La piste (essai)

Perche et recherche théorique. Analyse poétique du mouvement techno sauvage. 

1998 . 2005

3 réponses à “La piste (essai)”

  1. stalker dit :

    La piste #1
    Essai post rave

    Rédigé entre en 1996 et 2003, corrigé régulièrement depuis, « La piste » aborde des sujets centraux de la scène techno sauvage, la notion « d’underground », les raves et les free parties.

    La première version a été diffusée sur le site internet du collectif Heretik (un sub domain « skarlet.heretik.org » aujourd’hui disparu), blog personnel sur lequel je diffusais dates de concert, musique, poèmes, en 2003 ! L’ensemble a été relayé par nombre de sites internet et forums de l’époque, puis cité et repris dans plusieurs thèses de sociologie et d’anthropologie dans des universités parisiennes. Il fut largement discuté et partagé sur les IRC et plateformes, comme freetekno.org ou DefCore. J’ai donné plusieurs conférences, notamment à Beaubourg lors des rendez-vous électroniques, et dans plusieurs festivals (diffusions radio à Besançon et Lille, en 2003 et 2004).

    Par Brieuc Le Meur aka « Stalker » : dancing stalking company b. Arbre à fruits électroniques.

    * * *


    INDEX des chapitres:

    – 0 Le corps modifié. Cyber punk et persocs, communication immédiate
    – 1 La musique dans l’espace, toutes les musiques, sur un mode nomade.
    – 2 LA rave.
    – 3 L’accès à la pharmacopée mondiale
    – 4 Le héros.
    – 5 La danse. Le raver en tant que symbole de l’époque. Les règles. L’avenir de la danse.
    – 6 La rave silencieuse, l’avenir de la musique.
    – 7 Le danseur créateur fait partie de l’œuvre. Demain le public sera musicien.
    – 8 Quels sont nos dieux?
    – 9 Mise en abîme de l’esprit et non du corps, dans l’infobanque mondiale.
    – 10 L’univers du jeu.
    – 11 définir la musique
    – 12 Le live, écriture mémoire gestes
    – 13 Dj’s et lieux communs.
    – 14 La break tek
    – 15 La hardtekno
    – 16 Répression et création
    – 17 i’m a warrior parka s’y frotte
    – 18 De la chair à canon
    – 19 Les origines
    – 20 Raw tronics
    – 21 La lutte des classes dans la musique électronique
    – 22 Le spectacle intérieur
    – 23 La chaîne du délire
    – 24 Spécialisation et mouvement de foule
    – 25 La chaine underground
    – 26 les trois lunes de l’underground
    – 27 Le système libéral.
    – 28 Alphonse D
    – 29 La prévention
    – 30 Les nouveaux rapports à la drogue
    – 31 Le hors-système est-il un marché?
    – 32 Les perspectives d’avenir après le teknival 2004
    – 33 Le dance-floor
    – 34 Le cheminement sur et autour de la piste
    – 35 Le déclin immédiat
    – 36 Critique du psychédélisme.
    – 37 Le mouvement free, une image qui s’exporte?
    – 38 Le mouvement free et ses corrélations politiques
    – 39 Les zones d’autonomies temporaires
    – 40 Le sens
    – 41 Les limites du collectif des sound-systems
    – 42 Des limites de la sociologie

    Anticipation:

    Peut-être n’existons-nous qu’au travers des ondes qui relient chaque chose.

    Le cerveau est sûrement le maître des ondes.

    L’anticipation, le rétro futurisme en tant qu’esthétique, ne peut faire disparaître la conscience qu’une nature et sa diversité sont des richesses en grand péril, sinon déjà presque disparues.

    On ne se rend pas compte de ce qu’il se passe, nettement trompés par nos organes de plaisir. Et nous produisons pour eux, art et produits.

    Que sera l’artiste demain? Un scientifique?
    Un sculpteur de vivant.

    *

    le bonheur est l’opposé du temps

    le temps c’est l’espace

    le bonheur est l’opposé à l’espace

    car nous ne sommes pas grand chose

    0 – Le corps modifié.

    Illusion ou réalité, l’hyper-sensation due aux drogues, l’extension des capacités sensitives, font du corps un champ d’expérience. Militaires et scientifiques l’ont déjà abordé de cette façon. Le raver est-il un scientifique militaire anarchiste?

    Le corps humain, ce corps changeant qui s’alimente, souffre ou doute, cherche par tous les moyens à étendre son pouvoir sur le monde ou à s’en protéger. C’est avec le langage que l’homme est devenu homme. C’est avec lui aussi, ou contre lui, et contre son humanité, justement, qu’il passe à la civilisation d’après.

    Dans un contexte de technologie transportée dans la nature, la culture techno des années 90 est proche de ce fantasme de corps modifié. Les studios d’enregistrement, le sound sytem, les moyens de transports élaborées, fantasmes du véhicule tout terrain, autonome, émetteur / récepteur, sont des exemples de technologie importées dans la nature, qui étendent le pouvoir de l’homme ou du groupe (en situation de réclusion, d’isolement), au coeur de la nature (en tout cas hors la ville). Cet isolement est donc une réorganisation.

    L’homme, c’est l’animal modifié, par une abstraction, par le milieu ou par l’usage. Mais c’est avec la technologie qu’il deviendra autre. Plus humain par sa morale, moins humain car ses priorités immédiates (subsistance, médecine, com) seront assurées par un nouveau corps, avec des perfectionnements, et son regard sera tourné vers l’espace. Il est fort probable que le corps soit mis en « stand by », pour des évolutions mentales sur le réseau partagé. Le corps alors n’est pas modifié, mais étendu. Certains individus un peu dépressifs accrocs aux mondes virtuels sont déjà dans cette vie végétative, tributaire de l’électricité pour vivre.

    Heureusement, nous ne sommes pas tous des intelligences artificielles… et le cyber punk est encore un concept littéraire.
    Mais demain, les techniques de télécommunication permettront littéralement de se connecter à l’autre, alors les histoires d’amour fleuriront, périront et fleuriront. . Exemple antgicipé, comme dans une rave, comme dans un club : Ainsi quand je marche, quelqu’un me plaît et je sais qui elle est, sans autre censure que le filtrage personnel qu’il lui est permis d’arborer. Tantôt un pseudo pour la rue et les transports, tantôt une dénomination officielle pour le travail, tantôt des infos plus volages ou volubiles « choisissez vos envies, estimez vos possibilités, cherchez l’âme soeur ou retrouvez l’impossible urbain dans une botte de foin, je serais ton anguille dans l’eau vive numérique. »

    Plus terre à terre, il y a dans la scène trance au Brésil un culte du corps body buildé, huilé, ainsi que dans certaines scènes gay, et cela prend des significations différentes. Pour la scène gay, l’évidence tombe sous le sens, la masculinité est à son paroxysme. Pour ce qui est de la scène trance (voir les travaux d’un ethnologue de la techno avec qui j’ai fait une conférence en 2002 lors d’un festival « le citron vert », qui a démontré et expliqué qu’un culte du corps était lié à un système de classe et un attribut de la richesse, car sculpter son corps est coûteux, au sein d’un rituel solaire. Le pic de tension de la soirée est vers midi, quand le soleil et la chaleur sont à leur comble et que la transpiration fait reluire les corps.


    1 – La musique dans l’espace.

    Quel sera notre rapport à la musique dans les temps futurs? Rien n’aura disparu. Rien ne disparaîtra. Le son sera plus immense, plus riche. Les collectionneurs seront toujours très actifs, et très demandés. L’histoire prendra une valeur phénoménale. On s’arrachera les moindres bribes d’information pour comprendre une culture, s’inspirer d’une époque, d’une école, d’une personnalité, d’une ville.

    Certains écouteront du Satie dans leur vaisseau, d’autres de la country, d’autres des musiques électroniques, d’autres des ondes qui ne meurent jamais, à épier dans le silence spatial. Et ce sera la guerre! Comme ici! Qui écoute quoi? T’écoutes ça? T’es un naze! T’écoutes ça? Tu me plait! Et ces attaches artistiques seront le plaisir le plus fou, un plaisir que les androïdes ne comprendront jamais. Un plaisir qui soulèvera encore les foules, même à des années lumières/années ténèbres.

    Le plaisir d’écouter de la musique dans les futures zones d’espace intersidéral sera identique au nôtre, à ceci près qu’il portera beaucoup plus d’information, comme un canal. Un canal pour voyager bien plus loin qu’on ne peut le faire actuellement. La musique sera résiduelle, diffuse en chaque chose pour équilibrer les forces et parfaire le monde de l’humain, pour l’humain, en respectant ses intervalles, ses fréquences, ses échelles. La musique est le mètre étalon de l’humanité, demain elle sera l’humanité, et nous autres, simples livers, seront des icônes pour vendre du beefsteaks en sachet, avec double coucher de soleil rouge et approche lente du vaisseau de ravitaillement express/light sur fond de galaxie flamboyante, spectres de nuages magnétiques et flics ripoux armés du bâton de la mort.


    – 2 La rave.

    Est-ce une réaction, une résistance, un isolement? Est-elle une pratique nouvelle, ancienne? Qu’est-ce qu’une fête? Qu’est ce que danser ? Sur quoi, et comment?

    Qu’est-ce qui reste? Et qu’est-ce qui restera?

    J’ai vu des grappes de teufeurs s’agglutiner aux enceintes pour adorer la bête qui leur livre les sculptures de l’invisible en pièces détachées, parfois brisées, parfois nettes, parfois salies, parfois brûlées, parfois laquées, parfois colorées, visibles uniquement dans la tête, par la tête ».

    Un sacrifice? On sacrifie les vieilles croyances, on abolit les peines, on s’oublie, et avec soi la charge du temps présent, cratères de lois et d’espaces économiques dans notre société en déclin partiel.

    La nouveauté théorique de la rave, c’est que le public peut s’exprimer par la danse et faire le spectacle lui même; le précepte a changé par rapport au format rock. Lieu d’écoute, sono, platines, instruments, produits psychotropes pharmaceutiques ou militaires, ont été déplacés vers d’autres idées. La position de l’artiste est détournée. Désormais se montrer en s’oubliant est un langage du corps, et c’est forcement exhibitionniste. Le spectacle est descendu dans la fosse. Le public se regarde. Ou il ne regarde rien, il regarde un trou: l’origine du monde, une enceinte. Il regarde d’où il vient.

    – 3 L’accès à la pharmacopée mondiale.

    Des substances se trouvent à disposition dans la nature, dans les plantes, les animaux, les insectes, la mer, la terre. Tout est là. Mais tout n’est pas libre. Pourquoi? Par quel orgueil, par quelle censure abjecte, par quelle manipulation refuse t-on à un individu de jouir de ce que la terre lui a donné, pourvu qu’il soit au courant?

    Ainsi, certaines molécules sont inévitablement sources de spéculation et ne profitent donc pas à tout le monde. L’égalité des soins s’arrête aux limites du marché, pour ceux qui voient en la santé un marché, comme risque de le devenir l’éducation, les transports, l’énergie. La drogue, ce mot est un marché à lui tout seul. Le plaisir se paye s’il est sexuel ou s’il est festif. Pour un gouvernement ou pour un individu, le droit de s’administrer des saloperies faute de mieux n’est pas une attitude très responsable… L’hypocrisie est telle que certaines drogues dures comme le vin ou des psychotropes antidépresseurs et autres paradis remboursés par la sécu, sont légales, et même cultivées ici, tandis que des plantes ou des champignons « respectables » et même « bienfaiteurs », sont interdits. Pires, ils servent de boucs émissaires pour contrôler et asseoir des marchés, clubs, bar, discothèque, brasseurs, vignobles, et saquer certains mouvements, certaines rebellions fort légitimes. Quelle misérable faiblesse incite ainsi nos gouvernants, nos pères, à mésentendre les passions qui restent après des siècles.

    Sentez la danse et l’activité nocturne, la fête et la musique, les vapeurs et les formules pour s’enivrer au frais, sans histoires, sans reproches.

    – 4 Le héros intérieur.

    Quel est l’archétype du raver dansant, tel qu’il s’est codifié dans le début des années 90?

    Il y a un aspect autodestructeur, introspectif / individualiste mais aussi : esprit de sacrifice pour une cause, masochisme buté. Radical dans le son. Tragique, parfois guerrier. Performance personnelle ou lutte contre une entité … ou soi-même… Le paroxysme d’une vie de raver et son rôle social mal défini, hors cadre, laissé au hasard, à l’errance, pourrait amener certains sujets à se le représenter comme un survivant de l’épreuve rave, ce rituel fort. Un passage? Pas vraiment, juste une surexcitation des sens. Une « sortie » plutôt, une réorganisation. Mon corps se dépense je pense que je suis un héros, car si ma danse est sûre, ma psychologie doit l’être aussi. La danse est un triple exutoire pour l’individu: elle apaise du stress urbain, elle donne un sens plutôt sain, actif, au regard de tout ce qui se passe de sordide en rave, il faut contrer les effets néfastes d’une prise de drogue sans but, sans signification, et enfin elle permet à certains de se démarquer des autres en tirant « artistiquement » leur épingle du jeu. Dans un pur contexte abstrait, le but du raver est de bien danser, pour créer des moments de synergie avec les autres. Pour former avec eux une structure mouvante, un squelette temporaire puissant. Le but est donc la recherche de la beauté par le nombre. Le nombre, l’ensemble, sont des concepts positifs, alors que la foule est négative.

    L’aspect englobant, fusionnel, serait protecteur, rassembleur, qui compose, qui crée. Esprit de groupe. Accents magiques, malignité. Ce thème s’appuie sur le style et la préparation rigoureuse pour l’événement, et un contrôle précis de l’organisme.

    La danse à plusieurs, c’est l’avenir comme le passé.

    Voici la danse:

    5- La danse. Le raver en tant que symbole de l’époque 1990. (Les règles. L’avenir de la danse).

    Voici le descriptif de ce monde, ce monde tel que je l’ai vécu, et tel qu’il m’a été transmis d’un point de vue actif. Le principe actif du raver dans la partie. Pour l’instant les idées sont encore jetées pêle-mêle sur le papier. A vous de continuer la recherche du rôle idéal du danseur. Je sais qu’il n’y a pas de règles dans la rave party. On ne peut rien imposer à personne. Mais j’ai le souci d’isoler le phénomène « rave party »plutôt que le phénomène techno, car il y a dans cette expression plus que le concert, c’est plus que la fête. C’est plus qu’un rassemblement. Ces petits plus, je m’attarde à les décrire pour provoquer les démons de ma naïveté, et voir si dans ce en quoi j’ai cru, et si dans ce « croire » il n’y aurait pas cette pénible évolution de l’art toujours due à la technologie, et si cette technologie changerait pas aussi nos vies : pirates et commerçants, flics et ripoux, chefs et gourous, normaux et doubles, jeunes et vieux, etc…

    Tout d’abord, la danse ne se prévoit pas. Il ne faut pas se forcer. Les choses les plus efficaces sont les plus simples. A chacun de trouver un développement logique, et/mais impliqué. On a le droit de regarder si on participe. Comme au bordel.

    La danse est l’inconscient de la personnalité. Mais elle s’inspire de ce qu’on a vu des autres, dans un mimétisme psychomoteur immédiat. Aussi communicante qu’un rire ou qu’une expression familière, une danse se transmet par voie visuelle, délire de visage, zygomatique des jambes. Ainsi des gestes captés dans les premières raves ressortent inconsciemment dans nos futures compositions. Le corps a une mémoire : celle des yeux.

    Règle usuelle consciente ou fortuite: une piste a son guide, le meneur, le sans gène, le génie de la danse.

    Car la danse s’apprend, la danse s’oublie, c’est sculpture de soi au geste regard je m’adonne le temps d’aimer sur le temps mesuré, joli air qui vibre tu me perdra.

    Danser c’est extendre son corps et s’accaparer l’espace vital pour matérialiser des formes sous le regard trompé de l’observateur. Il faut toujours un observateur. Quel est le rapport? Danser pour soi? Simplement s’éclater, se lâcher, tenir des gestes agréables, qui procurent du plaisir, qui appellent la symbiose avec une musique? Certes. Mais j’affirme qu’il faut continuer la scène, et faire plus qu’un simple rituel de fête autour d’un principe de remise à niveau social (la soupape, la concrétisation symbolique des désirs, la joie du nombre, et qui je suis).

