Textes courts

Espace de publication dédié aux textes courts, aux nouvelles.

184 réponses à “Textes courts”

  1. Anonyme dit :

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  2. f4 dit :

    Espace de publication dédié aux textes courts.

  3. Merci, les filles
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    Bref, il y avait Gaspard, en pleine rue. Enfin il comprenait tout. Une juive venait rompre le charme d’une autre. Exclu de son identité par le clivage d’une tradition familiale d’exilés espagnols, c’étaient les juives parisiennes qui le faisaient rêver. Puis il y avait ce côté enfantin qu’il gardait toujours et qui faisait qu’il comprenne jamais rien de ce qui se passait autour de lui. Juste dans l’après-coup.
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    Il ne se souciait plus de la réussite depuis un bon moment. Il cherchait juste à s’amuser, mais aussi sur le plan intellectuel. Il avait une sorte de rêve mégalomane d’espion-créateur, presque un messie caché. Il poursuivait son oeuvre sans états d’âme sur l’avenir et sur l’échec avéré par les années qui se poursuivaient. Il savait que tout ce plaisir concentré dans l’image ne pouvait qu’être un pouvoir, un pouvoir propre à lui.
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    Elle écrit très bien, mais qu’est-ce que c’est noir ! Torturé comme style, lui disait un de ses amis du moment. Tout ce que tu veux, lui répondait Gaspard, mais il faut le faire. Écoute, s’échauffait Gaspard petit à petit, nous sommes des passeurs. Je suis peintre : j’écris pour faire lien. Marianne c’est la Bible. Tu veux dire, questionna son ami, qu’on croit ou on ne croit pas ? Et Gaspard : il faut être hypocrite ou démocrate pour ne pas croire.
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    Je vous épargne la discussion dans son entier. Qui n’est pas fou ou folle ? Gaspard était abonné et au psychiatre et à une prestigieuse psychanalyste de Rue de Seine. D’ailleurs l’après-coup vient aussi après la folie, celle de Gaspard et celle de chaque « coup » de femme. Juline n’était pas encore sortie de l’hôpital, Aurore se remettait petit à petit d’un internement d’un mois. Même la charmante juive numéro 1, qui l’avait dans le coup jusqu’à ce moment là, avouait être en train de reconstruire sa vie après une mystérieuse dépression.
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    Ce fut une délivrance, Marianne, en juive numéro 2. Elle écrivait des calculs cabalistiques « qui n’intéressaient personne » et qu’elle déchira de la nappe de papier de la terrasse où ils fumaient au froid et dînaient chaud. Ils burent aussi du vin rouge, malgré qu’elle et Gaspard étaient sous médicaments. Ils parlèrent du diable, les yeux dans les yeux. Et Gaspard sut qu’il pouvait se présenter tout neuf chez sa femme. Il se sentait purifié.
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    Si le diable existe, nous ne sommes pas seuls, même en absence de Dieu.
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    Tout ce qu’on peut avoir à dire, il faut l’écrire sur un journal intime. Cela dévient avec le temps le matériel d’un roman, la plupart des fois. C’était sa leçon apprise à l’Université, et qu’il avait appliqué au début de sa carrière à Paris. Mais fini le roman, le journal intime demandait plus, devenait encombrant dans une vie intime qui partait dans tous les sens, par rapport aux chapitres connus du petit public de Gaspard.
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    Pouvait-il être fasciné par les juives par perversion, comme on est pédophile ? Il se sentait aussi fasciné par les roses (rhodophilie), par les pieds de sa femme (il était podophile), par les livres (il l’était comme d’autres, mais pas n’importe quel bibliophile)… et je pense que ces trois choses expliquent son rapport à l’amour cabalistique. En même temps, c’était lui qui initiait ses amies juives à sa propre conception de l’amour et de la cabale, tout en se sentant inspiré par elles.
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    D’ailleurs tous ces livres entassés et éparpillés dans son atelier, sans compter toute la bibliothèque qui était restée en Espagne, étaient les jouets du jeu qu’il menait avec les filles objet de sa philie. Il ne parla que des livres, tout en faisant remarquer l’attention avec laquelle il était traité par sa femme, de même que… ah, et là il y avait quelque chose d’extatique dans l’évocation des roses du petit jardin, ainsi que du chèvrefeuille (qui est d’ailleurs le titre du Laïs de Marie de France consacré à Tristan et Yseut).
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    Des amours impossibles, des femmes à deux têtes, son imaginaire était chevaleresque, et dans l’après-coup il se sentait dupe de s’être montré si fou. Si fou qu’on finissait par compter sur lui pour des projets que dans l’après-coup lui semblaient absurdes. Une muse qui était la vodka en texto lui coupait chaque fois qu’il posait une question, après elle rappelait sure d’avoir été enfin comprise et disait que le projet, vu qu’elle était l’objet d’une dévotion totale, était « juste un caprice ».
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    Halte, rhodophile jusqu’au bout ne l’est n’importe qui.
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    Les goûts sont différents, le caprice en dispose;
    Et j’ai vu pour l’épine abandonner la rose.

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    Autrement dit :
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    INVENIAS QUOD QUISQUE VELIT. NON OMNIBUS UNUM EST
    QUOD PLACET : HIC SPINAS, ILLE ROSAS.
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    Et il avait entendu raconter dans une romeria au Sacromonte de Grenade, entre gitans et fêtards, sur l’herbe en pente et dans une ambiance étrangement littéraire, que Rainer Maria Rilke était mort suite à des blessures de rosier, voulant arracher la fleur et ayant de problèmes de coagulation.
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    Il va sans dire qu’il n’utilisa plus le rouge de cochenille ni le rose de Naples de même qu’après lecture du début de la traduction par Charles Mopsik du Zohar, ou Livre de la Splendeur. Il est question du nombre de pétales de la rose, mais surtout de la qualité de sa couleur en tant qu’éternel et sublime mélange. Or, il se permit de raconter à Marianne qu’il n’avait eu des pollutions nocturnes depuis qu’il était vierge, jusqu’au jour où il avait rêvé des roses du jardin. Mais tout ça n’intéresse personne…
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    Manuel Montero, dans le rôle de Gaspard.


  4. Mini romans

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    J’ai retrouvé sa carte de visite tachée de sang nocturne (…)
    Achille Chavée
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    Les Primitifs
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    . C’était un type qui défendait dans les salons le retour au paléolithique. Il ne sera pas le premier ni le dernier, vous me direz. Mais, d’habitude, la revendication est faite au nom de la Nature et, dans des milieux militants, au chaud. Lui, se passait fort bien de la vie à la campagne où sa consommation d’antihistaminiques et de sympatho-mymétiques le tenait dans le flou et où il sortait perdant au jeu de l’amour.
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    . Il admirait au contraire l’industrie et la sophistication. Du marché des cosmétiques, il était fanatique revendicateur, et prendre des taxis, et même la puissance nucléaire, si racontée par une femme. Il disait qu’il fallait trouver le cochon en soi. Surtout ses débuts furent de tracer une croix gammée sur le mur de sa psychanalyste, dans la salle d’attente. Mais il le fit discrètement, une croix gammée petite comme une araignée et au crayon graphite dur qui donne un gris clair imperceptible sur un mur éclairé par des tulipes design. A sa décharge, il pensait que c’était un symbole paléolithique. Tout comme les Vénus de Rubens.
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    . « Je suis contre le Matriarcat parce qu’il n’existe pas. Je suis le deuxième sexe de l’athéisme », a-t-il dit une fois, croyant citer Sollers. Il savait bien de quoi il parlait, en revanche, quand il évoquait l’odeur de la cyprine dans les discussions littéraires aussi bien que dans les galeries d’art. C’est à dire qu’il avait conscience que le mot venait d’une société urbaine et décadente comme celle du monde hellénistique.
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    . Sinon le mot n’aurait pas été géographique, voyez-vous. Il faut beaucoup d’allées et venues entre les îles grecques pour penser à ça.
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    . L’honnêteté paléolithique entrerait dans un rapport dialectique avec la malhonnêteté moderne, et surtout féodale, pour créer un monde futuriste dans lequel il y aurait un retour de la peinture rupestre, c’est à dire « avec les mains ». C’est à dire que pour peindre avec des brosses à chaux comme les chrétiens ou par bombage à l’aérographe comme les protestants, il valait mieux « avec les mains ».
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    Valparaiso
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    . Une amie très cultivée, que je n’ai plus revue depuis presque une décennie, me disait que les gitans de son voisinage au Sacromonte lui chuchotaient des obscénités dans la rue. Je me suis longuement demandé la signification de ce geste qui s’apparente au harcèlement. Je ne peux y voir un simple machisme plat et réductible à la critique. Il me semblait que tout geste du gitan jaillissait de la transe. Un peuple d’artistes rend l’insulte, une déclinaison de la littérature relevant presque du poème et, l’obscénité, une subtilité prophétique.
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    . L’homme disait : « do you want me to eat your cunt ? »
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    . El hombre decía : « ¿quieres que te coma el chochito? »
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    . Et, en même temps qu’elle me racontait cette petite histoire, elle m’offrait ses livres de Léon-Paul Fargue, et me rapportait de ses voyages le Guide des Égarés de Maïmonide. Elle cherchait avec un pendule ses anciens amis. Je lui ai offert El hombre perdido, de Ramon Gomez de la Serna, dadaïste espagnol. Un volume de la collection Austral qui venait du Mexique ou de l’Argentine et qui était, alors, introuvable. C’était le pendule d’un vieux bouddhiste anglais, qui semblait amoureux d’elle, petit appareil qui répondait à tout. Mais c’était un type assez coincé et, il a fini par lui dire avec son pendule que ses amis étaient morts. Elle a pu, après une forte panique, vérifier au téléphone qu’ils étaient vivants, mais très loin.
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    . J’ai à présent une amie invisible que je vouvoie et qui me conseillait, à propos du livre de Shelley The Cenci, de prendre l’édition de Boston. Elle est revenue et elle s’est mordue la langue sachant que l’intérêt que je portais à cette tragédie venait, dans sa tête, du fait que Mario Praz affirme qu’elle relève de l’intérêt de Shelley pour le marquis de Sade. Sa correspondance avec moi devint affolée, elle m’attribua un essai sur Hemingway qu’elle avait lu en espagnol. J’ai eu du mal à mettre un peu d’ordre dans son âme.
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    . En fait, nous nous reconnaissons dans Béatrice Cenci depuis la lecture du récit de Stendhal. Sa conviction que le parricide est un acte de justice duquel l’on ne doit pas se repentir. Alors la parole du père incestueux chez Shelley nous agresse. La minutieuse destruction à laquelle amène la sensualité.
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    Shawarmaness

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    . Quelqu’un qui avait été prisonnier politique dans le tiers monde me racontait que les blessures produites par les séances de torture, et que personne ne soignait, c’étaient les larves de mouche qui les nettoyaient, ne mangeant que les parties pourries.
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    . Il avait aussi pour ami un lézard, qui disparut un jour.
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    En chaleur
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    . Maintenant tu es une chienne, mais pas n’importe quelle chienne, sinon une chienne de chasse.
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    . Je te pénètre et je suis non pas un chien de chasse, sinon ton maître, le chasseur.
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    . Nous sommes dans le manoir de campagne, je porte pantalon, cravate et chemise défaites. Nous sommes à l’écurie, entourés des chevaux qui nous regardent, nerveux, excités.
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    . Le sexe des chevaux grandit dans leur agitation, et maintenant tu es la femme du chasseur qui entre en scène et va caresser les sexes de cheval. Tu te dénudes pour le cheval et tu te places contre son ventre, au-dessous de lui.
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    . Le chasseur et sa femme gémissent et se souviennent de leur nuit de noces. Aujourd’hui, dans l’écurie, c’est si fort qu’ils bavent et hurlent, défaits.
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    . Je suis le chasseur qui te dit « chienne, ma chienne, je suis à toi » et tu te prépares pour recevoir le foutre de l’homme.
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    . On ne peut pas s’arrêter et maintenant nous sommes des intellectuels qui baisent entre les livres. Tu es ma plage alors inondée de moi, tu me suggères que je suis ton Ocean et je te réponds que je suis seulement Ulysse couvert de sel, naufragé sur ton corps. Je suis de l’avis que Brigitte Bardot dans le film de Godard n’était pas Pénélope, mais Circé. Tu es ma Circé, et tu me dis : pas Circé, mais l’autre magicienne, l’autre, la nymphe marine, comment s’appelait-elle ? Je pense à ça, et son nom tarde à venir, mais c’est Callypso. Je caresse ton corps rassasié et tu sors du lit chercher le Pierre Grimal. Tu lis Callypso en entier et puis tu vas régler ses comptes à Poseidon qui t’est venu à la tête. Tu lis le splendide passage du Grimal sur l’Atlantide. Je pense au Critias, que j’ai lu avec ma première fiancé où l’Atlantide est submergé à peu de profondeur. Il en reste de la boue à fleur d’eau.
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    Le vomi
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    . Une femme qui habite dans une yourte nous parle du jeûne aux raisins, qui doivent être de saison, et puis d’une femme australienne qui a même supprimé les jus de fruits et l’eau de façon chronique, ainsi que les aliments solides, et se nourrit exclusivement depuis des années de la lumière solaire.
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    . Depuis un certain temps, et de plus en plus, j’ai tendance à vomir dès que je sens que j’ai mangé de trop. Je fais un bruit affreux et cela m’est arrivé dans la cabine d’un avion. Mon corps à pris le relais de ma décision de ne pas regrossir des kilogrammes que j’ai perdus cet été. Je ne sais pas en France, mais en Espagne, ils ont transformé en délit ce qu’ils appellent « apologie de l’anorexie ». Les temps sont à la course à la persécution des gens.
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    . La grande menace de prendre du sur-poids réside dans le fait que j’ai tendance à parcourir le supermarché « en entier ». Je veux toujours savoir « tout ce qu’il y a ».
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    . Je ne veux pas être dans l’inconscience ni éprouver de la censure sur ce qui existe au supermarché, comme je ne le veux pas dans ma tête.
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    . L’idée est celle du cerveau même. J’aurais tendance à utiliser tout mon cerveau. Est-ce que cela est maladif ?
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    . J’ai peur que, n’étant pas maîtrisée par la conscience, mon ignorance du supermarché gagne du terrain et m’empêche de me nourrir proprement. J’ai peur d’entrer au supermarché furtivement, à l’aveuglette, et ne relever que d’une carence.
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    . Par ailleurs, le modèle du cerveau est très gourmand idéologiquement et entre en collision avec le pur acte de vomir, mais l’idée a tout pour sortir gagnante et décaler l’acte dans l’abjection et l’inexistence virtuelle.

  5. Marie-Agnes dit :

    Quand je serai grand je serai gens du voyage; je rirai le matin, pleurerai à midi et chanterai le soir. Ou vice versa.

