans relâche depuis une année, persuadé qu’il me faut négliger les tribulations de la musicalité poétique en faveur d’un cube noir et solide, presque parfait, dont chaque face ressemblerait à une autre, fait une embardée sauvage. C’est manifeste: je me suis un court instant replongé dans un exercice de retraitement des informations vécues dans la journée, en l’occurrence -au travail-. Le texte a prit la forme d’un jeu de dé où les mots -pas vraiment choisis au hasard, mais choisis comment? impossible de le savoir-, ont précipité. Oui des forces inversées siègent dans ce petit théâtre de la fraude artistique. Comme ces vieilles expressions populaires dont plus personne ne connaît le sens (mais qui ont souvent attrait à la cuisine, et donc inventées -louche à la main- par une représentante du personnel qui tâchait de camoufler et de coder sa pensée, la démarche est hésitante, pour ne pas dire anarchique, ça tourne autour du pot, ça prend le chou, et tout est imprégné de décence, de dignité, de vitalité. Je dois être énervé, halluciné, fatigué surtout. Mais motivé. Alors ce n’est qu’un passage. C’est un poème. Le sujet n’est pas la syntaxe, ni une sémantique, ni un environnement, ni même un sentiment d’ailleurs, ou toute chose lisse et identifiable. Non. Le sujet, c’est le texte. Comme ces petits tamagoshis numériques qu’il s’agit d’entretenir par petites touches attentives, ou ces bestioles que l’on rend à la vie en ajoutant un peu d’eau. Enveloppe sèche et désincarnée, ma lettre c’est l’enveloppe.
    L’adresse,
    c’est une recherche.
    Qu’un lecteur se l’approprie,
    là,
    au dessus de mon épaule;
    car mon timbre c’est ma voix.

    Mais mon adresse,
    pauvresse,
    comme tu me mens.

    Il en faut des passages dans l’isoloir.
    « A voté » (pour le doute et l’offensive).
    « A signé » (pour quelques montages de plus).
    .
    .
    « France Textes »
    Brieuc Le Meur. Berlin 30 avril 2013.

  10. auddie dit :

    Quand je n’ai pas de temps à moi, que je mène un travail alimentaire, huit ou dix heures par jours, mes textes sont stressés, chaotiques, déglingués, hyper pleins, et paradoxalement, hyper vides. C’est lutte pour reconquérir mes droits. J’ai la fatigue du corps, et je suis dans la vie. Mon cerveau évolue par à coups. C’est une conscience volontaire, sélective, bête et saine.

    Lorsque je dors tout mon soûl, lorsqu’une journée entière d’oisiveté permet un jet précis de quelques pages tournées vers une simplicité stylistique, j’ai l’impression d’être dans la vie, mais, à ce moment là, je développe une sorte de sentiment de culpabilité. Mon cerveau évolue alors en continu et s’isole, saisit l’universel, mais il fait un maximum d’erreurs d’appréciation par manque d’informations (car il produit ses propres informations).

    Blm (France textes)

  11. jerome dit :

    de trace en pont
    lime son tenace
    attention la succion
    combien de temps
    combien de temps doit on rester lucide pour être vivant
    chaque année de suicide
    manque a la menace
    du désaccord avec l’incommensurable
    et défroisse le sang
    d’un miroir au cadavre
    l’éternel souvenir ressucitant
    de la mort emportée par le vent

    bon voyage cher Auddie

  12. auddie dit :

    Je trouve que la poésie, la peinture et la musique, ont échappé aux travers de l’art contemporain de Marcel Duchamp à nos jours, qui statue sur le concept, le rébus, la métaphore, et s’attache le sens au delà de l’esthétique ( l’intitulé donc), chose qui sera TOUJOURS difficile à comprendre pour le public, si tenté que le concept de public puisse lui-même avoir encore sa place dans cette entreprise.
    Il serait sage d’essayer de comprendre comment et pourquoi la musique, la peinture et la poésie ont survécu à la séparation du corps et de l’esprit que nos sociétés occidentales modernes ont réussi à orchestrer, et se demander alors :
    1 – ce qui est une marchandise (le corps, l’esprit, ou les deux?).
    2 – Est-ce que l’art conceptuel est une résistance ou une soumission (ou les deux).
    Et 3 – Ce que la peinture, la musique et la poésie ont continué, ou prolongé, de nos valeurs anciennes, et de notre essence.

  13. auddie dit :

    c’est à dire, rester dans l’esthétique, même à l’éclater, à la malmener, et être, pourquoi pas, dans la distorsion, ou le minimalisme, ou se travestir, l’infiniment petit ou l’infiniment grand, la déconstruction, le cubisme, l’abstrait, le psychédélisme, ou faire de la poésie un médium musical, et inversement. Plutôt que de tuer l’une ou l’autre, et les assécher assez pour « prendre le pouvoir ».

  14. auddie dit :

    Un reportage d’arte à propos des champignons, des ses « hôtes » là.

    Soudain la nature des relations symbiotiques ou conflictuelles est lumineuse. Elle en appelle aux transpositions.

    Savoir qu’une plante accepte le champignon car ils se rendent des services, redéfinit en symbiose ce que de prétendus parasites ont avec leurs hôtes.

    Soudain l’absurdité de nos modèles agraires, écologiques, nous sautent à la figure.

    Un ami m’a dit une fois qu’il se sentait bien avec ses « intrus », ses mycoses, ses « je sais pas quoi » d’inavouables, qui pourraient bien avoir des airs d’atouts majeurs, plutôt que de problèmes sordides…

    Par exemple; c’est quoi une « sub culture » ou un paria, ou même, une enquête? Une recherche? Comment ne pas se demander comment une société est faite… Ou encore, qui l’aurait déjà compris (quelqu’un de supposé cynique ou manipulateur), avant de mettre en pratique le cours de la nature, et même, de l’entretenir, plutôt que de le contre-carrer avec je ne sais quelle illumination d’ignorant pétrie de textes (en décomposition), qu’il soit tourné vers le bien, ou vers le mal. Le bien et le mal moral, humain. C’est bizarre tout ça, des fois …

  15. Michel dit :

    assez régulièrement j’essaye de sortir de la chronologie
    et je m’envisage alors comme une fatalité immanente
    ce sont alors les autres, dans leur version infernale
    qui me renvoie aux axes du temps et de l’espace
    et ça fait chier
    je me sépare alors de ces autres pisse-vinaigres
    ces empêcheurs de tourner en rond, ces chieurs
    et j’abouti enfin dans un prisme idéal
    ou je fais ce que je veux
    je suis ce que je veux
    en gros je suis dieu
    tout seul comme
    un grand
    mais
    ça ne dure pas
    quelque chose ne va pas
    l’autre se retrouve tapi au fond de moi
    et je me retrouve en prise avec mon enfer personnel
    je suis alors plutôt content de retrouver la chronologie
    finalement je ne vois qu’elle pour me sortir de ce merdier
    finalement je ne vois qu’elle pour me garantir une autre perspective

  16. Anonyme dit :

    La narration, la littérature, le cinéma, ne sont pas des espaces de liberté. Seule la poésie l’est. Et encore, on voudrai nous faire croire le contraire.

  17. Manue1 dit :


    Jeudi 17 janvier 2012

    Si je fais un état d’âme par jour, c’est pas mal, c’est normal. C’est ce qu’on appelle une production régulière. Je me masturbais huit fois par jour autrement quand j’avais vingt ans. J’en reviens à refouler, vous pouvez vous féliciter que mes exploits n’aient progressé. J’aimerais savoir qu’est-ce que serait devenu le monde si le rythme avait augmenté au lieu de se modérer. Je me suis même consacré à la culpabilité, ce qui est on ne peut plus flagorneur.

    Non, l’excellente ironiste je l’ai trouvé à mes frais dans une pharmacie, quand j’ai voulu demander du ginseng (ça va de soi que je voulais rester bandant) et la pharmacienne dans ses vingt ans, en voyant les autres médocs que je prenais et ma barbe mi-rasé pointillé de poils blancs, m’a filé un truc pour seniors, marqué grand « seniors », me disant : il y a même des jeunes qui le prennent.

    Donc, je suis allé voir les communistes, ou ex-communistes, ou bon, je sais pas, les malheureux cassés déjà bienheureux seniors de la petite culture parisienne, à l’atelier de Roger Pic, côté Montparnasse, dans un vernissage récital où l’on rendait hommage au peintre Pierre Labrot.

    Je ne pouvais être qu’enragé de mes confrères « les jeunes », et surexcité par quelques présences « plus jeunes », mais ça s’est passé sans une particulière détestation ni adoration. Bon, en tout cas à mon âge on se regarde les uns les autres d’un air dupeur et l’on pique des colères et sinon on passe à un enthousiasme qui chute au bout d’une cigarette. Je ne sais plus pourquoi je n’ai pas encore parlé de Shelley ni d’art. En fin de comptes, on parlait du « dispositif » et moi j’ai raté le dernier métro. Mais dans de circonstances de la sorte on ne parle jamais sous la modalité galère, il y a toujours une ressource surprise pour les veinards de l’anarchie qui savent s’orienter.

    Sinon, mon grand-père a été en effet fusillé pour sabotage, pratique à laquelle je tiens, et à l’action directe aussi, quoique, enfin, j’ai dû avouer que l’action directe était une chose que nous disions en tant qu’anarchistes pour signifier qu’on avait la flemme de perdre le temps à expliquer ce qu’on faisait.

    Ah, ça me rappelle qu’un dictateur fasciste italien a fait ses armes dans des groupuscules anarchistes, et bien que je me suis cassé les méninges à dévoiler le dictateur dans mes propos. Mais non, je suis le genre d’anarchiste monarchiste et foncièrement, foncièrement… quoi ? J’aime prendre un ton despotique quand la conversation risque de devenir ennuyeuse, mais sinon… Bref, je préfère courir des jupons et pas beaucoup plus. Bon, faire de l’art et souhaiter la chute du régime, sinon.

    Je suis pas à la hauteur de la délicatesse de Geneviève, pour laquelle j’aurais voulu poursuivre avec les strophes suivantes de Shelley, très savoureuses. Mais c’est le manque de ginseng.

    Vendredi 17 février 2012

    Poursuivons l’interprétation de la partition anglaise :

    Sautons, sautons des pages :

    And down the streams which clove those mountains vast,

    Around their inland islets, and amid

    The panther-peopled forests, whose shade cast

    Darkness and odorous, and a pleasure hid

    In melancholy gloom, the pinnace past;

    By many a star-surrounded pyramid

    Of icy crag cleaving the purple sky,

    And caverns yawning round unfathomably.

    Et la chute des tendances adhérentes et structurantes des grandeurs des montagnes,

    l’eau de la tendance à l’intérieur des surfaces, archipel et parmi

    les brousses peuplées des panthères, dont l’ombre gagne

    en noirceur et en parfum, et un plaisir enfoui

    dans la mélancolie de l’accomplissement, statuette et bagne;

    par plus d’un symbole enneigé de la terre et le ciel en feu, glacis

    du froid innouï dont la tendance adhère et pénètre le bleu et le rouge,

    et les grottes s’ennuient autour, inscrutables.

    Lundi 26 mars 2012

    Avec l’intention de reprendre la traduction de The Witch of Atlas, de Shelley, je reviens sur des questions propres au sujet de mon essai. En tant que Purgatoire l’écriture du Milieu, de l’intermède, de l’agonie d’espoir qu’est l’art de vivre, il est rempli d’un mélange d’avants goûts désirants et de frustrations et frayeurs qu’on se trouve en permanent besoin d’apaiser. Toutes les présidentielles je fais un rêve bizarroïde avec le président. Le précédent est publié chez Meligrana Editions, dans un de mes romans en espagnol. Au juste c’est un journal intime en six volumes illustrés, mais je laisse tomber la promotion artistique. La question qui reste ouverte est le côté Musée de Cire du président qui m’est apparu. Il y a quelque chose d’obscène dans la cire polychrome et puis le silence, le murmure du mauvais goût qui nous arrête court dans quoi qu’on puisse dire.

    Une affiche sur mon chemin de bus : LE PATRON ME DIT DE ME TAIRE ET SUBIR

    Le Purgatoire est un artifice anthropologique mythique pour signifier la possibilité de tous les enfermements, enfers ou châteaux-forts, le don du possible qu’on fait du moment de s’enfermer dans le tourbillon de mensonges qu’est l’idéologie, à laquelle ce sommes nous qui la subissons qui lui faisons don d’une mise en discours, étant donné qu’elle est plutôt une injustice ostentatoire sans la moindre excuse qui joue sur son impunité.

    Un diamant du discours de Jean Luc Melenchon à la Bastille, un beau week-end du début du printemps, c’était un locus ou lieu de mémoire tels que la Renaissance de Bruno ou Camillo les avait réinventé depuis l’héritage grec. C’était la description de l’ensemble de dégradations opérées par la droite sous les mots « une France défigurée ». Le Purgatoire nous montre un horizon et nous fait comprendre que nous ne pouvons pas l’atteindre. On est sous tutelle, on garde souvenir des derniers coups de nos tortionnaires.

    Pour ce qui est de la politique, en tout cas, la révolution ne se fait, à mon avis, depuis une quelconque présidence, et c’est qui est souhaitable d’abord dans une situation injuste est la démarche révolutionnaire.

    Autant la faire depuis ma gitanité et sortir quelque chose de piquant par le biais du poète. Mais il arrive qu’au lieu de me restreindre à Shelley j’ai des rimes vaguement personnelles que j’ai rédigé au texte de mon téléphone :

    Ah, l’amie, on a mélangé

    des pilules avec du café

    ce qui est fait est fait

    Tu mélanges pilules et alcool

    pour t’écraser de violence au sol

    moi j’ai raz le bol

    Autre question, cette fois d’ordre esthétique et sociologique et littéraire qui me posait cette chansonnette est la créolisation de toute écriture et de toute poésie, mais je donne suite au nécessaire « état d’âme » de chaque séance :

    La sensation que quelqu’un a frappé à la porte et qu’on n’a pas entendu sur le coup, la sensation de ne pas avoir fermé en sortant; tout cet état de terrorisme imagiste qu’en est le quotidien sous une menace diffuse. Le simple fait d’avoir fait une allusion à la gauche, tabou dans les jeux de table…

    Que par exemple Saphia Azzédine, nous offre et nous affiche dans un article sur le journal d’extrême droite Le Point, pour tout décryptage de l’assassin en série qui agit pendant les présidentielles,  l’épouvantail d »une nouvelle stigmatisation du chômeur, ne peut signaler que l’invraisemblable hasard qui fournit des armes à ce cas de figure.

    Voyez vous ? Devant ce spectre ou éventail du loisir de mourir je redeviens un andalou du tournant du siècle, une espèce de californien vers l’extérieur, et un janséniste un peu excessif dans sa névrose quant à ses peurs de facture chrétienne.