    Il s’agirait plutôt, je pense, de créer un rituel nouveau mieux adapté à l’évolution de notre société, et l’assumer. Cela commencerait par le jeu, ensuite par le plaisir, ensuite par le savoir, enfin par la création, puis viendrai la fin du stage pour ainsi dire… Le passage à l’acte sur la piste autour d’une représentation esthétique de la rave party ramène à quelque chose de sectaire, mais aussi de très casse-gueule. Le tout est de savoir ce que l’on veut. Si l’application esthétique a été laissée à l’abandon pour être remplacé par un centre d’abrutissement temporaire, il y a peut-être des solutions, en partenariat avec le présent, marque déposée.

    Une piste: la danse techno, c’est avant tout les faveurs de l’observation. Imiter est une première démarche pour aborder son identité. La danse est un livre ouvert et les sympathies découlent aussi d’une expression corporelle. Un tout est un tout, un corps n’est pas innocent.

    Entretien avec Chappy, un danseur de la scène hardcore techno parisienne. Cet homme a marqué une génération de ravers par sa gestuelle très particulière, très composée, autour de mouvements enroulés/déliés, il entraîne les autres, montre l’exemple, aide à trouver son style, à se lâcher, sans gêne, très mobile dans l’espace ; il glisse, ou flotte. Il a développé une danse qui se compose autour d’un sentiment, d’une « note »; c’est ce qu’il décrit. Pour lui la danse est une énergie concentrée dans chaque personne.

     » La note, tu peux la trouver sans musique. C’est le point de départ. Tu peux composer en apprenant à écouter ce qui t’entoure, pour en faire un support et composer. Tape dans une canette, cela fera ta note. Ensuite attrape des sons au vol, une voiture qui passe, un oiseau, les bruits lointains de la ville, des nappes ou des accents. »

    C’est poussé à son paroxysme lorsque en dansant, on trouve qu’il manque des notes, qu’il manque des instruments au sein des morceaux joués à l’époque.

    Un X-men :

    « Ainsi je décidais d’inventer des sons et d’y faire correspondre des gestes, de recomposer. Et un déclic se produisit. J’étais créateur, à un niveau supérieur du passeur-dj car il ne fait que jouer des disques, et presque au même niveau que le compositeur, car je collaborais dans le vent avec lui, je finissais son travail à ma guise. Je n’étais plus tributaire d’une musique pour exister, je n’étais plus un danseur-consommateur. Désormais libre, je composais mes danse à contre pied. Dans un moment de break avec nappes et coupure de rythme, je continuais à créer de l’accent, et au contraire dans un passage très rythmé, je me permettais d’enrouler des gestes qui évoquaient plutôt l’arythmie ou l’ambiance. Liza n’eliaz était un musicien qui aidait à ce genre de mise en négatif, de contradiction. L’esprit de contradiction est un symbole fort. Montrer l’exemple est inévitable dans toute entreprise, même éphémère. La règle serait alors de danser breaké composé, de réinventer des sons sur de la musique droite type techno, ou au contraire de danser comme un robot sur de la musique déstructurée. »

    Autre piste: On peut exprimer le besoin de ressentir un rapport à la gravité qui sorte de la conception admise du mouvement sur de la musique (mais n’est-ce point l’objectif suprême: devenir libre et serein?) Cette manière de voir les choses, dynamique, contradictoire, anticonformiste, soulève de nombreux point d’ombre dans cette manière de passer de l’autre côté du mur, pour ainsi dire. Un auto transfert, un reflet, un mirage, mais une force vivante interactive avec le son, sans suivisme, ou déterminé.

    Le truc c’est de prendre appui sur le son, ou par exemple d’inventer un rapport horizontal avec la musique, et de slalomer entre les sons. Ou s’y accrocher, ou les provoquer, les faire rebondir avec différentes parties do corps, comme une balle, ou parcourir des espaces abstraits, avoir des tâches mécaniques simulées. Ces délires sont souvent le point de départ d’une réflexion sur le corps, et surtout, sur ce qui nous fait danser. Pourquoi être tributaire d’un support rigide et imposé, avec des règles fixes. -un cheminement intérieur confus, onirique n’aboutit sur rien de concret-.

    En ce sens la rave party s’est consumée, organes de plaisir (au lieu de construire avec ses organes de communication). Car si le terme -expression corporelle- existe, c’est pour évoquer une communication, un langage du corps, et non un mutisme. L’expression du danseur techno est là pour rappeler que les rôles sont renversés. Le musicien est au service du public, malheureusement le public ne peut pas décider qui joue quoi. Cette tension nouvelle, ce rôle moteur qui incombe au public, ouvre des portes sur un monde nouveau, un monde fragile et excessif, qui se résume à quelques « instants », et une possibilité de création pour le danseur. La répétition permet d’oublier l’impulsion, et sans effort, l’onde se fait.

    Maintenant, imaginez que tous les danseurs se mettent à créer leur propre note. De quelle note s’agit t-il? Une note abstraite? Créer des rythmes et des accents là où il n’y en a pas? Inventer des sons avec ses bras, ses jambes? Ce serait un sacré bordel…

    Maintenant imaginez que tous ces danseurs s’attachent à trouver une note commune, un fil conducteur basé sur l’expression corporelle, et non plus tributaire de la musique? Ce serait le début de la rave du futur. La rave sans son. Niqués les condés, niqués les dj’s. Les têtards à la mare. Les touristes au boulot, idem les fous, les béotiens, les violents, les filles les mecs, opération j’me bouge pour croire, et ne plus appeler ça sport, ni art, mais bien rite et croyance, croire et inventer, puis oublier. La mémoire c’est celle des images, poésie, musique et image.

    La solitude du danseur est absurde. On danse avec les autres. Des médias comme la télévision ou les jeux vidéos permettent déjà assez de s’isoler et de s’oublier (a quelles fins?). Pourquoi ne pas essayer de réussir la symbiose, la vraie? On dit que l’on peut savoir comment quelqu’un baise en regardant sa danse… Pourquoi ne pas organiser la partouze du siècle? Safe sex & dance, in god we fuck.

    Regardez cette fille elle balance ses mèches folles lancinant coup de tête contre pied net hanches enroulées porté basket j’me suis mouillée, j’me suis dansé dessus, j’étais ailleurs. Je baise avec toi et le principe, c’est montrer l’intérieur qui passe à l’extérieur. Point de mysticisme dans ces propositions. L’accord est tout trouvé, nous cherchons le synchronisme pour créer des formes. Elles servent à nous unir sur la force de l’énergie contrôlée, et non autodestructrice. Cela ressemble, d’un point de vue sociologique, à l’émergence des flash mobs, ou des parcours rollers, ou des connexions multiples, balbutiantes, mais terrifiantes pour l’avenir, de l’internet.

    Ces propositions sont des essais d’équilibre. Spontanément, il s’agirait de danser à plusieurs, ou de faire des olas élaborées, ou de communiquer à distance, d’inventer des codes, les codes du silence, puisque la sono hurle.

    Qu’est ce qu’un rythme? Un rythme est espace temps matière. Notre dimension.

    L’expérience est subjective, et son observateur est objectif.

    l’idée est de continuer l’oeuvre est en nous, ou que l’on fait partie de l’oeuvre.

    l’exercice est beau car il contient.

    j’ai inventé

    La danse permet d’écrire.
    écrire permet de dessiner
    dessiner permet de peindre
    peindre permet de composer
    composer permet de jouer
    jouer permet de faire le fou
    faire le fou permet de danser

    En définitive (et je sais que cette idée est ultra polémique), mais c’est peut-être la danse qui a perdu le mouvement rave.

    Ce qui passait par le corps est ensuite passé aux oubliettes, le cerveau a arrêté de réfléchir, seul le speed et l’hypnose comptaient.

    Et comme lorsque on ne respecte pas les gens, les gens ne se respectent pas non plus, plus personne ne se respecte et l’effort disparaît. Car un effort est nécessaire pour dépasser l’étonnement et prendre la nouveauté comme une chance pour apprendre et transmettre. Je me souviens de mes premières soirées, je ne comprenais rien à rien; ni au son, ni au lieu, ni à ce que je prenais. J’imaginais ce hangar complètement vide, et toutes les étapes pour arriver à ce que je voyais, à ce que j’entendais, étaient pour moi irréelles; j’étais l’enfant né une deuxième fois.

    au petit matin seulement, après n’avoir fait qu’observer les autres et attendre, attendre les surprises, je faisais des premiers pas hésitants. Je ne trouvais pas toujours le groove évident, les danses, elles me parlaient. Je les reproduirais consciemment quelques mois plus tard. Petite transmission de personnalité?

    L’avenir de la danse sera dans les airs. Ou dans l’espace. Ainsi danser sera intimement lié aux techniques de propulsion.

    L’avenir de la discothèque est tout tracé. La technologie crachera sont flots d’absurdité inutile, et certains, des parias, des ténébreux, qui réfléchiront encore au moyen d’en faire quelque chose d’intelligent, ou d’en faire surgir le beau.

    L’avenir de la danse bien folle, bien relâchée, sur du rythme et avec l’exigence d’être supporté, transporté par un son intéressant. On sera le son, puisque il nous transportera.

    Mais toujours, les pirates de l’espace, feront escale sur les plus belles plages ou près des plus beaux lacs de montagne, ou sous les plus grande cavernes, pour poser quelques systèmes d’amplification et faire résonner l’air tout autour pour s’embaumer de ses fréquences. L’homme solitaire revisite sa condition. La danse symbolique, grave, sera dansée en noir et blanc, pour se renforcer et asseoir une implacable maîtrise. Futile maximum zen.

    transfert par la scène – disparition de la scène – et réapparition aujourd’hui. La rave est morte.

    conclusion

    Les gens ont besoin de repères artistiques, de stars, de nom, d’histoire, en un mot : de sujet. LE sujet (l’artiste ou la forme couplet refrain), n’est pas un concept si facilement dégommable. 15 ans de raves parties n’ont pas déboulonné l’identité, les caractéristiques du spectacle. Simplement le spectacle est un peu plus du spectacle, de par son caractère préparé, faux, joué. Il faut de la présence, on danse, on agit en prenant appui sur une bande. On engage un batteur pour remplir la scène, alors que les rythmes sont déjà là. Ironie du sort du compositeur. Si la musique est écriture, pourquoi ne se lit-elle pas ? La musique est un langage.

    6 – le danseur créateur. Le public sera musicien. (Les autres).

    Anticipons de quelques centaines d’années, la réalité psycho technologique et l »inter-relation sociale instantanée sera telle qu’il s’opérera des concerts improvisés dans des parcs ou des places publiques; la musique se créera donc à plusieurs. Cet exercice d’harmonisation ressemble à une chorale, mais psychique. Les intonations mentales seront comme autant d’équilibres à pourvoir autour d’aléatoires menus. La discipline ou au contraire l’autorité seront des qualités à extraire du jeu collectif. La conviction sera la clé.

    Placements, valeurs et scénographie de la free party? Tous contre le mur, transfert contre transfert, élan contre élan, interprétation contre interprétation.

    la nouveauté de la rave party, c’est justement le placement, la fronde contre le plaisir d’un seul. Et nous tous, seuls mais ensembles, avons perdu la fonction prédominante de ces rassemblements, c’est à dire de jouer à un jeu symbolique. Donc il faut penser aux autres.

    La rave n’a rien inventé, à part peut-être de ne plus jouer sur scène, mais directement de la fosse, en live, et donc d’entendre précisément ce qu’on joue sur les même enceintes que le public; un très net avantage sur les réglages, mais une approche non plus star, mais nombriliste de l’artiste. C’est très différent d’un retour de scène, qui ne propose pas le même rendu que la façade. Un niveau de basse par exemple est difficile à régler à l’aveuglette, surtout avec l’écho inhérent à certaines salles. En ce sens, l’effacement du musicien avec le dj’aying est inévitablement remplacé, par un jeu de renvoi, vers une position dominante, exposée, égocentrique. Carrément, le musicien joue pour lui seul, et les danseurs lui volent en quelque sorte son plaisir, gravitent autour du monstre pour lui enlever ses parasites, et lui impassible continue ses travaux d’aisance, danseur musicien désormais. Public musicien demain, avec une répartition des rôles, un détournement des premiers persocs intercom.

    Le son peut-être prit comme la résurgence immédiate de l’esprit des danseurs. Instantanément, aux pas s’ajoute un rythme, aux pensées des couleurs, des formes sonores, des objets. Ainsi l’oeuvre atteint son but quand elle fait jouer la synergie entre musique et danse. Le sens fulgurant de ces rassemblements renvoie à un équilibre fragile, il est en effet anormal de considérer que le danseur produit le son. Auparavant, le musicien guidait le public. Rapport frontal. Désormais la rave fait tenir la répétition comme précepte direct d’une oeuvre qui se constitue aussi de sa finalité.

    Rassemblement/émission de désir; écoute/travail de l’artiste, puis renvoie de l’oeuvre dans l’oeuvre, le jeu des désirs du transport du corps. L’oeuvre/rave reçoit elle même ce qu’elle a envoyé. L’oeuvre se rassemble, se devine, se charge en énergie, puis explose le temps d’une nuit, jusqu’à temps que les envois/renvois contre le mur de son s’appauvrissent et s’annulent. La rave meurt faute désirs, à force d’être instantanément comblés.

    7 – L’avenir de la rave & La rave du futur.

    La rave du futur, ou disons plus franchement, le concert de musique amplifié du futur, sera pluridisciplinaire, très technique, et basée sur une diffusion du son multi canal du son et de la vidéo. Le concert/spectacle sera englobant, interactif jusqu’à se que l’artiste disparaisse. Encore faut-il savoir écouter. Et qu’y a t-il à écouter? Et que pouvons nous écouter?.

    L’avant garde est de faire s’auto suffire la création, et de rendre une foule musicienne. Les revois seront instantanés. Le champ d’action ne sera plus unilatéral (une seule direction, la scène), mais bien englobant. L’artiste s’est camouflé, conscient que tout repose désormais sur la technologie pour composer. Prochainement c’est la scène qu’on supprimera.

    La rave en mulidiffusion du son et de l’image renverra à l’homme l’image de lui même se regardant, intelligence artificielle qui vit et s’érige en biosphère, lieu central et englobant de la conscience collective.

    Avec des produits psychotropes qui n’altèrent ni la santé ni la psyché (deux frangines en blouse blanche), la rave multicanal et pluridisciplinaire sera totalement innovante en matière de lutte contre l’ennui inhérent à ce genre de soirée. Un lieu d’échange, de rencontre, de dispersion ou de concentration. Le lieu de vie par excellence. Un lieu avec des occupations, si c’est un art de vivre.

    La rave sans son, musique du silence et des autres vibrations, dans des transcodes et des amplificateurs, nos propres ondes corporelle s’il faut – un peu écœurante celle-ci, d’après Darkangelo blast, the soft gang dancer- ou celles de l’espace, ou celle des plantes. La musique sera morte le jour où cette invention naîtra. On entendra d’autres choses, et les musiciens qui bosseront là-dessus seront des pilotes aux règles très strictes, dans des couloirs magnétiques aux ondes résiduelles, toutes les fréquences, toutes les musiques flottantes du passé, permis des escortes de papillons mirages aux ouragans probables, si collision il y a.

    Il est également à considérer que les fréquences résiduelles qui s’échappent graduellement de la terre deviendront un référent historique quand on inventera la machine qui saura les capter. Ainsi les concerts en plein air seront facilement isolables de la friture urbaine, tandis qu’un concert couvert ne laissera rien passer. Qui a joué au grand air? Qui a lancé son cri jusqu’au confins de l’océan noir? Cette échappée des ondes est-elle tributaire d’une puissante amplification? Un trouvère du moyen âge produira t-il un signal probant pour l’écouter 10 000 ans après? La mémoire du vide sera la découverte la plus significative après la sonde d’anti-gravité, et le couplage alterno-thermique.

    8 – Quels sont nos dieux?

    Nos dieux ne sont plus acquis. Nous sommes en rapport intime avec le divin, parce que nous nous savons vivants. Nous ressentons de l’émotion, nous pouvons nous mouvoir notre corps est un véhicule restreint. Nos dieux sont la technologie, cette machine embryonnaire supra humaine, loin d’être encore inventée.