    Je croyais que la terre tournait sur elle-même en un an, j’ai appris que c’était un jour en regardant un jeu pour enfants. Les petites filles savaient, trop fortes! Un an c’est la durée d’un de mes jours, alors quand je serai grand je serai gens du voyage pour rattraper la terre et tourner avec elle.
    Mes jours dureront un jour et je rirai à midi mes pleurs du matin et chanterai le tout le soir. Ma maison sera belle de couleurs et d’enfants, de vieux sans dents qui rient des yeux de vieilles sorcières qui connaissent les secrets de l’amour de garçons bruns embroussaillés qui courent comme des biches de filles insolentes qui chapardent dans les arbres (après avoir noué leurs jupes).
    Nous ne volerons pas de poules, il n’y a plus de poules à voler, ni plus de loups d’ailleurs, dans les villages qu’on traverse, plus de villages, d’ailleurs, les villages meurent. Plus de chaises à rempailler, que des plastoc-trucs, du bois en toc, du qui se dégrade plus vite qu’en un de nos jours.
    Nous ne ferons plus de feux, avec quoi?
    Ma maison sera chaos ordonné, toujours refait, toujours à faire, la porte ouverte dès l’arrêt, les chiens qui entrent et rôdent et les enfants derrière, à la traîne, traînant leurs jouets trafiqués avec la pacotille des Autres, ceux qui nous toisent sur la place et font le signe du malin et désirent nos filles pourtant, et convoitent nos fils pourtant, les emportant dans notre poussière, poussière d’étoiles du chemin.
    Nous ne ferons plus de feux, avec quoi?
    Nous danserons autour du feu de nos rêves, ceux de nos pères et des pères de nos mères, nous danserons le sourire de nos mères, et les cris de nos enfants, l’amour qui meurt pour mieux se dire, et revit autant de fois qu’il faut pour se vivre.
    Nos chants sonnent faux à vos oreilles? Plus de rivières où se laver, les rivières sont sales. Plus de forêts à enchanter, les forêts sont privées. Fil de fer barbelées, électrifiées. Plus de forêts, d’ailleurs, que du bois à couper. Trop vite poussé, aussitôt usiné pour l’$.
     Ma maison serait la vôtre, nos maisons sont ouvertes dès l’arrêt, sur les aires bétonnées, à droite de vos décharges, sous le pont, là-bas, sur lequel passaient des trains, le pont ou l’autoroute, cherchez la décharge vous nous trouverez, suivez les vierges noires, vous nous trouverez, celles qui n’ont pas cité dans vos églises, qui ont échoué leur barque sur nos rives poussiéreuses.
    Ma maison serait la vôtre, une place à nos tables, on mangera dehors. Venez comme vous êtes, nos vierges sont noires, mais ne venez pas tristes, elles ont assez pleuré, ou bien venez tristes pour vous consoler. Venez si vous voulez, sous le pont danser autour du feu de vos rêves, la nuit les décharges sont enchantées. Ma maison est la vôtre, venez si vous voulez.
     Sur les places qu’on dit publiques qui dansera si nous ne dansons pas? Sur les décharges que nous enchantons qui plantera des arbres si nous ne rêvons pas? Vos rivières de fer barbelées, vos rivières charrieuses de déchets, qui y lavera des galets, y cherchera du porphyre, les nommera Ispahan, Chiraz, Szeged ou Arad, qui les nommera ?
    Plus de galets, où le porphyre ? vos rivières charrient des déchets et Ispahan a changé de nom, Ispahan encarté, Chiraz… vous en avez fait un numéro, Chiraz encarté ramené à la frontière, nos enfants par la vitre, nos enfants encartés, leurs yeux, les avez-vous vus ou juste photographiés ? les avez-vous regardés, leurs yeux, dans les yeux, ou juste photographiés ? les avez-vous VUS ? leurs yeux tristes d’enfants encartés. Vos rivières barbelées étaient leur baignoire et vos déchets leurs jouets, c’était encore trop, rivières enchantées par nos enfants ramenés, qui y lavera des galets maintenant ?
    Par la vitre, avez-vous lancé des cacahouètes ou les gardez-vous pour le zoo, des cacahouètes est-ce encore trop pour nos enfants tristes ? s’ils avaient ri, les auriez-vous lancées, par la vitre blindée ?
    S’ils avaient ri pour vous amuser, nos enfants tristes, leur auriez-vous lancé de la monnaie, s’ils avaient ri, nos enfants, combien de monnaie pour eux dans vos poches avant de les encarter avant de les ramener, s’ils avaient un anneau dans le nez, une chaîne pour les mener danser sur la place qu’on dit publique le jour du marché combien de cacahouètes leur auriez-vous lancées ?
    Vos enfants qui se moquent des nôtres, ont-ils fini leur assiette ce soir, combien de cacahouètes pour les nôtres avant d’aller se coucher sur la banquette ? Combien de jours pour faire un an pour nos enfants, combien d’années encartés, trimballés d’une vitre à une photographie sur vos buffets encadrés (si la photo est réussie) combien de soupirs pour nos enfants tristes ?
    Si nous avions ri en montrant bien les dents, parlé petit-nègre ou petit n’importe quoi, si vous aviez pu vous moquer de nous au lieu de nous craindre, voleurs de poules d’un monde sans poules, grands méchants loups d’un monde sans loups, si vous aviez pu vous moquer de nous au lieu de nous craindre, les auriez-vous encartés nos enfants ou les auriez-vous achetés pour les vôtres qu’ils jouent avec, leur lancent des pierres, les attachent au piquet, leur arrachent les cheveux, s’amusent bien, quoi. Les auriez-vous achetés pour vos enfants les nôtres si vous aviez pu vous moquer d’eux ?
    Un galet enluminé sur votre cheminée serait-ce pas mieux qu’une photo (si réussie) d’enfant triste ? un galet à tourner dans votre paume sur lequel vous déchiffreriez notre alphabet, un galet décoré de rêve, rouge éclatant ou doré, bleu roi, donnez-nous vos couleurs de supermarché nous vous les rendrons au centuple. Un galet contre un sourire de vos enfants, combien de poubelles autorisés à fouiller pour rallumer leurs yeux ? Les avez-vous VUS, les yeux de vos enfants
    Vos femmes
    Vos femmes vous reviendraient pleines de mystères pour une heure passée avec les nôtres, vous reviendraient mystérieuses et froufroutantes, la gorge gonflée de rires de femmes qu’elles vous roucouleraient pour une heure passée avec les nôtres, et vous vous pourriez vous faufiler par le chemin des hommes, une porte pour vos femmes une porte pour vous si vous craignez les qu’on dise qu’on vous a vus chez nous. Nous avons aussi des mystères pour les hommes chez nous, contre l’ennui des jours la fatigue accumulée sur les vôtres, donnez-nous votre sueur de travail qui fait tourner le monde nous en ferons une potion qui vous rendra plus fort, plus fier, et vous rentrerez chez vous retrouver votre femme roucoulante rougissante contre combien de poubelles autorisés à fouiller ?
    Votre sueur de travail qui vous colle à la peau, accumulée pour que tourne quel monde pour qu’il tourne pour qui, nous la transformerions pour que vous marchiez fier vers votre femme si vous nous la donniez contre combien de poubelles autorisés à fouiller ?
    Vos vieux vos vieilles pourraient venir s’asseoir avec les nôtres, nous avons ramassé vos chaises cassées, les avons réparées, nous en avons pour eux pour elles si elles s’ennuient si ils râlent dans vos maisons, ils pourraient venir prendre l’air avec les nôtres et regarder nos enfants en causant, caresser nos chiens au passage, si elles râlent si ils s’ennuient dans vos maisons, car ils sont bien dans les vôtres, vos vieux, vos vieilles, sont bien dans vos maisons, vos parents ? où sont-ils ? après avoir trimé toute leur vie, trimballés encartés, du dortoir au réfectoire par d’autres que vous aussi fatigués de ces jours qui durent et durent et la misère est dure ailleurs et dure ici, vos mains pour la repousser, vos mains caressent-elles vos parents au seuil de la leur ?
    Votre mère lui bisez-lui sa joue si douce parcheminée car il fait peur sans ses enfants au seuil du néant, lui bisez-vous sa joue pour la rassurer comme nous bisons celles des nôtres que nous sommes plusieurs à biser ? Votre père fier d’avoir trimé, quelle fierté la société sans ses enfants, quelle fierté lui est remboursée au seuil du néant ? Où sont-ils après vous avoir élevés, où êtes-vous quand ils ont peur, quand ils ont froid, trimballés encartés du dortoir au réfectoire par d’autres que vous qui n’en peuvent plus des vieux d’être mal payés, qui sont peut-être même méchants avec vos parents. Où êtes-vous quand personne n’y peut, mais la vie est dure ici comme ailleurs, elle rend mauvais ici comme ailleurs et personne n’y peut mais
    Où serez-vous au seuil du néant, après avoir trimé toute une vie de sueur accumulée de travail qui fait tourner le monde pour qui quel monde, tourner dans quel sens, est-ce le bon ? personne ne sait, n’attendez pas de réponse de l’Unicommande, où serez-vous ? comme vos parents trimballés encartés du dortoir au réfectoire après avoir montré l’exemple à vos enfants. Personne ne sait, aujourd’hui moins qu’hier, plus personne ne sait lire comme jadis, aux temps de l’alphabet, quand les hommes lisaient leur destin dans le ciel et leur chemin dans les forêts.
    Le ciel est une poubelle et il n’y a plus de forêts, les débris percutent les étoiles dans nos yeux quand nous levons la tête et les autoroutes ne mènent nulle part qu’à d’autres autoroutes, de ville en ville de pays en pays, tournez tournez, du péage à l’aire de repos bétonnée, de ville en ville de pays en pays le monde est pareil partout et la misère y règne, tournez tournez jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’essence. Plus de pétrole vive le nucléaire ! pour que tourne le monde dans quel sens ? personne ne sait sauf l’Unicommande ? Si vous pouviez que sauriez-vous, si vous vous écoutiez qu’entendriez-vous ?
    Comme aux temps jadis entendriez-vous les oiseaux chanter, et le murmure des sources, l’entendriez-vous ? Le gonds d’une porte en bois, aux charnières travaillées à la forge, le gonds d’une porte en bois fait un bruit vivant, les pères de nos pères le connaissaient, et nous ? Le bois avait des veines, aux temps jadis, le nôtre a-t-il des veines ? son bruit est-il vivant ? Et notre vie, quel bruit fait-elle ?

  6. Arthur-Louis Cingualte dit :

    La sultane insultée

    Malgré la tempête de sable qu’élèvent quelques esprits, dehors le soleil fait feu. La sultane passe des heures à élaborer son fard, ses jades et ses soies. Dans la grotte les pointes de certains stalagmites et stalactites se rencontrent presque déjà. Elle ne sait quoi de demain, d’hier, et de tous les jours. Elle n’a pas fait de marques (un trait, deux traits, trois traits, quatre traits, un cinquième et on raye l’ensemble) : elle est éternelle, elle parle soixante langues. Pour conserver son ventre à danser pour lui, lui, il lui ramène tout. Tout : le nouveau, le riche, le précieux et le rare. Elle connaît aussi bien le codex (au début) que le mail. Lui, son ravisseur, cette bête que Picasso à oublier de peindre et qui va revenir la dompter, enfin dompter, c’est parce qu’il veut des obstacles comme des coups, que ça frappe de marques rouges sur les cuisses, le sexe comme une poignée d’or… ce n’est que de la scène, du théâtre à masques grotesques, du surligné stabilo pointe large. Parce qu’elle l’aime maintenant. Parfois elle se cache déjà sous la table et – alors qu’il rentre et ne trouve pas un yak dans le couloir – toussote doucement. Une fois, deux fois, trois fois, juste pour voir encore sa tête renversée de son génie des mille et une nuit qui l’a dérobé à son palais, le corps courbé, buffer un souffle torride en sourire à décoller son fard, sa jade, ses soies.

  7. auddie / philosophie dit :

    La conscience est, au même titre que le langage, fondatrice du système nerveux élaboré qui nous meut aujourd’hui. S’il nous émeut, c’est aussi parce-qu’il est trompeur, ou plutôt réducteur de vérité. S’il se pare d’illusions, c’est pour définir l’intervalle humain qui lui permet, par à-coups dont il ne déchiffre pas les paramètres (engrenages, paradoxes) de naviguer et d’observer, puis d’ obéir aux lois de la nature dont il est peut-être le bras armé, l’oeil dans la main. La matière, par l’homme, se pense elle-même. Qui sait si ce principe de sens, de mémoire, d’intelligence, de conscience, n’est pas induit dans chaque parcelle de la matière, en tant que possible logique.

    si, régulièrement, à doses différentes selon les individus et leurs histoires personnelles, cette conscience surgit et prolonge nos bases reptiliennes, marines, l’homme, se cognant à la surface, surgissant dans l’oeil du cyclone, ne voyant plus le chaos (le chaos ne s’ignore plus), subit de plein fouet l’absurde de sa condition d’ouvrier de la matière, assujettit à soi, sujet et objet, parasite élaboré, jouet du monstre aveugle, roi et fainéant de l’invraisemblable. Le poisson doit vite retrouver l’eau, son oxygène filtré, les fonds marins, l’espace. Il n’y a pas de vrai que cet espace. Même le temps est sa prison. L’homme bugge et boucle, conscient, régulièrement, il se voit lui-même mais c’est la matière qui se voit. Impossible d’aller plus haut, plus loin. On se pense et puis c’est tout, et cela continue d’envahir nos vies. Et cela continue de produire de la folie, à tout bout de champ, car on emporte un peu de ce miroir qui responsabilise, qui agit inconsciemment sur le déterminisme, la grande roue (qui nous améliore culturellement mais qui n’améliore pas nos gènes)(c’est périssable, et à entretenir). Cet « inconsciemment » est pour moi le vrai conscient, le vrai entier de l’homme. La conscience est un dysfonctionnement nécessaire, une fonction homme, une simple définition de la limite, une localisation. Il y d’ailleurs fort à parier que la conscience provient d’efforts cognitifs de localisation, trouver son chemin etc (anthropologie, sciences humaines, paléontologie). Après le mur du corps nous n’allons pas plus loin. De la tête à la poussière peut-être. Mais nous ne surgissons de rien. C’est un saut dans la piscine vide. La conscience. Un reset. Un chemin comme un autre. Une disposition particulière. Je suis d’accord avec vous quand vous dites que l’homme finira par voir ses actes de manière abstraite, comme dénués de sens, tels des tâches de survie, de maintenance… L’esprit semble être ailleurs, mais ça, c’est une autre histoire.

    Superbe et édifiant paradoxe que cet exercice mental qui, en émancipant l’homme de la matière, en le rendant libre, induit le fait qu’elle s’emprisonne, se censure. S’ignore. Se perd dans l’homme. Annule la mission repérage. C’est l’homme qui est aux commandes désormais, et il faut l’assumer, et non dire qu’il n’est capable de rien, sinon, cela fait de sa belle liberté d’animal un double esclavage: à soi, le messager, qui retient qu’il s’est vu, qu’il ne peut rien y faire ou presque, et au donneur d’ordre: la matière, qui agit selon ses principes généraux, et qui peut aussi arriver jusque-là, ce bug deluxe, cette bulle qui éclate. Pour agir, l’homme doit être camouflé, inconscient. La conscience ne fait que l’empêcher d’agir. Il la chasse, elle le dérange. D’ailleurs ça lui fait perdre du temps. Il préfère faire. D’ailleurs dans l’expression « il préfère faire », il y a : je pense que je suis donc je vais faire. Ou plutôt: je pense donc je fais. La conscience? Un endroit du cerveau où il n’y a rien. Facile d’apprécier qu’il n’aime pas sa mission d’observateur. Il veut s’affranchir de la matière, s’affranchir de son corps (but de la reproduction, art, web).