    Un image contraire à la passion de rédemption c’est la passion nouvelle du tragique moderne à l’oeuvre dans le Nosferatu de Herzog. Je mets en boucle les parties musicales de ce film et souvent aussi je fais tourner l’opéra rock Jesus Christ  Superstar. Des contrastes intéressants, entre ce Christ d’un univers proche du junk et puis ce Dracula qui répand la peste. Lucy, la courageuse jeune femme qui va faire face au monstre, à l’anti-messie, a des tournures d’une Cassandre dans la scène sublime où sur la place elle veut expliquer ce qu’elle sait sur la peste aux porteurs de cercueils, et puis rejoint un souper improvisé entre les rats qui fait penser à la réunion où le Décameron est raconté entre des jeunes qui fuient la peste qui s’est abattue sur Florence, et en même temps je lis des morceaux de Chaucer, où le piquant joue sur le déposé, sur le décanté, sur la sublime ranceur d’un vieux parler anglais bien aiguisé et bien rouillé aussi, enivrant.

    Tak fyr, and ber it in the derkeste hous

    bitwix this and the mount of Caucasus

    and lat men shette the dores and go thenne

    yet wol the fyr as faire lye and brenne

    (Chaucer)

    A prendre le feu, le porter à la maison plus obscure

    entre le mont Caucase et la bruine de la propre ruine

    et laisser les hommes fermer la porte et revenir dedans

    où le feu continue sa beauté et sa brulûre

    Traduction à la diable de l’Ariosto

    L’odor ch’è sparso in ben notrita e bella
    o chioma o barba o delicata vesta
    di giovane leggiadro o di donzella,
    ch’Amor sovente lacrimando desta,
    se spira e fa sentir di sé novella,
    e dopo molti giorni ancora resta,
    mostra con chiaro et evidente effetto,
    come a principio buono era e perfetto.
    (Ariosto)

    L’odeur que je sens m’inclinant sur ta tête
    épars dans tes noires tresses imbibées de larmes
    de larmes d’amour qui restent des jours
    où tout était parfait et tu croyais à ma bonté.

    Pour ce qui est de Shelley, ayant partiellement traduit la préface rimée de sa Sorcière de l’Atlas, je reprends le poème en soi depuis la première strophe :

    THE WITCH OF ATLAS.

    1.
    Before those cruel Twins, whom at one birth
    Incestuous Change bore to her father Time, _50
    Error and Truth, had hunted from the Earth
    All those bright natures which adorned its prime,
    And left us nothing to believe in, worth
    The pains of putting into learned rhyme,
    A lady-witch there lived on Atlas’ mountain _55
    Within a cavern, by a secret fountain.

    1.
    Avant ces Jumeaux cruels, lesquels d’une naissance unique

    la Métamorphose incestueuse enfanta de son père le Temps,

    l’Erreur et le Vrai, ils ont chassé dans la Terre de surface oblique,

    toutes ces natures brillantes qui l’ornaient en silence bien avant,

    ils nous ont laissé pratiquement rien pour croyance et bien,

    sauf l’effort de tout mettre dans les mètres rimés et emphatiques,

    une dame sorcière jadis vivait au sommet de l’Atlas où la course

    ne se poursuit plus haut, au sein d’une caverne, près d’une source.

    2.
    Her mother was one of the Atlantides:
    The all-beholding Sun had ne’er beholden
    In his wide voyage o’er continents and seas
    So fair a creature, as she lay enfolden _60
    In the warm shadow of her loveliness;–
    He kissed her with his beams, and made all golden
    The chamber of gray rock in which she lay–
    She, in that dream of joy, dissolved away.

    2.
    Sa mère était l’une des Atlantides à présent couvertes :

    le Soleil qui s’éprend de tout n’a jamais été brûlé

    dans ses péripéties de par l’ampleur des continents et de ses mers vertes

    par une créature aussi charmante, telle qu’elle se pâmait

    dans le tiède et sombre contour du profil qu’il lui apposait…

    (etc)

    Le paragraphe a été pris et traduit plus haut.

    4.
    Ten times the Mother of the Months had bent
    Her bow beside the folding-star, and bidden
    With that bright sign the billows to indent _75
    The sea-deserted sand–like children chidden,
    At her command they ever came and went–
    Since in that cave a dewy splendour hidden
    Took shape and motion: with the living form
    Of this embodied Power, the cave grew warm. _80

    4.
    Diez veces la Madre de los Meses ha estirado

    su arco junto a la estrella del misterio, y votado

    con ese signo brillante para puntuar el oleaje

    que deserta de la arena – como chavales los minutos

    reprendidos, a su mando siempre se nos van y se nos vienen –

    hasta que en esta gruta un tenue esplendor de interior

    tomara la forma y los gestos; se caldea la habitacion

    con el Poder corporeo; forma viviente que me esta leyendo.

    … Enfin, n’étant pas la mienne l’intention de fournir en français une traduction en entier du poème de Shelley, si j’écoute la raison et non pas la logique, je traduis cette strophe en espagnol, ça résonne autrement, j’espère que vous puissiez apprécier. Le subjonctif, couché par écrit, a cette visibilité trouble des pensées, même isolé dans une construction castillane particulièrement crue et sans inhibitions.

    5.
    A lovely lady garmented in light
    From her own beauty–deep her eyes, as are
    Two openings of unfathomable night
    Seen through a Temple’s cloven roof–her hair
    Dark–the dim brain whirls dizzy with delight. _85
    Picturing her form; her soft smiles shone afar,
    And her low voice was heard like love, and drew
    All living things towards this wonder new.

    5.
    Une ravisante demoiselle portant des guirlandes lumineuses

    faites de ses propres beautés, ses yeux sans fond, comme le sont

    les espaces ouverts d’une clarté sans censure, la nuit obscure,

    ce qu’on voit entre les toitures de trèfle d’un Temple, sa chevelure

    obscure, le fade cerveau divague en transe d’une moue mielleuse.

    Je peins sa forme; sa douce bouche souriante qui va briller loin,

    et sa voix tempérée que j’entendais comme l’amour, et je dessine

    toutes les formes qui vivent par sa découverte d’étude et de vierge.

    6.
    And first the spotted cameleopard came,
    And then the wise and fearless elephant; _90
    Then the sly serpent, in the golden flame
    Of his own volumes intervolved;–all gaunt
    And sanguine beasts her gentle looks made tame.
    They drank before her at her sacred fount;
    And every beast of beating heart grew bold, _95
    Such gentleness and power even to behold.

    6.
    Et d’abord est venue, léopard sali, chameau prolongé, la première,

    la girafe, puis l’éléphant, qui n’a pas peur parce qu’il est sage;

    ensuite le perfide ophidien, dans la flamme de fougère

    de ses propres volumes enveloppée; toutes sauvages

    et sanguines espèces, vineuses, domptées par prière

    de ses regards davantage gentils dans l’ivresse et le rivage;

    et chaque animal, à la source pulsante du coeur,

    ajusta au pouvoir de la beauté chacune de ses moeurs.

    Je me dois de conclure le texte, hors-blog, et ainsi d’abandonner Shelley et sa Sorcière de l’Atlas, de suspendre la lecture d’Ibn Arabi, dont m’intéressait l’adéquation de l’âme à son Enfer, l’indifférence de la station, et aussi d’adresser quelque part à son but dantesque ce déroulement des stations.

    J’avais signalé que le but de mon essai était double ou triple, avant même d’avoir une idée de ce que s’en suivrait, à présent la moindre chose serait d’asseoir les fruits sur leurs respectifs plateaux. J’en reviens à mes amis. Hier je recevais chez Eve Livet la visite de deux amies très chères: Patience Tison et Sarra Majdoub. Je leur racontais qu’à l’époque où je commençais la rédaction de mon livre « Maquinaria del cuerpo klossowskiano », je me réveillais souvent avec le rêve récurrent que j’étais reçu chez les Klossowski, Pierre et Denise, grands-parents de mon amie Patience, que je ne connaissais pas à cette époque, et que l’on m’accordait une chambre, puis, me levant pour le petit-déjeuner, je trouvais en train de tartiner et boire du café l’encore jeune philosophe Gilles Deleuze, qui était venu leur parler d’un projet de livre. Je ne savais pas que je passerai la soirée du 24 décembre 2011 à l’atelier de Pierre Klossowski en toute amitié, et dans la reconnaissance d’une solitude volontaire, avec sa petite-fille, et deux chats instinctivement « balthusiens »… Hier l’on s’était dit qu’on irait Eve, Patience, Sarra et moi voir l’exposition Artemisia Gentilleschi au Musée Maillol, et j’ai pas parlé dans mon essai de ses Cléopatre, du magnifique étude de Mary Garrard… Encore ce matin j’ai essayé de rétablir communication téléphonique avec Ignacio Gomez de Liano, dont l’absence dans les citations est aussi flagrante… Mais peut-être Dante est venu poli et usé à moi, tout comme un lingampatiné d’offrandes mielleuses et obscène comme un mal-à-propos… Puis la promesse des retrouvailles avec Botticelli, avec le tarot de Marseille, avec la paranoïa critique et la nourriture de base.

    samedi, 15 septembre, 2012

    Eve est partie pour Rome, j’avais abandonné le projet de ce voyage à cause de mes obligations, mais je suis content pour elle. Je lui ai confié une liste de livres à acheter, mais surtout je suis revenu sur l’énormité de transmettre au Vatican mes pétitions de canonisation : Dante, Klossowski, ma tante Sofia… et là me viennent soudain des pétitions vivantes, parfois oecumeniques. Ce n’est pour rien si le projet qui est venu se substituer à l’écriture de ce livre-ci est le projet aussi bien théâtral que plastique de travail collectif autour du personnage de Madame Jeanne La Motte Guyon, dont je devrais parler séparément.

    A ce propos, je sors déjà depuis lundi de ce projet. Depuis la nuit du dimanche à trois heures, exactement. Le projet s’était engagé et avait avancé grâce à l’intervention enthousiaste de Catherine Gil Alcala. Mais je travaillais à l’époque avec Joséphine. Elle l’avait intégré dans sa propre démarche et dans un geste qui correspond à la sauvagerie et au vandalisme intellectuel du molinisme de Mme Guyon elle m’avait dit de manière clairvoyante que nous n’avions du tout besoin de lire la bibliographie que je mettais à sa disposition. Ni avant, ni pendant le travail d’écriture, sinon après, pour confirmer et consacrer nos trouvailles. Je m’étais converti à son ton d’écriture et j’avais tourné avec elle une série de vidéos avec les dialogues, dont deux torse nu et maquillé bizarrement avec de la spiruline machée, dissoute dans de la salive. Un maquillage dans du vert foncé à la chromatique éclatante. Un maquillage, étant masculin et à l’allure totémique, qui me rendait un personnage d’une culture primitive portant des lunettes.

    Mais rien de plus opportun, pour une écriture du Purgatoire, que le récit du processus de consommation de ce projet sur la « théologie rococo » et « l’existence ou la non-existence du baroque en France ». Car il en est, de la part de Joséphine Alcantara, lacanienne comme moi-même, mais plus insistante, d’une emphase dans l’idée de castration. Idée qui donne sur le besoin de déception dans l’art, et dans l’expérience de l’artiste. Quelque part mon refus de poursuivre le projet sous sa direction et de me laisser aller là où je ne voulais pas aller vient introduire un constat de sa part de mon « refus de castration » qui ne manque pas de renvoyer le diagnostique permanent à me classer, au sein d’une triade avec la névrose et la psychose, comme un pervers abouti.

    J’ai pris cela au vol pour bien en finir avec ma dérive et j’ai honoré sa demande de rupture d’un « oui » profond et fort et d’un grand soulagement. Madame Guyon sera lue comme chose du passé, calmement. Ou pas, reprise, harcelée spirituellement par une flamme hallucinée de poésie. Suivant la ligne tracée par Joséphine, depuis que l’idée m’avait auparavant travaillé à propos de Sarra et d’autres amies sous l’angle des femmes charismatiques, rien d’autre pouvait être fait que détruire le sujet même pour qu’il devienne écriture, soit ne pas utiliser le document, le livre, mais la vie elle-même pour valeur du sujet. Quoi de meilleur pour s’inquiéter du quietisme de Molinos et Guyon que de vivre sa vie ? Elle ne peut être autre que celle de l’hérétique, la vie à soi.

    J’ai fait un cadeau fou à Sarra. Le jour de ses 22 ans. La carpette où se trouvaient les derniers de mes tirages à l’eau-forte et quelques xylographies, je n’ai pas de double, les planches en zinc étant pour la plupart perdues et le tirage de chacune consistant dans un maximum de trois épreuves. Une perte hallucinante, au cas ou je me trouve de ne disposer non plus d’une photo de ces gravures.

    15 11 12

    Faisons un exercice on ne pourrait plus scolaire pour aboutir l’essence italienne de cette chrestomathie. J’aime le « sur le vif » des amours décadents de D’Annunzio, mais je vais choisir un passage presque pour enfants, pour m’intéresser à autres choses :

    Schifanoja sorgeva su la collina, nel punto in cui la catena, dopo aver seguito il litorale ed abbracciato il mare come in un anfiteatro, piegava verso l’interno e declinava alla pianura. Sebbene edificata dal cardinale Alfonso Carafa d’Ateleta, nella seconda metà del XVIII secolo, la villa aveva nella sua architettura una certa pureza di stile. Formava un quadrilatero, alto di due piani, ove i portici si alternavano con gli appartamenti; e le aperture de’ portici appunto davano all’edifizio agilità ed eleganza; poichè le colonni e i pilastri ionici parevano disegnati e armonizzati dal Vignola. Era veramente un palazzo d’estate, aperto ai venti del mare. Dalla parte dei giardini, sul pendio, un vestibolo metteva su una bella scalla a due rami discendente in un ripiano limitato da balaustri di pietra come un vasto terrazzo e ornato di due fontane. Altre scale dalle stremità del terrazzo si prolungavano giù per il pendio arrestandosi ad altri ripiani sinchè terminavano quasi sul mare e da questa inferiore area presentavano alla vista una specie de settemplice serpeggiamento tra la verdura superba e tra i foltissimi rosai. La meraviglie di Schifanoja erano le rosi e i cipressi. Le rose, di tutte le qualità, di tutte le stagioni, erano a bastanza pour en tirer neuf ou dix muytz d’eaue de rose, come avrebbe detto il poeta del Vergier d’honneur. cipressi, acuti ed oscuri, più ieratici delle piramidi, più enigmatici degli obelischi, non cedevano nè a quelli della Villa d’Este nè a quelli della Villa Mondragone né a quanti altri simili giganti grandeggiano nelle gloriate ville di Roma.

    Que peut d’autre faire l’amoureux, le décadent, que de parler en « cicerone », en guide touristique, dans un roman comme Il Piacere? Au plaisir de la sexualité s’ensuit la sensualité des objets artistiques ou esthétiques. La description de l’architecture est permise comme mémoire dilatoire du dialogue, de l’obscène beauté de l’amour. Et il s’ensuit l’extase, la fascination perplexe devant l’architecture, devant ses réussites.

    Et moi, amoureux languissant, dépité mais tendu, quelque corde prête à la phosphorescence de sa propre musique, je m’adonne à la promenade romaine en extase par les pages noir et blanc de la Roma Barocca de Paolo Portoghesi, qui m’a été apportée en cadeau par Eve. Dans la nuit, à l’atelier, enfumé d’encens, sous la luciole, ou le matin assis à la terrasse de Les Mondes Bohèmes, et muni de tous les romans que j’ai pu emporter sous l’aisselle de ma veste en tweed, avec un café noisette et un verre d’eau, et le cendrier.

    La réflexion de D’Annunzio, qui rapproche l’arbre de l’édifice, me vient pareillement, peut-être avons nous le même penchant sensualiste.