    Quand on voit que l’irréparable est là, provoqué par les anciens livres et les tous ces dogmes aujourd’hui inutiles, abscons, dépassés. Les coups politiques d’avant ne tiennent plus la route, nous n’avons plus besoin de religion, mais nous avons besoin du divin. Il nous faut de la question sans réponse, sans question peut-être, nihilistes nous dansons pour une intuition, une chimère. Les moulins de « don qui s’shoote » déploient leurs ailes légères, et Sancho pensa…

    9 – Mise en abîme de l’esprit dans l’infobanque mondiale. Et du corps dans le réel (marque déposée).

    L’indice immédiat de ces évolutions passe obligatoirement par la communication. Et il reste encore homme, l’homme. La communication aujourd’hui se synthétise autour de deux machines. L’une, personnelle: le téléphone/pc/webstation/source de données diverses. Cet outil miniature a une maison mère, une seconde machine: l’ordinateur domestique. Ces deux outils permettent de tout faire, connecté en permanence au monde, à des infos ciblées, à ses proches, son travail. Bientôt miniaturisé à l’extrême, l’avènement d’une ère cyber commencera quand le premier outil sera intégré au corps, à l’intérieur du corps. C’est par cette étape très symbolique que l’on pourra juger d’une avancée probante. Le corps est modifié; assisté, amélioré. Le champ d’action du sujet est considérable. Ainsi l’on pourra se connecter directement à la personne de son choix, et la suivre à distance (par exemple). Un autre monde se créera, un monde d’information numérique, et l’esprit commencera à se détacher partiellement de son enveloppe matérielle, pour circuler dans des couloirs virtuels, mais avec des entités réelles, pensantes, douées de conscience et de raison. La mémoire, quand à elle, sera étendue et partagée. L’info banque mondiale naîtra, et son accès, partiellement sécurisé, sera la clé entre toute chose. Dieu sera une mémoire. Le corps un ancien véhicule. Le plus cher et le plus coté. Bientôt le corps ne sera plus qu’une enveloppe de départ, un réceptacle, une source identitaire, une caution.

    10- La rave, l’univers du JEU.

    On ne joue jamais seul, même seul avec un ordinateur.

    S’évader est un acte simple, moderne. Un monde virtuel réel. Un jeu de rôle, un cache-cache.

    Les règles sont les limites du corps, les limites du jeu, les limites d’un monde, les limites de l’électricité.

    Le jeu de se salir.

    Le jeu, c’est l’aventure du samedi soir. On se sent exister; on participe à une aventure loin de la routine des villes.

    Le jeu est ce qui a été oublié par les sociologues. Comme le folklore polytox, et comme les histoires de son et de pouvoir. Ils ne peuvent pas tout comprendre.

    Le jeu, c’est l’aventure intérieure, un jeu avec le corps.

    Le jeu, c’est le mal et le bien qui s’annulent. Valeurs et morale sont laissées à la maison. Le rôle est alors de vivre pour rien, vivre dans l’instant, re-vivre.

    Avoir peur de la mort, c’est refuser de jouer. Refuser de jouer c’est attendre la mort.

    Le jeu, c’est la vie.

    11- Définir la musique?

    La musique est le mètre étalon de l’humanité.

    La musique du futur sera silence. Ou sera silencieuse…

    Le passé est tellement bruyant… Le maelström du son. C’est dans le passé qu’il faut ne pas se tromper.

    le poète sait ce que le philosophe cherche à mettre en équation: DIEU


    12- Le live: écriture, mémoire, gestes.

    Je m’attache ici à donner la meilleur définition du jeu en direct sur les synthétiseurs, les boites à rythmes, les samplers, la table de mixage, ..etc.

    Dans la scène techno, jouer ses compositions en direct s’appelle, comme dans le rock: « faire un live ». La création home studio, c’est bien être un groupe à soi tout seul. La subtilité de l’expression tient alors dans l’article qui précède. Il y a alors une différence flagrante entre faire un live, et faire DU live. Faire un live, c’est jouer ce que l’on a composé. Mais faire DU live, c’est rejouer la composition, la simuler, l’improviser, la sentir. Cela nécessite alors une configuration particulière, et beaucoup de pratique/mémoire/nerfs.

    Le live c’est l’écriture. Écrire la musique et programmer les machines, écrire des séquences, régler des sons, des presets de synthétiseurs, de samplers, des drum-kits, et destiner ce travail à un mélange sur scène pour une durée définie (30mn à cinq heures). C’est ça le live.

    L’envoi des séquences sur des interfaces multipistes permet de gérer l’ordre d’arrivée des enveloppes et des collages. Mais la matière intrinsèque de l’envoi fait la jonction entre l’écriture passée et l’envoi présent. Mix et écriture ne font alors qu’un, et le gros du travail se base sur un entraînement au mixage. Cette prédominance de l’écriture laisse entrevoir de nouvelles interfaces pour l’écriture en direct.

    Le live, c’est jouer avec plusieurs machines/instruments mono tâche (mais aujourd’hui multi-tâches) que l’on a crée à sa main à force de programmation, devenant des interfaces analogiques (même si il y a un système numérique type micro ordinateur réduit à l’intérieur). Ces machines deviennent des joystick complexes et personnels prêts pour le jeu du temps et du relief des ondes. Il faut toujours faire vibrer l’air d’une manière ou d’une autre…

    Le live, c’est l’interprétation, l’arrangement en direct, mémoire instinctive et toucher, isolement de fréquences, rotation de bouton, mute de piste…; pilote d’un instrument qu’on a crée soi-même à force de programmation.

    Sachez qu’une bonne partie des musiciens (et des programmateurs) vous arnaquent bien la gueule en vous annonçant qu’ils vont faire un live, alors que ce n’est pas un live. les séquences ne sont pas gérées personnellement, c’est la machine programmée qui fait tout. Ils pourraient aller boire une bière, le son continuerait. Souvent même c’est du mix sur ordinateur, lappe lap top le lait du musicien serein.

    certaines fois c’est obligatoire, il faut chanter sur une bande ou une configuration qui tourne toute seule, surtout quand il faut faire un pseudo show, surtout quand le musicien ou le groupe a de la route à faire, cela ne permet pas d’emmener tout le matos, ou tout le monde. En général ça se remarque grave, sauf si la voix assure et que l’énergie du performer suffit à adhérer au bien être que l’on ressent pendant ces étranges communions, même si la terme m’agace, ces moments courts de conscience qui font se tenir des souvenirs entre eux , tous vers un rêve, vers un but sans forme d’idées, tenu par des sons, plan d’attaque et plan de survie, idéal et force vive du psyché, l’impalpable qui va bientôt devenir réalité. La pensée humaine va devenir matière et rejoindre les flots de là où elle a commencé, et disparaître pour avoir à refaire le monde de son dernier refuge, l’ensemble disséminé, semence éparpillé, pour les fonds, les pierres de soutènement du monde. La boucle s’aide et se glisse des cheveux du temps. puisque fin est début, si lointain si proche, concluons que le vide a une structure, et que de rien, peut être rien et juste une pression, ou un vide de plus, s’échappe une poussière ou un lien de plus, et ainsi va la vie, ou son commencement, résidu de pression.

    C’est simple comme un robot, comme un jouet, comme un véhicule, comme une intelligence artificielle (dans 10 ans peut-être..) , mais ces systèmes sont le début de la chose numérique dans la vie de tout les jours , la vie est passée à la moulinette, tous les phénomènes, sons image, automation, communication, mémoire, rapport d’environnement, partie finance, sont numérisé, intègrent ou se transportent au moyen d’interface numérique. la réalité artificielle n’est plus, le virtuel non plus, c’est de la réalité réelle puisque nous fondons notre appréciation première sur ces données, rapport à haut niveau existentiel, fondamentale mutation de l’espèce, encore conceptuelle et expérimentale, mais bien lancées vers la résolution de problèmes fondamentaux, avec de nouveaux enjeux pour le futur, et la mise en valeur de nouvelles références : on est changé qui sommes nous? Qu’est ce que nous avons été? Et la mémoire de l’homme intégrera notre générosité et ce filtre humain, la human touch qui sera la norme éthique et politique dans l’ordination de la beauté et de l’équilibre dans des cieux plus avancés. Les machines qui pensent la démocratie artificielle et qui s’arrangent entre elles au mieux des intérêt de leurs univers, de leur environnement, et donc de leur bon fonctionnement: l’homme. L’I.A est androgyne, l’homme est la machine et le fantôme de l’homme, détaché de son égoïsme animal et de ses peurs négatives face aux contingences de la vie sur terre, et de son chaos moral. la justice par ordinateur pour les choses matérielles, les griefs de première catégorie, la justice des hommes pour les actes humains rassemblant les forces les plus néfastes, et combattues par les mots et les concepts justes et forts, démocratiques, dans le sens du progrès et de l’humain, ce qui s’avère dur à appliquer en ces temps de libéralisme sauvage affrété par les pires d’entre nous.

    L’homme est probablement mauvais ou alors mal construit. Et lorsqu’il approche pouvoir il en profite, quel que soit le pouvoir, il pète les plombs.

    L’univers de la machine est un univers inconnu, c’est l’homme. Elle est au centre, devant le ciel, le soleil et le tonnerre, la coupure d’électricité, vaste paradoxe. L’énergie des trouvailles ne s’absente jamais et déjà l’espoir renaît d’un état serein pour les hommes, grâce aux errances de sa descendance métallique.

    Donc à la question du plus ou moins live, l’attribut s’ajoute à la pensée.

    le vrai live est à venir, un live sur des machines vides, et de l’écriture en direct.

    le système s’articule autour de la course passé du minimum au maximum d’un bouton rotatif, ou inversement… rien de bien compliqué… mais tout l’art de la retenue et de l’envoi.

    le son n’est que chaleur

    ou froid, agitation température

    micro-ondes, multi bandes

    minuscule point de réalité uniquement acculé à l’homme, pour ses organes sensitifs parmi des océans de néants, plus de mille.

    Et sur les cinq sens, seul l’ouie nous affuble d’appendices radars, deux trous directement reliés au cerveau.

    S’il est une musique des sphères,

    la musique de l’homme s’arrête au sable

    ce n’est pas la déconsidérer

    c’est juste qu’il y sûrement d’autres musiques, à d’autres fréquences

    avec d’autres systèmes de diffusion.

    La musique du futur sera silence.

    _____________________________________

    visages,

    visages, visages visages,

    visages de l’extrême

    reflets de ciel, de lumière, de toits de structures

    nocturnes, nocturnes,

    fières à la lune!

    nocturnes! nocturnes!

    vous qui pâlissez!

    *

    Le live c’est l’ami des batailles

    contre les ombres qu’on spatialise

    qu’on efface ou qu’on craint

    Le live c’est être seul devant son mur blanc du studio et observer, regarder la piste.

    *

    Les machines (Problèmes de scénographie, d’organisation, de format. Les constructeurs eux-mêmes sont tributaires d’une ergonomie de travail, et non de jeu. La frontalité n’est pas permise avec ces machines. Sont-ce des instruments ?

    13 – DJ’S et lieux communs. Le retour du conformisme.

    Dj quelle est ta tâche?

    Ton boulot est le choix, le background de la planète son. Tout se mixe. Tout se mixera sans toi, interprète des folies cent fois nie loi.

    Une des idées les plus insupportables véhiculé par ce mouvement de béotiens (la free party, à moins de croire à ce qu’on voit sous trip), c’est la règle de la régularité et du calage comme règles prédominantes.

    La régularité, c’est la mort, et la mort est régulière. C’est irrévocable, irrémédiable. La mode c’est la mort aussi, car elle empêche la diversité, et la mise à plat de nos passions. On arrive en fête comme l’on est. Pas besoin de se changer. Faudrait plutôt en enlever.

    La régularité dans le mix, c’est vraiment la mort. La régularité, c’est la fin de l’imagination, la fin du rythme naturel du vivant. La ligne droite est un truc de mathématiciens cliniques. S’il fallait prendre le public pour un con et désirer l’asservir un peu plus dans une condition d’esclave non pensant, on inventerait la régularité du mix. L’hypnose irresponsable est une arme infantile et infanticide. La transe est un mirage pour l’occident. Les désirs/plaisirs des peuples anciens ont été remplacés par de la liberté/perversion. On a tout mais qu’on veut plus, foule sentimentale. C’est un plaisir qui fait plaisir, une tautologie qui tourne en boucle, une spirale qui courbe vers l’intérieur. La finalité? Rien, ou un défouloir puissant/épuisant. Le danger? Arriver au point que l’on oublie les règles de la narration. Le point final qui fait rebondir vers le réel. Certes.

    Voyez comme cela tangue, de l’absurde à la chimère. Toutes les expériences, tous les accès de folie chimique, tous ces efforts pour « partir » vont vers.

    Les ethnies, les ravers, les chamanes, les illuminés, les sportifs chroniques, tous ont pour eux le symbole des limites du plaisir au fond de leur coeur. (Mais de quel symbole parle t-on? Antonin Artaud avec « l’ombilic des ombres », saura nous éclairer sur le sujet). S’envoyer en l’air n’est pas dangereux, s’envoyer en l’air n’est pas difficile. L’air est simplement de l’air… mais n’oublies pas la chute…

    Tous ont pour eux le loisir social érigé au rang d’acte politique, ou plutôt une critique de leur condition humaine. S’envoyer en l’air, c’est fun. S’envoyer en l’air, c’est bien, c’est bon, c’est agréable, c’est cool, c’est sensé avant, c’est sensé après, c’est sensé de loin, et même de près. Par contre ça ne procure rien sauf du plaisir immédiat, c’est à dire rien du tout, une folie fugace et étrange, qui laisse un goût amer la bouche, un goût de la fatigue et de mauvaise conscience, l’inconscient maltraité.

    Ce qui a tué le mouvement rave, c’est d’avoir perdu le rite. Un rituel sans rite fait forcément tanguer la balance vers l’absurde. Pourquoi on fait tout ça? La simple satisfaction? La transe c’est de la décoration. C’est le rituel qui est important. Cette conscience piteuse de ce que nous faisions, comparé aux pratiques anciennes, a fait de la transe un gadget, un loisir mental de consommateur, au lieu d’une pratique avec mode d’emploi, sens et justification assumée, faisant fi de toute hypocrisie, de toute retour en avant moral et froid, prisonnier de la doctrine.

    Il faut assumer un peu plus nos positions et prôner sans faillir le droit à la défonce: « Nous sommes pour la législation sur la pharmacopée mondiale! Non aux trusts industrialo-pharmaceutique! »

    Malheureusement, le plaisir est resté défendu et le dj est un animateur de supermarché. Voyez ces clichés du supermarché, les vrais cette fois-ci, qui haranguent la foule à coup de remises ou de cadeaux bonus. Eh bien la rave party avec les disques des autres, c’est pareil. Si l’animateur qui braille dans le micro avec sa voix dynamique et suave nous vendait ses propres nippes ou sa propre lessive, je comprendrais. Mais il fait la putte en nous polluant l’esprit, tout en nous refilant toutes ses maladies mentales. Le sourire au téléphone est un des préceptes du télémarketting; le sourire, ça s’entend, on est alors meilleur vendeur, c’est prouvé. La régularité dans un mix est un des préceptes de la transe, cela s’entend, et l’on est plus ailleurs. La verve anticonformiste permet de s’exprimer au travers de lives en déstructurant les rythmes. La hardtek, c’est d’la merde. La free party aussi. Je ne pouvais pas les blâmer; j’étais d’accord avec eux. Mais je jouait de la hartek (déviante)en free party… Inutile de vous dire que les efforts d’abstraction qu’il me fallait produire rendaient mon travail un peu schizophrène. Mais très productif.

    La sous -conscience, c’est quand tu es raide def et pis boum.

    La connerie t’empêche de voter? Peut-être. Disons que tu zappes, ou bien alors, tu es en pleine cambrousse, ou dans un hangar. Tu voulais y aller, mais bon, tu pouvais pô… huh! C’est mal foutu ces bureaux de vote… c’est vraiment trop loin des friches industrielles!

    On peut penser que peut-être certains hommes politiques super mal intentionnés auraient usés d’un certain laxisme pour nous réduire à l’état de bovins, s’arrangeant de nos fêtes et de nos errances pour éteindre tous les feux de la contestation, et notamment la flamme de l’intelligence. C’est la version des paranoïaques notoires, empêtrés dans leur corps qui n’aime pas danser. Mais on a toujours raison d’être un peu paranoïaque. Disons que l’idée a dû effleurer ceux qui étaient chargés de cette affaire; ils se sont autorisés à penser que.

    Un autre état de fait vient faire valdinguer les idées reçues des rêveurs.

    Un autre état de fête vient faire valdinguer les idées reçues des ravers.