    S’il est un principe créateur (du signal, du message), il est perdu par son messager. La matière ne sait plus ce qu’elle voulait se dire.

  8. Cécile D. dit :

    Texte en travaux…

    Quand venant du levant nos cieux s’alourdissent des nuages de l’enfer, le loquet de mon étant se lève éveillant sur le temps mon être qui s’y étend.
    Je revêts alors ma robe de bure et vais fouler le sol noir d’une île de souffre plantée sur un volcan comme une Iwo Jima au beau milieu d’un archipel d’épreuves. J’ai deux tempos aux pieds en guise de sabots qui laissent sur son sable l’empreinte de ma déréliction. La flore y est désolée, je ne lui en veux pas et poursuis ma course vers l’Arbre hypothétique, celui qui frôlant terre et ciel fera peut-être jaillir de mes questions la sève de mon existence . Un vent chargé de poussières entre dans mes tympans y laissant au passage la cire du temps qui passe. Tokyo est à mille kilomètres au Nord, j’y songe, je m’arrête et m’assieds sur un rocher de lave morte. Derrière moi le Mont Suribachi rumine ses défaites passées en projetant peut-être de les vomir un jour.
    Me voyez-vous, projetée par un tsunami d’interrogations, seule sur cette boursouflure de désolation jaillissant d’un océan supposé pacifique? Il m’aura bien fallu toute l’horreur d’une vague pour figer ma pensée et poser comme un dasein ma conscience sur cette îlot dont la position stratégique sert plus à l’instant mes réflexions qu’une salve guerrière. Me voyez-vous arrêtée sur ce temps que mon esprit découpe dans l’espace calendaire mais que ce lieu propice à m’en extraire me dit quand même si fort ne pas être sa vérité?

    Pourtant même transportée par mon imaginaire, je ne peux m’empêcher de me dire que j’y suis, « ici et maintenant ». Mon esprit a besoin de repères. L’effort à m’extirper de ce monde spacio-temporel m’épuise. Zoom arrière loin de mon ego et de mon corps que je vois déperrir comme un élément de vie qui se meut et se transforme, me donnant encore l’illusoire mesure du temps qui passe. La mise au point prend du temps, elle parcourt mon cerveau qui peine à s’adapter. Peu à peu, je m’éloigne de moi-même filant dans un tunnel semé des parasites de mes propres limites. Le voyage est pénible et requiert vigilance. Enfin, le déclic se produit. Furtivement, il me semble que je vole et plane portée par une idée sans début ni fin, sans corps ni matière, sans espace ni mesure, comme un voile que j’imagine éternité.

    La sensation fut vague mais je crois bien l’avoir touchée du bout de ma conscience et me voilà de nouveau assise sur mon rocher de lave à dérouler le temps sur un boulier que je sais pourtant désormais dérisoire. Il m’est resté de ce voyage que le temps n’était qu’une interminable succession d’évènements simultanés et que seule la transformation de la matière vivante en constituait le métronome sur l’échelle de nos cerveaux d’humains.

    Je me suis levée et j’ai marché en direction de la mer en songeant sans regret vraiment que l’éternité allait encore voir se dérouler une chaîne de faits sans commencement ni fin que la nature et l’homme façonnent sur un tapis inaccessible au seuil de leur conscience. Et j’ai aimé l’idée de ma condition d’humaine restreinte à son abscisse, bloquée à l’ordonnée, opportunes limites me permettant de jouir et d’aimer à loisir en attendant l’inéluctable fin. L’océan bientôt m’est apparu et je m’y suis plongée comme on baigne dans un ventre.

  9. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Où coule le bétyle


    Ce n’est pas assez que les ruines du désert sentent encore l’homme, qu’un souffle menstruel y coure dans les tourbillons masculins du ciel ;ce n’est pas assez que l’éternel combat de l’homme et de la femme passe par les canaux ravinés des pierres, par les colonnes surchauffées de l’air.

    Antonin Artaud

    Si l’on modifie l’échelle, dans les faits, il s’agit simplement – à un vol de plusieurs nuits loin d’Antigua, sous un millier de dunes rocailleuses, couverte par un océan sans rythme et un ciel de sternes – d’une futile caresse de rien, longue d’une durée aussitôt oubliée, d’un temps tout jute éphémère ; l’humble éternuement qui étreint deux plaques tectoniques enchante un diable dans sa boîte.

    Il ne suffit pas d’éveiller son âme à la connaissance douloureuse d’une vie criminelle pour entendre les turbulences hâtives des lacis – que parcourent les profondeurs en tous lieux – avertir les territoires de leurs déclins prochains. Le monde est sourd à cela. Pourtant, dans les ténèbres, sous l’épais verre de sa prison, le pharaon, qui ne connaît Gaïa que sous un autre nom, sait, en souvenir de sa souveraineté, percevoir la sensualité des présages. Il augure, non sans sourire, l’avènement du soleil noir en ces termes : on obtient le pouvoir que si l’on s’alite absolument et uniquement à garder son objectif secret.

    Ce que je n’ai pas fait, s’amuse t-il.

    Sous la terre, la hiérarchie essentielle se compose de deux pôles opposés : l’entre-deux, lorsqu’il n’est pas l’écrin d’un passage, paye le prix la disgrâce par l’amnésie. La lave (puisque c’est d’elle qu’il s’agit) a d’abord su s’affranchir, à la faveur d’une loterie pour démiurges, du salon de la fabrique des mondes, de l’oasis torride initiale, de la tumultueuse mare en suspension que porte la déesse mère, comme un cœur, en sons sein et qui donne et détruit l’équilibre à toutes choses. Les relents du magma qui ont préparé, progressivement, à chaque clapis, en un unique et furieux corps, la lave, à son entreprise ascensionnelle, ne réclament plus les fracas maudits et solitaires de leur quarantaine : ils enterrent les conditions d’un trépas sans fin et sans cesse répété : ils inspirent pour renouveler. En ces cas, on parle de feux de joies. Alors, dans un jaillissement propre à l’ordre de la catastrophe, la bave primitive en appelle à la métamorphose des aspects précieux du règne minérale : de couloirs en chambres elle grimpe inexplicablement et inexorablement. A mi chemin de l’abordage par son hémorragie endiablée, à mi chemin de la surface qui complètera alors son destin, le nectar ardent porte déjà, de bulles ignorées en bruits étrangers, les prémices de terres funestes puis futures.

    Maintenant, sur quelques branches, quelques perroquets identifient les troubles masqués : ils parlent d’envol, d’îles et se moquent des caldariums romains. Ils ne sont pas les seuls : malgré l’ivresse des verres et des fourmis, un tatou écoute : il débarbouille les raisons immatérielles de son inquiétude et analyse : il sait entendre vociférer les entrailles calcinées, il sait sentir toute la chevalerie magmatique et ses bijoux de basalte progresser à chaque strate. Il sait, que, peut-être, à un instant donné, se sera la paranoïa qui écrira la prière du monde. Sûr de lui, il rejoint, accompagné par le bruissement de certaines plumes, le bunker que son inconscient génial lui a commandé.

    Bien que l’on ne puisse évaluer à quelle vitesse la lave se distribue dans les veines de pierres, il y a comme suspendu tout autour (au sommet d’une herbe ou contenu dans une goutte) une urgence qui arrime les principes les plus dissimulés au chaos avec une maestria qui se passe de commentaires : le regard projeté assez loin pour ne plus rien voir, l’aigle, malgré le lièvre et le son d’un bec qui crève sa coquille, passe son chemin.

    Lithosphère : la chambre magmatique est enfin atteinte. C’est chez elle que la panthéiste sauvagerie des dieux patiente. Elle maintient constamment mille menaces et s’épuise à soulager une armée de cerbères. Le courroux est sélectionné. Il veille à frapper au moment ou la supplique, que tient au bout de sa langue, parfois, le hasard, tombe au sol. Ainsi, là, dans cette chambre sans lumière, se répètent sans cesse, bardés par de sombres aptitudes et animés par la nostalgie d’un prodige éternel, solide et solaire, les conditions de la création. Avec une évidence effrayante, se joint et se mélange alors, au lac d’un feu liquide qui rumine depuis plusieurs siècle, l’ascensionnel nectar du cœur de la sphère.

    C’est la dernière sommation. Le coup de feu étincelant, toujours dans l’espoir d’édifier dans l’éther une seconde étoile, s’annonce – à l’intention de ceux qui règnent et profitent des vertiges de l’infini – prêt.

    Il n’est aucune intuition humaine qui permette, à ce moment, de savoir, que le Pacaya – la gueule choisie pour déverser la désolation liquide et hurler les nymphes anéanties – puisse contenir le véritable spectacle de la colère.

    C’est dans son voisinage, bien plus tard, lorsque un printemps lointain sera en mesure d’exciter une végétation encore tiède, que s’élèvera, peut-être, un bétyle parfait. Noyées dans son ombre, certaines apercevront, conserveront et célébreront peut-être la nouvelle promesse d’une trêve par l’avènement d’un cycle débarrassé.

    Comme l’augure La tempête de Giorgone, de lourds nuages se réunissent dans le ciel pour couvrir, aux yeux du monde, le malheur imminent.

    * * *

    A quelques confins de là, derrière sa frange carmin, le menton posé entre deux genoux que dompte une chaîne au verrou d’ongles peints, le visage d’Anouck Titus s’empourpre. Il ravale une antique violence ; une terreur inestimable, inexprimable. Dans l’écran qu’il l’éclaire, l’image de Florence Cassez striée par la peine d’une étrange malédiction, étrangle, un instant, ses espoirs de sourires prochains.

  10. « …comme l’augure La tempête de Giorgione… »

  11. Contre-culture à l’italienne
    (lettre automatique)

    Et il est vrai que vous ne seriez
    pas un entrepreneur de récits si vous
    n’avez pas l’air d’inventer quelque
    nouvelle histoire, quelque produit différent.
    Cette propriété n’est pas exigible, bien au
    contraire, des supposés narrateurs
    du récit totalitaire.

    Jean-François Lyotard

    Paris, une nuit de septembre 2009

    Chère Marie,

    J’utilise sciemment le genre épistolaire pour donner une cohérence au récit de ma jeunesse dont vous avez exprimé tout à l’heure le souhait. Vous avez manifesté que j’ai eu une vie underground et dadaïste, à propos de deux ou trois anecdotes que j’ai déposées sur votre blog et que je serais, au vu de cette lettre, obligé de raconter une autre fois.

    Vous savez que j’ai failli prendre dans un restaurant rue du Coq Héron (Gérard Besson) un deuxième plat à quarante euros, ou bien c’était quatre-vingt, plutôt, pour tout dire c’était un plat de luxe, et je m’excuse du manque de précision auprès du chef qui est charmant avec nous chaque fois qu’on y va. Un trou de mémoire. Tout ce que je sais, c’est que le prix dépassait le concevable pour moi, par rapport à la Fontaine Gaillon et à la Closerie des Lilas où j’ai été invité aussi et qui sont également chics.

    Bien sûr que par rapport à l’excellent couscous et la délicieuse pastilla du nouveau marocain rue d’Avron où, là, c’est moi qui paie, c’est une multiplication inconcevable. Quoique, c’est peut-être un prix comme à l’Ambroisie, place des Vosges, où, la seule fois que j’y suis allé, j’étais un peu endormi (j’ai demandé du café en apéritif parce qu’on ne voulait pas me donner du coca-cola) et n’ai pas regardé les prix.

    En tout cas notre ami a pris ce fameux plat. J’ai pris du sanglier. Ce soir-là a été l’ouverture du gibier à table, la chasse a commencé récemment.

    Le serveur semblait vouloir me faire comprendre que je ratais mon choix en éludant les cailles écossaises, qui portent un nom fantastique, les grouses (vous trouvez parfois des plombs au mâcher). Notre ami nous avait invités là pour fêter nos deux anniversaires, celui de Berthe et le mien, qui sont proches. Nous sommes Vierge tous les deux et avons des ascendants de noblesse sur lesquels je reviendrai.

    L’entrée était, à mon goût, le chef-d’oeuvre, comportant une gelée ou mousse de colombe au teint rose.

    Bref, nous sommes gâtés. Il m’a offert une cafetière Nespresso Lattissima Titane, vraiment incroyable, je pense que c’est la plus chère qu’il y avait au rayon cafetières du BHV, j’en avais vu une pareille chez un couple de professeurs d’université américains, dans leur résidence secondaire, quand j’ai été à Miami.

    Elle me sera livrée samedi, et je me souviens du nom de la marque parce que j’ai gardé la garantie et que je viens d’y jeter un regard.

    Je sais que c’est le type de récit que notre ami Nicolaï inventerait de toute pièce, mais j’ai le malheur que l’on ait du mal à croire à mon existence, tout comme moi et les autres enfants à la catéchèse nous avions du mal à croire que les juifs, tels qu’on nous les décrivait alors, existaient pour de vrai.

    Mais les plus gros mensonges deviennent ceux sur lesquelles nous insistons tous le plus. Avec une voix d’ange, chantante, veloutée, ma fiancée d’autrefois (1997) disait qu’on mange de la merde, mais qu’on est forcés de roter du caviar si l’on veut rester artiste. Elle était invitée par l’Université et m’a vendu un ex-voto colombien que je tardais à payer. Ayant entendu qu’elle était sorcière, je me suis précipité finalement lui payer l’oeuvre. J’étais chaud et l’on a joué tout un mois à écrire un scénario théâtral avant de nous décider à faire l’amour. Je l’ai retrouvée le soir décisif assise dans son patio sous le jasmin et je lui ai fait lire un contrat masochiste que j’avais copié d’un livre de Deleuze.

    J’avais eu une autre fiancée avant celle-là, c’était une spécialiste de la période paléo-chrétienne qui buvait beaucoup, la bière lui avait développé incroyablement les seins, son frère était lui-même théologien et traducteur, je crois, de Hilaire de Poitiers. Son autre frère avait déjà une galerie. Elle me brûla mes revues en papier couché, très spécialisées, et me cassa le nez d’un coup de poing, et avant faire l’amour elle devait vomir tout le vin des préambules à côté du lit. Je lui ai dit qu’elle était anorgasmique, et non seulement elle a essayé le suicide, mais elle s’est amusée à casser une douzaine d’oeufs contre les murs de chez moi (à l’intérieur, puisqu’elle avait encore la clé) et elle m’a poursuivi plusieurs fois à la course dans la rue.

    Je me suis retrouvé à sortir avec une Miss Granada, rockeuse, qui m’a amené dans une discothèque une fois et m’assurait qu’elle avait eu une histoire avec Prince, elle lui écrivait souvent pour qu’il revienne. On s’est promené la main dans la main dans les bois de l’Alhambra, un mois d’août torride, sous des ombres homéopathiques, puis des rendez vous de plus en plus chaotiques où l’on se disait au revoir comme les esquimaux (c’est ce qu’elle disait pour que je l’embrasse, moi qui était accablé après l’avoir entendu raconter tout ça.)