    707 Facciata del duomo de Ronciglione ( C. Rainaldi)
    708 Santa Maria delle Grazie a Montopoli ( G. Sardi)

    Magnétisme animal d’une construction qui en était à l’origine du monde sertie de la vie du végétal. Le végétal devenu minéral qui sont ces façades qui semblent nous regarder de côté, nous montrer ses fesses, ces agencements vulvaires de l’annonce d’un vagin. Et en même temps, cette senteur d’un pollen, d’un grain de farine. C’est en contrant cette sensualité que D’Annunzio préfère le cyprès à l’obélisque et à la pyramide, mais c’est parce qu’il a appris chez l’architecte à savourer l’excellence de la nature, en sentant déjà ce que de naturel avait dans son regard sur les formes artificielles.

    Sur les notes de la terrasse est marqué : (W.) 472 et je rampe entre les monticules de livres sur la moquette en cherchant cet invité malséant qui est le Wake de Joyce. Parce qu’il me rappelle peut-être des scènes comme celle où Joséphine avant une performance à deux au 89 rue de Rivoli, déchirait l’édition française qu’elle possédait parce que j’avais critiqué le traducteur.

    Avant, dans la période chaotique où j’ai vécu avec elle, je savais toujours où j’avais laissé le Wake de Joyce, prêt toujours à le reprendre et partir. Mais ce soir aussi je le retrouve à la fin, et je vous livre ma traduction de la page susdite:

    (en préparation)

    lundi 24 septembre 2012

    Le Wake de Joyce ne peut être lu par moi qu’en tant qu’oeuvre « italienne ». La littérature anglaise ne me suggère pas grand chose, et encore moins si elle est écrite par un irlandais. Qu’est ce que veux dire l’Irlande ? C’est plutôt confus.

    Deuxièmement je me refuse au chantage de ne parler de Joyce qu’à propos de son Ulysse. Il ne peut échapper à personne que c’est une autre sorte de « Madame Bovary » et j’ai toujours trouvé d’un opportunisme pestilentiel le présumé chef-d’oeuvre de Flaubert. J’ai une certaine affection pour sa « Tentation de Saint-Antoine », et si j’avais à dire du bon de Flaubert je ne le ferais qu’à propos de celle-ci. Pareillement pour Joyce je ne peux bien parler que si je ne me remets à la lecture du « Finnegan’s Wake ».

    Enfin, pour ne pas laisser comme un mirage le constat de la filiation italienne du Wake, je vous remets à l’ensemble de réflexions, citations, confidences, et traductions qui suivront et que, quelque part, vont viser toutes à démontrer cela. Il n’y a d’autre propos pour cet essai que d’arriver à rendre évident que le Wake appartient à la tradition italienne. L’erreur est un vigoureux moteur d’invention littéraire et même religieuse, comme le montrent les recherches de Michel Tardieu sur le syncrétisme et celles de Jurgis Baltrusaitis sur les aberrations.

    Le baroque apparaît en littérature comme une réponse extrême et un dépassement du rachitisme et la paralyse présumés ou réelles du maniérisme. Nous n’allons pas juger de la justice de la prise de parti baroque, simplement je crois opportun de signaler qu’il n’y pas de baroque que dans la révolte dialectique par rapport à une autre esthétique dont on veut absolument s’en sortir. Ce n’est pas du tout en littérature ce qu’on nous fait voir aux Beaux Arts, le baroque comme une évolution darwinienne et progressive, presque « dans le programme », des successifs progrès du Quatrocento et du Cinquecento…

    Quand le baroque fait apparition dans la forme typographique du Wake ce n’est pas en rapport à une quelconque esthétique qui lui serait contemporaine ou immédiate, mais bien par rapport au maniérisme en tant que fait perpétuel. En tant que signifiant de la mort de l’art italien, qui est le vrai traumatisme et le seul traumatisme important de l’artiste cultivé. La suite Florence-Rome-Venise, soit le passage de l’idée à la pure sensualité et finalement à la disparition de toute forme. Le lien qu’on pourrait faire avec une oeuvre trompeusement semblable comme le Tristram Shandy de Sterne mettrait le Wake à un bien bas niveau et dirait assez peu de son ambition poétique.

    Et c’est bien la différence entre le roman de l’Antiquité et des romanciers que de la présence de la poésie dans toute écriture « à l’italienne ». Les plus gros pavés, les plus gros récits, les sommets de la littérature sont italiens et sont des poèmes.

    samedi 6 octobre 2012

    Je trouve parmi mes convictions, en marge que la mienne et celle de Joyce même puissent être remises comme écritures de Bouvard et Pécuchet, pour garder le parallèle de Flaubert, la ferme conviction que nous sommes des artistes brut qui font irruption dans une Galaxie Gutenberg médiocrement professionnalisée. Et même que la passion de James Joyce pour les théories de Jung est une compulsion comme celle qui nous fait parfois consommer telle ou telle pacotille pour mettre du fuel à notre motricité écrivante.

    Il n’échappe à personne qui soit et honnête et instruit que Jung et ses « théories » reviennent d’une construction du même ordre que la théosophie de Mme. Blavatsky et la plupart des occultistes. De même l’on se devrait de tenir compte que Freud, malgré sa discrétion propre à sa volonté scientifique, avait bien fréquenté les spirites et cartomanciens parisiens de tendance anarchisante, pour la plupart en tant que gauchistes d’une ascendance mesmerienne bien étrangère aux fumisteries des occultistes morbides à tradition bigote. Et que Jung est bigot. Là se trouve le clivage entre la vraie psychanalyse, dont la neutralité du cadre s’ouvre sur la liberté de l’association et du choix en même temps symptomatique, structurel et propre au transfert, et d’autre part, quant à Jung, la manipulation qui force par la notion d’archétype à suivre un programme délirant de visualisations creuses et des feux de paille. Non ?

    *

    mardi, 25 septembre 2012

    puis…

    mercredi, 3 octobre 2012

    Soit-dit en passant, pour ce qui est des qualités oraculaires du Wake, que j’ai passé la journée à l’atelier à m’inspirer de phrases isolées pour mes aquarelles. Que j’ai compris l’ivresse de ce langage à travers ma propre recherche de destruction ou de transgression.

    L’oracle s’applique d’une manière tellement instantané à la vue de l’inscription du mot et du syntagme chez Joyce qu’il est une sorte de décharge non plus de jouissance intellectuelle mais de plaisir sensuel de l’imagination, en train de former une chimère ou sphinx séduisante et de la dissoudre avant d’être image, pour ainsi dire.

    vendredi, 5 octobre 2012

    Il y en aurait une part d’ennui à remettre la qualité italienne, pure, simple et expéditivement, aux trois monuments qui sont la Divine Comédie, l’Orlando Furioso et la Jérusalem libérée… on en a déja un écho dans le Fairie Queene d’Edmund Spenser. Il s’agit de cerner un peu plus fin l’or italien. D’abord par la présence significative en Italie d’un grand poète anglophone comme Ezra Pound, ami de Joyce, qui, semble-t-il, aurait mal reçu le Wake, puis par d’autres ressorts moins académiques que l’automatisme de se remettre à une oeuvre d’avant-garde comme l’Hebdoméros de Giorgio de Chirico.

    Il arrive que je savoure Il Piacere, de Gabriele D’Annunzio en même temps que la lecture au hasard du Wake.

    S’il m’arrive de ne pas avoir du mal à faire le raccord entre D’Annunzio et Joyce cela vient donné par une certaine qualité érotique des deux. Il en est de la minutie et de la bonne mémoire dans leur exhibitionnisme sentimental. Il y a chez l’un comme chez l’autre des stratagèmes recherchés pour lever l’autocensure, protocensure du ton qui sait aussi éviter, encore plus que l’ennuyeux Céline, le sensuel Drieu La Rochelle.

    Mais la difficulté de la logorrhée illisible de Joyce par rapport au classicisme des autres, Pound compris, vient de que s’il est facile, pour ce qui est d’un répertoire imaginaire clos, de feuilleter la Roma Barocca de Paolo Portoghesi en pensant à D’Annunzio ou encore de voir les femmes mondaines de Van Dongen chez ce dernier et chez Drieu surtout, il est difficile pour moi de me remettre à un quelconque répertoire visuel pour résoudre le Wake. Le Wake, tout comme l’indique son nom de réveil, est un tourbillon d’images qui disparaissent et qui apportent les plus osées des synesthésies.

    J’aurai la seule possibilité de penser en images sériées le Wake en regardant les vidéos de « Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose qu’il ne devrait pas savoir. James Joyce fuit », de Catherine Gil Alcala faites par elle et par moi sur le précaire support des youtubes en sorte de brouillon ou d’ouvre-bouche de la mise en scène théatral dont la première représentation tiendra lieu demain, dans un squatt officialisé et très couru qui ne me semble pas à la hauteur du texte protéiforme de cette dramaturgienne. On dirait que le désir de théâtre qui nous avait animé ne peut être que frustré tandis que dans les toutes premières expériences informelles de vidéo l’agencement me semble le seul convenable pour mettre le Wake en images.

    Nuit du dimanche 7 octobre 2012

    Lire des expressions comme «  les 400 coups  » dans la traduction française du Wake fait mal aux yeux si on a un minimum de respect pour la création originelle. Encore si ça aurait été sur l’Ulysses, on comprendrait vaguement qu’il s’agirait d’une des confidences de la femme de Joyce, en cours d’écriture, sur les débilités des collègues de l’écrivain, mais dans le Wake, qui est une œuvre italienne, c’est une confidence du traducteur sur son imbécilité à lui.

    James S. Atherton, dans son livre « The Books at the Wake. A study of literary allusions in James Joyce’s Finnegans Wake » dédie des longs chapitres à la présence structurante de l’Ancien et du Nouveau Testament dans le Wake. Dans ce sens les remarques de D.H.Lawrence dans « Apocalypse » sur l’usage à l’anglaise de la Bible par les prédicateurs et par toute une société tarée depuis la métamorphose industrielle viendraient brouiller la perception en tant que création à l’italienne d’une oeuvre, quoique catholique par son auteur, très proche de la sensibilité protestante.

    Ce serait le dispositif de l’oeuvre initiale de l’étape de liberté créatrice de Joyce, son Ulysses, qui viendrait nous mettre sur la piste de son virage vers l’italianisme, de par les soins et les précautions tendues et charnelles de la courtoisie et de par l’émulation des modèles monumentales, y comprise la caricature bien documenté de son entourage littéraire et politique. Mais il n’est pas sans intérêt de vous faire part d’une observation empirique récente à propos de la lecture à l’anglaise faite hier soir dans le métro de Paris. Une femme, sur une rame qui conduit vers la banlieue nord, à une heure tardive, s’assoit en face de moi et échange quelques regards maternels mais fondamentalement courtois et d’un flirt ébauché avec moi. Elle venait visiblement de l’Afrique Noire, bien élégante dans sa tenue comme il est fréquent, et tonique et attirante. Un peu plus âgée que moi. A mon geste de me mettre à l’aise pour la regarder elle esquisse un sourire à peine hautain et balade sa main tapotant des doigts sur un strapontin vide. Je devine qu’elle me réserve une surprise, un dévoilement, peut-être sortira-t-elle un livre de son sac ?

    Elle extrait enfin son livre, une bible plastifiée, flexible et un peu usée. Elle inspecte l’index de matières, ostensiblement elle cherche une réponse à une question, faisant un usage oraculaire vaguement africain du Livre Sacré; elle fronce les sourcils, l’index ne semble pas satisfaire son type de question et elle passe un bon moment perplexe feuilletant ces quelques pages, impatiente et méthodique, sans me perdre de vue. Finalement elle semble se satisfaire de quelque chose et elle cherche un passage dans sa bible, déniche un marqueur fluorescent et au lieu de marquer à mesure qu’elle lit elle marque en jaune citron éclatant toute une demi-page avant même de la lire. Cela est un mécanisme intéressant, non ?

    mardi 9 octobre 2012

    Il en arrive, tout comme pour l’Apocalypse, emblème de la Bible chrétienne, qui n’admet pas vraiment, malgré la patristique, un commentaire, une tradition talmudique, par exemple, que les littératures du XXe siècle nous sont fréquemment présentées comme des « points de non-retour », tandis que depuis on fait d’elles, que ce soit le déroutant Artaud, le déroutant Joyce ou ceux qui viendront, des valeurs sûres et des lectures rassurantes et accueillantes, tout comme le serait une école idéale, ou l’Eglise. Pourvu que l’on ne s’attarde à les ressortir à contre-sens ou se les approprier sans la cérémonie requise. Elles n’ont presque pas de sens, elles ramènent au noyau sauvage et obscène et toxique ou dissocié du langage, et en conséquence elles doivent être citées comme des marques, comme des stigmates qui, portés sur soi, doivent être remis à une transmission miraculeuse, comme ceux de Saint François.
    Ceci serait de la banalité philosophique, ou pire, une sociologie de la méfiance, de la délation des élites, typique du fascisme. Ce qui m’intéresse n’est pas de dévaloriser le Wake mais de embourber bien dans un rapport de lecture le moins aseptique possible, le plus proche possible de sa propre obscénité.

    Depuis la tragédie, le Romantisme Noir si bien épinglé par Mario Praz, l’évocation littéraire de la méchanceté maintient sa vigueur. Mais qu’en arrive-t-il dans l’innocence d’une écriture qui est victime d’elle-même, de sa rupture d’avec une forme ? La méchanceté doit se faire cerner en creux, ailleurs que dans le livre, redevenu sacré, non-artistique, du fait que toute forme disruptive est la forme même de l’innocence, le creux à son tour de la méchanceté dont l’homme ne peut que toujours occuper sa tête.

    Par le même réflexe qu’une chrétienne noire, africaine, peut souligner des passages de la Bible avant de les lire, même pour les abandonner entre les pages, l’on fait cet usage de la littérature d’avant-garde, un usage magique, qui suggère qu’elle a un sens, un sens si puissant qu’on flirte avec comme avec le risque d’une maladie vénérienne…

    vendredi,  12 octobre 2012

    La Loi est un fantasme, qui nous rend des fantômes. Parce que la Loi en ce qui concerne le sexe et l’ivresse, pour ce qui est du fantasme, est le pur sadisme. L’amour est par essence fou, fol amour. Et la Loi est aussi écriture, et sa seule condition pour la liberté est l’oracle.
    D’avoir acquis des habitudes de lecture décadentes à mesure que l’on s’encanaille dans le hasard, comme une certaine sauvagerie pour ouvrir le livre, permet de ne plus trouver de gène à entreprendre le Wake comme lecture aussi naturelle que les autres.
    En ce sens, les livres pieux qu’on pille pour la débauche, tels ceux de Mme Guyon en chef de liste, ne font qu’accentuer les propensions à se sentir à l’aise dans le Wake. Et cela ne peut m’échapper que je suis en train de dénommer débauche la pitié qui est à la base de tout.

    aube du mardi, 16 octobre 2012

    6 novembre2012

    Que les femmes de bonne position, tout en me décernant à titre privé une espèce de prix d’excéllence, ne veuillent surtout pas enfanter de moi, et que ce soit un délire ou un rêve réservé à celles qui le Kamasutra désigne comme impures, et non fréquentables, de par l’excéssive quantité de leur manigances vénériennes, comporte que souvent le rêve de grossesse soit chez elles à peine frôlé par une étincelle d’innocence. Elles peuvent se faire l’illusion du bonheur, mais à peine exquisée advient le poids de leur passé, de l’abandon, de la détresse de la femme qui doit avorter…

    Je n’arrive à être tout à fait comme Pasolini contre l’avortement, mais j’en peux pas m’empêcher de faire le constat de la misère dont cette pratique relève. Misère que l’on serait fou de passer sous la narcose de l’oubli, ou sous l’oubli narcissique, mais qui est révoltante, et je pense que c’était là que la sensibilité de Pasolini avait été touchée. Dire ceci, dans une lecture suspendue du Wake, dans un moment d’inconstance, se rapproche du Wake dans l’exercice de nourrir la bouche d’un avorton cosmique, l’oeuvre littéraire, avortée par le réel, mais inscrite à jamais dans sa propre difformité ou forme singulière.
    Je suis tombé sur un beau passage, assez virulent, d’une pièce que je lisais parce que je la sentais proche de la désarticulation du Wake : le Naked Lunch, de Burroughs. Elle partage le goût du collage propre à Joyce, le désordre…

    Voici, donc :

    In Cuernavaca, or was it Taxco ? Jane meets a pimp trombone player and disappears in a cloud of tea smoke. The pimp is one of these vibration and dietary artists – wich is a mean he degrades the female sex by forcing his chicks to swallow all this shit. He was continuallly enlarging his theories… he would quiz a chick and threaten to walk out if she haven’t memorized every nuance of his latest assault in logic and the human image.