    C’est la double erreur de jugement. Le prosélytisme qui consiste à la fois à critiquer une société et ses valeurs commerciales, sans bien sûr en soupeser correctement la teneur et l’historique, l’histoire empirique des lois, ces pauvres lois, et en même temps défendre bec et ongles cette fameuse fraternité qui fait du bien quand on y pense, cet esprit ces valeurs, directement descendus de nos grands cousins hyppies ou punk, anarcho ou rebelle branchouille, en plein dans le monde.

    Il y a un non-sens hallucinant!

    Dans le faux pour avoir trop gobé!

    « Et toi tu gobes tout ce qu’on te dit! »

    Les valeurs techno ne pèsent pas lourd face au rejet de l’autre. Des idées reçues voudraient à nous faire croire que l’on est libre en free party, que l’on a le droit de faire ce que l’on veut, que la tolérance est de mise, et que chacun peut y faire ce qu’il veut, penser comme il veut, jouer ce qu’il veut… jouer ce qu’il veut…

    Tout d’abord, comment expliquez-vous qu’un mouvement libertaire nous fasse le coup du protectionnisme identitaire? Ils sont tous en kaki alors que la guerre fait rage à quelques milliers de kilomètres? Jamais content, jamais repu, on fume à mort et le regard des autres devient plus imposant. Reste alors à se fondre dans le paysage. Les fusions des technos entre-elles ont donné un côté anti-psyché. Et vl’a l’affiche, pour quelqu’un qui rêve de discrétion, dans ces moments sur le fil du rasoir, à fleur de peau, une souris verte, moi je voudrai être.

    idem pour les danses. Les danses techno étaient extraverties, lâchées, débridées au début des années 90. Il faut dire que les homos y ont beaucoup contribué.

    Chacun portait en lui son identité, qui venait enrichir le spectre sociologique des rassemblements. Car une vison d’ensemble de la société était à portée de tous. On pouvait lire dans la fête comme dans un livre ouvert.

    Petit à petit, il fallu apprendre à gérer les éléments les plus violents, les plus urbains… et s’y faire. Appartenance à une famille de freaks urbains qui détournent l’environnement à force d’oisiveté, et qui réinterprètent la ville. Donc l’engrenage du paramilitaire, insidieusement, se mit en marche. Provocation faite à la fois au civil et au militaire, protection de soi pour se salir, et éventuellement, surexposition. En effet, cela permet de se faire remarquer, car en ville, le camouflage est ultra visible! Amer paradoxe… Concédons toutefois que ces fringues sont économiquement viables, et qu’elles permettent une symbiose avec la friche industrielle ou le vague terrain qu’on aura trouvé. Quand on s’en fout, on s’en fout.

    Les danses reposaient sur des énergies libératrices, communicatives. Et puis tout s’est patiemment appauvri dans une gestion la moins pire possible de ses états de sous conscience, et l’on s’est occupé exclusivement de soi, et non plus des autres. Le maintien de l’individu dans une routine bien rodée a pu être dévastateurs pour des individus fragiles.. Le chacun pour soi a intériorisé les expériences et les free parties sont devenues des communions sordides pour un regard extérieur. Pour les participants, c’était l’osmose, le synchronisme. Qui est responsable?

    le d’jaying a tué la rave.

    Foutage de gueule et bacs à disques identiques à quelques exceptions près, dans la tek les dj’s ont prit le pouvoir et ne l’ont plus lâché.

    Les dj’s ont chié dans la colle. Tout le monde est resté collé aux enceintes en attendant une étincelle d’émotion qui ne viendrait jamais, sauf quelques rares lives sets vivants, généreux parce que précurseurs, à l’aise avec la vraie création. Le copiage, « l’envie d’en être », a fait très mal.

    Le sound system est également responsable, dans le sens où il s’octroyait un line up de récompense pour les risques pris. Les plus têtes brûlés étaient donc alloués aux platines (ils avaient acheté, monté la sono, ou s’étaient tapé toute l’orga). Le résultat est toute la sensibilité et l’ouverture d’esprit que vous pouvez imaginer. Rares étaient ceux qui arrivaient à s’incruster au petit matin. Encore plus rare ceux qui pouvaient jouer quelque chose d’original plus de 15 secondes sans se faire jeter illico. La perte de puissance de la free party et la fuite des cerveaux tient en ces quelques règles. Aller dans le sens du public, un concept très libéral… Un concept très totalitaire…

    Un concept pas du tout free, malheureusement.

    Aujourd’hui, il faut tout repenser. Oublier tout ça.

    A la fin des années 80, la jeunesse, a décidé de ne pas s’ennuyer, a fait de nouveaux choix, risqués, quitte à remettre sa vie en jeu, à tout envoyer valser, dans cette période creuse dévastée par les inégalités sociales, le chômage et le manque d’intérêt flagrant pour les options que proposait notre société.

    En un mot: on préfère se cramer plus vite en s’amusant et en vivant de grandes choses dans un esprit de communion plutôt que d’aller trimer « comme des cons ». Ne perdez pas votre vie à la gagner, perdez la en la perdant, au moins c’est plus clair.

    Ou ne travaillez jamais!


    14- La break-tek

    Le break mélangé avec la techno cela donne la break tek. Inventé par les deux spis simon et seb, la break-tek est encore largement développée aujourd’hui. Elle constitue un genre à part entière. Appelée aussi ‘tribe’ dans sa version bassement binaire (4×4), le paroxysme de la break tek donne un genre nouveau: le broken beat, c’est à dire casser encore le break. Alors la fonction première du rythme passe au second rang pour laisser place à l’écoute de l’abstraction, décadanse nécessaire à l’assainissement de mouvements en phase terminale.

    15- La hardtekno

    La hardtekno est un genre très déconsidéré. Souvent comparée au hardcore par à peu près tout le monde, il y a pourtant de nombreuses différences de structure et de jeu, avec notamment des rôles différents données aux instruments. La hardtek a pourtant un gros potentiel. Elle est un sous-genre musical confidentiel, ignorée comme l’a pu être la chanson à une époque. C’est son côté chargé et granuleux, avec une fonction précise: la danse, qui la noie sous un discours réducteur récurent. En effet, ces musiques de « danse » n’ont pas encore perdu leur fonction de danser justement, et c’est la raison pour laquelle elles ne peuvent pas devenir un art. Du coup elles sont rebutantes pour quiconque ne joue pas le jeu de l’aventure intérieure robotique (drogue/danse), et donc délaissées par la critique. Elle sont également totalement épurées de toute recherche de la beauté par ses acteurs actuels, bien trop occupés à conserver ce qui cause doucement mais sûrement sa perte: l’efficacité. Donc des « règles » artistiques strictes, non poétiques, navrantes.

    Elle est, je trouve, plus fille spirituelle de l’electro 80 et du rock indies ricain que de la tekno. Dans ses versions idéales chargées de synthés et très arrangées. C’est à dire pas du tout ce qui se joue en teuf…

    16- Répression et création

    la répression nous a crée. Et nous créons la pression.

    « la vie c’est la galère, il faut trimer pour survivre ». (Discours parental scolaire)

    Tous ont déserté, se sont évadés.

  2. stalker dit :

    17- I’m a warrior
     
     
    En France dans le mouvement free est apparue très rapidement une mode de la parka kaki, du sweat capuche et de la casquette.
     
    La casquette est directement liée aux banlieues, au skate, au hip hop. C’est un couvre chef qui remplace les gapettes d’autrefois, celle des ouvriers.
    Le sweat capuche c’est l’incognito, version j’ai ma capuche, « je peux me planquer », et pis j’ai chaud, connard.
    Le kaki relève d’un mimétisme anti-paranoïa. Copier le style traveller permet de ne pas se faire remarquer et d’assumer son côté débile lors d’état larvaires profonds. On est plus tranquille réduit à l’échelle du neutron. De plus, l’imagerie militaire participe au désir de ne pas faire attention à ses habits. être paré, prêts, feu, partez! et faire valdinguer les normes socialement admises de l’antisepsie.
     
    Toutes ces fringues de ville version sport mec cool à qui on la fait pas, petite caillera blanche version tek, est copiée à la base sur les travellers anglais. Et pour ne pas avoir l’air d’un bouffon en free party ou en teknival, autant orienter son style sur celui des dominants, des « au courant », ceux qu’on voudrait être. Le style franchouillard accentué par le sweat capuche, déjà assimilé par les skaters et les surfers, est venu renforcer le côté à moitié cyber punk galvaudé/fantasmé, guerrier pédé en forclusion ou ange noir. Mais on est loin de tout ça. Une sorte de beaufitude s’est insinuée dans chacun des traits des participants. On serait reconnaissable par cette dominante. En soirée, ce style rend la vie plus facile au participant qui passe pour ainsi dire l’étape première du rite, et gagne droit à la sérénité, à l’incognito, car il ressemble aux autres.
     
    La synergie sociale, le schéma de l’évolution, l’élan vers cette mode ne peut se résumer à un copiage à la française, je dirais presque « à la parisienne », du style anglais. Rapidement, le style français membre de sound system, ou pote d’anglais ou dj’s, a prévalu (vu que les anglais de l’acid core, on ne les voit pas souvent en bas de sa rue, c’est une image, un référent du gouroutage fashion). Mais en matière de musique et de style urbain, les anglais sont difficiles à égaler. De fait, un copiage maladroit a contribué à créer une nouvelle donne: une symbiose par l’uniformisation, un effacement du sujet qui lui permet de se concentrer sur d’autres activités: l’introspection et l’écoute du corps. Une version soft de l’anglitude à pas cher a donné une valeur intégrante, oubliante de soi-même et de sa catégorie, intimement liée aux prises de drogue, telle deux espèces, deux raisons qui se complètent dans la chaîne animale. L’enveloppe charnelle ne doit plus compter, donc il est possible de l’enlaidir, et par la même occasion de la protéger par sécurité, vu qu’on va s’oublier un peu. C’est une sorte de combinaison, il y a cette manière sombre et appauvrie dans l’uniformisation des habits, même si selon les sujets, les raisons sont importantes d’un point de vue identitaire post adolescent, et justifiées par rapport à la société, à son environnement et ceux qu’il fréquente. Ce « civil » de la semaine, comble du terme pour des fripes paramilitaires ou de « protection » psychique, apparaît alors complètement futile. Les valeurs sociales sont renversées.
     
    En somme, dans une quête de la vérité, être moche, c’est cool. Je ne me soucie plus de mon apparence. Je ne veux pas être beaux, je veux être un(e) warrior. C’est le jeu. A l’aventure.
     
    Il est remarquable qu’une symbiose pourtant non voulue avec les autres soit une manière d’appréhender ce qu’est le sens de la vie humaine: oeuvrer avec les autres sans savoir où aller, mais en conquérant, dans une synergie évidente.
     
    Voici une lecture claire du mouvement free party, une direction qui apparaissait dans des émanations diverses de style chez les premiers ravers. (travaux, la tétine, ou le gothique, le sportswear, ou vacances, ou total bourge SM, la secrétaire, le hippy, le strict, le street, le no-look middle etc…) l’affirmation d’anciens style, comme une carte d’identité nouvelle, et qu’ils disparaissent, que l’on devienne soi-même, ou que l’on reste prit dans la rave, et que le rituel devient problématique…
     
    Maffesoli appelle ça, je cite: « l’engloutissement, la néantisation du sujet. C’est cela la leçon essentielle que nous donnent les divers phénomènes techno: déraciner l’ego. En ces moments paroxystiques, seul existe le désir du « groupe en fusion ».
    Mafesoli précise, accentue l’univers introspectif du sujet, mais il ne l’explique pas. Surtout, il semble mal informé. Cette analyse repose sur des fait qui ne tiennent pas d’une quelconque part du diable, mais bien d’un dysfonctionnement artistique, d’un nihilisme déconcertant de la part des ravers. Mais les danses primitives n’étaient pas faites pour anéantir l’ego, mais bien de communiquer avec l’envers du décor. Et dans la situation de la free party, l’ego est anéanti par la musique et la lassitude des drogues, la recherche constante d’un effet entier, avant la rapide accoutumance, à l’intérieur de soi.  Sur une programmation variée et éclectique à tout prix, l’ego n’est pas anéanti. On le malmène, on le désoriente, on le brise, on le consimme. on s’assume, on s’extériorise, on s’épanouit. La communication avec les esprits revient. Les vrais cette fois ci. Et la fête reprend. Pas cette mascarade macabre et lourde, plantée dans le sol. Une offre frauduleuse de la part des sound-systems a crée la demande.
     
    Je préconiserai plutôt un retour à l’ego. Danser ensemble, tournés les uns vers les autres. Danser avec les autres. Danser à plusieurs. Danser pour le beau et l’énergie infernale, fondamentale.
     
    Mais alors, quelle est cette propension des foules à se perdre dans des intervalles réguliers, où l’on prend des coups, pour rire, mais des coups quand même, et où on s’uniformise jusqu’à disparaître, disparaître avec les autres?
     
    Kaki caca, c’est aussi le point de vue psycho analytique d’un comportement grégaires, un comportement d’insecte déterminé, programmé. Kaki caca, c’est l’objet qui ressort par l’enceinte. Kaki-caca, c’est la réminiscence d’un objet de souffrance, on préfère nager dans sa merde, c’est plus chaud. Et ça fait du bien de rester dans sa merde pour mieux la partager, mais ça pue toujours !
     
    Les ténèbres d’une société. Si on la considère comme une personne: ses cauchemars, ses colères, ses désenvoûtement, ses flagellation, son repentir.
     
    L’esprit guerrier, c’est peut-être et heureusement un concept en voie de disparition. Mais il hante nos fantasmes et nos instincts d’homme civilisés.
     
    je le destroy pour éclore ce que je veux.
     
    le kaki est la couleur du limon, de l’humus et des forêts entières. certes.
     
    Mais pourquoi cette couleur et cette musique sont-t-ils apparu en France?
     
    Parce que la France est le royaume des chasseurs qui sont potes avec des politicards?
     
    Un simple constat d’ennui? On se fait chier?
     
    Pour venir changer à jamais les règles de l’art? (il n’est pas de règles, juste des canons de beauté).
     
    Non, juste pour faire ressentir la mort aux vivants à qui le sort ne laisse pas assez à vivre.
    Il y a tant de guerres, tant de violence, que celle-ci résident encore dans ce qui a été indiciblement transmis par nos parents, et avant eux leur parents, leur grands-parents. Que de non-dit, regardez la guerre d’Algérie, le rôle des français, les tortures, les non-dits, ou les traîtrises honteuses de l’occupation allemande, les dénonciations.
     
    C’est le kaki, le paramilitaire, la danse des fantômes, des esprits disparus. Une danse de nos sociétés modernes. Une réminiscence, la mémoire de l’eau.
     
    Le jeu du pouvoir leur ont fait gonfler les couilles plus grosses que la teuf.
    Et la grenouille française s’est explosée le nerf du jugement critique et ça en a foutu partout, plein de verdâtre partout, une horreur. Mais putain mais qu’est-ce qui s’est passé?
     
    Le moteur a tué la pensée
     
    Tous ont tord s’ils ne sont pas éduqués, ou cultivés? Ou sains d’esprit?
     
    C’est impossible!
     
    Par contre montrer l’exemple, ça marche, vu que tu montres l’exemple.
     
    La bêtise des hommes, leur cruauté, leur ignorance des autres et d’eux-mêmes, l’intelligence n’est plus quand la rave s’axe sur une régression mentale et physique au travers de la facilité, l’immédiateté nihiliste de l’improbable. Il n’y a pas d’équilibre.
    Ca tangue, ça rend malade, ça fait souffrir pour oublier d’autres souffrances. Mais le faire souffrir est agréable; il passe par l’envie et par le jeu. l’on est acteur; il suffit de savoir jouer, et les règles s’apprennent à la fin. elles se définissent pauvrement, âprement, jusqu’à la fine fleur de la sottise anti structure, anti adaptation anti règles mouvantes, réalité notoire acquise à force de baffes dans la gueule.
     
    L’a-musique relève d’un manque de sensibilité; celle érodée, retenue, butée.
     
    Ôh éducation des masses reléguées au rang secondaire! Oubliée par des libéraux aveugles! Expansion durable déconsidérée au profit de feu des échanges. Fire walks with them.
     
    je me destroy pour éclore ce que je veux.
     