    J’ai eu ce qu’en Espagne on appelle une romance avec une céramiste qui se coiffait comme les japonaises et portait des jolies minijupes, et qui m’amenait en voiture pour que je donne en 2003 une conférence dans une salle, au sommet de la Sierra, sur les nuances entre névrose d’artiste et psychose d’artiste face aux pathologies de l’homme normal. Elle me racontait ses rêves au mobile et moi j’étais à la gare. Du coup une femme de ménage qui était là pour nettoyer les wagons m’a demandé d’interpréter le sien. J’ai écrit tout un volume de poèmes d’amour mauvais, qu’elle m’a demandé de garder secrets.

    Celle-ci m’a fait un joli compliment. Elle m’a dit que j’étais un névrosé grave, même un psychotique, mais que je lui semblais ab-so-lu-ment décomplexé dans l’acte sexuel. Elle avait connu plein d’écrivains. Nous voulions faire une installation sur l’homme espagnol avec des réfrigérateurs et des croix.

    En 1995-1998, j’ai pris part à un atelier d’écriture qui fonctionnait comme une assemblée, sans modérateur ni professeur, des litres de bière sur la table et des cigarettes qui circulaient… Nous mettions chacun un peu de notre savoir, les lourds lâchaient prise et reculaient, nous ne finissions jamais avant minuit, et l’après-minuit se passait chez quelqu’un ou à la taverne. Depuis lors, je me méfie des gens qui se proposent d’animer un atelier et d’être payés pour ça.

    Il y a un peu de cela dans mes romans en espagnol, quoiqu’à l’époque je ne partageais pas avec toute cette troupe le fait d’écrire un (des ?) roman(s). Notre truc était la poésie et apprendre à la réciter. C’était très marrant pour moi qui étais, en principe, timide mais qui devenais presque un acteur. Dans un court-métrage, je faisais Baudelaire lisant son Vin de l’assassin; dans une vidéo performance, j’étais directeur de la troupe (une autre troupe, année 1999-2000) et je jouais (sur mon propre texte poétique et théâtral) l’empereur Néron… C’est vrai qu’une bonne partie de cela je ne l’ai pas autofictionné. Les mémoires devront se substituer aux trous dans l’auto-fictif, quand je serai vieux.

    L’histoire de Néron avait son côté psychothérapie de groupe, on s’est mis à poil et les uns sur les autres, c’était à mon atelier, dont le sol est en pierre, en hiver et sans chauffage. Pensez-vous que des choses si bizarres semblent vraies dans un texte ?

    Dans le groupe dernier (1999-2000), il y avait une “actrice” qui prétendait faire du théâtre avec (juste) un doigt, oui, il faudrait que je raconte…

    C’était de l’inconscience, Marie, de l’inconscience. Imaginez qu’un soir nous sommes tous allés dans un restaurant, en occuper une bonne partie et sortir des sandwiches que nous avions préparés pour dîner. Quand on nous a dit qu’il ne fallait pas apporter des choses, mais faire de vraies consommations, nous ne comprenions pas (vraiment !!!) qu’est-ce qui n’allait pas. Il fallait nous voir protester.

    Donc, me revoilà à vous redire les mêmes confidences. Faute de quelque chose de plus relevant, à part le dîner de luxe qui risque de mettre en colère mes voisins wannabe. Il faut que je justifie que je reste fidèle à ma jeunesse, puisque c’est l’éternelle jouvence, la forme de sainteté qu’on requiert des artistes. Ils se doivent d’être identiques à eux-mêmes.

    En me lisant, vous trouverez parfois des citations. Vous pouvez les vérifier en quelques secondes sur internet mais, moi je les écris de tête, d’après des souvenirs qui datent d’années. Certains trouveront même facile de me pasticher, mais il faut d’abord me lire et ça n’a pas d’intérêt de répéter comme un perroquet ce que j’ai écrit comme un homme de mémoire.

    Je vais rapporter une petite fantaisie, inspirée de faits réels, notamment du récit d’un ami peintre que j’appellerai Francesco ici, puisqu’il ne se sent pas encore prêt pour faire son coming out de chômeur.

    Oui, Marie, puisque j’ai commencé, je vais vous rapporter deux perles de son conseiller.

    « Monsieur, vous devez rendre des comptes à la société. »

    « A la société, je rends des comptes avec le sang et le sperme sur mes magnifiques tableaux et l’insomnie de mes écrits. A vous, j’ai seulement de petits droits de chômeur, pas extraordinaires, à vous réclamer, à mon tour. »

    « Monsieur Francesco, je ne suis pas ici pour vous faire cadeau de plus de vingt-huit jours par an d’absence de Paris. Ne me suppliez pas : je ne suis pas humain, je suis une machine. »

    « Dites-donc, cela n’est bon ni pour vous-même ni pour personne. Qui vous a transformé en machine, alors ? »

    « Si vous n’êtes pas d’accord avec la politique du Pole Emploi, écrivez une lettre à Monsieur Sarkozy. »

    « Ne me dites pas que le Président vous a pris par les oreilles et vous a sorti du chapeau… Je n’ai pas à passer par lui pour vous atteindre, cher conseiller. On ne se met pas à poser la question de sa tricherie au show man. Dans ma ville natal, près de Naples, si ça ne plaît pas, il y a les tomates et les oeufs pourris. Nous sommes tous des show men, il y a pas de lapin. »

    Maintenant que j’y pense, chère Marie, je vois que mon ami italien aurait dû répondre, quand son conseiller lui a dit d’écrire une lettre à Sarkozy : « une autre ? », comme s’il avait l’habitude. Peut-être la machine serait-elle redevenue humaine.

    Retenez les deux perles : 1) quelqu’un qui vous demande, parce que vous êtes chômeur « de rendre compte à la société » comme si vous étiez pris la main dans le sac 2) quelqu’un qui dit qu’il est « une machine » (en l’occurrence c’est celui qui vous demande de rendre compte de tout).

    Mais mélangez cela avec des cauchemars récurrents, avec une sueur froide, avec les bras qui lâchent, la poitrine opprimée, avec la panique à chaque convocation d’être radié des statistiques, d’être pris pour un profiteur, un parasite. Et cela c’est juste ce dont Francesco se plaint ouvertement ! l’on ne sait pas quelle procession le traverse à l’intérieur. Il n’a pas la force ou l’inconscience d’accepter la servitude du travail « normal », mais il pense qu’il a le droit d’être pris en compte en tant que non-salarié.

    En plus, il travaille dans l’Art avec obstination et sacrifice. Depuis la béatification de Van Gogh, tout le monde sait que ce sont des mérites, c’est une production, il est dans la béatitude de la chaîne de production. Il se fait insulter, chère Marie, comme se font insulter tous ceux qui ont des travaux asservissants. Je ne vois pas la différence entre l’Art et l’esclavage d’aujourd’hui. Morale du travail à l’appui. Il est allé, lui qui s’efface au moindre bruit, jusqu’à accepter de faire une figuration pour une série policière (tout ce qu’ils mettent en scène à la télé française c’est de la police, la police et encore la police). Il fallait travailler, ne soit-il qu’à quelque chose de facile et de vite fait.

    Il pleuvait, c’était l’hiver et l’on tournait à l’extérieur. Une autre figurante lui a donné du papier journal pour mettre contre sa poitrine, sous la chemise. La première séquence, le pauvre Francesco a réussi à ressembler à un piéton qui s’arrête quand deux voitures s’écrasent l’une contre l’autre. Mais au moment de la fusillade, il croyait qu’on ne tournait plus, il s’est souvenu de la phrase de l’assistant du réalisateur : « Faites comme si vous craignez pour votre vie » et, pris d’une joie nerveuse, il s’est relevé en riant franchement. C’est alors que les détonations lui ont fait comprendre qu’on tournait encore et il a eu du mal à « craindre pour sa vie » à nouveau. Je pense qu’ils ont dû tout couper, lui ai-je dit pour le rassurer.

    Il y en a qui font du chômage un objet de réflexion, sinon esthétique, du moins artistique. Je pense au cinéma de Pierre Merejkowsky. Cinéma autour du militantisme, des contre-sens des directives sociales, aussi bien que démonstration d’anarchisme nihiliste et prophétique. Il postulait, je crois, de suivre la tradition prophétique juive, quelque part. Je discutais avec lui, qui disait que les interrogatoires du chômeur répondaient à son vieil idéal soviétique, l’Etat cherchant à savoir ce que nous faisions et si nous étions organisés, ou quelque chose comme ça, mais qu’en même temps nous vivions la cruauté du capitalisme. Je lui disais que si nous étions des capitalistes pour de vrai, ça serait idéal. Mais qu’on ne pouvait, ici, même pas capitaliser son échec.

    Oui, Pierre Merejkowski me disait que l’échec en tant que capital donnait en revenus de nouveaux échecs.

    Toute une chaîne de travail à produire de l’échec. Une entreprise importante, donc.

    Mais ça, c’est le monde qui est fait de paroles, de chuchotements à rendre fou. Nous aspirons au son du coeur à l’intérieur d’une mère… porteuse, me dit-on, et tant mieux. Son âme est grande, avant tout. Accepter de donner un enfant à la vie vient bien avant que le fait d’être payée. Je ne la retrouve, la grandeur d’âme, chère Marie, que quand je prends distance et que je m’en vais peindre à mon atelier. Là, je suis à l’intérieur d’un cube, une espèce de station orbital qui serait dans l’espace sidéral, je me sens un cosmonaute.

    Je répète, parce que, fils de la technologie, je voudrais que vous m’ayez « en boucle ». Donc, cosmonaute, dans un espace cubique.

    Les images qui sont produites dans cette nuit sans fin ne sont pas de ce monde, elles ont trépassé la musique des sphères, elles sont supra-lunaires. J’ai peur qu’au sortir de l’atelier, elles puissent contaminer la Terre entière d’un malaise galactique, d’une peste céleste, tellement elles relèvent d’une culture autre, ou, comme je signe en chef de lettre, d’une contre-culture.

    Une jeune femme bicéphale, une femme noire qui embrasse le museau d’un léopard, une infirmière inspirée en fulguration de l’écrivaine Dahlia qui dansait dans une vidéo que j’ai regardée sur son blog, en soutien-gorge, dans la durée d’un léger clin-d’oeil, puis des mises en scène de Berthe, en tenue féerique au rendu hot, portant une croix qui la rend plus horny…

    C’est peut-être à cause de nos ascendants que, Berthe et moi, nous sommes féconds ensemble, deux ascendants très bons pour l’amour et la sexualité, et qui n’étant pas aveuglés du soleil, font un point pour la poursuite d’une ellipse. Je les considère nobles, le mien lié à la danse et au théâtre, mais aussi à la stratégie, celui de Castor et Polux. L’ascendant de Berthe préside la ville pontificale, la ville impériale, Rome, qui est sotto il segno dello scorpione.

    Une autre phrase en italien mémorisée depuis longtemps résume pour moi les limites et la grandeur de l’art conceptuel, compris et vite lassant pour moi, un art dont le programme est d’être annulé : il segno ripetuto diventa un altro segno.

    L’art classique, l’art moderne comme expression métaphysique du classique, sont un signe répété seulement une fois, un signe unique. On oublie vite que tout l’appareil de la structure du tableau disparaît dans son intensité puisque son rapport à la tradition est d’en être la partie vivante tandis que, si l’on ne retient que des concepts dans l’art, c’est comme embrasser un squelette, il y a quelque chose de macabre à vouloir déclarer mort l’art, l’homme, l’histoire ou les dieux.

    Ça, c’est du travail à long terme, dans l’incertitude, peut-être pour n’accomplir qu’une déperdition, tout comme les collages très personnels ou les grands tableaux au crayon de couleur qui sont pratiquement invisibles en photo. Je dégoûte par les singeries des couleurs, moi qui avais la valeur sûre du dessin. Je fais le pari d’être aussi charnel que l’espèce de condottiero léonardesque auquel Francesco était censé écrire une lettre.

    En fait, c’est comme si j’avais déjà écrit cette lettre de sa part et qu’on avait correspondu et qu’ici j’étais le magicien et le monde extérieur était tout du lapin.

    Je regrette de ne pas avoir fait mousser ma jeunesse dans tout cela, chère Marie, d’avoir été indiscret à propos de mon ami, et d’avoir conçu un mélange de passé et présent.

    Amicalement,
    Manuel Montero

  12. auddie dit :

    Ce que je découvre des statuts des gens en général sur facebook, à part ceux qui travaillent et ont besoin de tous les médias possibles pour se faire connaître, m’apparaît de plus en plus consternant de vide existentiel. Ce cri, ce désir maladroit, soit précieux, soit mécanique, d’appeler les autres à soi, devient gênant, et parfois même, obscène. Auparavant on disait: l’habit ne fait pas le moine; mais aujourd’hui ce serait plutôt: le réseau ne fait pas la société, ou plutôt: la technologie n’apporte pas plus d’ubiquité, de lien, mais bien plus de solitude.

    Ces cris jetés dans l’air numérique, par des câbles, des satellites, des serveurs en surchauffe, pièces inhumaines dans des immeubles de banlieue, ne trouvent pas preneur. On aime le lien d’Untel. C’est un regard, un signe d’approbation. On aime le mot d’Unetel, c’est un hochement de tête. On répond, se renseigne, échangeons quelques infos pratiques. Souvent, l’inspiration manque. Non pas qu’elle n’existe pas en chacun de nous, mais c’est qu’elle est pressée chaque jour comme un citron. Le coup d’oeil sur la toile revient en définitive à regarder un néant, une succession empirique de non-actions, traduite en signes, puis en légère arborescence. J’approuve ton néant. Tu aimes ma léthargie. J’aime ta somnolence. Dans la grande majorité des cas, c’est un médium qui se fait carrefour d’autres médiums. Homme carrefour des sens des autres. Des artistes parlent aux artistes. Des équipes saluent d’autres équipes. Sans se connaître, sans rien se dire, puisqu’on ne sait plus ce que « veut dire » veut dire.

    Je regarde « Pina » de Wim Wenders. C’est frais, joli, les musiques sont jolies. Les images bien rythmées, comme si « les ailes du désir » avaient prit un contraste, une palette de couleur moins pastel, plus équilibrée. Une maturité se dégage de ce film, et l’on reconnaît la grammaire de Wenders, son rythme, qui va si bien avec la dureté de Bausch car il la cadre insaisissable, rendant trait pour trait sa noirceur dans un cadre bourgeois, la folie dans la cafet’ du centre d’art, le pot cassé sur un parquet ciré, large baie vitrée laissant passer un… orage bien enlevé, un homme lointain en costume gris. L’élégance laisse entendre en sourdine la mystique sociale allemande, la nature sauvage -relativement- apprivoisée, la femme dans une duplicité de grâce et d’énervement, d’obligeance esthétique en somme, strictes accents maniérés, postures égoïstes, comme dans une scène de « mullholland drive » de Lynch ou de « blackout » de Ferrara.

    Ainsi faite ma soirée, me pardonne de tant d’oisiveté, me laisse griser par la danse, les yeux intelligents mais aussi plein de candeur des danseurs. N’écrirai pas de poème aujourd’hui. Ne dirai pas qui je suis.

    M’en vais dans les contrées patientes, les forces subites, les forces collectives, les coupes avant-gardistes des robes simples, fluettes, ascétiques.

    continue de gronder, seul, dans mon inaction.