    « Now, baby. I got it here to give. But if you won’t receive it there’s just nothing I can do. »

    He was a ritual tea smoker and very puritanical about junk the way some teaheads are. He claimed tea put him in touch with supra blue gravitational fields. He had ideas on every subject : what kind of underwear was healthy, when to drink water, and how to wipe your ass. (…) »

    Un morceau comme-ça équivaut parfois au même esprit ignée du Wake, acide et proche des sécousses d’un vomissement. Le lire pour moi c’est vomir le pus et la pourriture qui emplissent ma personne, me faire chier, quoi, et pour du bien. Tout comme la colère et les scènes d’une maîtresse inmaîtrissable, d’une dominatrice dont on craint qu’elle nous aménera à vivre la vie en faisant un profil de plus en plus bas, et en tirant une sorte de souillure jouissive de là, une jouissance.

    lundi, 12 novembre 2012

    On voit bien que mon inconscient est riche en expressions libidinales, puisque j’aurai pu penser, pour jeter la suspicion sur l’art, à d’autres manigances, d’autres fantasmes… la drogue, par exemple, matière vivante, plaisir interdit qui tue et qui circule dans l’ombre.

    Ou dire que la condition d’artiste est semblable à la syphilis. Vous en savez tellement, cher lecteur, que je ne pourrais jamais vous surprendre, moi, pauvre idiot. Votre regard critique est dressé comme un panzer. J’en étais comme-ça a votre âge. Moins l’on sait sur soi-même, soit sur le monde, mieux on mémorise les codes, la dharma, la correcte conduite du samouraï.

    Mais on ne va pas faire des modes de vie une jérémiade simplement parce qu’on s’est endossé une claque professionnelle. Une autre, mais cette fois-ci sonore. Et l’on tend l’autre joue au lecteur. Sa claque, dans notre enfantin christianisme, voire bouddhisme, voire dans notre prétention, sera toujours ressentie comme un baiser, comme une caresse. Ecrire est ce plaisir anticipatoire. J’arrive dans un petit appartement au jolies meubles démodés, et  complètement déjantés. Les ampoules ne marchent pas, des tas de vêtements de mode et de câbles encombrent le lit, l’espace en général, Rien ne marche à la salle de bain, ni la lumière ni la chasse d’eau, ni la chaudière qui évacue goutte à goutte à travers une trompe de tissu sur le wc. La douche froide est tout dans cet espace, celle qui purifie, celle qui sert à boire, celle qui lave les assiettes sur les brosses à dents.

    Elle détient des propriétés de beauté, la douche froide. Je vais pas parler des seins. Disons déjà le mérite. Hésite-je ? Tant pis, plus prude et gâté par la fainéantise occidentale l’on est, plus les effusions masochistes nous feront jouir. A chaque appel à l’ordre, à chaque signal de la patronne de théâtre.

    jeudi, 6 décembre 2012

    Je transcris les notes du cahier :

    23-11-12 Il arrive que nous devions poursuivre nos buts. Et que le premier énoncé était d’en signaler un double, voire triple, but. Cela veut dire qu’il y a celui de l’essai ou de l’apologie, signalé dans l’avant-propos, de faire le bruit d’une canonisation de la fiction, de la poésie, mais qu’il faut ajouter l’exercice à double tranchant d’une « sors dantiana » personnelle. Soit pour dire les deux buts en supplément qui nous fournit la voie expérimentale d’un essai sur Dante, celui de la répétition à titre personnel de la subjectivité de Dante, c’est à dire la « prière d’insérer » un récit autobiographique à titre de registre, de journal, et celui de la pratique oraculaire, d’ouverture, à travers Dante, de toute une série de livres, tout comme dans la Vita Nuova, à un moment donné, Dante se pose l’opportunité d’énumérer une quantité considérable de belles femmes de Florence, de faire, en prenant pour appui l’amour d’une femme, le catalogue d’une chaîne de femmes semblables dans leur adéquation à l’amour de Dante.

    24-11-12 Malgré que je me sois servi de la technologie contemporaine pour rendre lisible de manière immédiate et pour ainsi dire universelle l’écriture en cours de cet essai, comme si d’un feuilleton en était, je n’ai pas pensé ou je n’ai pas voulu penser à me servir de ces mêmes dispositifs pour l’étude ou pour la vérification. J’ai une croyance qui aujourd’hui pourrait sembler superstitieuse dans les mérites de la mémoire et un attachement qui pourrait sembler fétichiste aux livres traditionnels, auxquels nous guident l’effort et une intuition déposée. C’est ainsi que jusqu’à peu de jours je n’ai pas pensé à compulser une bibliographie numérique de Dante. Jusqu’à hier soir exactement. A présent, donc, je dispose du texte immatériel de Il Convivio et la Vita Nuova. Des deux, j’en était au fait de l’existence, ayant possédé en Espagne, et laissé là-bas, une édition bilingue de la Vita Nuova, et, pour Il Convivio, en cours d’écriture pour mes premières notes sur la Commedia, ayant eu la chance de me le faire montrer par Claude Maillard dans une vieille édition, à son cabinet. Bizarrement, malgré que je mettais en raccord des textes disparates, je ne me suis pas senti concerné par ces deux ouvrages de Dante. Considérant peut-être ennuyeux un emprunt d’un de ces livres de la part de mon analyste, je donnais sur eux en lapsus, en creux, m’accrochant à une suffisance de l’oeuvre majeure qui est la Commedia, que je possédais en plusieurs langues, dont l’originale.

    Claude Maillard, avec modestie, me montrait d’une séance à autre l’édition française de Il Convivio, et dans mon lapsus je venais couvrir le transfert de ces longues séances rue de Seine d’une sorte de mépris enfantin. Me protégeais-je de l’impureté ou de l’excès de pureté, la circoncision? Oui, parce que la contrainte ressentie par moi depuis le début de mon analyse parisienne, ayant eu déjà une analyse espagnole, était le besoin d’une appartenance qui ne pouvait être autre que la judéité, et parce que je jugeais niaise et béate la complaisance avec laquelle j’entendais raconter des récits de conversion religieuse et circoncision comme aboutissement de cure. Que cela ait peut-être malgré moi ôté à Dante, tel un prépuce, tout ce qui ne soit le pur et propre chef-d’oeuvre…

    25-11-12 Je dilate sur un cahier depuis plusieurs jours l’écriture sur ordinateur, qui était si facile, si compulsive auparavant. Je voyage en bus dans la nuit, un trajet qui me semble désolé, couvert par le mélange de ma phobie de l’obscurité céleste et la lampe à gaz de l’olanzapine, et de ma dose d’anxiolytique. Je feuillette l’Histoire de la littérature anglaise de Legouis et Cazamian. Elle est amusante, leur prose à propos des premiers textes chrétiens en anglo-saxon. Ils donnent à remarquer comment les auteurs de paraphrases bibliques adoptent l’identité juive naïvement, d’une manière fantasque et personnelle, nordique. Je pense qu’on peut étendre à toute manifestation gothique ce trait, et la manière de Dante est gothique dans sa chair. On en est dans l’adoption de l’identité tout comme Dante adopte Béatrice pour dame de ses pensées, pour muse mutique, à laquelle l’on appose les mots. La prochaine lecture des textes de Dante m’apparaît liée à ce déplacement en bus, conséquente.

    (suite du 6 décembre)

    le capre, state rapide e proterve
sovra le cime avante che sien pranse,
    tacite a l’ombra, mentre che ‘l sol ferve,
guardate dal pastor, che ‘n su la verga
poggiato s’è e lor di posa serve;

    On peut comprendre le pari d’Ossip Mandelstam dans son Entretien sur Danteoù le poète russe associe l’esprit dantesque à la rapidité des idées, tout en nous attachant visuellement à l’italien couché par écrit qui semble soumit par se souffle rapide à la dislocation des mots par rapport à leur distribution, de manière qu’on peut ressentir qu’un atome de texte est partagé par une fin de mot d’un autre et la première moitié d’un autre mot qui poursuit quelque part…

    En soumettant l’astérisme, ici, du Zodiaque dans le Purgatoire à l’animation proprement poétique d’un idylle, d’une scènette, de l’anecdote qui n’en est que simulacre, Dante nous fait comprendre que le signe de la Vie, inscrit dans une région en pénitence du Ciel, pas encore dans le Paradis, a besoin qu’on le commente. Du commentaire d’un regard, d’un constat en « streaming », en chemin des chèvres. Les chèvres, ici, sont-elles plus les mots que les lettres, les unes sur les autres à tour de rôle. Mais, qu’en adviendra quand les commentaires verseront sur le Paradis-même.

    lundi, 10 décembre 2012

    Le summum du plaisir c’est les fesses; classicisme bourgeois dans son meilleur cru, une fois dépassée la tendance publicitaire, petite-bourgeoise, du voyeurisme des seins, gonflées prémices de la nudité. Le con et sa beauté restent un vestige d’une aristocratie qui nous est donnée par la grâce à des moments choisis de la vie, qui est rare comme l’excellence.

    Comme les fesses, le marbre, beauté polie, blanche et grise, chair fondante de la pierre. Le marbre pour ne pas être regardé par derrière se fait cul de femme, c’est ainsi qu’il nous dérobe des pierres plus anciennes, molles ou dures, gypse, terre, obsidienne.

    Il n’y a lieu que des pierres dans la voûte étoilée du Paradis, l’on contemple, et le juif, le noir ou le nordique que l’on puisse être se trouvent dans le baiser de l’univers, dans sa minérale et pulsante matrice, dans l’âme dans son état natif. Avant le dressage. Avant la définition et la personnalité, dans la bouche de l’autre, dans son ventre, sa langue, sa maladie…

    Après l’âge des rouleaux, l’âge des codex est aussi finie, et de même qu’au codex le rouleau lui est étranger, notre mémoire se trouve en intrusion désormais dans l’avenir de nos rêves, déjà faisant partie d’Aquarius. L’univers se roulait, puis se dépliait, puis, dans sa nonchalance d’odalisque, il entreprend un autre allant, il se déverse, il décharge, il douche notre masque de son secret. Il est une immersion chromatique, il nous entoure, nous accueille et nous reçoit nous léchant de partout. Stérile et fécondateur, comme de l’eau minérale, il est comparable aux préliminaires avancés, au 69.

    jeudi, 13 décembre 2012

    L’extase étant tellement présent dans l’Islam, le sort de Muhammad dans le poème de Dante a scandalisé des fanatiques à la pensée étroite, qui en ont profané, aux années 70, je crois, sa tombe à Ravenne. Ses dépouilles ont été traitées comme ses rimes ont traité celles du Prophète.

    Le rendu de la boucle jusqu’à ce qu’a été notre siècle est vertigineux. Un monde où les morts, les prophètes, les fictions datées, se raniment et opèrent depuis le Réel, depuis le présent inéluctable, le seul temps inéluctable – si c’est du passé c’est du présent, et si avenir il y a, c’est parce que c’est du présent.

    Et si les accomplisseurs, les intégristes, n’étaient d’autres que d’allègres gaillards, universitaires cinglés par les partys et la musique rock en arabe, véritables artistes d’un autre Printemps Arabe beaucoup plus onirique… et qu’un miracle s’opère, Dante prenant le corps d’un ectoplasme multicolore qui s’adresse à eux réveillé par la chatouille du vivant, se mettant à rimer prenant une chaise vomissant la terre avalée et se rinçant les dents sur le livre ouvert…

    Nick Toshes affirme qu’il y a plus de touristes que de florentins à Florence, hantée par un seul visage, le profil en solipsisme de Dante. Le Paradis piétiné par les cochons, pour le patriote, mais tout cela est aliénation. J’imagine la nudité des seigneurs français et anglais à Almeria aux années 70. Je voudrais peindre ces jeunes de la haute et moyenne bourgeoisie devenus en même temps prophètes de la libération et seigneurs féodaux de leur archaïque séjour espagnol, encore sous dictature, paysan et endolori. Le nudisme introduisait une force plus efficace que la violence brute, le désir. Par là ils étaient des rois et par leur miraculeux argent et leur savoir imitatif.

    J’aurais besoin d’amis qui veuillent poser et apporter le jeu chorégraphique pour plusieurs variations sur le nudisme à Almeria, mais reproduit en « tableau vivant » à mon atelier. J’aurais droit à une composition triangulaire, le couple de français, Roi et Reine, plus un vendeur de homards, fruit de mer que je compte m’appliquer à étudier et à peindre sur cette composition.

    On m’a dit qu’on trouve des homards en cire ou en plastique très ressemblants et fidèles. Je songeais à me procurer un vrai homard et le peindre sur la toile avant qu’il ne décompose. Ce serait le début et le centre de gravité d’une composition de trois ou quatre figures. Le couple de touristes, elle nue, ornée de bijoux très modernes, lui et elle portant des chapeaux de paille « Pamela » et le vendeur de homards peut-être en couple avec une espagnole très flamenca. Ou très Penélope Cruz…

    Un vrai labyrinthe pour représenter l’intensité ambivalente du présent en tant que Paradis agnostique, sceptique, bouddhique, toxique et tragique. Ou en inversant l’ordre, Paradis tragique, toxique, bouddhique, sceptique et agnostique… Trois ou quatre personnages, alors. Je tourne autour d’un simulacre mental. Mes couleurs d’aquarelle me trompent un peu, ayant travaillé toute la journée sur un cycle klossowskien. Le livre de F.Tonnerre, je l’appelle. Le peintre autour de qui se tisse la fiction de Roberte, présent en tant qu’allusion dans les adaptations aussi bien de Zucca que de Ruiz.

    Capitolo IX
    Tornando al proposito, dico che in questo verso che comincia: Trova contraro tal che lo distrugge, intendo manifestare quello che dentro a me l’an ima mia ragionava, cioè l’antico pensiero contra lo nuovo. E prima brievemente manifesto la cagione del suo lamentevole parlare, quando dico: Trova contraro tal che lo distrugge L’umil pensero, che parlar mi sole D’un’angela che ‘n cielo è coronata.