     
     
     
     
    18 – De la chair à canon
     
    En 1917 à Verdun sévissait la pire des guerres de tranchée que l’Europe n’ai jamais connue. paix à leur âme, les barbus sont morts pour notre liberté. 90 ans après a ressurgit le spectre de la guerre ouverte. De la chair à canon pour dance-floor dépravé. Le trash érigé au rang de résistance, et toujours le champs lexical du conflit et de la bataille, « c’est de la balle, canon, je suis chargé, défoncé, parti. Imagerie et véhicules tout terrains sont, tout, l’esprit guerrier traverse les générations, synchrone avec l’utopie et la schizophrénie. Le réel m’ennuie, je me tire ailleurs.
     
    Les névroses se transmettent de générations en générations. Seulement trois générations depuis les dernières guerres mondiales. Comment ne pas y voir l’évidence? Le camouflage est partout? L’évidence, c’est aussi de se porter contre l’expression favorite des middle ou des hautes classes, politiquement correct ou incorrect, du « punk à chien »(qui serait plutôt le skin à chien). Mais ces hautes classes sont encore plus violentes, plus crades (voir pollution mondiale) acteurs irresponsables de l’injustice et du privilège d’argent, de culture. Les basses classes des ravers ne se font violence qu’à eux-mêmes, et on leur interdit.. Triste paradoxe. Le punk est un dandy populaire. D’ailleurs pour votre gouverne, « punk » est un fanzine américain apparu en 1971. Le punk est américain, le reste n’est que supercherie, marketing bourgeois. En ce sens, la free a échappé au pire. Le mod’s quand à lui porte une parka, pas le punk. Il ne faut d’ailleurs pas confondre vie de bohème et philosophie punk.
     
    Il est probable, pour en terminer avec ce chapitre polémique, que l’esprit guerrier remonte à la surface, pour nous qui sommes en paix dans nos frontières, Inactifs? Désœuvrés les barbares?
     
    Depuis des millénaires les hommes se font la guerre. Quelle est  la part d’instinct qui prédomine dans nos représentations intérieures, nos symboles, nos totems, nos chants digitaux?
     
     
     
    19 – Les origines
     
     
    L’Afrique, le jazz, la country, la soul, le rock, l’industriel (76-81), le punk, la disco, la new wave pour les gogo dancers,
    Les sound-system jamaicains. detroit chicago. le breakbeat/acid/house anglais. l’exil

    L’identité, c’est une chose politique dont il vaut mieux avoir le contrôle. L’identité, c’est l’unicité, et non la ressemblance.
     
    le rythme est africain
    Le punk est américain
    La disco est française
    l’indus est anglaise
    La glam/pop est anglaise
    Le rock c’est du blues de blanc
    La tekno est américaine
    la hardtek est française
     
    Au temps du thatcherisme, l’identité c’était celle du pays tel qu’il avait été voté par un peuple en mal de réforme. Thatcher était passée.. Qu’importe la perspicacité des votants, elle a miné les espoirs de ceux qui désiraient réfléchir en paix à une nouvelle vie. Cela passait par la musique, donc par l’appréhension de la musique. La fête était une résultante inhérente aux pratiques culturelles des anglais, car l’Angleterre est un royaume, et la qualité de leur son a toujours soulevé les foules. Fouteurs de merde comme pas deux, les cyber-punks de certaines tribus ont très vite dû dégager, le succès était trop grand, ou trop annonciateur d’un engouement contrôlable.. mais interdit, donc incontrôlable, à moins d’être une mafia…
     
    Qu’est-ce qu’une free party? Une alternative DIY aux clubs, un refus de l’industrie du disque, celle là même qui crée frauduleusement une demande inutile.
     
    Ces raves sont la possibilité, pour ceux qui n’ont pas l’occasion d’aller au musée, de comprendre le monde qui les entoure.
     
    – Les jeunes n’ont plus de fric. Voiture, permis, essence, fringues, drogue, bouffe, ils ne sortent que pour s’amuser, se défouler, déconner. La raison? Ce mortel ennui …
     
    – Des artistes sont sans le sou. Ils analysent le monde, font leur boulot d’artiste. Il n’y a pas d’évolution en art, mais ils se sentent créateurs d’un son et d’une technicité nouvelle, ils commencent à croire en quelque chose de nouveau, après l’expérience de forme de fêtes nouvelles. Tout est mis à plat et les gens dansent ensemble. La musique électronique n’oblige plus à savoir jouer d’un instrument classique.
     
    – Au milieu, un état, un système, impose une culture de masse qui passe par la télévision, les radios et les journaux, et permet le financement de ces médias culturels grâce à la publicité, qui achète des espaces de diffusion. Les annonceurs deviennent partie prenante dans la ligne culturelle et éditoriale de ces médias car elle en détient des intérêts, l’un ne va pas sans les sous de l’autre. Ainsi donc commence la grande manipulation.
     
    – La nuit, des jeunes gens tiennent à créer leur propre culture, en coupant le cordon ombilical qui les relie à la mère patrie qui pense tout pour eux, régit plages horaires, lectures, musiques de références, attitude, croyances, opinion.

    – La répression, de fait, accentue le mouvement. En interdisant l’originalité émergente, la société accompagne un phénomène qui s’est crée de ses dysfonctionnement en terme de sens et d’idéaux. Le médicament de l’âme est alors de perdre encore plus de sens et de vivre des choses hors cadres, sans tabous, sans lois. Mais « l’organisation » de l’anarchie n’a pas fonctionné.
     
    L’ennui et les interdictions dans une famille fait que l’ado sort. Il a besoin de se défouler, de faire des petites conneries contre son corps et le corps préfectoral.
     
    L’interdiction claire de ses rassemblements condamne les organisateurs et les artistes. Les risques sont grands: la confiscation des instruments de musique, sono comprise, qui est un instrument. Que reste t’il de nos amours? Des idées contre des coups.
     
    La free est universelle, c’est une bacchanale. Mais il ne suffit pas de pomper sur les grecs pour tout comprendre.
     
     
     
    20 – Raw tronics
     
    il ne tient pas de céder au chantage du vent qui dort,
    celui qui fuit le long des épaules pour vous ramener au corps pressé.
    climat-rbre humide
    chaleur des torses sous le menton
    pâleur des voix au creux des va, et viens.
    corps de silence
    tu fais des noeuds entre les mots

    à minuit branché sur les génies du monde

    différentes hypothèses pour corroborer un monde philosophique
     
    à midi branché sur radio nouvelles galeries du nouveau monde.

    # # #
     
    la fulgurance est taxée
    enculés de spéculateurs concurrentiels annoncés.
    et l’art gagnera et c’est lui qu’on invoquera, encore ue fois
    pour censurer l’innommable,
    puisque la musique et la poésie expriment l’inexprimable.

     
     
    art = vie = mort = anti-art = art .
     
     
     
     
    21 – La lutte des classes dans la musique électronique.
     
     
    La lutte des classes est la même que dans la société, en plus d’être une lutte des niveaux de culture. Il n’y a pas de brassage culturel. Moins qu’à l’école, moins que sur son lieu de travail. Du coup les raisons d’aller danser sont différentes selon les personnes.
     
    Je dirai que seuls ceux qui évoluent de scènes en scènes sont des ravers, à l’aise dans tous les milieux. Du coup l’archétype idéal n’est pas forcement un technoman, sauf si le terme est générique. C’est la définition du dandy. Ils restent minoritaires, ceux qui aiment toutes les styles, toutes les énergies, tout les folklores, en faisant primer l’humain avant toute chose sensible. Qui n’a pas de look est susceptible d’être beaucoup plus polyvalent qu’une victime de la mode. Le style no look, résistant au formatage, est un acte citoyen simple, qui dénote un souci non pas d’être dans la norme, mais plutôt de ne pas se démarquer inconsidérément, sans raison politique valable, qui aurait pu être influencé par quelques manipulations mass médiatique, publicitaire ou grégaire. On ne se fait pas remarquer par ce que l’on porte, mais par ce que l’on pense (si l’on dit ce que l’on pense). Cela est soumis à quelque réserve si l’on considère l’expression commune: « on ne juge pas un homme à ses paroles, mais à ses actes ».
     
    Invariablement les gens qui aiment rester dans un univers connu, codé, rassurant, ont des difficultés à rencontrer l’autre s’il parle différemment. Il faut pourtant faire un effort, et surtout estimer que cet effort est un acte politique, dans le sens où l’on prend sur soi pour arrondir les angles au bénéfice des générations futures. Dépasser les névroses générationnelles, épuiser les aberrations, pointer du doigt les inégalités, les privilèges, telle est la fonction de la fête en général.
     
    Il ya eut peut-être une illusion de départ, une illusion d’unité, « united ». Ce « united » est chroniqué par C.Fringeli dans se revue « datacide » de 2000. Il le décrit comme une entreprise fascisante, car elle ne respecte pas les différences de chacun. C’est ça le populisme. La techno s’est affublée des mêmes complications que la société, des mêmes mutations sociologiques fracassantes, si difficiles à démêler qu’il me semble qu’une mise à plat politique et idéologique s’impose.
     
    La hardtek et la drum, (même format ou presque, phénomène des années 90), c’est pour les middle class pme ou fonctionnaires, le prolétariat.
    L’électro (plus spé, phénomène de l’an 2000), c’est pour les middle class et la bourgeoisie.
    L’XP c’est pour les no-look and no-tunes. Les vrais quoi.
    La trance c’est un mouvement plutôt bourge hippie voyageur.
    La house c »est pour les bourges à l’esprit beauf…dsl.
    Le hardcore rassemble plusieurs classes, et tout les radicaux de l’expression.
     
    Ces guerres divisent les ravers, dans les mêmes termes que pour des destinations de vacances ou l’accès à la culture: le fric et les niveaux de culture, de vocabulaire, d’expression.
     
    Au sein de ces nébuleuses s’articule une donnée beaucoup plus intéressante: La lutte des sensibilités.
    Regroupant plusieurs couches de la société, la sensibilité exacerbée et un tant soit peu cultivée se regroupe dans des fêtes moins grandes, mais mieux foutues en matière d’éclectisme et de diversité musicale. Ceux-là sont pépères car ils écoutent du bon son, quoi qu’il arrive. Bien malin sera celui qui pourra identifier le parcours ou la couche sociale des participants. C’est l’expérimental jet set, trash and no-look des grandes villes, à teneur plus électro ou plus expérimentale. Chacun s’est hissé jusqu’ici par souci identitaire clair: rencontrer les moins cons possibles.
     
    Celui qui lutte pour sa sensibilité et ses idées est celui qui lutte contre les scènes monolithiques qui s’appauvrissent toute seules.
    Aujourd’hui toutes les figures, les joies et les peines de la rave sont décodés, assimilées, dépassées.
     
    Reste la lutte de classe, qui sépare franchement les ravers friqués des autres. Une lutte des clases qui est avant tout une lutte des sensibilités, une lutte des niveaux de cultures.
     
    Entre une soirée à 25 euros et une autre à 5, il y une différence flagrante de moyen et de qualité, dans le sens où la programmation et l’habillage de la piste passeront dans une bonne partie du prix d’entrée, sans pour autant te donner quoi que ce soit de spirituel. Tu es juste entre gens de bonne compagnie, dans un lieu luxueux qui respire l’insouciance et l’harmonie. Mais derrière, le système te rattrape. Nous sommes loin, très loin de la souche subversive originelle non-marchande des débuts de la techno. Et quand on entend Laurent Garnier, (qui fait écrire son livre par un autre), déclarer que le hip hop et la techno relèvent d’une même culture, celle des blacks américains de détroit, mais qu’il ne veut pas venir jouer en free, on ne peut s’empêcher de s’arracher les cheveux. Des bobos parisiens bidouillent du hip hop sans vraiment relayer le discours politique révolutionnaire de ceux qui ont prit la parole, sur les ondes, sur les supports cassette et vinyles de l’époque. Le discours revendicatif des mc’s n’est plus que nombriliste, auto référencé, fashion. Dans la techno, c’est la même. Les couches populaires ne veulent pas penser, elles veulent jouir. Elles oublient les mots, l’art et la culture, qui auraient pu les hisser à d’autres niveaux de conscience. Elles oublient aussi l’histoire, et accentuent un repli identitaire qui les écarte de la vérité, en acceptant le plaisir immédiat de la consommation, et des orientations imposées par le marketing.. On consomme ce qui nous nuit. On adule ce qui nous enfume.
     
     
    Comment être avec les autres? partager des loisirs dans une société du travail?
    ou partager le travail dans la société des loisirs?
     
     
     
    22- Le spectacle intérieur
     
    Le spectacle intérieur c’est l’anti-message, la désinscription des données terriennes pour englober l’univers avec nos cerveaux coquillages. La société de l’anti-spectacle regarde dans le trou de la serrure, pour voir les parents spectaculaires baiser comme des porcs; elle n’a pas pu entrer. Nous sommes aussi des bêtes.
     
     
    23- La chaine du délire
     
    La chaîne du délire, c’est comme la chaîne alimentaire, le biorythme, l’ensemble régénérant et autosuffisant, l’écosystème localisé.

    Et cela va loin, regardez:
     
    deux supports: la musique et la drogue = sport = mort.
    un mobile: le délire = folie.
    une fin: la fin
    un alibi: je suis stupide, j’aime ça.
    plusieurs core de mais, t’y es ou t’y est pas.
    la toile est au centre
    l’art est nié.

     
     
     
     
     
    24 – Spécialisation ou mouvement de foule
     
    La spécialisation est l’apanage des cultivés. Les cultivés sont ceux qui ont bouffé assez de passé pour saisir l’actuel – éducation ou opportunités -. L’actuel: c’est la diffusion immédiate ou presque de titres originaux, mélangés d’un coup à l’histoire.
     
    Ceux qui émergent de la masse consommatrice sont ceux qui ont , par coïncidence, été initiés par des collectionneurs de musique ou par des artistes, et ce, très directement, par affinité sélective. Ces personnes ont un amour de la musique qui est loin de la simple consommation en tant que support direct à l’expérience psychédélique. Pour eux la musique reste musique, et non moyen pour danser. La distorsion psychédélique de la forme n’est pas occultée, au contraire. Elle y est même beaucoup plus poussée, mais dans un rapport d’idée, et non de sensation directement liée au corps.
     
    Une chose est sûre: il est facile de s’insurger contre le suivisme du public et son manque de recherche, son déni pour l’appel et la découverte. L’habitude de nos société de consommation, leur caractère figé, préparé, organisé, orienté, n’aide pas les plus benêts à entreprendre des recherches esthétiques. Seul compte le plaisir immédiat, le loisir, l’éclate. Sortir, ce n’est pas se retrouver dans une optique d’apprentissage; avoir à fournir des efforts pour comprendre et assimiler de nouvelles idées relève d’une habitude qui se rapproche plus d’un travail sur soi que d’une sinécure. Volonté et obstination, folie et héroïsme, détermination et opiniâtreté… abstinence. Rien n’est simple quand on décide d’entreprendre et de foncer. Il faut du cran, et les épreuves qui se dessinent alors sont comme autant de renforcements à la certitude. Ce qui caractérise le passionné, c’est sa discipline. Le bon discipliné, c’est le philosophe. Le bon philosophe, c’est le modéré des extrêmes en faveur du global, détendu de la glande impartiale, mais aussi celui qui n’attend pas de retour direct à ses idées sûres. Il bosse.
     
    Le spécialiste, d’un point de vue sociologique, aura toujours beaucoup à critiquer. Il est le thermomètre de la vie. Il sent, il critique ceux qui devraient critiquer mais qui ne le font pas, faute de temps et de coïncidences positives.
     
    Le mouvement de foule, c’est ce qui échappe au spécialiste et qui le fait douter. La remise en question du spécialiste s’appuie alors sur des données humaines, proches de l’individu. C’est ce que l’on appelle l’effet titanic. L’égoïsme se mêle à l’instinct de survie, tel un troupeau de gnous devant un open bar. L’ennemi juré, c’est le copiage, le manque d’initiative individuelle. Et cela parle directement de l’individu, et d’une société qui avance à coup de bruits de couloirs.
     
    Mouvement de foule = hitlérisme.
     
    Le spécialiste pourra toujours juger le béotien, il aura raison, mais cela n’aura aucune incidence sur l’assentiment du public, à moins de communiquer sur des données tangibles, par exemple au travers de la presse -ou du fanzine-, ou directement au travers de son travail, soit en chantant, en parlant, en écrivant sur ses pochettes, sous forme d’interview ou de sites internet. Le fait est que le combat entre autodidacte et universitaire est stérile. Chacun apporte sa pierre à l’édifice.
     