    Brieuc Le Meur / auddie

    Berlin oct 2011

  13. fabrice dit :

    Je connais Ismaël pour l’avoir souvent croisé la nuit en bas de chez moi. Il vit la nuit, il dort le jour. Je ne suis pas la même personne quand je rentre de teuf. Je suis La Nuit. Sinon, Le Jour. Déjà, la nuit, j’y vois rien, et le jour, je ne me souviens de rien.
    Donc la fois où Ismaël est monté avec moi chez moi, et qu’on a baisé la première fois, ben le lendemain je ne savais plus avec qui javais baisé. Plein de mecs trainent la nuit dans mon quartier. Je me souvenais juste que c’était un très jeune, tout petit, très sûr de lui. C’est tout. On a écouté de la musique, il ma tout de suite dit que j’écoutais de la musique FN, c’était de la new wave, cold wave, post punk, électro. Je lui ai dit que lui n’écoutais que des trucs de « bronzés », si pas noir ou arabe ou Amerique du Sud (Shakira), il n’écoute pas. J’ai gueulé, j’ai pas aimé sa théorie, lui a admit que javais raison. Il ma dit « viens on va sur le lit », j’étais complètement partie. Il avait du Jack et du shit.
    Après ça, je me suis cassée 1 mois en vacances. A mon retour, un petit mec la nuit assis sur un banc m’appelle, il me dit « viens on va faire un tour, on sort du quartier y’a trop de monde que je connais ici ». Je lui dit « non si tu veux appelle moi vers 1H, on ira par là, pas loin, je ne veux pas sortir du quartier, je suis bien ici ». Comme je n’avais pas reconnu Ismael, je ne voulais pas me déplacer pour ce mec.
    Je savais qu’on avait déjà parlé, mais je ne savais pas que c’était lui, la musique, les cris dans ma cuisine, la bite dans mon lit et la phrase « huuuum J’ADORE tes petits seins !!!! »

  14. fabrice dit :

    Au début, je les détestais, j’étais obligée de passer devant eux tous les jours. Je savais qu’ils me regardaient à chaque fois, que je les intriguais, c’était lourd, je me braquais, j’avais l’impression de parader sous ces regards, c’étais un mélange de gêne et d’intensité du présent parce que moi, jle sais bien, j’adore parader. Et j’adore qu’on me regarde même si mes mains tremblent sur le moment, c’est du plaisir aussi.
    « Bonjour », et merde ! FUCK ! ! ! Jleur fait un doigt d’honneur.
    « Connasse va, pourquoi tu fais ça, grosse pute? »
    Ah c’est comme ça, ok, putain, tu fais le con, je vais être plus con que toi (enseignement des parents).
    Hop Franprix juste à côté, je tremble merde encore, ils font chier. Hop, j’achète 6 oeufs frais. Hop, je reviens, direction chez moi, les mecs sont TOUJOURS là. Hop, je cale les oeufs sur une voiture bien en face des gars, ils regardent la folle, quest ce qu’elle faiiiiit ? ? ? »
    Elle ouvre la boite à oeufs, se saisit d’un oeuf, vise les pieds des gars, lance l’oeuf, bonne au tennis, bonne au lancer d’oeuf, bonne en TOUT.
    FLIIIIIIIIIIZZZZZZZZZZZZZZZ
    Sploutch, plafffff, et les 6 oeufs y passent, toujours vers les pieds, et les mecs dansent genre WESTERN « VAZY DANSE » FLIZZZZ SPLOUCH PLAFFFFFFFFFFF ! ! !
    AHAHAH ! ! ! DUCON, tiens ! ! !
    Ducon, c’est Walid. Ensuite on devient amis. Il me lance des cacahuètes dans la bouche, et je les attrape TOUTES. Ensuite on baise.
    Ensuite il flippe. « J’ai 26 ans, j’ai une promise ! ! ! »
    « Comment appelle t-on les croisé franco-algérien si on fait un bébé ? »
    « Tu veux un bb ? Tu veux que je te fasse une portée ? On les appelle LES BEAUX GOSSES »
    Ensuite, il disparait. Pendant 6 mois ! Et quand enfin je le croise au Franprix, il se cache au fond du magasin, vers les yahourts. Manque de bol, la caisse tombe en panne, il reste 1/4 dheure caché dans les yahourts ! ! !
    Quest ce quil s’est passé ? ? ?

  15. Manuel dit :

    Le seul amour homosexuel qui a compté pour moi a été non abouti. Il était meilleur peintre que moi, plus fin philosophe, il avait du succès avec de très jolies filles. Il était flatté de mon admiration, mais très méprisant à mon égard, sauf quand il avait pour ainsi dire « un message à me transmettre ». J’étais assez inconscient de son influence sur moi et surtout, je redoutais le corps-à-corps amoureux, pour lequel je me sentais inapte. Ma seule expérience, dans un cinéma de séance continue qui émettait, à tour de rôle, The eye of the tiger dont la musique me sidère, et La Santa Sangre de Jodorowsky, avec un vieil homme anonyme, fut sans lendemain. Donc, je me suis tourné vers l’écriture et en même temps, faute d’aboutir dans l’amitié platonique, je me suis mis tout simplement à imiter mon ami. J’ai commencé à être meilleur peintre, plus fin philosophe, et j’ai découvert les femmes. Ce sont elles qui m’ont fait goûter les délices et les fruits de la vie, et qui ont fourni le côté charnel de mon oeuvre. Tout cela, avec le recul de la mélancolie, me semble une bien triste jeunesse, tenue par des épingles, qui débouche sur mon actuelle hétérosexualité non exempte de culpabilité, soit de type masochiste, et que j’essaie toujours d’amener à un stade de sublimation.

    Quand j’ai parlé avec Léo Scheer de mon éducation politique, que je passe pour l’instant sous silence, j’aurais dû lui dire qu’en tout cas mon histoire est peu conditionnée par les mots de passe de ma génération, étant plutôt celle d’un esthète anachronique, qui s’éduque plutôt avec les classiques et en faisant miroiter la génération de ses parents. L’amour raté avec mon ami était seulement la couronne d’épines qui venait poindre sur ma non-adéquation aux temps. Lui, s’est gardé de m’ôter cette couronne, puisque peut-être dans sa pensée d’artiste elle était faite pour moi. Il m’a fait cadeau, avec le temps et la distance, de l’aveu de son échec dans le bonheur, me laissant songeur à propos du renversement de nos rôles. Moi, je venais d’être père et avait reçu avec patience des femmes le cadeau du bonheur. Lui, débarquait chez moi de plus en plus détruit, et avec la blessure d’un avortement dans un couple fragile. N’empêche que pour moi il reste nimbé de génie et m’amène encore à plonger dans la froide piscine de l’humilité.

    Etait-t-il au fond dépendant de mon admiration ? Au point de cultiver son mépris comme son seul mécanisme de contrôle de sa situation. Je ne peux que lui pardonner, faisant alternance de l’admiration et de la compassion. Qui d’autre peut consoler ce maître déchu, qui a stoppé sa carrière, qui s’est enfoncé dans la misanthropie, tandis que moi, qui ne faisait que suivre ses pas, je suis arrivé à une sorte de philanthropie et de communication ?

    Un autre ami va permettre que je parle de politique, tout en sachant que les blogs sont surveillés par les espions de la propagande, dorénavant. Donc, une certaine austérité s’impose. Pas de mots de passe, pas d’idées. Alors comment faire ? J’irai par petits bouts. Il avait de solides assises dans la pensée critique et, en plus, était un leader contestataire à l’université, ça je peux le dire. Il avait quitté le marxisme pour l’anarchisme, tout en conservant la structure. J’en ai fait de même. Le facteur de cette évolution étaient les situationnistes. Il a été une sorte de protecteur, me faisant découvrir les choses sans toucher à ma liberté de choix et d’interprétation. Autant, qu’on a failli rompre pour toujours quand je suis devenu plus contestataire que lui. Il a fini par croire au vote utile, tandis que moi je partais dans tous les sens.

    Combien n’en est il secondaire, quand je l’ai symboliquement tué et enterré, le dépassant de loin, accomplissant l’artiste qu’il n’a jamais réussi à être, malgré sa facilité pour les jeux de pouvoir et sa protection sur moi ? Sa critique dans une revue d’art à propos de l’une de mes expositions avait été pompeuse et maladroite, excessivement rhétorique et avec quelques mots mal placés. Parfois, je pense qu’il l’a fait à propos, pour garder la clé de notre amitié. Et en fait je n’ai cessé de relire son article me concernant, les années passées, me demandant à quoi il pouvait être en train de penser… Il évoque Kleist à mon sujet, c’est la seule chose qui me flatte, tout en étant fatale.

  16. auddie dit :

    Dans une voiture quatre auteurs
    sortent d’un dîner un cinquième qu’ils ont laissé
    au restaurant, harassé, vendeur,
    mais alors qu’est-ce que tu en penses?
    Les rois se livrent alors à une rude empoignade, drolatique, dans la bagnole
    et moi je le trouve comme ça pasque ça
    et moi le trouve comme ci pasque ci
    et moi j’lui touche les pecs, pasquequette
    et vas-y Julie fais toi plaisir
    et ça rigole
    et ça danse dans la voiture
    Carole y va de son analyse psychologique documentaire de tf1, des gens qui sont hype mais qui peuvent avoir un côté mélancolique, fragile tu vois, pas ch’us un fauve et on va se battre avec nos regards rayons lasers et en croisant le plastique ça fera que bling, et bling, si tu vois c’que j’veux dire. Qu’elle pétaradait la Carole, toujours au top-euh.
    Mais alors toi Francis, qu’est-ce que tu en dis ?
    – oh, moi. D’abord je n’aime pas vraiment parler sur les gens tu vois. Mais bon, je m’aperçois que je réserve cet égard à un ami, ou à quelqu’un de ma famille, de ne pas parler dans leur dos, de ne pas les dévaluer, mais comme je ne le connais pas, que je l’ai vu qu’une fois, on ne peut pas dire que ce soit un ami. Ce qui est un peu le paradoxe de la politesse…

    toujours est-il que je rejoindrai plutôt l’avis de Tatiana, et dire que ce type a quand-même un air abruti non ? Ou est-ce que je suis le seul à le penser ? Non ? Oui ? Ah merde je suis dingue alors
    mm non, je crois que tu as raison,
    oui
    et oui
    ah oui donc vous êtes d’accord avec moi.
    Bon mais alors, qu’est-ce qu’on fait de ce type ? Non pasque il faut qu’on s’organise là, tous les cinq, avant de décider quoi que ce soit.

  17. Eduardo dit :

    Bite ou cul sont des mots supers, des mots de tous les jours, parmi les plus importants. Peu de récurrences en revanche avec le mot « grâce » , également très important quoique beaucoup plus rare que « cul » et « bite » (dans ses apparitions). C’est parce que j’ai réagi à cette phrase: « Je n’ai jamais cherché « Dieu », je l’ai même refusé de toutes mes forces et je le trouve partout »… et proposais donc à la place de « constater des récurrences, des équilibres », ou « d’observer des forces que je ne peux nommer mais que j’identifie ».

    Je me permet en substance de citer Hector Eduardo de la Castagnole, grand poète gênois qui a émigré à Amsterdam :  » Je lutte au quotidien contre l’inexactitude et la mièvrerie, deux fléaux qui se manifestent de manière intempestive dès que l’on parle de « dieu » ».

    Voir dieu partout, c’est comme voir le mal partout, ou d’être tout le temps content… ça a plutôt à voir avec une chimie spéciale du cerveau.

  18. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Depuis un mois Tina n’a pas taillé ses griffes, elle les a laissé pousser. Si elle n’étaient pas si fines, si aiguisées, on se verrait dedans comme dans un revolver.

    Les intervalles raisonnables se déchirent, disparaissent, reviennent puis se logent en coussins : elle fixe la molécule du délire, là, tout de suite.

    Son cul moulé dans le mascarpone avance, bâbord, tribord – la lune (où le soleil noir) qui l’influence. Le sourire aux yeux, les larmes aux lèvres, elle mouille comme un pirate dans une tempête électrique. Elle est tellement bonne qu’on en oublie qu’elle est belle.

    Enfin Tina entrevoit, à la faveur fiévreuse de la lueur orange de l’ampoule, la cascadeuse aux toilettes, un short aux chevilles, agiter l’onde.

    Œil pour œil dent pour dent : « lui réifier, lui bousiller la gueule » qu’elle se dit sensuellement.

    Elle se stationne à quatre patte sur la moquette – cherokee à décolleté, ses jambes trop longues pour la cuissarde italienne – et apparaît totalement dans la lumière de la porte entrouverte.

    Pisser les yeux fermés ? Comme dans une limousine ? Comme si rien ne pouvait se passer ?

    La panthère se comprime, cambre vers la cascadeuse, rentre ses cuisses dans ses hanches, le nombril dans l’arc, les seins à peine aplatis, hisse son cul, le circule comme un indien dit doucement « oui ».

    le sabre en avant, le tranchant « bonjour », elle bondit hors de l’image.

    Un temps : le cosmos est suspendu dans les chiottes.

    La première goutte de sang fait déborder son cœur.

  19. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Elle pense que les rêves que l’on fait dans les espaces clos sont contagieux.

    Elle décolle le pansement qui recouvre sa joue et découvre dans la glace sa belle balafre. Elle ne s’est pas loupée la bandante virago ! : texture carmin bien dessiné, bien à sa place ; sur quelques centimètres, longue comme l’Australie sur une carte de classe, du sommet de la pommette gauche, en un arc, elle atteint les commissures de ses lèvres. Ses lèvres qui s’empourprent toutes rubescentes et se bouffent… Elle passe sa main dans ses cheveux, ajuste sa coupe : ses mèches d’icône avant-garde sont suffisamment longues pour maquiller l’indélébile blessure. Presque un sourire dans le reflet quand elle les soulève.

    C’est qu’hier soir elle a craché et ses dents et sa vérité. Elle est fière de sa cicatrice. Elle se dit qu’elle témoigne des qualités de son estomac et de l’affection saisissante qu’ils nourrissent à son égard. Elle n’est plus celle qui qui ouvre ses cuisses pailletées à tous les objectifs comme l’une Gibraltar, l’autre Tanger, à l’océan. Elle a le rôle noble, l’héroïque, le vrai. Elle est à la fois dessous et en dehors des projecteurs. Elle est complète.

    Dehors ça vocifère les dernières morves de la rumeur orageuse. Tina Aumont arrange ses ciseaux comme un couteau et les place entre ses dents. Les lames ont encore le goût du sang. Elle à des pensées d’incendie.

    Son corps est une peau de zèbre dont les motifs sont des glyphes à traduire et à lire pour quelques baves léonines.