    Il s’agit de Il convivio. En revenant sur ce sublime vide du Paradis dessiné par Botticelli, on se dit que c’est ce livre là et non pas la Commedia que le peintre illustre, c’est le Dante presque augustinien, à la profusion des manuscrits désordonnés de Plotin, aux soucis de ambigüité bien articulée, si l’on se permet un solécisme, de Plutarque…

    Blablabla? le néologisme romanesque de Céline, en glacis sur l’équilibre tragique de Drieu, signalent ce que de philistin y a dans cette écriture par tirades qui ferait la critique anachronique et impossible de la « peinture de Tonnerre ». Autant dessiner des pets sortant des derrières des silhouettes d’un recueil de photo-reportages ?

    Botticelli, se dit le critique, et son dit est la crise du texte, le son d’une botte et d’un diminutif ou un pluriel du Ciel. La ritournelle.

    Que faire du peintre ? On dit que Renoir, malgré l’harmonie et la douceur gourmande de ses nus et portraits, était nerveux et presque complexé, qu’il farfouillait le mieux qu’il pouvait, méfiant de lui-même. Et je prolonge la nuit dans une non-lecture, une fuite du livre par le clavier, une ekphrasis.

    Jeudi, 30 mai, 2013

    Joséphine me disait hier soir ou bien ce matin avec le café qu’elle se demandait pourquoi Artaud, qui était enfermé pour fou, était moins difficile à comprendre dans son écriture que Joyce, qui vivait une vie courante. Elle mettait des nuances, elle ou moi, nous disions que ce qui avait fait interdire l’Ulysse, le livre le plus célébré de Joyce, aux USA par la censure c’était la provocation et l’obscénité, tandis que le Joyce le plus inintelligible était celui du Wake, et qu’Artaud aurait pu être classé comme fou par des critères plus ou moins propres à la répression des années 30.

    Elle m’a avancé une réponse donnée par une psychologue. On est arrivés, en faisant durer le petit-déjeuner, à ce que c’était une réponse simpliste et réductrice. Ce serait à formuler comme quoi Joyce aurait réussi à mettre sa folie dans ses livres, tandis qu’Artaud n’aurait pu la mettre dans ses livres et serait devenu vraiment fou. On oublie là que si même fou, Artaud nous parle d’une philosophie fondamentale c’est que sa folie était superficielle ou névrotique.

    Ah, du sensationnel, cet orgasme soutenu de l’anafranil… mmm, délice!
C’est con, on nous donne de la liberté d’expression à hautes doses et on frise l’autodestruction, mais la suite est mieux, on tombe sur la délectation morose de la transgression, de coucher ensemble avec d’autres personnes, de mouiller…
    On est une acteur et une actrice réunis par le hasard et l’on témoigne devant n’importe quel publique.
    (pub pharmaceutique)

    Déjà à l’atelier, fuyant la routine dans la solitude, je prends, pour chercher un clon de Joyce, dans le modèle « folie dans les livres, normalité extérieure », face au modèle « folie, mais livres sérieux », le volume de Imaginations, William Carlos Williams et les Cantos Pound. C’est parce que la vie de Pound a été nettement plus folle que celle de Williams.
    Such painting as that of Juan Gris, coming after the impressionists, the expréssionists, Cézanne – and dealing severe strokes as well to the expressionists as to the impressionists group-points forward to what will prove the greatest painting yet produced.
    William Carlos Williams

    Selon lui le cubisme serait beau pour être glacial ? Non, pas encore, cela vient dans la tête acculturée de l’art contemporain. Mais bien que les idées de Williams pourraient être celles d’Artaud, son expression n’est que plus médiocre, confuse, moins importante pour la séduction à venir… Du moins pour le lecteur que je suis.
    La question de l’inintelligibilité de Joyce est la même, c’est un autre degré de sa provocation d’avant-garde bourgeoise dans l’Ulysse, que celui du Wake. Ce n’est pas sans raison que Joyce a finalement été répudié par Pound.
    Comme quoi la valeur du sinto…
    Joséphine, l’orthographe lacanienne pour le symptôme propre aux livres de James Joyce, peux-tu me la rappeler? Je suis en train de rédiger mon Wake (je n’ai pas les Séminaires de Lacan)
    (écrit à la main deux fois)

    Bon, reprenons notre dénigration. Comme quoi la valeur du sinthome n’est pas tellement l’excellence mais celle d’un médicament thérapeutique courant, d’ordre esthétique, mais à la portée de tous… Je crois que c’est l’élément clé pour comprendre les Classiques, Dante, Cervantes, Joyce, ou Lawrence Sterne, William Carlos Williams, quoi. Que ce soit intelligible ou pas, provocateur ou pas, c’est l’usage thérapeutique de l’écriture en fin de comptes. Son succès n’est qu’un hasard. Un accident.
    ajoutons un pourboire pour le sevrage

    Cela revient à dire qu’il y aura toujours des textes, des ouvrages, méconnus. Et, avec eux, des pensées qui passeront à l’oubli sans pour autant le mériter aucunement.

    Assumer cela, et chercher dans la folie à ne pas rendre plus grave la souffrance de celui qui souhaite une écoute, c’est la tâche de notre curiosité en tant que vertu, le désir de savoir dépourvu de mesquinerie, et pourvu d’un je-ne-sais-quoi chimérique. Alternance chez nous, donc, de fertilité et d’onanisme. Pas forcément différents des animaux, parce que la loi de ce bas-monde prévoit aussi la perversion, comme l’a observé froidement le Marquis de Sade.

    Remontons au dimanche 12 mai de cette année :

    J’avais trouvé drôle que mes tableaux explicites (jamais copiés – sauf dans un cas ou le photographe avait été moi-même – mais faits d’après nature ou de mémoire) pour les femmes dont je me suis vu entouré dans la vie, étaient défendables à condition de dire toujours  : « ce n’est pas de la pornographie, mais de l’érotisme ». J’ai eu depuis la sensation d’être un curieux caniche peintre, plutôt que le singe qui n’importe quel peintre se doit d’être. Je déprime donc en écoutant l’intelligent discours de ce monsieur, qui ressemble à des arguments qui me valent d’être psychiatrisé par mon entourage.
    Mon expo sur la tauromachie, rue du Pont Louis-Philippe, au siège du Parti Communiste, m’a valu, pour tout scandale et tout sulfureux, d’avoir une discussion avec une écolo anglaise, qui m’attribuait un penchant pour la cruauté, c’est mieux que rien.
    Les modes de sublimation… j’en voudrais savoir si l’auteur pourrait envisager d’écrire depuis ce programme. Pierre Klossowski en avait sa réflexion sur ce qu’il appelait, en utilisant un terme théologique, la delectatio morosa.
    Je me félicite que par moments le discours philosophique devienne épais et répétitif, ce qui fait qu’on puisse lui accorder le crédit de notre paresse, comme on faisait jadis avec les philosophes, avant de l’arrivée de la formulation journalistique de la « philosophie » chez des chefs-d’opinion plus ou moins brillants, mais nuls pour l’écriture, et donc foncièrement mensongers, qui sont bien représentés par Bernard Henri-Lévy ou Michel Onfray. OU TOUT SIMPLEMENT ONFRAY, PARCE QUE BHL JE CROIS QU’IL EST EN TANT QUE BÊTE NOIRE, PRESTIDIGITATEUR, ÉPOUVANTAIL, UN CAS QUI GAGNE EN INTÉRÊT. Des harceleurs de la pensée par l’opinion, que j’évite. Je me félicite donc d’écouter enfin quelque chose de doucement et délicieusement ennuyeux.
    ÉCHO DU FANTASTIQUE EN PHILOSOPHIE (MALABOU…) ET TOUT CE QUE J’AIME

    puis mardi 14 mai 1013

    Pendant que j’expliquais à Berthe ce qui m’avait été dit par l’équipe d’accueil de l’Hôpital Psy, le taxi a percuté fortement un pot de terre en marbre de la Mairie de Paris.
    Je reste avec une certaine soif d’enfermement, un réflexe bien bizarre, à cause de mon passage à l’acte dimanche à la galerie, quand j’ai expulsé un monsieur de manière non seulement irrationnelle mais complètement déplacée quant à ce que je pense que je suis.
    Je lui ai parlé en anglais et il m’en a répondu  : I love bull-fighting, I love photo, but I don’t love you. Cela a commencé à me calmer et lui a permis de sortir. Je reste devant un énigme.
    J’ai exprimé mon souhait à l’équipe d’accueil de demander des excuses à cet inconnu. Ils m’ont expliqué que mon passage à l’acte était une phobie spécifique… de substitution  ? en tout cas le mot substitution me revient, et le mythe du sacrifice d’Isaac par Abraham et aussi ma peur innée de faire du mal aux femmes, conduisant à des réflexions masochistes.
    Je me sentais menacé à plein d’égards et jusqu’à un degré insupportable par la même femme qui avait fait sauter mon compte de vidéo-performances, de manière vraiment machiavélique. Quoi dire  ? on m’a conseillé de parler à la police, mais je sens que depuis que je suis venu en France je suis entré dans le royaume du mensonge, tout en attendant la lumière. Mon récit ne tiendrait vraiment pas, il n’y aurait que ma peur. Ma peur du franco-français et davantage.
    Tout devient soudainement intouchable, pour la dictée de mes mains devant l’écran et la citation suivante que je trouve sur le mur d’Arthur-Louis Cingualte pourrait fermer ce court exposé  :
    « Un film projeté sur la neige : les oscillations cardiaques de Lénine agonisant. » 

-J Schuhl, in « Telex n°1 »
    revenons à aujourd’hui, jeudi 30 mai 2013

    Louis Sixteenth was a fool
    The King of Spain was a fool, the King of Naples a fool
    they despatched two courriers weekly to tell each other, over a thousand miles
    what they had killed… The King of Sardinia
    was, like all the Bourbons, a fool, the
    Portuguese Queen a Braganza and therefore by nature an idiot,
    The sucessor to Frederic of Prussia, a mere hog
    in body and mind, Gustavus and Joseph of Austria
    were as you know really crazy, and George 3d was in
    a straight waistcoat,
    there remained none but old Catherine, too lately picked up……..
    by wich we are in the constant practice of changing the
    characters and propensities of the animals we raise for
    our purposes….
    a guisa de leon
    The cannibals of Europe are eating another again
    quando si posa.
    Ezra Pound

    Mon expo sur la tauromachie, rue du Pont Louis-Philippe, au siège du Parti Communiste, m’a valu, pour tout scandale et tout sulfureux, d’avoir une discussion avec une écolo anglaise, qui m’attribuait un penchant pour la cruauté, c’est mieux que rien.
    Je lui ai parlé dans ma tauromachie intérieure du rôle de lien social du sacrifice, et que c’était parce qu’on mangeait comme ça le taureau que l’on ne mangeait pas les hommes, que la violence restait suspendue, comme dans le sacrifice d’Abraham.
    Il était état aussi du fait qu’en Espagne c’était fréquent d’être végétarien chez les je

  18. Manuel Montero dit :

    Quartiers Libres
    3 horas ·

    Rappel:
    « En faisant des discours fondés sur les tensions raciales et culturelles, Manuel Valls divise et permet le passage à l’acte à l’encontre des plus faibles. Il faut rappeler qu’avant d’être ministre, il était maire d’Evry. C’est lors d’un de ses mandats qu’il regrettait de ne pas voir assez de « blancs » dans un quartier de sa ville. »

    http://quartierslibres.wordpress.com/2013/12/30/manuel-valls-est-un-homme-dangereux/
    Manuel Valls est un homme dangereux
    Faute de changement après la défaite de l’UMP aux élections présidentielles de 2012, on assiste à une réussite du clonage : Nicolas Sarkozy reprend vie au Ministère de l’Intérieur sous les traits d…
    quartierslibres.wordpress.com
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    Zirtaeb Onamaac Je vais vomir
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    Gomez Le Gominé Merci, super article.
    2 horas · Me gusta
    Françoise Pierorazio C est qui ferait peur ce con ….
    2 horas · Me gusta
    Manuel Montero je suis pas d’accord, vous tenez littéralement le même discours que Marine Le Pen. Je pense que si on dit qu’il y a pas « assez de blancs » c’est justement pour briser les murs du ghetto. Vous jouez le jeu de la droite
    2 horas · Me gusta
    Fred Simonet j’aurais mis deux points à la place du tiret……ou points de suspension..ça a mis le temps?..allons, dansons maintenant, ….
    2 horas · Me gusta
    Luddo De Ambris Manuel Montero: bravo pour ce trollage, j’ai failli croire que tu pensais vraiment ce que tu écrivais
    1 hora · Editado · Me gusta · 1
    Quartiers Libres https://m.facebook.com/l.php
    21 min · Me gusta
    Manuel Montero écoute, je sais pas, mais oui j’ai entendu dire que Valls était la droite de la gauche et tout ça mais finalement ce spectacle se joue sur des symboles et d’avoir stoppé Dieudonné est la clé pour moi donc je pense qu’il a fait quelque chose de bien
    19 min · Me gusta
    Manuel Montero il faut pas s’arrêter sur le jeu politique sur le plan du spectacle (les noms des ministres socialistes… ça veut rien dire) je crois qu’il faut continuer ce que vous faites sur le terrain, j’aprécie beaucoup votre page web, je pense pas que vous soyez dans le colimateur et sinon ce sont les typiques refoulements de la gauche qui m’ont fait partir de mon pays
    15 min · Me gusta
    Manuel Montero Luddo D ? pourquoi trollage ?
    12 min · Me gusta
    Manuel Montero le « il y a pas assez de blancs » tout simplement doit être accompagné d’un « il y a pas assez de blacks ou autres » dans les quartiers intramuros
    9 min · Me gusta
    Manuel Montero Il suffit de lui demander d’être conséquent
    8 min · Me gusta
    Manuel Montero moi à vingt ans et encore trente ans j’étais pour la lutte armé et contre le PS en Espagne … Ils me l’ont pardonné et j’ai vécu un enfer d’exclusion qui m’a fait venir à Paris, mais voyons, regardez la révolution qui tient lieu à présent en Espagne, c’est fort et subtil en même temps, ce sont les plus jeunes qui ont commencé
    5 min · Me gusta
    Manuel Montero j’ai un peu marre que parce que je parle avec accent ce soit si facile de m’appeler fasciste dès que je critique la gauche française
    4 min · Me gusta
    Manuel Montero j’ai déjà plus de quarante ans et je n’ai jamais fait un pas en arrière
    3 min · Me gusta