    Le mouvement de foule, c’est justement l’envie de se démarquer qui fait boule de neige, jusqu’à se remarquer par tous, et alors de se fondre. Quand je parle de mouvement de foule, ce n’est pas un mouvement physique, c’est plutôt une réaction, une orientation, un phénomène qui s’articule sur plusieurs mois, voire plusieurs années.
     
     
    25- La chaîne underground (l’underground n’existe pas)
     
    la chaîne underground se justifie quand elle devient une alternative contre le côté fermé, coincé des choses. Faire du commerce avec ce que l’on fait, ce que l’on produit, idée ou oeuvre, est un vrai calvaire dans ce pays. Gageons que les nouvelles lois en matière de création d’entreprise viennent mettre fin à l’anarchie boiteuse qui consistait à parasiter, à gueuler tout en profitant. Après le chaos (qui est peut-être passé, et l’apocalypse s’arrête aujourd’hui, pour la reconstruction du monde à la coule), il y peut-être le chaos des taxes, qui est peut-être un appel au libéralisme. Mais le libéralisme induit beaucoup d’injustice et de délit d’initiés. C’est une anarchie de pouvoir. Une schizophrénie étatique officielle et officieuse.
     
     
    les intermédiaires* prennent la tune, les artistes font l’autruche, les ravers consomment, les années 90 sont un bordel sans nom, et la techno berne une génération en leurs faisant découvrir le vide du psychédélisme pour oublier bien vite que le combat est perdu d’avance. Mes idéaux dans un taz temporaire.
    les spi ont cassé la chaîne en vendant des cd’s carrefour comme tout le monde, et c’est même pas grave, alors peut-être que techno import a fait le bon choix, en faisant suivre leur démarche initiale: faire du commerce, ce qui n’est pas grave non plus si c’est fait avec éthique… Malheureusement le magasin se transforme souvent en entrepote et vend de la merde en boîte. Et c’est là que le bas blesse, tous les efforts pour contrer un système économique s’arrêtent bien souvent aux portes de sorties directes de l’artisan, ou de l’artiste. Ce sont les mêmes données dans les campagnes, les paysans s’interrogent vivement des différences de prix entre le beefsteak qu’ils ont vendus la veille 50 c d’euros et ceux qu’ils voient affiché 5 euros en supermarché. C’est la super supercherie. Pour un album, l’artiste ne récupère souvent qu’une partie infime des bénéfices. Et la politique de la boîte est souvent déplorable, cédants aux sirènes les plus basses du système mensonge/corruption de la culture de masse au sein du monde occidental libéral. L’appel de l’argent ne permet pas d’orienter correctement un travail artistique.
     
    S’il y a une cause commune chargée d’assouplir les instincts de mort de l’homme en faisant converger des dons et de l’assentiment vers un point central, une organisation humaine qui régule les flux et ajuste les pouvoirs de chacun, alors l’état se doit d’assurer des transactions justes entre celui qui produit (au sens littéral du terme) et celui qui prend (au sens final du terme). Internet devrait permettre de réaliser cet idéal, mais pas les distances. En effet la distribution physique est encore nécessaire. On ne peut pas connaître tout le monde ni parler à tout le monde. Cette évidence induit le fait qu’il faille des règles pour s’accommoder du chaos de tant de désirs nombrilistes. Seule l’intelligence et la perspicacité, doublée d’une certaine confiance, ou d’une certaine naïveté, peuvent alors mener le vaisseau vers le moins de souffrance possible.
     
     
    le fric dans l’underground et les problèmes de positionnement intègrent le futur et l’hypothèse d’un changement possible au sein de nos valeurs personnelles. nous ne sommes plus libre de parole quand nous sommes libres de positionnement, car cet état acquis librement n’est pas définitif, loin de là, et il nous force à une certaine retenue quand à nos certitudes et nos discours de façade, nos outils conceptuels. La seule morale est de ne pas être fou, ou de ne pas être menteur, mais nous sommes changeants, et il est difficile de défendre un système à la fois. Vaste polémique du paradoxe ou du double jeu, double sens, retournements de vestes; alors, constant dans l’inconstance de la certitude? Prudent avec les forces de mort, le jugement arrêté? Grand bien vous en fasse, mais ne perdez pas de vue que la sincérité nouvelle ordonne le monde moderne, les points d’appui doivent être fermes, quand il s’agit de savoir ce que nous ne sommes plus, pour savoir ce que nous sommes. Il a donc fallu que dans le passé les positions initiales fussent bien marquées, pour qu’on s’en souvienne bien, ainsi bien les dépasser. Sans positionnement marqué, pas de souvenir sûr, donc pas de révolution.
     
    *intermédiaires: producteurs, publicité, éditeurs, distributeurs, presse, etc…
     
     
    L’enfer du décor:
    le fou, le tyran et le commerçant.
    Les 3 lunes de l’underground.
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    26 – Les trois lunes de l’underground : le fou, le tyran et le commerçant.
     
    Le fou, c’est celui qui croit en des concepts qui ne pèsent pas lourd face à la réalité du terrain. Le fou est néanmoins le plus pur et le plus fulgurant. Il a en lui la connaissance et une culture, un sens de l’histoire. Le fou est celui qui sent. Le fou est celui qui innove; c’est le précurseur, l’avant-gardiste. Le fou a besoin d’aide, mais il détient: l’idée, c’est à dire le plus important entre toutes choses humaines.
     
    Le tyran, c’est celui qui dicte une loi basée sur ses névroses, ses paranoïas, ses peurs, son enfance. Il a une haute conception du devoir politique de son milieu, mais ça s’arrête là. Rien de ce qu’il impose aux autres ne saurait être appliqué pour lui-même. Il fait son « boulot » de gardien de l’underground, avec des valeurs comme l’immobilisme anti capitaliste ou le repli sur soi, la rancoeur ou la peur provoquée. Amitiés, sentiments, bonté ou prévenance ne comptent pas. L’argent est un concept vraiment trop horrible… il a le goût du secret. Il cultive des relations tyranniques, il intimide, il met la pression à tous ceux qui se désengagent des lois de l’autonomie et de la rigueur morale. Il exècre l’hypocrisie et la faiblesse, mais il oublie qu’on reproche toujours aux autres ce qui saute aux yeux de prime abord: ses propres défauts. En somme, il se contredit souvent, même si sa ligne morale est supérieure à sa ligne humaine, la directrice est toujours droite. Tellement droite…
     
    Le commerçant, c’est celui qui casse la chaîne de l’underground pour faire bouffer tout le monde, en ouvrant le business au marché commun. Les oeuvres doivent être vendues, c’est lui qui les vend. Tous les espoirs d’un idéaliste s’arrêtent aux portes de celui qui te fera exister. Le commerçant, c’est l’enfer du décor, comme le publicitaire, le traître de l’art. C’est aussi le confident, le papa, la caution raisonnable.
     
    Avec ces trois là, on est pas rendu. Force est de constater que certaines scènes, comme la musique industrielle ou le breakcore, l’expérimental, le noise ou l’ambiant, le free jazz, la musique contemporaine ou la musique comique, resteront toujours méconnues et non-marchandes. C’est un constat froid. C’est une force froide, à la chaleur du protectionnisme inhérent à ces musiciens anarchistes pour la plupart, qui savent conserver la température du noyau et se satisfaire d’une énergie véritable, intègre et ultra copiée. L’art nourrit, engendre et remplit, pourvu que l’on aime ce que l’on fait: s’écorcher vif, et peindre avec ses lambeaux de peau. Je suis un poète et je vous emmerde. Le noir me sied, l’anti-structure aussi, je ferai un fruit qui parle avec les cendres de ce monde.
     
    respect aux trois lunes de l’underground.
     
     
     
     
     
     
    27 – Mensonge, business immédiat

     
    qui sacem le vent, récolte la tempête?
     
     
    Mais un réseau de musiciens, d’organisateurs et un public concerné par certains rassemblements ne peut pas venir troubler les grandes cadences de l’industrie du disque. Mais si l’artisanat est la première entreprise de France, alors les équipes des grands labels et leurs distributeurs devraient peut-être revoir leur copie politique et morale, et considérer que le bien culturel sérieux ne s’oriente pas avec des hommes intéressées, ni des cartels géants anesthésiants.
     
    Données quantitatives, accumulation de pouvoir et de plaisir par l’argent au détriment du but fixé par l’homme et sa conscience: rétablir un équilibre stable et équitable entre les hommes, au service du bien-être et de l’harmonie.
     
     
     
     
    28 – Alphonse D.
     
    Alphonse D., un vieux monsieur qui n’a plus de dents… et pourtant…
     
    La rave party, c’est la fronde contre le plaisir d’un seul.
     
    Musique dansante et hypnotique avant tout, l’attention se fixe sur les choses du corps et le corps se tourne vers le son; face contre façade corps et hardcore se mêlent d’autre chose que du message classique d’une chanson à texte ou d’un sex appeal.
     
    L’hypnose et la communion dans un monde qui prend un autre sens/
    Très directement le rapport à la mort se fait sentir. On appréhende les débuts, les fins des choses. On peut souffrir, jouir, s’exalter ou se découvrir, s’introvertir ou changer de peau. le sol est là, dur, solide; Et puis seulement, après l’effort abstrait et délétère de la psychose expérimentale, peut-on se demander quelle est cette théorie du chaos, la science inexacte du déterminisme mondial.
     
    Embrasser l’infiniment petit comme l’infiniment grand, en prenant conscience de la valeur des choses, de sa valeur à soi comme poussière d’ange, ou comme être pensant, et pensant bien qu’il est 4 heures et que je peux rentrer chez moi, c’est à dire que la drogue fait se remettre en question sa condition même, dans diverses combinaisons sensorielles de temps et d’espace, et les notions du soi même au sein de la société, le rapport à sa vie, à sa sécurité, son intégrité psychologique, à sa subsistance directe, comme le fait de se reposer ou de se recueillir, sont comme autant d’épreuves et de révolutions terriennes, le tour des sens en quatre vingt minutes, musiques en boucles font voyager.
     
    l’aventure est au bout de ton trip, si je puis dire, et nous vous ils elles.
     
    les moments sous extas vous font perdre beaucoup de neurones, c’est sûr. Ca chauffe dans tous les coins, ça papille, ça vibre, ça booste, ça pulse, ça mord, ça monte et ça descend, le tout sans amour et sans haine. L’a-sentiment vous prend, et si ça peut vous rassurer, vous redevenez humain quand vous c’est fini.
     
    Des idées folles véhiculées par la drogue?  la folie, l’abîme, le délire, la plénitude. Mais il est certain que des substances inter-dites provoquent du plaisir et que ce plaisir n’est pas inventé.
     
    Le débat sur la sociologie des flacons efficaces n’est pas encore avancé. Ceci étant, avancer de telles théories attire les foudres des parents, car l’image dégagée de ces expériences provoque la stupeur. Ce n’était pas facile, c’était addictif, dangereux, hostile, avec des sensations certes intenses, mais avec un retour de flamme difficile à éteindre. Il faut y remédier. Et ce n’est pas prôner une société des plaisirs. Juste contrôler et rationaliser ces expériences, ces états, ces plaisirs, en gardant un côté individuel et libre chez chacun.
     
    la fume devrait être admise et assimilée depuis longtemps; on prend les gens pour des cons; pour Adam et Ève devant une pomme. Les pommes tombent des arbres. Ho ho ho hahaha.
    la légalisation du hash  créerait des emplois, de la richesse. Une richesse inestimable car un paradis réel, un simple paradis normal de gens civilisés qui assument et comprennent ce qu’ils font!
     
    Légaliser le hash n’est d’ailleurs possible que si l’on réfléchit à ce qu’il adviendra des bénéficiaires directs de cette économie parallèle, aujourd’hui. Et comment l’état s’investira pour réduire le déficit de la sécu et la dette du tiers monde.
     
     
     
    29 – La prévention (la prévention qui ne te prend pas pour un con)

     

     
    La prévention c’est être derrière chacun des nouveaux arrivants pour qu’ils deviennent ou restent eux-mêmes. Le dialogue est plus significatif que le psychédélisme quand on veut conserver ce que l’on aime, ou pour le construire de ses propres mains. La prévention c’est ce qui a manqué dans l’organisation de l’anarchie. La transmission du savoir a manqué. Mais qui savait?
    QUI SAVAIT???
     
    Et qui savait quoi?
    Qui croyait l’avènement d’une nouvelle société aux travers de valeurs comme le psychédélisme ou le fuckage à tout va, comme le vol ou le parasitage ? 

    -trip: attention, tu peux foutre ta journée en l’air, ou ta vie.
    -le trip, ça fait perdre les pédales. et c’est pas marqué sur le mode d’emploi.
    -surveille tes potes. éduque les nouveaux arrivants. promulgue le respect d’autrui avant de savoir.
    -n’oublie pas: la fatigue est la pire des drogues. Trois jours sans dormir, c’est dangereux pour l’organisme, et c’est la cause de nombreux troubles psychologiques. Troubles de la vision, apathie, délires.
    -Nombre des « mauvais trips » ou des mauvaises expériences globales tournent souvent autour de problèmes bénins style: parano au shit
    -alors fais toi chier en silence; ne fume pas trop, cours par exemple, ou fais des pompes; mange une pomme; je sais pas moi… Mais casse pas les couilles à tes potes. Demain il n’y paraîtra plus.
    -euh.. et ne révulse pas trop les yeux qd tu te fais ramener d’urgence par la croix rouge; met des lunettes noires. Sache que la camisole de force existe, et que la camisole chimique aussi. qu’est-ce que la camisole chimique? Réfléchis…
    -En fait, moi j’te conseillerai plutôt de ne pas prendre de drogue, et d’essayer d’être cool dans ta vie. Enfin, d’œuvrer pour ça … Réfléchis, lis et regardes-toi, connais-toi toi-même.
    -J’te f’rai bien encore plus la morale, p’tit con, mais bon, je ne suis pas un vieux con.
    -sache qu’il est dur de se défaire de ces croyances qu’induisent le fait de danser sous prods à plusieurs;
    -il ne te reste qu’a devenir une star.

    30 – Les nouveaux rapports à la drogue
     
    Les comportements ont changé en dix ans. Les méfaits immédiats sur le comportement ont changé de valeur. Ce qui était important il y quelques années n’est plus qu’un mauvais souvenir de débutant ou d’étourdi. Dix ans de pratiques régulières, de spectacles réguliers autour de comportements extrêmes, pas toujours très contrôlés ni très maîtrisés, induisent une banalisation des expériences.
    Les anciens ne se gênent plus: un bad trip, une difficulté à la kéta, un ridicule extasié, ou même plus conventionnel une cuite radicale, ne provoquent plus la stupeur ou l’étonnement. Tout est normal ou presque. Le groupe de potes a prit des habitudes déviantes et anesthésiantes, et il s’agit alors de positiver au mieux de ses compétences. Il n’y toutefois pas de mépris ou de dédain, juste une certaine cruauté rituelle de groupe, une moquerie qui permet de ne minimiser au maximum les mauvais côtés des drogues de synthèses (toujours interdites donc dangereuses). Une difficulté physique n’est pas soignée, ni même vraiment assistée. L’effet est plus fort que toi, et personne ne pourra l’arrêter comme ça en claquant des doigts. Ainsi la surveillance morale mêlée d’un certain plaisir à raconter le lendemain laisse chacun des membres dans un extrême dénuement. De toute façon, il n’y a rien à décrire. L’expérience psychédélique n’est pas descriptible, elle ne se conserve pas. Seul quelques bribes confuses permettent de justifier telle ou telle phases délirante, et de fixer ainsi un souvenir, comme l’on raconterai un rêve qui s’oublierai immédiatement si on ne le note pas tout de suite: « j’ai vu l’univers, les étoiles, la voie lactée, je n’étais rien. » Ou, plus rigolo: « j’ai parlé au mur pendant trois heures », ou moins rigolo: j’ai cru mourir, le combat était incessant contre les démons ». On raconte cela comme ça et on oublie. On a touché l’infini comme on allume la télé. Evidemment, l’état physiologique et psychologique du sujet au moment même de la prise joue beaucoup sur le dénouement final, mais rares sont ceux qui s’en aperçoivent, tout est toujours de la faute du produit. La consommation!
     