  20. auddie dit :

    un ami critique passe chez son voisin cinéaste. L’après midi fait bon sentir les odeurs de timbre, de longues enjambées au dessus des bourgeons, des pollens, qui tombent sur le sol, et viennent finir leur course dans les effluves moites, lourdes, de la voirie tout juste nettoyée, l’eau ruisselle, ça sent l’été, le soleil est bas, la vie est pleine et pourtant, ce jour creux, moment creux, a tout l’air de vouloir fomenter des coups pièges, des grondes réalisations, des libertés, assimilées, au bout du travail, les gens s’affairent, et aboutissent dans un climax. Une fin de journée à Paris, place de la république.
    Il monte donc, chez lui, on lui ouvre, nous entrons, ils discutent, je t’écoute, tu pourrai être sincère!
    – mais je le suis ! si tu veux que je fasse toute la lumière sur ton scénario hein, qui s’appelle tout de même: la nuit des évadés, je dirai que .. bon. disons que, tu vois René, si tu avais plus comment dirai-je, si tu en avais plus chié dans la vie tu vois, tu t’imposerai plus de rigueur. Là, c’est surfait. Le contraire serait de sous-faire.

  21. Anonyme dit :

    puisse t-il se l’offrir

  22. auddie dit :

    Autant j’ai fui Paris comme une pestiférée, sa beaufitude, sa pesanteur, ses râles ses clans, autant là, elle me fait des clins. De grand malade je suis devenu petit bourgeois; je la visite, l’effleure en résidence. Elles font klang les armures, sling les bourses, slang les gestes, les mots, les gens. Il n’y a plus qu’une ville, la nature., une aura, le monde, en soi fidèle, en moi accueillant.

  23. jerome ruffin dit :

    Je n’ai pas trouvé, mais je cherche encore, ces mots justes, sans lesquels l’esprit ne se manifeste pas vraiment, ce vide qui fait tenir ensemble les mots, et rend le coeur, habité, capable de couvrir le monde de son regard, d’en refuser le scandale et d’aimer, malgré les monstruosités qu’on ne manquera jamais d’y voir, a moins, de les tenir, contre soi, pour rien ; ce rien qui fait épure du mal par l’épreuve du sens et de l’être ; ce rien que les mots ne disent pas mais qui filtre a travers eux comme la langue d’un être, la langue d’une certitude (car chaque être a sa langue et sa certitude). Celui qui existe se dit en vérité dans la lumière parfaitement autopsiante de la langue devant laquelle il recul d’effroi et court se réfugier a l’abri des conventions sociales , des comparaisons infinies entre les hommes qui brouillent la langue et tamise le feu éternel de la conscience en prétendant dire l’être-vrai dans des sous-langage sans âme et stupide. Ce choix d’une autre langue que celle de l’intériorité, langue de bois, de l’argent, du rang, du mérite, du paraître, de la considération humaine, a pour principe de refuser le combat avec le rien de l’esprit, d’en refouler l’angoisse sous l’épaisseur labyrinthique des attrapes coeurs dont l’unique vertu est de rendre impossible les mues psychiques pourtant nécessaires. C’est cette mue nécessaire, tache essentielle, première et ultime de toute existence, qui fait de nous « gens de voyage » comme l’exprime très remarquablement le beau et court texte de Marie-Agnes. Et en ce sens il se distingue de l’errance ou de l’exil ; le voyage, lorsqu’il comporte la nécessite de la mue, de l’initiation , est une métamorphose paradoxale dans un renversement axiologique ; une intériorisation de la plus grande des différences, ou cessant d’être immédiatement soi-même, méconnaissable, saisit d’effroi, on achoppe en même temps qu’on la dévoile, a la possibilité « autre » de devenir soi-même. La possibilité autre de devenir soi-même est celle qui se tient en retrait de toutes les assurances humaines et objective, appartenant a la simple représentation de soi issue de la culture et ne valant qu’en elle ; autre donc est cette possibilité anthropologique plus essentielle, dont la théologie a fait sont secret lorsqu’elle a énoncée la possibilité pour le « moi » de se « reprendre » en vertu de l’absurde. Mais nos mots ne peuvent forger une telle « absurdité », ils n’ont que la force de la contradiction et non celle supérieure de l’absurde ou ce qui est devenu réel l’est en vertu de la liberté. A moins donc, de renoncer au désir et a son infini richesse inexploitée, a moins de consentir a renoncer a la liberté et a la vie pour qu’en guise de mue nous offrions nos vies et nos forces a tout ce qui nous manipule de ses tripatouillages académiques, nous devons rencontrer un maître-gitan, un maître-voyageur sur lequel nous puissions lire la vraie possibilité de l’absurde, c’est a dire celle du scandale. Car la raison se cabre toujours devant ce qui la dépasse (et ne peut se depasser elle-meme, en reconnaissant elle-meme sa propre non-verite), ce qu’elle ne peut pas mesurer, même si dans ce rejet ce n’est ni plus ni moins que le réel qu’on refuse en consentant volontairement au mensonge que l’on rebaptisera ensuite du doux nom de raison. Mais cela signifie aussi que le « voyage » a une direction, qu’il n’est pas une errance Ashaverique, mais une mue ou le désir parvient a sa fin par des moyens totalement contraire a la raison , en commençant donc non par présupposer que la vérité est en nous, mais au contraire qu’elle n’y est plus. Juste un mot donc, tout frappé de hasard de l’esprit bloggeur et jeté en courant d’air par quelque tremblante certitude, un mot de somme, de totalité vraie comme une vie, comme le germe jeté au fond du labour, une efflorescente réponse a vos textes dont l’air m’a fait frisonné. Quand je serais gens du voyage, cher Marie-Agnes, a mots couverts, nous parlerons sans mot dire , loin des clameurs du siècle essoufflé, de l’inhumanité du monde, des souffrances du désir endurée , de sa fausse lumière, des ses révélations frelatées, de ses mystères sans surprises toutes gisantes désormais comme une bête éventrée sous nos semelles d’éternité et qui n’auront plus de place dans nos mots de félicité. Bonne et heureuse année a vous tous. Jerome

  24. Marie-Agnès dit :

    Bravo pour le flow, Jerome, une belle et bonne année 2012

  25. jerome ruffin dit :

    « Vous avez raison », répondit le gitan a la gitane, «mais me prendriez vous pour un enfant que l’on cajole ! la joie est une réalité inaccessible, et c’est pour cela que vous dansez, sorcière (parce que toutes les gitanes sont aussi un peu sorcières) et vous derubannez, en vous offrant au néant ; comme si le poids de votre corps se suffisant a lui-même, pouvait se substituer au rien de l’air ambiant ; c’est la semblant de joie, vous le savez n’est-ce pas?! et consolation pour les enfants. Car vous connaissez aussi l’histoire de ma mère mythique que vous reproduisez en dansant ; c’est elle qui se vendit elle-même en esclavage pour prix de ma liberté lorsque j’étais enfant. C’est ainsi que je fus jeter sur les routes incertaines du désir et du sens, voulant racheter a mon tour ma mère, mais ne pouvant sacrifier le présent qu’elle m’avait fait en se livrant. Aussi vous ai-je imaginer gitane , et a mon tour je vous ai jeté dans le monde en réponse au néant, pour que la dette d’amour recouvre enfin le prix du don et que mon errance ait une fin. Une tache a accomplir, entre l’être et le néant, un être a devenir par le néant » Et la belle gitane qui était aussi un peu sorcière, fit tournoyer les volants de sa robe claire en se suspendant au claquement de ses doigts. Car la danse était la langue maternelle des femmes du clan. Et le gitan se mit a rire, tout en la regardant : « oui dansez, tournez sur vous même…. » ; « comme ton rire dans ta gorge sèche, cher gitan ». Puis qu’en elle eut fini de danser le gitan lui conta l’histoire d’un moine qui voulez conquérir la joie par ses propres forces et auquel il en échut grand dommages ; il se nommait Pelage.

  26. Arthur-Louis Cingualte dit :

    – Tenez-ma-glace-faut-que-je-danse!

    Il s’en empare, la regarde – sa robe rouge taillée dans le volcan – écarter haut ses bras aquatiques, ajuster en rythme doucement ses hanches, secouer ses cheveux, les emmêler un peu… Oh la capiteuse vestale ! Prodige-de-la-belle-est-bonne à la fois ! Il attend sans tenir. Leur regard se croisent enfin… Il lèche sauvagement la crème glacée. Un troupeau d’éléphants s’installe, dégueulasses, dans le ciel.

    C’est suffisamment obscène pour qu’elle revienne, défoncée, bêtement vers lui. Ça éclabousse d’extravagants confettis acides et d’éclats de nuit sur la tronche de tout. Il l’invite à la suivre pas loin, lui rend sa glace (le cornet est entamé) « elle », « lui », une chambre à l’étage… « oui » avec la tête… il y en a kyrielle… celle de l’amie, de la fille, du fils, de la bonne…

    Celle de la fille. Elle saute sur lit, quelques émotions sous l’effet des ressorts et s’allonge, se marre, zinzinule. Le plafond au dessus est immaculé, sans confettis. Lui n’y croit pas : en tailleur, sur un tapis-volant, noyé dans la ziggourat concave de sous sa robe il entreprend, avec des doigts élancés de travelo raffiné, les complexes lacets de des cuissardes.

    Un chemin de croix! Des nœuds de démente! Fil de menteuse dans le dédale! Provocation géométrique! Casse-chinois! Op-Art cruel!

    Insupportable! Elle explose, déchire sa robe rouge, l’effort est vital, il tabasse furieusement l’air, comme si, dans l’arène il fallait impérieusement la retirer : un taureau court vers elle pour la transpercer.

  27. jerome ruffin dit :

    Si le gitan avait été jeté sur les routes par un coup du sort, il lui fallu cependant du temps pour en prendre réellement conscience. Au milieu de nulle part, enclo de la vierge existence faite temporalite sans trace, plus vierge que les neige eternelle qui couvre les sommets ; sans dialectique la poesie est sans tension, et l' »eructasion dionysiaque vite eventée. Dialectique, comme les preliminaire de l’amour qui comme chacun sait en litteraure sont infini ; logique de l’ailleurs qu’on ne violente pas mais qui nous violente, nous trouble jusqu’a l’angoisse, et dans l’effroi nous plone en une attente de la sublime metamorpose de soi. Et plus il se délaver dans le regard des gens, plus la conscience de sa difference prenait corps en lui. Mais tous ne supportaient pas aussi aisément cette absolu légèreté de l’être ; les plus incertains, les plus hésitants, ceux que la nécessite de la situations traînés par les cheveux, passaient le plus clair de leur journée dans leur caravane a regarder la télé ; la regardaient ils vraiment? Pas sur ; ils semblait plutôt en être dévorée ou y laisser dévorer l’incertitude de leur âme, mais la télé est une camisole social, un placebo pour êtres sédentaires, que leur lachete devant l’ailleurs insupportent, qui vivent dans et de la certitude de la subtance réelle d’un état de chose mensonger. Le gitan lui ne pouvait plus avaler le poison. Cette certitude les gitans en étaient dépourvue, aussi l’outil social les dévorait plus que les autres parce qu’elle ne parvenait pas a trouver dans leur méninges les couches de sédimentations photovoltaiques ou leur flux permanent d’image sans téléologie auraient put faire quelque impression ; toutes les émissions d’information nécessitant le substrat d’une croyance en la réalité pouvait etre reellement cru comme entierement revelée, sans invisiblite sans secret, ne faisant qu’effleurer et exasperer l’idiosyncrasie psychique du maitre-voleur, sans le plonger dans le desespoir ; le gitan assistait impuissant au delitement de son clan ; une seule chose pouvait encore sauver leur ame de l’eventration du desir dans l’exposition reifier de la vie conspuée : l’ailleurs. Suce ton cone poete et tient bien ton mirroir, car l’imagge du gitan , comme celle des vampire fait eclater tous les mensonge de la representation et ouvre la voie dans la broussaille des interdits fondamentaux. Mais pour qu’il reprenne un sens il aurait fallu qu’une croyance plus profonde que l’incertitude de toute chose prenne racine dans l’espérance d’un but et d’une fin. Une terre promise?. Mais quelle terre promettre aux êtres déclinants lorsqu’on est chef de clan et qu’on ne veut pas mentir a son peuple ? Quelle foret sur les bords d’autoroute aurait put encore faire rêver et espérer son clan? De quelle source non polluée aurait il put leur parler? Sans un quelconque pays de cocagne a atteindre le voyage perdait tous sens, et l’alternative de la sedentatirisation semblait inévitable et fatale. L’ailleurs, et la tension vers lui pouvait seul réunifier le clan, reunifier les ame de chacun dans une tension dialectique (et non un sous produit psycoloique comme le flow cher Marie-agnés)remettre chacun debout dans sa dignité d’homme qui ne commence pas dans la vie en refusant au destin inconnu sa part d’angoisse pour se caser dans les jalons des carrières humaines toutes traces, mais tient debout en vertu du rien, de l’esprit, en lequel il se comprend s’il possede en lui quelque outil dialectique affuté comme un couteau qui ne sert pas qu’a regler ses dettes d’honneur ou a signer le dos du pain avant de le rompre ; qu’est ce qu’une carrière comparer a une vocation? L’ailleurs était la source, la substance sans substance, et la chaire du gitan. Et s’il ne volaient plus de poules c’étaient parce qu’ils voulaient échapper a toute classification sociale, parachever le grand déni d’existence, dispareaiutre purement et simplement, s’effacer sans holocoste pour temoigner de l’invisible puissance au coeur des sombres orages de la vie qui roucoulent comme des promesse de mues dans la gorges des oiseaux du ciel et des lys des champs ; le voyage auquel pensait le gitan, comme au grand réveil de son peuple, était d’abord un voyage de fuite pour fuir les trop humaine categorie de la pensée morte, compartimenter par son affection pour la mort et les « choses » , devenu incapable, en cette langue etrangere de dire la joie et ainsi de la revetir ; voyage dans la pensée et dans la refelxion, qui est la premiere des choses en nous a subir, a desirer subir la transmutatuion definitive en eclat d’eternite, en miroir du regene de l’eternelle lumiere ou ne parait aucune variation d’amour ; cette pensée qui refusant sa mue, se ait et se sendentarise en categgorie sociale , en fonctionnalite humaine , pauvre chaire a canon qui sous le mensonge de son bien-etre masque mal l’abime de souffrance et de la mal etre conscquence de sa trahison a l’autenticite. Pénée et desir qui chosifie la vie, en soutire la substance et installe dans le coeur sédentarisé l’amour sans vie, le regne des choses et non la libertés des êtres. Ils voyageraient, d’un lieu a un autre, partout essentiellement chez eux n’étant nulle part étranger sur cette terre, qui parcouru leur appartenait tout entière comme leur espace de liberté omniprésente comme la volonté de Dieu. Fils et fille du vent, ils appartenaient au temps , réglant leur vie sur la longueur des jours , des saisons, reglant le temps sur les distances, et les deux sur la connaissance de leur effort ; troupeau tranhumant dans l’absolu, develloppant l’effort infini, sans lequel tout n’est que nuit sans mesure et sans amour.