  19. Michel Meyer dit :

    vivre / rêver

    l’homme rêve qu’il vit, et dans sa vie de rêve, on peut dire qu’il survit parce qu’il vit bien au-dessus de sa vie réelle, qui est réellement invivable

    elle est invivable parce qu’il est obligé de survivre, pour se sentir vivre, donc d’injecter du rêve dans sa vie

    et nous butons à présent sur le mot survivre, dont le sens est pour moi: vivre au-dessus de sa vie – mais qui signifie communément l’exact inverse: vivre en-dessous de sa vie

    donc si je dis que l’homme survit en rêvant sa vie, communément, cela signifie qu’en rêvant, l’homme se situe en-dessous de sa vie

    essayez d’imaginer vivre en-dessous de votre vie, dans un premier temps c’est loin d’être drôle, mais si vous parvenez à survivre, vous pouvez vraiment vous en payer une bonne tranche

    par conséquent, dans cette première partie du texte, je pervertirai le sens commun de survivre pour lui donner le sens de vivre au-dessus, parce que je veux que mon viveur, lorsqu’il rêve, vive mieux, plus mieux, au-dessus d’en-dessous, pour être très précis

    mais

    voici maintenant le contre-texte, le sens commun qui survient, il vient au-dessus du fait même de venir, vous ne pouvez pas lui échapper, il est à l’image d’un rouleau compresseur qui écrase communément toute tentative d’échappement au sens commun

    et là, le rêveur qui imaginait vivre au-dessus de sa vie, s’il survit effectivement, n’est, en réalité, pas dans une situation très enviable

    il eut mieux fallu pour lui qu’il s’intéresse à sa vie et non pas à ses rêves, qui ne font que le renvoyer à sa vie, mais dans un registre survivant, en réalité sous-vivant

    d’une certaine manière, rêver le maintient sous vide, c’est à dire dans un environnement dont on aurait extrait la vie, pour le maintenir vivant plus longtemps

    et ce sont les rêves qui le maintiennent sous vide, en retirant à sa vie sa propre vie, le projetant de facto dans cette survie, cette sous-vie, cette vie sous vide

    ici, il ne fait pas bon rêver, et Morphée, dans sa nuit fantasmatique peuplée de chimères survivantes, renvoie simplement à une sinistre réalité, une sous-réalité

    donc

    pour notre héros, il est préférable de vivre que de rêver, mieux, il est préférable de vivre et de rêver simultanément, d’alimenter l’un par l’autre mais dans un registre très concret de vie et non pas dans un registre de rêve de réalité frelatée

    pour notre héros, il n’est pas recommandé de vivre et de rêver dans un mouvement successif, oui, c’est très mauvais, ça ne fait que le maintenir dans la survie, la sous-vie, la vie sous vide, or ce qui l’intéresse, lui, c’est la vie, mais en mieux, sans adjonction de préposition douteuse signifiant l’inverse de ce qu’elle devrait signifier

    pour notre héros, vivre signifie aussi rêver et rêver ne signifie rien, d’ailleurs ce verbe n’existe même plus pour lui, il est implicitement contenu dans le premier verbe vivre, aucun besoin de forger un concept sémantique spécifique, invitant scabreusement à tenter la dissociation

    notre héros n’est plus écartelé entre deux mondes se rejoignant dans le concept douteux de survie et le sommeil de notre héros est un simple avant-goût du néant, que nous imaginons bien plus reposant que les rêves

    cependant

    nous n’avons aucune idée de ce que peux signifier le mot néant

  20. soupe dit :

    « Le café me propulse aux confins de mon nombril, contient mon noyau de moelle, électrique et arqué, afin que mon esprit règne sur mes nombreux nerfs.

    L’eau brûle mes entrailles et étouffe mon désir d’aventures.

    Je les regarde tomber. Les acteurs inspirés. Les désincarnés.

    Je les vois vaciller dans les brumes de l’orgueil que ma naïveté peint ces fois où il me faut vibrer au sein de l’harmonie.

    L’humour sacré se contorsionne en des silences anodins. Comme si Dieu bavait. Et le monde qui feint d’ignorer la fuite… »

  21. auddie dit :

    http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2014/07/11/la-voix-de-l-amerique_4454969_1616923.html

    Très intéressant article, original, hors cadre.

    La voix, ce mur, cette identité, ce secret, cet organe, ces couleurs, tout, car tout passe là-dedans, a une valeur bien supérieure à tout ce que on peut penser sur les relations d’une personne à une autre. . je le sais pour bosser toute la journée sur les timbres et les intonations, et me surprendre à l’écouter chez des inconnu (e) s.

    Là ils nous disent … : « Avec le craqué, les femmes comblent l’octave qui les sépare des hommes »
    eh bien non… ce n’est pas ça. Pas du tout même.
    .
    .
    .
    .

    Ce sont les forces d’un mimétisme. Effectivement, des femmes imitent inconsciemment d’autres femmes. Ces forces sont incontrôlables: une danse, un rire, une expression, une intonation dans une voix, une manière de marcher, tout s’imite sans contrôle. C’est par là que tout passe : névroses, aspirations, admirations, mais aussi… camouflages et travestissements, défenses ou simulation.

    Simulation.. c’est là que ça se joue je pense. La voix craquelée, avec un voile, donne l’impression d’une peine, d’une voix cassée par les pleurs, les cris. C’est vers les hommes que ça se tourne: on attire l’attention sur une cicatrice, sur une complexité qui est un avantage dans la course au pouvoir. On joue le rôle d’une femme moins lisse. L’homme en face a plus de boulot, et elle, une longueur d’avance face aux concurrentes : on chérit, on supporte on console, quelqu’un de blessé. C’est rock’n roll.

    Que ces femmes chanteuses en soient les ambassadrices n’est pas étonnant. Ajoutons à cela la clope et les amphétamines; ces dernières abîment et font descendre le formant et le timbre des cordes vocales, et on a le cocktail gagnant. Cela dit, le mimétisme joue pour 75 % sur la propagation d’un style exceptionnel: celui de quelqu’un à qui il est arrivé « quelque-chose » la nuit dernière.

    La vie est une fiction. Le corps un auteur, et spectateur. Et nous? sommes le théâtre, les planches, les coulisses, les strapontins, les costumes poussiéreux dans les cantines. La vie se joue sans nous.

    Ce qui est sûr, c’est que ce phénomène n’est pas une imitation des octaves des hommes.

  22. auddie dit :

    La voix craquelée des amricaines, cette mode du fried – voice dans la pop r’nb ? (2015)

    C’est par mimétisme. Effectivement, des femmes imitent inconsciemment d’autres femmes. Ces forces sont incontrôlables: une danse, un rire, une intonation, une manière de marcher, tout s’adopte sans contrôle. C’est par là que tout passe : névroses, aspirations, admirations, mais c’est aussi comme ça que se construisent les camouflages, les travestissements, les simulations. exactement comme un animal, qui va avoir l’air plus gros, plus fort, ou moins visible.

    La voix craquelée, avec un voile, donne l’impression d’une peine, d’une voix cassée par les pleurs et les cris. C’est indirectement vers les hommes que c’est orienté, oui, mais pas pour imiter leur voix, mais plutôt pour attirer l’attention sur une cicatrice, sur une complexité qui est un avantage dans la course au pouvoir. On joue le rôle d’une femme moins lisse. On a une longueur d’avance face aux concurrente qui ont en face quelqu’un de plus coriace. Et socialement, on chérit, on supporte on console plus, quelqu’un de blessé, qui évoque des postures mystérieuses, insaisissables.

    Que ces femmes chanteuses en soient les ambassadrices n’est pas étonnant. Ajoutons à cela la clope et les amphétamines qui abîment et font descendre le formant et le timbre des cordes vocales, et on a à peu près l’explication. Je pense à une imitation des voix noires. Ça doit jouer. Cela dit, le mimétisme joue pour beaucoup sur la propagation d’un style exceptionnel: celui de quelqu’un à qui il est arrivé “quelque-chose” la nuit dernière.

  23. Arthur-Louis Cingualte dit :

    VOYEURISME ET VOYANCE | COSMÉTIQUE DE LA DÉESSE POSTMODERNE
    UNDER THE SKIN | JONATHAN GLAZER

    « Avivant un agréable gout d’encre de Chine une poudre noire pleut
    doucement sur ma veillée. – Je baisse les feux du lustre,
    Je me jette sur le lit, et tourné du côté de l’ombre
    je vous vois, mes filles ! mes reines ! »

    Arthur Rimbaud, Illuminations

    Scarlett Johansson dans Under the Skin ressemble plus à Scarlett Johansson que Scarlett Johansson elle-même.

    Il est bien entendu inutile de préciser que lorsque l’on invoque une véritable Scarlett Johansson, c’est à son image que l’on songe.

    Qu’est ce qui en ce monde existe vraiment si ce n’est ce qui n’est pas de ce monde ? s’interroge très justement – et de la même façon que Jonathan Glazer – l’auteur italienne Cristina Campo. Quels sont les termes de l’altérité que dissimulent les images ? Quelle réalité dissimulent-elles ? La cosmétique de représentation de Scarlett Johansson est le véritable sujet d’Under the Skin. La célébrité astrale de l’actrice est la condition indispensable au propos ésotérique du film ; elle est l’appareil par lequel l’inconscient du spectateur est contaminé, renversé, projeté ailleurs. Scarlett Johansson est de ces déesses – passées avec la modernité de la prière au fantasme – dont le corps n’a de réalité que dans sa représentation. Ce sont des myriades de désirs qui dessinent sa figure et orchestrent son attitude. La fièvre érotique qu’elle inocule à chacun de ses voyeurs n’a été, en effet, qu’un très court temps – celui de sa toute première modélisation dans le plasma de nos écrans – passive.
    Offerte à tous les regards mais à jamais impossédable comme les odalisques peintes par les orientalistes, son environnement, si il est alternatif, est bien réel : c’est celui qui laisse entrevoir la coulisse, l’outre-scène. Le télescopage incoercible de son motif restitue les modalités d’une expérience subjective qui favorise l’articulation du regard voyeur – comme la déesse primitive, son icone ou sa peinture, à la faveur d’un dispositif sacré et fantasmatique, elle peut être observée par la multitude mais toujours son vertige conviendra à une expérience individuelle. Devant son motif chacun est convaincu d’être son unique Pygmalion. Là réside son prodige mais aussi son ensorcelant abîme. La femme qui s’offre au spectateur comme un tableau composé à jamais est, pour un esprit contemplatif, le plus grand des dangers prévient l’admirable poétesse Djuna Barnes. L’image de la déesse est un péril dont on peine souvent à mesurer la menace : elle se nourrie du désir sans jamais le satisfaire ; elle est sa matrice mais aussi son leurre et sa fin sans cesse renouvelée.
    L’image photographique, comme avant elle la peinture, est une technique de représentation si vraisemblable qu’elle constitue – lorsqu’elle est multipliée, que sa forme est transcendée et que son objet est transfiguré en direction du désir, qu’il tend à l’illusion du charnelle – une toute nouvelle peau.
    Si on ne connaît un individu que par les représentations que les autres – et lui-même – en font, imaginez les canyons galactiques, les distances folles qu’élaborent les images de la star pour situer au spectateur sa pure divinité. Plus encore qu’un cosmos entier c’est un renversement des mondes que sa présence magique élabore. Son poison, son parfum entêtant permet alors, tirant rideaux et voiles, de passer de la scène à l’outre-scène. Elle réclame une amplification du regard voyeur – sa métamorphose en pure voyance. A cet instant comme le grave William Blake sur la couverture de ses Visions des Filles d’Albion, l’Œil voit plus que le Cœur ne sait.
    Un plan fixe : une guirlande de phosphorescences se déplace, suspendue, lentement dans l’aube. Cette vision, malgré l’argument commercial du film, évoque plus quelques insolites étoiles qu’un engin spatial. C’est bien là, prononcée, tout la subtilité d’Under The Skin : il n’y a de parfaitement extraterrestre au commun des mortels que la Star ; la star qui siège, dans les confins de la Californie, juste à l’extrême limite de l’occident, au seuil du cratère des mondes. Comme il l’explique lors d’un entretien réalisé pour les Cahiers du Cinéma, Jonathan Glazer ne fait pas d’énigme quand à cette dimension seconde, ésotérique, de son œuvre : Quand j’ai proposé le rôle à Scarlett, je savais exactement ce que je voulais : elle, déguisée, seule en Écosse. […] Il y a quelque chose de génial dans le fait qu’elle si réifiée par les médias, transformée en objet médiatique. Une star est toujours une sorte d’extraterrestre. Les photographies qui multiplient sa figure jusqu’à tenter l’ubique, dévoilent ses courbes capiteuses et son visage sans cesse, dans le détail, maquillé et redessiné, nous le confirment : Scarlett Johansson, sex-symbol, déesse postmoderne est dans l’éther moderne, c’est-à-dire dans l’écran, un espace autonome, parfaitement inaccessible, qui dispose de ses propres limites. Scarlett johansson existe ailleurs. Ajustée aux topiques plastiques modernes – toujours plus bonne que belle, plus inquiétante que rassurante mais tout aussi proche que distante – elle apparaît pourtant bien là, dans la rustique et prolétarienne Ecosse, l’endroit le plus improbable, le plus incommode au monde pour accueillir sa divinité mais le plus pratique pour dissimuler l’éclat de ses milliers de paillettes.
    Under the Skin procède à la matérialisation de Scarlett Johansson hors de son support photographique, à son extraction de l’image. Jonathan Glazer à la faveur d’un effet dialectique très éloquent indique très bien ces instants d’entrées de la sortie de l’image – alors que les prétendants de Scarlett Johansson s’enfoncent dans l’espace impénétrable et parfaitement négatif de la pellicule cette dernière, à la faveur d’un épais et lumineux brouillard rencontré sur un pont délaisse la prédation pour la connaissance. Rentrer dans l’objectif et sortir de l’image revient à rentrer dans la rétine et sortir de l’outre-scène.
    L’image de l’actrice devient véritablement une peau, elle s’incarne charnellement. Une scène inaugurale dans laquelle Scarlett Johansson subtilise l’apparence de son avatar réel qui cache sa fameuse blondeur sous une perruque brune illustre très bien ce franchissement d’un espace à l’autre.

    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

    Le dispositif se répète invariablement comme pour démontrer l’uniformité des désirs que sollicite la déesse. Il n’y plus aucune perspective, l’espace est constant, l’actrice recule mais ne s’enténèbre pas, elle laisse tomber un à un ses voiles, se retourne, aguiche mécaniquement et continue, à reculons, d’avancer, alors que son prétendant nu, fakirisé, s’enfonce, sans s’en rendre compte, dans une fange noire à mesure qu’il tente de se rapprocher, qu’il tente de toucher. Plus loin, noyé dans la matière liquide, il sera comme digéré, sa substance et sa chaire propulsées hors de son enveloppe ; dans cet ailleurs inenvisageable et profondément hermétique pour celui que le désir aveugle.
    Les prétendants sont comme ahuris par une passion inespérée qui trouve, contre toutes attentes, son objet manifesté. Un personnage se pince même pour bien y croire et ne se réveille pas. Ils subissent le sort de ceux qui s’approchent trop près de la Vérité, de ceux qui ont la prétention de pouvoir lui convenir : ils naufragent. Céline qui en est revenu, détruit, rendu à son unique ombre, le souligne très justement il faut mettre la peau sur la table. Sinon vous n’avez rien. Mais plus encore que chez Céline, dont l’objectif était en quelque sorte prométhéen, les prétendants sont absorbés par l’image même de leur désir projeté. Piégés, trop ignorants, ils ne reconnaissent pas la déesse et court-circuitent, incapables de la considérer convenablement, la voyance absolue qu’ils ont furtivement acquise. Elle se retourne contre eux. Leur âme trop faible, trop impure ils ne leur restent plus qu’à s’évanouir dans le néant, cette matière noire qui compose l’écrasante majorité de la substance du cosmos. Ils ont manqué l’étoile. Ils s’agrègent dans l’image même de leur propre désir.
    Il est nécessaire, pour celui qui veut restituer un temps la géométrie primitive de, non pas désirer charnellement – même lorsque, dans le film, Scarlett Johansson s’aventure sur les territoires de l’amour, qu’elle se livre à une âme vertueuse, elle demeure impénétrable – la déesse mais de l’aimer. De l’aimer pour son éclatante divinité, pour son étrangeté (dans le premier sens du terme) et surtout de l’aimer pour l’irrévocable distance qui nous sépare à jamais d’elle.
    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

    Devant une neige un Être de Beauté de haute taille. Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s’élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré ; des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes. Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la Vision, sur le chantier. Et les frissons s’élèvent et grondent et la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous, lance sur notre mère de beauté, – elle recule, elle se dresse. Oh ! nos os sont revêtus d’un nouveau corps amoureux.
    L’illumination, intitulée Being Beauteous d’Arthur Rimbaud, cette parfaite préfiguration de la déesse postmoderne, est une voyance qu’elle n’aura malheureusement pu inciter sous cette peau.