    Cette évolution des comportements, le déplacement des valeurs de gravité et d’importance, permettent aux jeunes une meilleure responsabilisation. L’expérience est cruelle, je me tiens sur mes gardes. C’est tout. Je n’irai pas faire chier les autres et pleurnicher si ça se passe mal,  trop fort et ingérable. Mais l’ingérable est pratiquement l’effet recherché, en plus du plaisir immédiat, de la jouissance ou du sublime distordant, saturé, fort.
     
    En gros, l’expérience n’est pas transmissible. On ne peut pas raconter. on ne peut pas prévenir. On peut se foutre de ta gueule, c’est tout.
     
     Égoïsme et moquerie à la française? Non, car c’est la fréquence des expériences qui change les comportements, les banalise; pour ça, il n’est pas besoin d’être grand sociologue pour le comprendre. Dans tous les pays d’Europe, les pratiques poly toxicomaniaques « récréatives » – et j’assume pleinement ce mot – préfigurent peut-être ce que sera demain le libre accès à la pharmacopée mondiale, naturelle. Chacun est libre de consommer ce qui vient de la terre, c’est son droit le plus strict, le plus absolu. Herbes, champignons, extraits de plantes brevetés ou antidépresseurs de synthèse, personne n’a le droit d’interdire à l’homme de se droguer, il l’a toujours fait et le fera toujours, ni plus ni moins. Le plus de la consommation aujourd’hui? c’est la ménagère de moins de cinquante ans qui tourne aux drogues de synthèses à coup d’œillades équivoques à son psy ou à son médecin, dealers de came ou de calme. Quelle belle hypocrisie! Quelles belles interdictions irresponsables, aggravantes pour la jeunesse, tant d’un point de vue moral que physiologique. L’interdiction attise la curiosité. Ensuite elle rend difficile l’accès aux bons produits, beaucoup moins néfastes sur la santé. Et encore ensuite elle fait se développer trafics et désocialisation d’individus fragiles, alors qu’ils pourraient tout à fait se divertir sans aggraver les conséquences sur sa vie socioprofessionnelle. La consommation de drogue dans un cadre prohibitif est néfaste pour l’individu. Avec un libre accès à des produits meilleurs et contrôlés, la fréquence des prises et l’équilibre psychologique du sujet en serait radicalement changés! C’est une certitude que pas un seul gouvernement n’a encore abordé, sauf les Pays-Bas, où le hash est légalisé, mais où le trafic a changé de visage: les drogues dures. Mais dans une Europe frileuse et morale la légalisation d’autres drogues sur place (sauf parcs à toxicos, pour ne plus les voir) n’aurait pas été possible. Ainsi l’expérience hollandaise n’est pas significative, car non aboutie. En tout cas le tourisme marche bien.
     
     
     
     
    31-  Le hors système est il un marché?
     
    Ce mouvement libertaire a vu ses acteurs faire l’exact contraire de ce qu’ils combattaient à l’origine: du marketing et de la commande artistique en fonction des goûts de la masse. Du calcul, et non du recul.
     
    Exister et vivre de son art avec des putes aux commandes, et un état absent. Ce mouvement ne vaut désormais pas plus que le hip-hop ou que les méga encarts de pub pour des compils teenage en univer-sale. Non content d’avoir créé la techno parade, sorte d’arnaque grandeur beauf, ils ont aussi bloqués l’art de la scène à son niveau le plus ridicule:  une prestation scénique limitée, faute d’avoir quelque chose à montrer (des boutons qui se tournent?) . Aucune prise de risque osée n’est permise pour ne pas froisser les systèmes nerveux qui exigent beaucoup pour décoller ( ou pour s’unir?). La demande est tacite, mais bien réelle. Consommer son « new sports n’ arts way of living d’ecchymoses et de dur labeur de citadin ».
     
    En imposant aux artistes des rapports d’exclusivité, en faisant de la promotion, en écartant les autres énergies, les autres sensibilités, ils déséquilibrent un art et son marché naturel. En faisant passer le marché avant l’art, tout s’asphyxie, tout se fige, renvoyant alors au public une fausse image de la musique et de son sens premier.
     
    la démarche globale de la tek, c’est l’expérimentation au service de l’application danse. 
    Ineffable condition du vide théorique, du foutage de gueule artistique, malmené quotidiennement par des débrouillards qui optent pour la facilité des indicateurs commerciaux: ça marche, alors ta gueule, chus riche. En plus je sais caler en six secondes..
     
    la rave des années 90 c’est: guidé par le son le week-end, mais pas guidé pour la semaine. Aucune clé n’est donnée, car c’est un univers consumériste de plaisir immédiat, sans valeurs intellectuelles.
     
    Il y donc une vision extrême de la rave qui n’est pas encore développée, une vision sensible et narrative, avec un vrai message, pour un public tourné vers l’esthétique et une expérience qui mène quelque part, une création, un partage, une non-hallucination collective. Du concret, du sens, pas forcement de la danse, qui est une ébauche à titre individuel.
     
    Au final, tous les acteurs de cette scène, n’écoutent même pas de techno chez eux (ce n’est qu’un moyen, un support comme un autre dans la chaîne du délire),  capitalisent sur des expériences psychédéliques vide de sens, spéculent sur les zones d’ombres des cerveaux des ravers, et l’on recule dans un marché commercial pour dj’s persos, et non pour une idée ou une élévation. La récupération n’a plus de limite; heureusement que le niveau est bien bas, ils ne récupèrent que le pire d’une décennie (les années 90): naïveté critique du public, instinct grégaire, tous s’engouffrent dans le tunnel de la jouissance hors norme, et la pensé s’éteint, le beau disparaît, la recherche s’arrête. Le savoir se perd un peu plus.
     
    C’est le non-spectacle. Fais marcher ta télévision intérieure, on t’aidera un peu.. Tu a évolué, la rave est restée, identique, en régression finalement par rapport aux fêtes de l’antiquité, car non assumée par tout un chacun.
     
     
     
    32 – Les perspectives d’avenir après le teknival 2004

     
    Un changement indicible se prépare. Après des années de railleries de la part des musiciens électroniques en général envers la tekno, une prise de conscience commence à pointer le bout de son nez: Doit-on jouer du hardcore  24/24 ou doit-on jouer la carte de la diversité? La diversité aura bien du mal à émerger, car l’on vient pour se lâcher, et non pour réfléchir. Mais il y a de l’espoir de monter des sound-systems révolutionnaires, jouant de l’electro, de l’expérimental, du hip-hop barré, du zouk, du dub, du post-rock, du break-core ou autres chelouseries antifashion, anti-consommation. Le problème, c’est la frustration de ces scènes à évoluer dans un milieu de pure énergie, et non de pensée. La peur d’être isolé ou boycotté empêche ces acteurs de militer pour le développement de leur son. C’est assez grave, dans le sens où l’évolution peine à se faire, mais aussi parce que ils sont archi nuls pour l’organisation d’évennements. Un artiste est un artiste; ils ne sont pas dans la compétition. L’histoire jugera mais c’est tout vu. Qui fait de la musique non-jettable restera. Les teknomen sont dans l’instant, ils ne resteront pas, surtout que la musique vieillit à vitesse grand v.
     
    Une autre perspective? Ce qui paraissait être un problème majeur en 2003 va peut-être devenir un atout dans l’avenir: la course à la technique. Je te fous mes couilles sur la table pour que tu les voies bien. Mes attributs sexuels sont ma sono, mon camion et mes installations lumineuses et décoratives.
    En 2003 cette débauche de matériel sans contenu artistique probant était littéralement affreux: une foire  à la sono, un village/salon à la gloire de la concurrence.
     
    Cette année 2004, c’est pareil, mais bizarrement la donne a changé. Cette aspect « foireux » permet de jouer sur du matos qui tape fort, et c’est bien le moins vu le nombre de participants: 40 000 personnes en 2003, 70 000 en 2004. 100 000 en 2005? L’étouffement de la scène free et les mouvements limités des labels et des sound-systems (législation, baisse des ventes de disques) engage au renouveau, à la défiance. Produire un son nouveau tout en faisant danser les gens, c’est le challenge, c’est l’objectif.
     
    La fronde de l’avant-garde contre la consumérisme et l’uniformisation commence à porter ses fruits. Ainsi les looks des ravers reprennent des chemins personnels, au lieu de la mode paramilitaire. Chacun se cherche, chacun se trouve. La banalisation des prises de drogue, leur maîtrise partielle, et la moindre importance du regard des autres fluidifie l’ambiance des soirées. Un jeune arrivant voudra toujours être un dur, ou un trashi, pour se camoufler, et « en être ». Mais aujourd’hui la culture de la différence, et la recherche de l’émotion semblent être en bonne marche. La suite en 2005.
     
     
    33- Le dance-floor
     
    dance-floor, puissant et cosmique.(texte paru sur le cd heretik « tekno is beautiful »2003)
     
    La nature de l’homme s’attache aux choses qui relèvent de l’inconnu, parties essentielles de l’existence, monde noir des ombres et des questions mal posées, jamais résolues.
    Aujourd’hui est un siècle où l’aventure n’est plus, forêts de verre et de béton armé, nos sens emprisonnés.
    Mais il est une aventure, celle, intérieure, qui fait renaître en nous les instincts d’antan; instincts d’homme ou de loup, qui s’élève marche à marche à coup de beat cinglants et de charleys pointus, bravant les barrières de l’imaginaire, luttant contre la sauvagerie des empires financiers, continuant de manière désintéressée la vieille révolution française, les costars-cravatte à la lanterne.
     
    Aujourd’hui notre solitude d’anges noirs s’attache encore aux playgrounds électronique de nos sociétés du spectacle, où l’assistanat des artistes, et donc leur bâillonnement, nous révolte. Mass média instrument de terreur, terreur d’avance, combats perdus, danse pour oublier.
     
    Danse pour oublier, danse pour survivre, danse pour appartenir à un clan, un mouvement, ne serait-ce qu’une idée, ou s’insurger contre l’idée qui révolte,  l’idée urbaine, les grandes corruptions, la culture de masse débilisante, la télévision rétrograde, presque dangereuse pour l’équilibre d’un individu, et le rejet de l’autre, l’ignorance et les méfaits de la propriété privée. S’il faut suivre le cours des choses, suivre la piste, suivre sans s’arrêter, suivre sans comprendre, alors la musique est un moyen libérateur, le dance-floor un moteur, la machine sans les mots, pour vivre un peu plus haut.
     
    Mais le dance-floor est en danger, pourris par ses maîtres, méprisé par les nantis de l’art, assassiné par des dj’s incultes et dépourvus d’idées, pervertis par des danseurs introvertis, paranoïaques, aux danses malades, idiomatiques, resserrées, qui expriment leur révolte en fermant la porte à la beauté et à l’expression de la nouveauté. hardcore moi j’dis, regarde ton mur, il n’y a rien derrière. Mea culpa underground français.
     
    Le dance-floor est l’expression de la fureur, de la puissance charnelle des hommes sans frontière, rassemblement sans classe, sans fric, sans odeur. le dance-floor nous envoie comme une bombe sur les chemins de feu, chaleur originelle de l’espoir infini, home-studios caverneux, vaisseaux du cosmos surréaliste, psychédélisme dangereux et redescentes vachardes, c’est tout cela à la fois, pour nous rappeler que le danseur à la base, c’est lui le musicien, le temps réel de la contestation.
     
     
     
    34 -Le cheminement sur et autour de la piste
     
    Il est une particularité très marquante de la rave party, c’est le rapport à l’espace, l’autour du dance-floor. Certains endroits sont sombres, anonymes nous sommes pleins d’humour et nos rires fracassent la nuit et délayent, se répètent, se répètent, se répètent!
     
    D’autres endroits sont serrés et actifs. Très actifs. Certains font copilotes, d’autres pilotent.
     
    Certains développent une acuité particulière à se mouvoir dans la foule. Comme un instinct, comme une envie de voyager un électron libre à échelle humaine je traverse des flots de teufeurs, comme un poisson dans l’eau je m’irise à la source le moment venu. Le moment. Mais justement, ce n’est pas sportif. C’est une performance, mais c’est spirituel, ou virtuel, mais ce n’est pas une compétition. C’est juste une histoire de volonté et d’excitation.
     
    Comme un poisson dans l’eau, prit dans les courant, les ondes d’air chaud, les ondes d’eau froide, les fréquences en écho sur les tôles de l’entrepôt délabré. Elles tremblent, elles vibrent, elles vont se désosser!
     
     
     
    35- Le déclin immédiat
     
    Arrivée normale.
    Découverte bizarre, inconfortable.
    Errance (plaisir, mutisme, paranoïa, excitation)
    Psychédélisme
    Distorsion du temps
    Mimétisme
    Copiage, enfantillages, connexions, séduction, plagiat
    Compréhension partielle
    Révolte
    Mimétisme
    Extension du nombre des adeptes
    Compréhension/erreur de compréhension, défense, anonymat, forums Internet, techno plus
    Désenchantement, perte d’éblouissement, retour
    Habitude
    Recherche du plaisir immédiat ou de la sensation initiale du plaisir lors de la montée, errance édoniste.
    Extension du nombre des adeptes
    Mimétisme
    Perte de sens, galvaudages et réinterprétations frauduleuses, collectif des sons.
    Laisser-aller
    Effroi et manque de sensations
    *sentiment d’appartenance
    Retour difficile à la normalité.
     
     
     
    *Le déclin c’est aussi l’apparition dès 1995 des premières missions de techno plus.
    Il faudrait savoir: « quand est on dans le système, et quand ne l’est-on pas?
    Est-ce qu’on est toujours dans le système? Est-il possible de fonder un discours sur des données volées à soi-même dans un état second?
    Et pourtant, l’envie d’aventure, d’esbroufe, d’action, oblige à rouler dans la marge. Quand on roule dans la marge, on élabore des systèmes qui lui sont propre. Naïvement ces données subjectives sont prises comme argent comptant par l’adolescent: la rave, c’est l’ailleurs. La rave, c’est cool. En plus ch’us avec plein de gens cool.. Ouais.. C’est cool.
     
    Ouais c’est cool, mais tu délires, ne l’oublies pas.
     
    Dès lors, les apparitions de l’autorité, ou d’une instance adulte de surveillance, rompt l’équilibre fragile de « l’ailleurs ». Le rêve est brisé, et mon rêve se brisa quand je vis pour la première fois des tracts dans les soirées, qui proposaient de désacraliser complètement ma vision du phénomène.  Le désenchantement était total, radical et définitif.
     
    Une autre impression me fit vivement redescendre: l’obligation de ne jouer que de la techno en rave. Pour moi, toutes les musiques ou presque sont bonnes à prendre. Je voulais entendre du rock, ou de la variété. J’avais besoin de repères.
     
    Aujourd’hui après mure réflexion, je me dis que nous n’avons pas inventé grand-chose, à part le dictat du dance-floor. Cette exclusivité de la techno en rave. La techno n’est qu’un format.
     
     
     
    36 – Critique du psychédélisme
     
    Faire croire à des gens que le sport ou le psychédélisme est une chance, c’est nul. Tout ce que je reproche aux initiateurs hallucinés, c’est cet open up your mind! Qu’est-ce qu’on a ouvert? Que dalle. Le seul truc que l’on a ouvert, c’est un point de vue différent sur la société, et sur la réalité. Un point de vue qu’il a fallu oublier très vite, au risque de devenir un paria et de tout perdre, sauf à devenir artiste.
     
    Le psychédélisme est un sentiment d’être éveillé qui constate une certaine distorsion. Le psychédélisme d’un être sous influence, sauf folie magnifique, réduit l’expérience à néant. Il ne reste rien.
     
    Le psychédélisme t’apporte autant que de jouer au jeu vidéo, sauf que tu joues avec ton corps, ton système nerveux, ton cerveau. Donc l’expérience de la mort et de la douleur psychologique s’en fait d’autant plus ressentir. Avec un jeu, on perd, on gagne ou on perd, c’est bien ça le problème.
     
     
    37 – Le mouvement free, une image qui s’exporte?
     
    L’Internet, c’est le téléphone avec l’image en plus.
     
    Un site en France, freetekno. org, aujourd’hui disparu, dont le graphisme était: deux ados, casquette et piercing fashion de free parteux réglementaire sur la tête, se parlent à l’oreille, dans une métaphore du bruit qui court. Mais la free party n’a jamais été l’uniformisation, mais bien la différence.
     