    . Parfois la caravane des gitans passait en rase campagne, sur les flancs de quelques usines ou les hauts fourneaux crachaient en permanence leur sombre vapeur ; et alors le gitan expliquait a Lamia, qu’en se monde, un autre peuple existait ; qu’on ne pouvait pas meme le dire « peuple » , mais plutot ruche ou forumilliere puisque son unite n’etait pas celles d’etres libres mais d’etres refusant leur liberte et regrettant que la nature les ait placé au dessus du regne animal vers lequel ils n’avaient de cesse de voulpoir revenir. Ce peuple se caracterisait par sa structure sociale et psychique, par une volonte consciente de regeression au sein du silence du regen animal, celui des insensé, qui avait inverti toute les lois de la liberté, déséquilibré la balance des rapport fondamentaux et qu’au lieu de tendre librement vers l’ailleurs ces insensée passaient leur jour et leur nuit a nier leur propre liberté, a se faire souffrir, a vouloir ce qu’ils ne désiraient pas, a parler avec assurance de ce qu’ils ignoraient en réalité et ainsi le cerveau vide de ce qu’ils auraient put comprendre, ils passaient leur temps a se dégoûter de l’existence, a produire de la haine et a se mentir les uns aux autres, en commencant par eux-meme . Vois tous ces esclaves de leur peur réclamant de leur chef qu’il les parque et leur rende la vie impossible pour que leur souffrance poussé a l’extrême il puisse forcer leur conscience a admettre comme une évidence que la vie est dépourvue de sens et qu’en leur dégoût ils puissent justifier tous les guerres, tous les massacres dont leur coeur lourd de tristesse est gros de peine demande comme un exutoire, comme l’unique forme possible de leur liberté. Regarde leur corps, fourbu, contracter, leur âme ou le peu de réflexion qui leur en tient lieu, ils ne sont habiter d’aucun désir de vivre ; ils ont tuer le désir, et tue jour après jour comme s’il s’agissait de la racine de leur souffrance sans expiation, parce qu’ils n’entrevoient, faute de courageuse refelxion, aucun autre sens possible de l’etre que celui que leur souffrance leur impose de condamner la vie. Vois et comprend la nacessite du dialectique si tu veux vivre , gitane, non en depassant la souffrance, ce qui ne se peux pas, mais en lui donnant un sens, dont la pleinitude la transfigurera en joie : le sens de l’effort ultime et vain comme l’est le cheminement dans l’absolu. Et chaque matin lorsqu’il reprenait la route, le gitan n’aurait ^pu dire ou il dormirait le soir du même jour ; enfermer dans l’ »aiuleurs dans l’incertitude objective de toute chose, chacune reprenait son relief propre, sa qualité irremplaçable, avec toutes ses nuances. Plus que les insensée les gitans avaient du temps devant eux ; la ou les insensée commencent pour vivre, par abolir l’avenir et son inévitable lot d’incertitude, qui induit aussi comme conséquence logique de mettre a mort la liberté et de tuer le désir, le gitan chaque matin ouvrait son coeur a l’incertitude de l’avenir et librement , recevait toute chose comme un apport supplémentaire de lumière qui le guidait sur le chemin de l’être cette contrée ou la lumière est sans ombre ni variation aucune ; mais l’insensée refuse l’ailleurs, refoule l’incertitude, parce qu’il vit dominer par la peur de lui-même ; l’insensée est sédentaire et adore son image dans les miroirs parce qu’elle est lisse , et sans saveur comme sa vie ; narcisse noyer dans l’absence de risque. Les banquiers étaient devenu les apôtres de cette religion de l’existence sans risque et sans mort ; mais l’esprit de capitalisation est une réflexion monstrueuse atrophié, qui ne veut rien mettre en jeu dan,s l’existence, rien risquer ; les miroirs et la publicité étaient les outils principaux de la vie du sédentaire insensée, fils de la banque mondial, le réel aviat sa dose de métaphysique de l’argent, ce dieu soupière propre a l’ontologie pingre des écoeurements du vivre. La table du gitan était une clairière, son fauteuil un bloc de pierre , sa lampe un feu ; et dans son coeur simple cet homme ressentait tout l’attirail technologique du sédentaire comme une mauvaise traduction du rapport a la nature ou le désespoir noyait la vie, brouillait tout langage pour assoir l’illusion sur les genoux de la beaute, et rendait tout rapport fécond avec soi même impossible et justifier en son impossibilite devant les autres ; ainsi la pensée et la refelxion particper au naufrage commun en legitimant le renoncement a la vie qui justifiaiot l’exploitation blasphematoire des freres entre eux ; l’illusion première des insensées étaient de croire l’être pleinement donné a travers les prolongement de leur technique ; mais le gitan y voyait une dérivation, un court cri cuit dans le cercle hermneute du sens que doit être la liberté dans toute existence de l’e comprendre , d’en comprendre quelque chhose par soi-meme et d’en faire l’oeuvre et la tace de sa vie. La technique aggrave les défauts des insensées parce qu’elles subvient a leur impuissance sans nécessite aucun effort de leur part ; elle aggrave l’indolence de la mort et du désespoir, ; et si la vie du gitan chaque jours retrouver au sortir de la nuit ses couleurs vives et fraîches comme si toute chose venait a peine de sortir de la main de dieu, la vie de sédentaire en développant la certitude de leur pingre ontologie, décoloré le monde, les rendait de plus en plus insensible au réel, incessible a l’accroissement de leur désespoir, au froideur de la mort dont ils avaient le désir qu’elles recouvrir tout pour les cacher de l’être. Il y avaient peu d’image et de tableau dans les roulottes des gitans ; peu de photo aussi ; parce que ce qu’ils en comprenaient du sens de l’être , et la manière dans il le vivaient les rendaient sensible a la perte essentielle du vivre lorsqu’il cesse d’être une immédiateté et se réfugie dans la représentation. Une représentation n’avait pas de sens pour eux fondamentalement ; alors qu’elles avait seulement le poids de la nostalgie pour les sédentaires. L’instant chez les gitans n’étaient pas la réalité sans substance qu’il est pour le insensées, au contraire, chaque instant était un pas dans la totalité du voyage présent a chaque instant comme la plénitude de la substance ; ils avaient toujours déjà voyager, la fin était déjà en quelque manière présente a caque instant du voyage, ils avaient vaincu le temps non en le parcourant sautant d’atome en atome de temps, mais en l’agrégeant dans le cercle du sens auquel leur coeur et leur âme était entièrement detaché et attaché,lumineusement présente en eux. Mais tous ceux qui étaient comme lui propulsé sans racine dans le monde n’avait pas former cette concaténation de vérité lumineuse ; certains ne supportaient pas cet état de transition permanente ; seules les vrais affranchis étaient libre et assumer leur part de néant ….

    (desolé, pas mle temps de relire…bye)

  28. fabrice dit :

    Presque tous les après-midi d’été, de fin de printemps et début de l’automne , j’emmène mon petit chien se baigner à Jaurès. Là bas ya une immense fontaine avec des jets d’eau, je l’ai filmée, on la trouve sur youtube en tapant: « un chien rafraichissant ». De Barbès à Jaurès, il ny a quun pas de géant, toujours tout droit et 15 bonnes minutes de marche dans un bordel pas possible de boutiques, dégueulant sur les trottoirs du manioc et des baskets soldées. Entre chez moi et Jaurès, je passe toujours au même endroit, devant le bar tabac qui fait l’angle, en face du métro aérien.
    C’est là que Karim passe une grande partie de sa vie. La première fois qu’il m’a parlé, c’était pour me dire un truc sur mon chien, plus tard un soir, allongé sur mon lit, il me dira « tu te souviens, c Fabrice que jai remarqué en premier, j’adore les chiens, le tien est magnifique, je te promets, sur le Coran, je préfère Fabrice que toi, je préfère ton chien. »
    Karim, au début, je me disais, c’est un grand ado bébé, et plus le vois, plus il vieillit, plus il grandit, jlai vu 10 fois.
    1ere fois: je marche vite, Fabrice à mes trousses, un groupe de mecs adossés aux grilles du square, jles regarde pas, ils me regardent, il y en a un qui dit « c quoi ton chien », c’est Karim. Au lieu de pas répondre, je m’arrete, je répond tranquille, on échange qqs mots, je repars.
    2eme fois, pareil, je passe devant, jle vois plus loin, il me regarde, jle trouve canon, on se regarde.
    3eme fois aussi
    4eme fois: je rentre de deux mois de vacances
    4eme fois, un gars m’a chauffée sur la route, un relou genre sans pap tunisien, jsuis hyper énervée, je croise Karim, je lui dit « ce genre de mec faut tous les buter, les gazer, reouvrir les camps » et je m’en vais. Le lendemain jai honte d’avoir dit ça, au retour de la baignade du chien, il est encore là, je vais le voir et je lui dis « pardon pour hier, jai dit des horreurs, j’étais énervée », je suis désolée », il dit « non non c’est rien, c pas grave ». Il est grand, très carré, très élancé, il porte un maillot de fooot rouge.
    5ème fois: je suis devant la gare de du Nord à une terrasse de bar, il est deux heures du matin, je suis avec une rockstar parisienne, on boit des coups. Un type me rafle mon portable et mes clopes en passant. C’est le bazar en terrasse, le vigile essaye de rattraper le gars, jles suis dans la rue pour voir et là, je tombe nez à nez avec Karim. Je suis heureuse de le voir. Lui aussi apparemment, il vient sassoir à notre table, on parle fort la rock star et moi, et Karim ne dit rien. En partant, il me prends la main, la rockstar dit une connerie sur moi, Karim est d’accord avec lui, jme dit « ils ne me comprennent pas ». Mais je suis bien avec eux, ils sont magnifiques. Karim me tient par le bras, par la main, la rockstar sen va. Il me raccompagne devant chez moi, je ne veux pas quil monte, mais il insiste, on se met à poil, il pue de la gueule et moi de la chatte, on baise un peu trop dans la lumière, je suis complètement saoule. Jme dis « merde ct pas terrible ».
    Je ne sais plus à quel moment on a échangé nos téléphones.
    Plus tard, il m’appelle. A chaque fois au milieu, ou à la fin de la nuit. Je refuse qu’il passe. Une fois, il est devant ma porte, je ne veux pas lui ouvrir. Une fois il m’appelle à 5h du matin,je lui dit « je fais la vaisselle », et je raccroche. Quelques semaines passent comme ça, je ne pense jamais à lui.

  29. fabrice dit :

    6eme fois: Je suis défoncée, j’ai bu mille verres au Baron et avant au Trianon, j’ai dansé, j’ai couru dans la nuit, je me suis fait mal parler par une copine, aucun mec ne m’a fait de l’effet de la soirée, il est 6h du matin, je vole au dessus des escaliers du métro qui me jettent sur le gros boulevard noir de la Chapelle, sans réfléchir plus que ça, une pulsion, je téléphone à Karim. A 6H30, il est chez moi, il me dit « tas vu je viens direct, j’allais me coucher, jme suis rhabillé ». Je tombe instantanément amoureuse de lui, un regard, un geste, une façon, une attitude, tout à coup, tout me plait
    7eme fois: il revient le lendemain, 4H, on fait les fous, on se maquille, on écoute plein de musiques, on écoute « La déclaration » de France Gall à fond. Il me dit quil nest pas là que pour le sexe, quon pourra sortir tous les deux, bouger », il dit « tu veux un enfant ? ». Je réponds « pas un enfant toute seule ». Je réponds sérieusement. Il dit « je viendrai à Noel ». Il est venu à Noël, le 23, on a passé la nuit, et le 24 il revient me dire « Fabrice il sera tjs là pour toi, fidèle ». Je réponds « pas toi ? », il dit « jne reste pas, jne peux pas rester, je dois aller chez moi », c’est horrible, il sen va. C’est la dernière fois quil est venu chez moi. Plusieurs jours ont passé, il ne répond pas au téléphone. Je passe devant le bar, il est là, il dit « jai des problèmes, jne peux pas venir ». Je laisse de longs messages sur son répondeur. Il menvoit un texto une nuit « salut bebe » mais je dors ! Le lendemain jenvoie 10 textos. Il me manque, jai envie de le voir c terrible. Je vais l’espionner depuis le métro aérien, il est tjs devant le bar. Je l’appelle, il ne répond pas. Il répond, jne comprends rien à ce quil dit. Et puis un soir, il pleut, c une tempête, je vais le retrouver sous la pluie à 20h. Je rentre dans le bar, il memmene dehors. On fume, je lui dis gentiment « tu fais quoi ici, ya des putes ? Tu trafiques les putes ? » « ilo rigole un peu outré « mais non c vrai tu peux tt imaginer », il veut me raccompagner un peu, on prend une terrasse sous la pluie il dit « je peux te voir mais pas pour l’instant, jai des problemes chez moi, dans une semaine ou quinze jours ça sera réglé » « tu mas fait exploser ma carte sim avec tous tes messages » « je dis ok une semaine » et jnen demande pas plus. Il ne veut pas m’embrasser. Le lendemain, c’était ce soir, je suis retournée au bar, c’était ffermé, il était tout seul devant l’entrée de l’immeuble, plein de gens le saluent, ça ne le dérange pas que je sois là, je demande « quest ce qui va pas, jimagine des trucs horribles, jimagine que ta mère est malade, et quelle sera morte dans une semaine, donc ça sera coool pour se voir, tavais lair si triste hier, je peux tout imaginer, mais toi tu peux tout me dire » je dis tout doucement « je suis ta copine », il dit mais non ma mère ne va pas mourir, c pas un truc si grave, tu sauras tout dans une semaine, je te dirai ». « je fais quoi moi pendant ce temps? » « Tu m’attends, tu toccupes de tes affaires et tu mattends et tu as mon téléphone ». « Mais je tappelle tu réponds pas ! » « Laisse moi des messages ». Ok, je peux t’attendre d’accord.

  30. fabrice dit :

    Son surnom, c’est « Requin », quand j’appelle, un pote à lui répond « rappelle Requin, il revient dans un 1/4 d’heure », mais lui quand il a entendu la chanson il ma dit « c’est toi bb requin », avec mon ventre blanc, j’vais dévorer son coeur !
    Ce soir j’ai appelé, il ma répondu, et c’est un miracle parce que enfin, il a décroché, j’ai entendu clairement sa voix, sans des gars qui parlait derrière et du coup, je comprends rien, il a dit  » c’est dur pour moi aussi, je reviens vite, je viens vite », « je suis pas au même endroit ce soir, mais je viens te voir vite ».
    J’me souviens de quand on s’est maquillé tous les deux, d’abord il ma dit « t belle, tu dois être belle maquillée, j’t’ai jamais vu maquillée ». Quand il est venu chez moi ce jour là, il s’est saisi de mon vernis à ongle, il ma peint les ongles (très mal, très maladroit) mais c’était génial, ensuite il ma coiffée « mon père était boucher, et coiffeur », et il ma fait la même coiffure que Chloé Sévigny dans BIG LOVE, la tresse, « y’a rien de mieux que l’huile d’olive si t’es malade ». J’ai été me maquiller dans la salle de bain, j’ai fait un maquillage « Ylva Falk », des gros sourcils, des paupières qui envoyaient des lasers verts canards et un rouge à lèvre néon rose, il a dit « c génial fait moi le m^me » et jais envoyé tout le vert/bleu sur ses yeux, on s’est retrouvé au pieu, comme des gros aliens sexy, maquillés de partout, il ma dit « on dirait COSMO CATS », javais mis tous mes trucs panthère, legging et body panthère. On sest TOUT FAIT. Moitié tantriques, moitié bourrins. Musique à fond, rap du ghetto Paris (lui), et moi, musique militaire, il a adoré ma musique militaire, il ma dit « j’suis un soldat », j’ai répondu « on est des guerriers ». On a baisé, baisé, baisé, rigolé, il me disait « j’peux pas baiser là, je rigole trop », j’arrête de te faire marrer, viens on baise. J’me concentre pour pas le faire rire, pour baiser sérieux, ça marchait 5 minutes et bouahahaha, parce qu’on se voit pas assez, tout se mélange.