    Au terme du film, rendue tout entière à la pesanteur, au bord de l’effondrement, après avoir tenté de se séparer de son image, constaté l’échec de la transmutation du voyeurisme érotique en voyance divine et confrontée à l’impossibilité de son incarnation terrestre, elle est incendiée par son ignoble agresseur.
    Il ne lui reste alors qu’à contempler, fascinée, son image éphémère, cette peau qui n’est qu’une cosmétique moderne et superficielle et qui lui est parfaitement extraterrestre.

    A cet instant précis, Scarlett Johansson ne s’est jamais autant ressemblé.

  24. Manuel Montero dit :

    Sinon, il est bien différent de considérer l’émancipation et le travail féminin, que le pouvoir érotique, mais le pont entre émancipation et charme reste une fois si une fois non praticable. On a voulu les représenter dans une franche opposition, mais les variables sont nombreuses et il se peut que l’on tourne en rond dans le narcissisme des discours. La perception érotomaniaque du poète peut envisager l’épanouissement chez les femmes comme un fétiche moral, mais il reste dans le jeu du possible qu’il soit réel, réel et donc aussi relatif et précaire que l’épanouissement masculin.

  25. Manuel Montero dit :

    Dire qu’on est inconscient serait prétendre trop dans le sors dantesque, sauf à admettre qu’on l’est « tout le temps ». Et même alors comment expliquer ce foisonnement de la parole, et la déictique ? J’entends qu’il y a déictique de manière exemplaire au Purgatoire, dans la description successive d’emblèmes et de purifications, le seul récit intéressant de Dante, son passage quelque part, puisqu’en Enfer et au Paradis il ne s’agit pas de passer mais qu’il se trouve absorbé par une sorte de matrice ubuesque. Mais fort possiblement nous manquons au fait que le poème est à cheval d’une tradition et d’un répertoire iconographique déjà élaboré et qu’il est rare qu’on nous le rappelle.

    *

    Sohravardî abonde en voyages dantesques, avec un raffinement et une économie de langage qui n’est pas pauvre mais élégante.
    mardi

    Cherchant à percer les textes de Sohravardî et autres choses tels les mémoires de Wanda Sacher-Masoch (Confession de ma vie) et Ka de Roberto Calasso, que je devais poster et que je comptais lire dans leurs récents doublons, et pour trouver le ton, j’ai appelé un ami en Espagne que je ne vois depuis vingt ans. Il s’est confessé toute la nuit durant, me faisant part d’une contradictoire conversion au catholicisme intégriste tout en ayant un parcours anarchiste et maoïste. Il était séduit selon ses dires par la « tradition » et la fidélité aux choses anciennes. Il était aussi très solitaire et privé de femme depuis des années. Vivant avec sa mère très ancienne, dans un petit village de la côte andalouse.

  26. Manuel Montero dit :

    La seule bonne chose c’est beaucoup d’amour, d’amour orphelin, d’amour de vaurien et de vaurienne.

  27. auddie dit :

    Avec cinq ou six poèmes, Paul Verlaine doit être le meilleur poète français. Tout le reste a l’air verbeux et donne une impression de remplissage, d’extase téléphonée, d’ennuyeux statuts venus d’une époque pré-internet. Idem pour Rimbaud; et ne parlons pas des surréalistes, ni des structuralistes. Baudelaire à la rigueur, car il écrit des essais, s’occupe de musique, de peinture. Il travaille. Et les poètes de guerre, laissons-les… N’y touchons pas.

    Le symbolisme minimaliste, un brin cynique, moraliste mais pas moralisateur, post romantique, donc encore inspiré, mal armé en société, « manquant d’air » dira t-on, décadent, est ce qui se rapproche le plus de la poésie véritable, la seule valable produite en France, car elle est l’expression d’un pas de côté.

    Elle prend ses distances (sans l’énoncer clairement) avec toutes les classes sociales, avec tout niveau de culture, avec tout extrême ou toute alternance idéologique. Elle produit une sorte d’humour pas vraiment drôle, une justesse de ton qui résiste au temps, une clairvoyance sacrifiée à la vie sèche et morne, à l’espoir éteint, signe d’un sentiment noble et désintéressé, hors compétition.

    C’est, à mon avis, le seul geste qui puisse produire une poésie humble et juste, comme il y aurait un prix juste à chaque objet.

  28. auddie dit :

    Ecrire de la poésie avec un logiciel de reconnaissance vocale produit des choses qui ont l’air de venir d’ailleurs; je suis comme un autre auteur. Quelqu’un de plus rapide, de plus simple, de plus généreux.

  29. Rosetto (auddie) dit :

    On a découvert de l’oxygène sur Rosetta (4ème gaz émis par la comète) ….

    god is diving
    dieu est bouteille
    taucht man in irgendwat ?

    Ainsi l’univers a postillonné sur notre caillou rond
    parlant pour ne rien dire,
    puisqu’il n’y a rien à dire,
    sauf d’autres postillons.

    Le souffle du poète a tendance à créer des mondes verts et bleus.

    . des pluriels entre deux noms

  30. la poésie c'est quand ? dit :

    la poésie est une source claire.
    On la découvre.

    On doit avoir attendu cette réponse, combien même nous ne la cherchions pas.

    *

    ainsi, que des proches s’en détournent… et ce n’est qu’une bonne nouvelle parmi d’autres.

    d’autres s’y intéresseront. d’autres hommes, d’autres temps, d’autres cultures. et peut-être d’autres planètes.

    Gardons-la précieusement.

  31. Friedrich Nietzsche dit :

    « L’origine de la poésie » (il pose la question) :

    « N’est-ce pas une chose extrêmement plaisante que de voir les philosophes les plus sérieux, si sévères qu’ils soient le reste du temps avec toute certitude, en appeler sans cesse à des sentences de poètes pour assurer force et crédibilité à leur pensée ? »

    Friedrich Nietzsche

  32. Patrick Houillon dit :

    Il est tout de même fort gênant, fort troublant,et fort étrange, d’y parler à propos de cette citation de Friedrich Nietzsche de  » l’origine de la poésie « ,et ce qui est là,quelque chose qui n’est jamais ou que très rarement en rapport avec l’usage que l’on peut faire aussi,et que l’on doit même faire absolument de la poésie,et non pas pour y assurer force et crédibilité à notre pensée,et bien que cela peut s’avérer fort utile,et dans ce sens aussi,bien sûr,mais tout simplement,et ce qui a été aussi un grand enseignement de Jean-Jacques Rousseau,et même de tous les grands Penseurs des Lumières,mais dont à l’exception de Jean-Jacques Rousseau,et qui lui,s’intéressait aussi,et par ailleurs,à l’origine de la poésie,je ne sait point qui d’autres parmi tous ces grands Penseurs des Lumières,y a théoriser comme Jean-Jacques Rousseau l’a fait lui-même,et sur toute la grande et primordiale importance de recourir aussi à l’usage de la poésie,et pour y accéder seulement,à une bien plus grande clarté dans sa pensée,et dans ses écrits. » L’Homme n’est qu’un roseau,le plus faible de la nature;mais c’est un roseau pensant  » ,disait Pascal,et il ne faisait aucun doute pour Jean-Jacques Rousseau,et qui lui aussi,on l’oublie toujours,peut sans problème être considéré comme un très grand poète,et que si même il n’a pas construit ce que l’on pourrait nommer une oeuvre poétique,et dont à ce propos,je regrette beaucoup que l’on ai jamais encore songé à y réunir tous ses poèmes,et que l’on trouve aussi,et parfois,dans ses correspondances,et où il lui arrivait aussi,et dans ses correspondances, de répondre à des questions,ou à l’expression de sentiments et d »émotions,par l’écriture d’un petit poème,et en y reprenant ensuite,le cours de l’écriture d’une lettre,et ce qui fait que certaines de ses grandes correspondances,et partout en Europe y compris en Russie,et qui sont fort peu connues,y sont pourtant des correspondances qui sont extraordinairement belles,et qui donne vraiment à y voir des  » mini chef d’oeuvre « ,et qui bien sûr,et en quantité,mais pas en beauté littéraire et poétique,n’égales jamais sa grande oeuvre littéraire et philosophique,mais où cependant,et par exemple,son célèbre roman :  » la nouvelle Héloise  » n’y est-il pas traversé de la première page jusqu’à la dernière page par un extraordinaire et sublime langage poétique…qui a toujours eu la profonde certitude et conviction humaine que l’Homme était bien sûr un être vivant extrêmement vulnérable,mais que l’on ne lui disait jamais suffisamment qu’il était un être pensant,et c’est-à-dire,et selon Jean-Jacques Rousseau,et de bien d’autres grands Penseurs aussi,que la faculté de penser est,avec la capacité d’aimer sa plus grande noblesse,et qui est bien supérieure,et sans même de comparaison possible,à tous les autres attributs que l’on peut se donner par distinctions sociales et culturelles,et de bien d’autres natures,et que donc,Jean-Jacques Rousseau,et à propos du langage,pensait que l’on devait toujours et nécessairement répondre à toutes les exigences de la clarté,et non pas seulement pour bien mieux se faire comprendre,mais parce que il y voyait aussi dans la clarté du langage un accès à l’estime de soi et à l’amour de soi,et que pour cette raison même,il fallait s’exercer aussi à toujours mieux parler et écrire,et qu’il n’y avait donc pas meilleur apprentissage,et entre autres,que celui de la poésie,et pour y apporter une clarté et une beauté à son propre langage qui non seulement y facilite la communication avec les Autres,mais y permet aussi,et surtout,de se rapprocher de son âme,et où chez Jean-Jacques Rousseau d’ailleurs,il est bien,et encore,extrêmement difficile,et même impossible d’y dissocier radicalement son langage de son âme qui n’ont toujours fait qu’Un,et dans l’unité profonde de son être,et contrairement à tout ce qui peut encore se dire sur lui,et en y soulignant toutes les  » divisions  » de son être,et ce qui est là,des considérations sur ses comportements et sa vie qui sont vraiment devenu terriblement banales et ennuyeuses,mais dont leur grand intérêt idéologique et haineux y présente quand même une grande utilité pour tous les  » anti-rousseauistes  » et qui sont plutôt des gens bien minables dans toutes leurs arguments accusatoires contre Jean-Jacques Rousseau.Oui,et donc,et si dans cette citation,Friedrich Nietzsche y traite certainement avec grande pertinence et grande justesse des aspects de ce que l’on peut faire aussi,à travers l’usage de la poésie,il ne faudrait cependant ne jamais oublier tout ce qu’il y a de bien plus essentiel,et même,dirai-je plus encore,de bien plus vital dans le langage de la poésie,et qui permet aussi d’y construire son propre langage humain,et dont par ailleurs,et à ce propos,c’est aussi dans la poésie que Jean-Jacques Rousseau pensait aussi que l’on y trouvait bien des choses à comprendre qui nous rapprochait des origines premières du langage chez l’Homme,et dont jadis,et dans tous les lointains temps de la préhistoire,les sons émis par le langage humain y donnait aussi une certaine clarté et harmonie avec d’autres sons et bruits,et que la poésie,peut certainement y être entendu comme étant aussi de la musique,et une musique qui se jouait par les sons et les bruits du langage humain,et avant que l’Homme accède à la parole par l’expression de mots,et qu’il invente aussi des instruments de musique bien plus sophistiqués.L’Homme,et par le langage humain,y est né pour répondre à sa vocation de poète et de musicien,et cela,il l’a toujours bien compris,et même dans ces époques si lointaines de la préhistoire,et où on pense encore,qu’il n’était qu’un primitif sans réelle conscience…..

  33. Brieuc Le Meur (auddie) dit :

    cher Patrick, vous êtes ici le bienvenu.

  34. Patrick Houillon dit :

    Merci infiniment, et du fond de mon coeur,pour ce grand intérêt que vous avez porté à la lecture de ce commentaire que j’avais déposé dans votre journal, Brieuc.Je ne serai vous dire à quel point votre initiative personnelle suite à la lecture que vous avez fait de ce commentaire,et dont je vous dirai aussi,qu’il m’a surpris moi-même,et à bien des égards,me fait immensément plaisir,et me touche profondément.Oui,et donc,et comme il serait fort dommage pour moi d’en rester à cet unique commentaire que j’avais déposé dans votre journal sur ce grand réseau social,et qui se trouve désormais sur la plateforme des EditionsF4 que je ne connais pas encore pour le moment,et à ce jour,et dont bientôt ,je vais venir y apprendre à connaître ce lieu qui est ouvert à tous,et ce qui est là quelque chose de formidable,et dans un proche avenir,et où ma propre participation personnelle y sera d’y reprendre tous les éléments essentiels que j’ai sommairement développé dans ce commentaire,et qui mérite d’être encore bien plus développé et bien plus longuement travaillé ,et ce qui est là,et avant ce lien que vous avez déposé dans mon journal,une idée qui m’était déjà venu à l’esprit,et quand je suis revenu à plusieurs reprises y relire tout ce que j’avais écrit dans ce commentaire,et dont ce qui me fait grande plaisir,et de votre part, Brieuc ,est d’y apporté et donné une motivation personnelle à ce travail si précieux pour moi,et qui fait donc,que ce que j’écrirai encore y sera lu par d’autres personnes,et qui comme vous,y trouveront peut-être un grand intérêt,ou beaucoup moins d’intérêt,mais que dans tous les cas,et l’essentiel,est que vous m’offrez les possibilités de m’exprimer sur un lieu ouvert à tous,et où j’y serai lu aussi par d’autres personnes,et cela m’émeut aussi,et pour bien d’autres raisons intimes et personnelles qui sont uniquement en rapport avec tout ce que symbolise,et bien plus encore, pour moi,votre ville,et qui ne m’est pas une ville étrangère…Oui,et donc,ça me fait immensément plaisir d’y saisir cette occasion qui m’est donné aujourd’hui d’y continuer à travailler encore sur ce commentaire,et ce que j’aurai sûrement fait plus tard,mais uniquement dans le cadre de mes activités personnelles,et sans y chercher forcément à être lu par d’autres personnes,et ce qui est là,quelque chose que je fais souvent,et que si donc,et après m’être familiarisé avec cette plateforme,j’y découvre que c’est aussi un lieu qui est propice à y déposer bien d’autres écrits qui sont toujours en rapport avec la vocation première de cette plate forme,ne vous étonnez donc surtout pas, à y lire aussi,bien d’autres choses de ma part,et qui sont bien plus éloigné du contenu de ce commentaire que j’ai déposé dans votre journal,mais dont le fil conducteur y est toujours le même :Le langage humain dans ses diverses formes d’expression,et tout particulièrement,et bien qu’elle n’y est pas la plus prédominante,( L’écoute y est devenu la plus prédominante. )et contrairement à ce que l’on pourrait croire en me lisant régulièrement,celle de l’écriture,et qui elle, a pour grande particularité d’y contenir d’innombrables problématiques qui sont extrêmement difficiles à résoudre,et que de pouvoir parvenir un jour à y atteindre une cohérence pédagogique et globale y est vraiment un travail fort laborieux à mener inlassablement,et quotidiennement,et sans y quitter ses propres et profonds espoirs,et ce qui est là,source de grandes préoccupations et de grands tourments intellectuels,mais dont cependant,et comme je ne me résignerai jamais à l’idée de ne pas y parvenir un jour,je garde donc précieusement ce simple et précieux petit conseil du Professeur Rémy Chauvin,et qui nous a dit un jour,et à l’occasion d’une rencontre après une conférence :  » Ne désespérez jamais de percer,et n’abandonnez jamais rien,quoi que cela vous coûte en peine et en souffrances  » ….