    Autour de cette imagerie très réductrice, s’est construite une ambiance parisienne, franco-française, exportée en Tchéquie (fidèle au rendez-vous: le teknival de pragues, début aout) avec des conséquencesn… à un moment où tout était à construire. Des sound systems sont arrivés et ont joué techno américaine, acid core, break-tek (spiral tribe, desert storm, impakt teknokrates, furious, metek, ubik, foxtanz etc..). Puis d’autres sont arrivés. Jouer plus fort et plus vite que les autres était un moyen qui fit l’unanimité! Le hardcore arrivait dans les teknivals, alors qu’il n’y avait auparavant que psychiatrik qui jouait HC- gabber à fond les manettes. C’était encore une originalité. Aujourd’hui, la french hardcore, détruit PLUS RAPIDEMENT ENCORE LA VIBE QUE ça ne l’a été en France. Une rigueur d’usage a pris le contrôle des line-up: interdit de jouer de la musique non-dansante, interdit d’être non commercial (c’est à dire anti tribe), interdit d’être différent de cette esthétique de maquisard sans cause, inutile à tout sauf à lui-même, avec ses fantasmes d’autonomie.
     
    Un autre paramètre a contribué à appauvrir le sens de ces rassemblements: les compte rendu de soirées, appelés « reports », qui désacralisent le spirituel au profit d’un spectacle. Une rave, c’est pas forcément joli joli à regarder rétrospectivement (surtout que les bonnes photos sont rarement possibles de nuit, et le matin… les mines tirées sont difficiles à exposer). De cause à effet, dans un mouvement sans rituel, sans symbole, et sans passation, un mode d’emploi totalement vide de sens s’est petit à petit élaboré, une réinterprétation des signes à des fins de loisir. Une vague verdâtre d’ados boutonneux, une couillonade a balayé la France. Les petits pois sont apparus, des gnomes repliés sur eux-même, apathiques (trop de shit), qui prenaient tout ce qu’ils voyaient comme argent comptant. L’état e la société dans les annaés 90. L’état de la vie à Paris ,qui broie ses habitants,, et surtotu l’état de la banlieue… De quel miroir est-ce le nom . On comprend que la peur de se démarquer, et le manque de référence tant artistiques que politiques, conduisirent le mouvement vers une paranoïa géante et incontrôlable. C’est ce déracinement de l’ego, galvaudé par Mafessoli, qui n’est qu’un pourrissement de la racine, avec le même ego. Il n’y a pas de changement d’ego. Il y a plutôt une dissociation opérée dans toutes larcanes de la société, et en prmier lieu, à l’&poque, avec la télévision, les réseaux sociaux n’état pas encore implantés. On assiste à un suivisme para militaire, urgentiel, sorte d’exil empêché, insurectionnel, à une déformation télévisuelle, à une envie de jouissance malade faute de mieux.
     
    Mais on sent que l’impact sur la société est conséquent, et ces fêtesexistent, qu’elles jouent un rôle dystopique important, qu’elle reflètent, progressent « d’une façon ou d’une autre », dans ce p&yis, la France, jusqu’au milieu des années 2000. De l’autre côté, la récupération va bon train. La hargne cynique et volubile des publicistes reprend l’imagerie rebelle à toutes les sauces. Les actions des activistes anti-pubs sont détournés au profit de leclerc… Une affiche pour france telecom: un champs en attente de ravers… « Le son des free », pénible supercherie d’EMI, ou d’autres allusions aux afters difficiles pour les shampoings, les A/R paris Londres, paris/amsterdam… Les chewing gum X-cite qu’on prend par quart… Tout ces éléments montrent bien que la rébellion, ou le vrai pourrissement, est ailleurs…
     
     
     

  3. stalker dit :

    38 – Le mouvement free et ses corrélations politiques
     
    Certains diront que le mouvement free ne doit pas être politisé, d’autres revendiquent l’évidence: la fête, c’est de la politique.
     
    S’envoyer en l’air, c’est de la politique dans le sens où cette prise de position vient critiquer le fondement de notre société. Quelque chose ne va pas, qui nous pousse à embrasser une cause parallèle et sauvage.
     
    Cette cause, c’est la cause du peuple qui n’obtient pas ce qu’on lui a promis sur les publicités. Les enfants de ce peuple ont compris, ou senti qu’ils reprennaient vie au travers de rites primitifs, qui prenaient essor dans les rouages fatigués de notre société, mettant en relief lacunes et imperfections du système. Mais ces lacunes ont été reproduites au sein du mouvement, car partout l’homme se bat pour son maintien dans le confort. Pourquoi un mouvement eut été plus vertueux que la société, le temps d’une soirée ? Les valeurs antinomiques comme l’individualisme, la fraternité, le dégoût ou la communion, sont réparties dans les mêmes proportions. Qui a cru que tout cela serait porteur d’un monde meilleur? N’était-ce point plutôt un simple échappatoire, le sursis d’une génération qui assumait de mettre la technologie au service du primitif ?
     
    Il est certain que le prochain mouvement musical se devra de proposer aussi un projet de société, pour ne pas laisser ses adeptes dans une rébellion qui ne mène à aucune piste fiable pour exister dans ce monde.
     
    « Ce qui mène les danses, assoie les destins, renvoie les nombres ».
     
     
     
    39 – Les zones d’autonomie temporaire

     
    Tout d’abord, et c’est bien un comble, l’abréviation anglaise d’une « temporary autonomous zone », ça donne TAZ. Un taz en français, c’est le petit nom de la pilule de l’extasy. Il n’en fallait pas plus pour authentifier cette expression dans le vocable. D’un pur point de vue mnémotechnique, c’est fatal.
     
    Second point: le concept de « zone ». Le mot « zone » est tout à fait singulier. C’est un mot qui contient de la tension. C’est confiné, dangereux. C’est militaire, ou industriel. C’est facilement lié à une tranche de science-fiction. La zone est définitivement un endroit non-civil, qui sort des sentiers battus. En général, une zone est interdite, car peu propice à l’épanouissement du tout-un-chacun. La zone, c’est aussi la maison du zonard, mais bon…

    Le mot « temporaire » maintenant. Temporaire permet de revenir. Temporaire permet de n’avoir éventuellement pas à répondre de ses actes lors de l’intervalle (de ne pas comprendre tout de suite).
     
    Troisième point: le concept d’autonomie. Et c’est là que le bas blesse. L’autonomie n’existe pas. Nous avons besoin d’essence, de clopes, de coca, d’abonnements téléphoniques, de pq, de voitures, d’électricité, de location, d’argent, de nourriture. Ce serait plutôt l’envie de n’être rien.

    En vérité les utopies pirates d’Hakim Bey ont été bien galvaudées. Une île qui sert de base de repos pour flibustiers en cavale, ça c’est une ZAT, un lieu virtuel sécurisé sur Internet pour échanger et converser peut aussi s’en rapprocher. Un bateau ou un camion aménagé aussi. Mais il ne faut pas confondre avec l’autarcie. Les produits de première nécessité, dont on saitles implications en tant que consommateurs sur l’industrie, la planète, besoins et conséquences, comme les lois, si elles te rattrapent un jour, font de toi la personne la moins autonome du monde.
    Simplement la rave assume de fait son illégalité et ses crimes de lèse-majesté. Par sa structure même, et ses intentions tacites. Restent que le monde de la nuit et ses possibilités de détente ou d’intensité appartiennent à tout le monde, comme un jardin secret.
     
     
     
    40 – Le sens.
     
    piraterie de haute volée,
    plaisir de certains contre plaisir malade
    contingence
    rayonnement écoeurant de nos organes de plaisir,
    consommation/consumation.
    les politiques sont désemparés.
     
    Le sens des nouvelles musiques.
    C’est le sens du plus important,
    S’il a un sens
    le sens de la sensation de l’émotion de la danse, de l’amour et de la diversité de genre.
    ce n’est pas un mouvement, c’est une cause. Une cause très mal définie, et surtout mal comprise, par ses propres acteurs, toujours dans le panurgisme et la mort.

    Musicalement cette cause est ruinée par les sound-system et le mouvement de foule. On a rendu les danseurs dépendant de quelque chose d’horrible…
     
     
    On veut du brain floor, pas du dance-floor.
    On veut aussi du dance-floor, mais que la nuit, et du blizzard et de la frotte aux choses,
    aux mystères, aux voyages.
    Voir le monde et toutes les émotions dans une seul fête-teknique-, gloire à l’électricité!

    On veut du sable mou sous nos bottes de sept lieues.
    On veut les lieux qu’on va reprendre aux bottes.
    On veut se rendre compte de qui on est.

    On veut la surbrillance et la noirceur mate des ensembles sans décor.
    On veut des options sur le droit au message.
    On veut glaner ça et là la partie infime de nos corps littéraires.

    Glam tek sur le littoral on veut s’la faire à l’envers.
    crash test historique la rave s’attarde à penser
    Le mur des étoiles sur une presse à papier

    Le drame d’un dimanche, la rumeur en coin
    un tonnerre hivernal s’aménage un soleil/acouphène
    la poésie m’endort en surface.
    Je vois bien que la violence est projetée sur la boulangère qui crie en silence.
    Mon croissant m’étouffera, il me faudra de la bière.
    Comment atteindre Paris en plein mois de bruyère?

    Le froid pique ma descente telle une esquisse
    régressive.
    Pratique de sport divers j’ai le forfait téléski
    à s’qui paraît y’en a plus.
    Le flyer te raccroche aux choses.
    Seul le futur est musicien.
     
     
    41 – Les limites du collectif des sound-systems.

    Face à une loi qui tente de réguler les derniers ébats anarchistes d’une jeunesse en phase avec son temps, dans le sens où elle repère les derniers intervalles de liberté possible pour s’épanouir (la nuit, une plage horaire encore laissée à l’abandon par nos politiques, et les friches industrielles, deux zones « spatio-temporelles » idéales pour créer et transcender), le collectif des sons campe sur des positions à caractère logistique uniquement, en se trompant de modèle.

    Comme il a été démontré lors des précédents chapitres, les sound-systems ont développé l’art de l’insoumission, en même temps que d’oublier l’art tout court. Aujourd’hui l’insoumission est diplomatique, limitée à quelques personnes, ou suicidaire. Absolument tributaire du système pour exister (manque d’infrastructures d’éveil et de loisir hors du cadre libéral admis), la free party n’était que l’ombre de sa grande soeur: la société.

    Mais pour comprendre, décoder, critiquer, améliorer la société d’aujourd’hui, et proposer une alternative temporaire (et non une pseudo zone d’autonomie), il faut réfléchir, il faut donner à penser, et non le contraire. Le déni de toute règle rituelle, tant autour du divin, du jeu ou de l’art, a fait se développer les mauvaises herbes, et l’habitude, les forces de mort, se sont fixées sur notre mode de pensée; une pensée très sélective, conforme, asservie à ce binaire minimaliste. La seule arme contre l’oppression: c’est l’idée pour s’élever, se dépasser, et non s’auto détruire, se faire souffrir, se rabaisser par un plaisir masturbatoire. Se masturber, c’est s’ennuyer.
    Pour s’occuper d’un mouvement musical, il faut travailler la programmation. Il ne s’agit pas de courir après des autorisations ou de s’occuper de logistique, en espérant que tout un chacun pourra y faire ce qu’il veut, comme il veut. C’est la politique du « open to all », que je qualifierais plutôt de « open to all shit ». Qui fera pire que le voisin, qui disputera la vulgarité à la stupidité, qui sera le plus commercial possible, le plus vendeur de merguez, de bière, de drogue? Ah! Plaire à la masse, lui donner ce qu’elle veut, lui promettre monts et merveilles. Hitler n’a pas fait mieux.
    Aujourd’hui une sono est une entité vivante. C’est un monstre qu’on entretient, qu’on alimente. Des victimes, des jeunes ravers, sont sacrifiés à moloch qui régurgite les flammes. J’admet qu’on puisse vouloir être stupide, s’en mettre une bonne. Mais quand cela se distille dans chacun des signes, dans chacune des visions du mouvement, le mouvement est mort. Dès 1995, j’ai constaté ce déclin immédiat, ce facteur irrémédiable qui empêcha de réfléchir et de continuer la révolte, la vraie, celle de l’idée par la musique, ou le discours.
    La règle, c’est bien d’être soi-même, et non d’être influencé. Il n’y a pas d’opposition entre alternatif et mainstream, underground et commercial. Le truc c’est d’avancer sans tricher, sans utiliser les pires rouages du système.
    Le manque de recherche des sound-system de l’époque a directement faussé le débat (dès l’arrivé des spirals). La free party n’a rien inventé. Ce n’est qu’une fête. Elle a plutôt fait régresser, en acceptant la dictature du dance-floor et l’omniprésence d’un son régulier appellent la transe, ce qui est une résurgence de notre société enfermée, malade, son plus strict débouché, légitime, mais non alternatif. Et c’est ça que personne ne veut s’avouer, par pure hypocrisie, ou manque de courage face à l’oppression des gouvernements et de la morale. En ce sens le combat est biaisé, et ce mouvement s’auto saborde à coup d’organes de plaisir aveugles.
    On croit inventer quelque chose pour être un temps hors du système, et on reproduit les mêmes travers autour du consumérisme et de la violence. Surtout, on laisse de côté ce qui justement aurait pu maintenir un équilibre et une dynamique saine: la recherche, le dépassement, le recyclage de la musique et ses fusions incessantes. Les sound system français sont, sur ces questions, totalement incapables et inertes. La free n’est pas redressable aujourd’hui. Il faut choquer le public.
    C’est la free party qui s’est sabordée, et non cette loi interdisant les rassemblements.
    La free aurait pu rester artistique, multiple, ouverte.
    Je ne crois pas en l’alternative. Je crois en notre société. Prenons les problèmes de manière frontale.
     
     
    42 – Des limites de la sociologie.
     
    La sociologie n’est pas un acte créateur. Tout sociologue qui tenterait d’observer un phénomène sociologique tout en en circulant dans ce phénomène, en oeuvrant pour lui, par conviction ou par intérêt, se verra infliger la pire des mises à l’amende: déontologiquement, c’est nul.
     
    Les limites de la sociologie, c’est le temps présent. Toute observation à posteriori se laisse entendre; mais dès que la sphère analytique déborde sur le quotidien du phénomène observé, ou sur des velléités de contrôle, ou pour défendre une théorie, cela appose des forces d’immobilisation sur ledit phénomène. Pour que la théorie du sociologue en cours d’observation ou d’écriture tienne, il faut que tout reste immobile, sinon, la thèse piétine, rendue caduque.
     
    En anthropologie, les seules variantes seraient bien sûr le virussage d’une culture par le biais même de l’observateur, dans des développements indicibles, très sous-terrains. Une manière de dire bonjour, ou de sourire, ou de marcher, ou de réfléchir, rendra toutes conclusion hâtive, pour qui n’a pas prit en compte son point de vue physique, perturbateur, dans la colonie.
     
    En sociologie, c’est pareil, sauf que c’est plus insidieux: le sociologue rêve d’être un politique, il rêve de dominer ses sujets d’observations. Il rêve d’être une rock star de l’université. Il dérape sur ses phantasmes, ou sur ses manquements théoriques. L’observation doit en effet prendre un recul qu’il n’aura plus désormais: ses a priori résiduels retomberont toujours au mauvais moment, l’empêchant ainsi de comprendre les mécanismes d’ensemble.
     
    il sera tenté d’interpréter ou d’être approximatif, en tout cas, il manipulera les faits observés. Son désir sera de façonner le monde à l’image de ses observations: c’est le syndrome de Tourpeau, un syndrome bien connu de nos sociétés industrialisés, qui sort d’ailleurs du simple champ sociologique. Qui ne rêve pas de réinventer l’antiquité, l’odyssée, ou l’internationale? Cela se rapproche de la démagogie parfois, quand l’ensemble peine à évoluer, peine à sortir des lieux communs. Cela se rapproche aussi de la simple naïveté, caché derrière des idéaux complexes et mouvants, pour des intérêts sous-jacents (commandes de politiques, carriérisme, enthousiasme dangereux face à la sobriété de l’art (et ses micro-marchés).
     
    Il est donc primordial de ne pas laisser entrer une observation sociologique dans une entreprise de négociation, une activité culturelle ou un débat d’idée. Le sociologue doit voler l’info, tel un journaliste, mais ne doit jamais être juge et partie.
     
    Les charognards de l’idée passent après les lions et les antilopes-sa.
     
    Les explications tirées des simples faits d’aujourd’hui ne tiennent pas. Nous sommes chargés d’histoire.
    Personne n’invente le présent.

    * * *

    Stalker / Paris 1996 / 2003