  35. 3r1euc dit :

    photographie ce qu’il aime.

    ou plutôt non attendez:

    quand il le faut,

    ou plutôt… non,

    lorsqu’il en éprouve le besoin,

    lorsque ça va bien,

    lorsque ça ne va pas,

    pour faire chier les fantômes, cibles d’un marketing complexe, intellectuel mais qui va finir simpliste, comme expédié, comique comme l’est l’art d’aujourd’hui, pub et design mélangé, prolongation immonde sur fond de comptine, art possédé, soumis, détordu, décabossé pour être lisse, si lisse et étouffant, pour être un rendu exact de la complexité artificielle des hiérarchies à l’œuvre aujourd’hui.

    .
    rien n’est simple. rien n’est « ce qu’on aime »

  36. rita dit :

    puis-je?

  37. olivier bkz dit :

    Notre monde s’est bâti sur une perception erronée de la nature : notre perception et notre conceptualisation du temps. Mais le temps n’existe pas, le temps n’est que la circonvolution de notre planète autour du soleil. D’un point de vu cosmique cette circonvolution n’est rien, ne représente aucune fraction, ni échelle, ni mesure, elle n’est rien de plus qu’une conséquence. C’est en comprenant cette idée que l’on comprend que le dieu unique et créateur est un mythe. Parce qu’il n’y a pas de chronologie, il n’y a aucun début. Le dieu créateur n’existe pas, dieu n’existe pas, et s’il existe un jour, il n’est pas encore né, l’homme lui est antérieur. En voulant comprendre la nature exacte du temps, en tentant de visualiser cette force appelée « temps », le monde des deux derniers siècles tombe en lambeaux. Tous, absolument tous les systèmes – des contrats de travail aux systèmes de retraites – comme les Hommes qui régissent nos vies – des connards qui aiment les meubles designs aux stupides putes – toutes ces choses sont construites sur le mensonge du temps. Accepter le temps tel qu’on nous le présente et y conforter nos vies en revient à vouloir traverser une autoroute les yeux bandés en se fiant à son horoscope.
    Au moins promettez-moi d’y réfléchir entre-vous.

  38. auddie dit :

    commander du bleu au blanc
    vaste espace devant soi

    tranche d’éléments astraux
    nous, reliés à la terre

    pour faire oublier nos masques
    je m’envisage

  39. auddie dit :

    soudain s’exprimer c’est toute la lumière

  40. auddie dit :

    le lien entre l’art contemporain symbolique, et désormais, post conceptuel, néo classique, et la société, la politique, c’est l’impossibilité de ses acteurs, souvent intelligents, de s’effacer. On leur a appris la compétition de soi à soi, et l’affirmation de l’énoncé (de la situation, du contexte), en somme, deux états, que je résume à : se démarquer, et, le prouver. Ces eux états sont opposés ; leur art s’effondre comme une coquille vide.

    s’effacer : par rapport à la nature, au public, aux autres artistes, à l’oeuvre elle-même

    s’effacer

  41. basses de sub' (auddie) dit :

    langage et art contemporain
    dorée bulle la pensée
    construire un labyrinthe
    corps jamais visité

    montage public hélas
    psyché dominatrice
    gangsters, inquisitrices
    titres et grands coups de reins

    derniers faussaires de cour
    piochent aux mafias nomades
    mangent aux tables d’opale
    entre toi et le rien

    le langage s’enroule
    en pelotes de fer
    et grandit sur son dogme
    sèche, et puis se gomme

    l’ordre se positionne

    aucun, sens ne passe
    l’animal, s’efface

  42. horizons lunaires dit :

    L’ animal s’ efface, mais a gardé la gomme, qu’il utilise tel un dogme pour visiter les pensées du temps, ce libre temps, qui passe, dans tous les ailleurs des lignes d’ horizons, et même, ce… Hors-saisons.

    Hors-saisons, on retrouve toutes les portes qui nous limitent….
    Toutes les fenêtres s’ouvrent en conscience de l’ astre du monde….

    Des Astres Universels en Terre Racinés…
    Redéployer l’espace c’est être.

    C’est le laisser aux autres…comme… une graine.

    Mon temps n’a plus qu’une petite semaine, oublié mes Châteaux Espagnols…
    J’ accompagnais juste mon point final….. ici.

  43. auddie dit :

    toujours attendre le père nourricier
    la paire fatale
    les pairs entiers
    l’avis sur tout, le conseil fameux
    les questions fondamentales, ici ? ou là
    comme ci, comme ça ?
    que dois-je faire, et là ? et ça ?
    et combien de temps
    j’en remets un peu ?
    et puis un jour, ou plutôt, une heure, on s’aperçoit qu’il n’y a personne et que c’est toi qui fait le boulot

  44. Cheng.... poétise les âmes.... dit :

     » Cinq méditations sur la mort… »

    Parfois, à l’instant T où l’on ouvre un livre, comme une âme… le temps, se suspend, s’ arrête, se voûte, se courbe, devient silencieux, usuel… presque alternatif. Un adjectif à lui tout seul… Du petit lait.

    Mon roman est enfin achevé…. Je vais me faire un listing… en espérant que ça marche… Mais plus j’avance, et plus je suis stupéfaite par l’ amplitude et la place qu’occupe ce que l’on nomme « argent » dans tout ce que l’on fait…. En fait la matière que tu comptais au départ…. offrir, te coûte dix fois plus d’énergie que ce que tu pensais pouvoir faire…. Mais, c’est le jeu….

    cela me dépasse dans le sens où ça devrait être une forme de… partenariat…

    un…. « échange »

    à part des remparts en face de moi, je ne vois pas grand-chose… Formidable leçon d’ humilité… Même si les mots sont transparents, souvent, la vie…. ne l’est pas. Ce sentiment d’ego qu’on nous impose en quasi-permanence est… étouffant. Cela pollue tout, et c’est dommageable. Mais j’ ai toujours trousseau et clefs, et je compte bien faire passer tous ses « cheminements » reçus…. C’est tellement appréciable de se dire qu’on aura au moins soulagé certaines personnes……

    « La patience est un poème qui se compte en nuits ouvertes et en jours fermés ».

  45. auddie dit :

    Les rêves (les vrais, ceux la nuit) que l’on fait après un voyage, après un déplacement ou un changement radical d’environnement, lorsqu’on dort dans une nouvelle chambre par exemple, sont les plus forts. Ces images mentales rappellent l’étant, le convoquent, le provoquent, et si la force mutante est assez vive, elles le siphonnent et l’envoient paître dans les monts classifiés de l’intellect. Là-haut, cet être lourd du passé ne sera plus actif; jusqu’à la prochaine danse…

    Cette nuit, j’ai rêvé que j’errais dans un grand hangar/atelier d’un sound system avec lequel j’organisais des fêtes en 2000; Il traînait sur une table une photo récente du line up d’un teknival arabe, avec de nombreux nom arabes. L’un des gars français s’exclama, heureux et fier : « ils étaient tous là! » Puis un des membres a dit : « je ne suis pas d’accord avec le nouveau nom du groupe : « LOL ». Une autre répondit : ‘LOL, mais c’est bien comme nom, ça m’est venu comme ça ». Et tous les autres, de se taire, d’acquiescer. Un peu plus tard, je marche dans l’atelier ouvert sur l’extérieur cette fois ci, sur une sorte de plaine dégagée, et Jean-Luc Godard est là. Sur une table de travail, dans le chaos poussiéreux, je remarque des monceaux de feuilles, de cahiers. Je m’approche. C’est une pile entière de travaux oubliés mais néanmoins sauvés par une personne bienveillante : de longs poèmes, des notes dactylographiées. Je les mets en ordre, puis les montre à Jean-Luc qui s’arrête sur l’un d’eux,ajuste ses lunettes, interloqué, et se met à le décoder de façon minutieuse. Je lui dit, ah, non, regardez plutôt celui-ci, je parle de cinéma, et je parle de vous. J’essaie de lui lire, mais il n’y a pas d’espace entre les mots, ils ne se distinguent pas des autres. Il sourit, et s’en va.

    *

    Ces espaces, ces silences, si importants.

    *

    Obsessions des futurs d’alors.

    *

    Avançons.

  46. Lise. Océan. dit :

    Les espaces entre les mots, c’est pour qu’ils puissent inspirer et expirer, comme un coeur qui passe… Les songes sont une porte vers l’oubli… L’espace s’est sauvé des mots afin de conserver leur mystère. Mais si ses mots sont vus, forcément, c’est afin d’être lus. Ils ne se sont pas posés par là hasard.

    Le destin a des vies souterraines, comme le présent. L’être est une alchimie du réel.
    Le présent, c’est une… rencontre permanente entre-soi et le monde.

    Les mots repasseront se faire lire dans un autre de tes songes. Godard devait être pressé. Il repassera dans un autre songe.

    J’ aimerais trop être un vase chinois. Juste pour voir ce que ça fait d’avoir un coeur en porcelaine.

    Moi, mes songes, ils dorment, je n’ ai aucun souvenir, rien, depuis….plus de quinze ans. Je fais des demi-rêves parasomniques.

    « Je dirais en résumé que le cerveau se balade sur des nuages, histoire d’oublier que seuls les songes nous créent. »

  47. Lise. Océan. dit :

    L’ être est un port d’âmes.

    ( Je vais… faire une sieste… je crois ).

  48. Lise.Océan. dit :

    L’ esprit d’escalier est toujours… athlétique, il a un éventail hallucinant de possibles.

    J’ ai été à la fameuse expo, aux bassins à flots, ben, pour une fois, pas déçue… Visite guidée de deux heures, sous le poids de la fraîcheur du béton armé… Des satellites d’occasion m’ observaient dans tous les sens, on avait le sentiments que les représentations étaient vivantes, le réel dormait dans un coin, et nous fixait en trompe-l’oeil, histoire d’observer les angles d’une réalité artistique jetée aux murs tels des étoiles, ou même des feux d’artifices d’essentiels…

    Pour une fois, la plante de mes pieds tenait le sol. Après la « réalité virtuelle », ne m’a pas parlée, pas participé, elle n’est pas assez résiliente pour moi. Mais que d’inventivité! Ils doivent sacrément s’ éclater. Ma cops Aurélie Sarpon, elle, exp(l) ose à L’ ancien commissariat de Castéjà…

    J’ suis revenue samedi du bunker avec les pieds mouillés et la gorge sèche, point de chute en mes horizons. Oh.
    Mon imagination a claqué la porte, mais ouvert les volets. Chapeau les mecs, vous nous réveillez du temps.

    @l’uni-vers a fait un pas de géant, m’a prise au mot, à l’instant. Ces instants d’être qui nous pensent… d’âme.

  49. Lise. Océan. dit :

    L’Océan, c’est une goutte d’eau qui vous fixe le cœur et l’âme. Une vague d’amour et une caresse infinie du temps sur les coeurs brûlés.

    Dieu est un alchimiste. Il crée tout, mais ne veut rien voir.

    L’ océan est dans mes flacons, avec mes ivresses, et mes pas de mots. Mon marin ? danse sur le sable de mes apparences…

    Mon coeur est sorti avec mes poumons,l’oxygène n’ avait plus d’air, le coeur est un esprit parmi d’autres. En supplément de l’âme et des orageux.

  50. Lise. Océan. dit :

    Vide est le sens du rien,
    Et du tout,
    Le pourquoi du recommencement,
    La résilience des sens,
    Le sommet des raisons,
    Sans vide, il n’existe saisons, on ne trouve ailleurs…
    Les autres tout,
    Les autres temps
    De l’ âme en être.
    Le monde aussi,
    Vide en ses ailleurs son… tout,
    En foi de pensées,
    Gommé son temps,
    Effacé, pour d’autres images,
    D’ autres firmaments,
    D’autres soi rencontrés,
    Ce soi, qui l’vite nos temps à mesurer,
    Avec ou cent mètres,
    Être le sol de son quai.
    Son flot de sens,
    Même si le sens parfois,
    S’échappe du monde.

  51. https://youtu.be/H4TB-9giO_I

    « C’est la fin de l’art, c’est la fin de la beauté » … écrit en 2014 dans mon roman « Deux mondes ». Une Itw qui résonne aussi avec un post récent sur le grignotage des médiums par le réseau. Je trouve qu’il est juste, mais très caricatural (sur cette idée là en tout cas), et que le constat est bien pire que celui qu’il dresse. Non pas qu’il n’existe plus de poches de résistance ou de profondeur, mais le mouvement global est massif, ravageur.

    Il y a d’abord un phénomène d’hyper disponibilité, qui est déjà une fin de la culture, en somme, qui se matérialise de plus en plus dans des expériences accessibles à tous, des pratiques ou des outils ‘pour tous’ qui sont ‘comme’ le vrai truc. Il cite la techno par exemple, en tant que mouvement qui fait bouger plus que l’art contemporain, et ça c’est très clair, mais, c’est justement par ce biais que se fonde la destruction des gestes artistiques, vers un hyper ego, une hyper égomanie. La pratique pour tous d’un art au rabais, jusqu’à désormais l’art IA (pour rigoler, ou pour facebook), l’hyper démocratisation par le réseau ou par les logiciels, par l’auto projection de soi… cela aboutit à de l’art pour personne (voir aussi, la fin de la photographie, grâce aux smartphones, ou la disruption du geste musical, par le Dj’aying).

    C’est à dire que des mouvements, à priori au dessus de tout soupçon (puisque d’avant internet, d’avant le basculement des valeurs et sa brouille totale menant à l’absurde), portaient déjà en eux les raisons de cet effondrement, ce qui, bien-sûr, re pose la question de celui-ci.

    https://youtu.be/H4TB-9giO_I

  52. Anonyme dit :

    La peinture est quelque chose qui a disparu. C’est quelque chose qui n’existe pas. Pour ces deux raisons implacables, elle vous broie. Pour certain, cette douleur qui fait défaut lors de contemplation d’instants douçâtres, se concentre en une manne d’épure impure, puisque c’est le sang de ceux qui ont rallongé le temps assez, pour nous laisser cette disparition, cette inexistence. C’est effroyable, émouvant, impardonnable. Dans ce geste qui n’est fait pour rien, rien n’est pardonné.

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