  31. auddie dit :

    Qu’est-ce qu’un écrivain ? Un écrivain est une personne dans laquelle il faut pénétrer avec humilité, et avec indulgence. Un écrivain est quelqu’un qui voit, qui juge, mais qui retarde à l’infini le moment de donner ce qu’il bâtit pour d’autres. Enfin, quelques autres. Un écrivain, c’est quelqu’un d’un peu agaçant. C’est une ombre qui voit tout, sent tout, sans que l’on puisse juger de sa transparence. Rien ne s’inscrit en lui puisqu’il est en tout. En général, un écrivain est à écarter de ses relations, sauf si vous êtes écrivain vous-même ; alors comme deux serpents, leur venin ne décompose pas leur cœur qui continue de battre.

  32. Cécile D. dit :

    l’écrivain boit
    la lie
    l’alu
    l’écrivain boîte
    caïn
    chaos
    l’écrivain botéronne..

     » J’avais toujours cherché à rendre le monumental dans mon œuvre. Un jour, après avoir énormément travaillé, j’ai pris un crayon au hasard et j’ai dessiné une mandoline aux formes très amples comme je le faisais toujours. Mais au moment de dessiner le trou au milieu de l’instrument, je l’ai fait beaucoup plus petit et, soudain la mandoline a pris des proportions d’une monumentalité extraordinaire  »
    Fernando Botéro

  33. jerome ruffin dit :

    Je ne sais ce qu’est un écrivain ; mais cela a certainement quelque chose a voir avec le fait d’écrire et de penser ; de penser et de vivre; de juger, de sentir, de réfléchir, de réagir en rapport avec une réalité que l’on ne saurait désirer qu’unifier en une totalité sensée; a voir avec le lien et la discontinuité ; avec l’apparent et l’invisible; avec les vomissures de sens rassis qu’on ne peut pas plus ingurgiter soi-même que ne le peut la pale qui rentre dans la bouche du condamner de la machine kafkaïenne, le condamné du pénitencier kafkaïen; pour avoir été trop sucé par le commun, rendu indigeste, faussé comme un instrument hors d’usage;a voir donc avec le propre, le neuf, la surprenante étrangeté d’être que chacun a pour tache de maintenir a l’inattendue, l’inespéré, ouverte a l’inachèvement de la phrase, a son suspend, sans lequel nos vies se traînent, moribondes et desséchées comme si le jour de la soif devait durer toujours; comme si la langue devenue morte devenait incapable de nous murmure par delà le sens logique des mots une dimension parlante du réel, ou le coeur serait rassasié de sens; a voir avec l’espérance et sa structure invisible ; avec la vertèbre invisible de la vie qui n’est pas le monde ou l’écrivain ne puise que des images en défaut, mais avec la plénitude de la justification de toute chose; a voir donc l’éclat et le scintillement du sens a travers les forets d’ombres ou nous errons, ressourcé l’ âme momifiée des langues; a voir avec une folie, d’un propre du sens commun; a voir avec le délire et la déraison qui sont les véritables usage philosophique de l’âme et de la langue; a voir donc avec la naissance, la renaissance du monde et de soi dans la puissance du désir non renoncé, mais recommencer n’importe ou, dans la langue, ou le point de départ est toujours aveuglement donné comme un arrêt et un suspend de l’être dans l’intelligence de soi a laquelle officie la langue, le Verbe; écrire c’est inverser le rapport de la sensibilité au monde; c’est frémir de l’irréalité du langage, c’est laisser son esprit développer les métastases du néant, se ramifier en malentendu au milles racines ; écrire c’est vouloir se guider en s’égarant; c’est reproduire la geste divine intérieurement, en reproduisant, les conditions interne du plus grand mouvement possible de l’être, prenant en compte l’entièreté du devenir sans perdre de vue l’unité ultime de sa forme; c’est parier sur l’unité plutôt que sur l’éclatement ; c’est parier que l’unité se trouve par l’éclatement comme l’ultime condensation du rien est une image de la Présence, lorsqu’il devient incomprehensiblement, le tout du sens et de l’être; écrire est refaire la geste poétique du réel pris comme Acte pur et total; avoir donc avec le bouton et sa fleur; avec Elia Kazan; a voir avec la mort, et l’amour qui en est la victoire; a voir aussi avec ce qui peut être dit et avec ce qui ne peut pas l’être; le style surtout alors consiste en la manière dont s’opère le discernement du Bien dans le désir par l’écriture; car il faut haïr, au dernier degrés l’écriture vaine, proscrire le jolie, voir savoir s’asseoir aussi sur le beau; écrire pour vivre, écrire pour marcher dans la lumière; mais qui voudrait écrire pour écrire, écrire pour « faire » un livre, éditer c’est laisser une petite crotte de caniche, bien con sensuel, en temloignage de la force de son esprit impuissant a résister a la tentation de se laisser convaincre qu’une petite crotte de feuille blanches et bien maculée me prouver la réalité de mon esprit,; piètre et ridicule témoignage offert et consentie a ma propre faiblesse, a mon émargement au non-sens, a l incroyance et incertitude en l’esprit; a voir donc avec l’échec et tout ce qui va avec, la solitude, l’hypertrophie du désir, les voies peut être que l’on entend comme Goldonni entendait en lui parler les personnages de ses pièces; a voir avec la réalité de l’irréel si on s’arrête dans l’impasse, si on publi; a voir avec le sable donc, le meilleurs maître de l’écrivain, l’oubli, l’éveil de la nostalgique perte de la parole et de l’espoir de sens qui va avec ; avec la tombe, car c(est en elle que se réfugie l’esprit privé de la parole; comme Antigone, au fond du trou, la muse déglinguée, de zinguer par le mâle Creon; a voir avec la musique et les sphères d’Aristote; c’est vivre en mourant a soi-même; aimer toutes choses parce qu’elle rentre dans une totalité de sens; c’est intégrer, agréger la confusion a la clarté de la transparence; c’est affronter et vaincre notre propre coeur, essentiellement piégé; c’est s’ecarteler pour se réunir, se recomposant de sa propre dissolution; (maint « précis de décomposition sont a l’oeuvre dans une langue, l’écrivain en explore selon sa personnalité une frange du Paradoxe absolue dans lequel nous vivons, très mal, tant que l’homérique aveugle n’est pas venu révéler que la langue était oeuvrante dans la révélation paradoxale de la vérité) ; c(est se transformer soi-même, en comprenant tous les autres;c’est parcourir une voie au sein de la langue qui en contient une infinité; et cependant toutes ont en commun d’être des révélation de la même chose, si on ne publi pas, c’est a dire si on écrit comme on parle et pour parler pour remettre la langue en usage parmi les hommes, et non participer a l’entreprise de son enterrement dans les prétentieux dire définitifs des écrits, qui sont des trahisons de coeur; a voir donc aussi avec les sports de combat, la lutte de la souplesse contre la rigidité, la frigidité des âmes sarclées de lois, muettes et obéissantes , esclaves sans rébellion; a voir avec la mort de l’être et de la liberté; non pas la mort de dieu, mais bien de l’être, de son sens perdu dans le dédale des échos, sans voies, criant , comme si elles devaient la perdre dans l’instant, comme si peu assurées de pouvoir la dire, elle étaient sur le point de la perdre, leur fumeuse trouvaille …de merde, de rien, Ô docteurs de néants, quand cesseront ils de clamer que d’aujourd’hui de la langue le moment de l’être est celui du mensonge; l’écrivain est la mort des fausses piste qu’emprunte les braconniers d’âme humaines, les eclavagistes de l’opinion, les négriers du coeur, les faux dévots de la langue, mais vrai Don Juan des transports colollectifs, des émois a plusieurs dans l’abîme sans fond du non-sens, ces arlequin grosse ficelles, de la parole sans fondement, sans succès , de la transparence sur l’ombre, qui fait le succès des tribun et des orateurs; pas de piste a plusieurs dans le langage, chacun la sienne, mais une a chacun cela aussi est éternellement certain; des fausses piste de la langue qui trace les soilloon qu’emprunte les peuples et qui deviennent toujours les chemin de la guerres et des conflits des hommes ayant perdu le sens, le langue et l’écriture; a voir avec l’humanisme , l’âme des hommes le sens de leur vie qu’il peuvent trouver si le miroir de l’écriture est bien celui d’une parole, et non une alchimie de la haine rédiger sur un mode d’emploi pharmaceutique; a voir avec la place d’un écrit dans l’histoire de l’écriture, de la science et des arts; a voir avec la jouissance de l’intelligence, du sens de l’être par la vertu agrégative du langage qui dispose du tout, déchire le coeur comme une insupportable vérité et console au delà de toute espérance par des douceurs qui ne peuvent voir le jour du monde; c’est rendre au monde la part manquante; c’est acquérir de la pudeur, enfanter dans l’innocence des feux de conscience qui ne sont ni relatifs ni éphémères; c’est frotter ses silex au fond de sa grotte et s’embarquer pour un voyage qui va d’émerveillements en émerveillement; c’est la fascination originel du feu qu’éprouve les esprits animaux; c’est l’effroi , en fin, l’ultime e^preuve contenue dans tout rapport au langage ; l’effroi de la claire et nette conscience de soi, profonde comme l’océan, transparente comme l’eau des rivières et réverbérante comme la surface d’un lac; c’est le dernier souffle de l’inquiétude, le dernier soupir de la réflexion, qui apprend , dans la béatitude d’une nature irréfléchie, (regardez les oiseaux du ciel), a n’avoir soucis que du sens pour être vrai ; écrire c(est s’approprier le tout; c’est la sueur et les larmes de l’intranquilite; c’est le feux et le souffre que nous jetons au visage de la mort; c’est la conjuration du néant, des milles autres vies que nous ne vivrons jamais historiquement, mais qui sont vécu toute vécu dans le vraies et fécond moment de l’écriture ; l’évènement de l’être, la Parousie d’encre qu’aborde dans l’oubli du papier plus sûrement que le verre d’eau renverser sur le sable, le rendue au désert, au néant de l’enfant qui sans parole n’avait point encore tout son être; c’est l’étayage de la parole qui marchera sur d’autre béquille que ces milles pattes d’encre; c’est l’outil nécessaire a certain; le forceps des naissances difficile, de celles et ceux qui ne peuvent devenir ce qu’ils sont sans comprendre ou qui ne peuvent renoncer a eux sans apprendre l’essentiel des êtres; écrire c’est viser juste, endre, voir, sentir, comprendre, respirer l’intelligence comme le saint respire dans l’être;…Et si jamais nos mots percent l’ instant, enfoncent dans l’épaisseur boggueuse du fruit véreux, la perspective d’un a venir, d’une attente, qui ne relève pas du temps, mais des mots et du sens…alors l’écrivain se réveille, démystifier et le désespoir, mort en lui, comme une douceur d’estomac après un repas gargantuesque, comme une bête aux abois, se redresse devant le lac, et sa soif épanchée, goûte, repus, un instant de la félicité céleste.

  34. auddie dit :

    extrait de xxx

    Non mais ce n’est pas juste un regard sur le monde qui frétille aux heures chaudes. Ce n’est pas un rendez-vous avec le mal, ni avec le bien d’ailleurs. Que serait-ce si d’aucune de ces deux notions puisse être assez claire pour en faire un roman, un avis, un monde, une religion. Non ça va au-delà de ça. C’est toutes les zones d’ombres de notre existence qui se trouvent rassemblées là. Tous ces trucs qu’on ne comprend pas. Tous ces moments de détresse infinie. Merde mais qu’est-ce qu’on fout ? Qu’est-ce qui dérange, et pourquoi ? Et pourquoi j’y arrive pas? Et pourquoi sans arrêt, et pourquoi le matin, et pourquoi l’hiver, et pourquoi le soir, et même l’été. Ah oui ça, être en souffrance l’été, quelle perf ! Soudain tout s’écrase avec les rayons du soleil. Beuah c’est dégueulasse cette lumière, et surtout vous qui souriez, … qui vous prélassez. J’ai passé des étés tellement pourris. Au moins l’hiver, la vermine psychique est jugulée.

    Pendant que ça congèle, que je fais le spectacle : le brouillard c’est déjà pas mal quand on a rien, on hésite sur le paysage ; la surprise des matins blancs. Et puis le jour se lève, et on voit, on voit enfin la plaine, le fleuve. Il ne me reste que la matérialisation de ces ombres en phénomènes. Et je les ai vécu! Oh oui je les ai vécu. Et vous ne me croyez pas, très bien moi non plus, mais pourtant c’est ma langue, et pourtant, c’est mon propos, c’est mon collier, c’est mes perles, et la voix fuit et courre dans les allées, s’insère entre les parquets, disloque tuiles et tomettes, le sol bouge, tremble et roule sous nos pieds. Au moins toutes ces crises de nerfs rentrées, je reste digne, serviront à quelque-chose. Ça ne servirait à rien si ça n’était pas là, devant vos yeux, un courant d’idées légères comme tout, mais enfin, de quoi parlons-nous ? C’est comme une musique, on ne sait pas trop, ce flot il vous veut bien, on a pas envie de savoir ce que ça nous fait et pourquoi, on est devant, on avance. On est pas derrière à prendre des notes, avec un mal au cœur ou je ne sais quelle affection des magazines. On croit au magicien. On ne réfléchit pas aux équipes qui pendant des mois, des années, ont bâtit l’autoroute, ni la voiture. On avance je vous dis. Et on sourit. Oui, on sourit. Et on avance.

    La liberté ? Chérie ! On te cause ! Tu m’écoutes ou bien ? La liberté ? Est-ce que j’ai l’air de faire ce que je veux ? Est-ce que je vis dans un monde qui me permet de rester au lit, devant facebook, toute la journée ?
    Oui ! Qu’elle me crache à la figure. Oui.

    Et la joie, la plénitude ? Est-ce que j’ai le droit de faire des enfants, d’aimer ma femme, de bouffer des pilules le samedi soir, d’avoir un boulot sympa qui …
    – Je ne t’entends plus là.

    * * *

  35. jerome ruffin dit :

    Cher auddie, soyez lent a juger et lent a la colere! L’enjeu du langage, et de l’ecriture, est l’etre parvenu au sens, l’etre devenu conscient de son sens; et cela n’a rien a voir avec le bonheur, mais avec la joie dans l’adversite de l’irrealite du desir non-renoncé. Que vous vouliez aller par dela le Bien et le Mal, par dela la religion meme, me semble un excellent signe dans l’aggravation de votre souffrance, un saut supplementaire dans l’irreealite qui vous conduit directement au gouffre (et l’ecriture quoique vous dites le contraire, a tout a voir avec l’experience du mal et du salut), qui tot ou tard, et le plus tot n’est pas forcement le plus desirable, vous revelera le « partage » de votre desir qui est la source essentielle de nos souffrances, et vous contraindra dans la crainte et le tremblement, qui doivent toujours accompagner l’ecriture, a vouloir uniquement l’Un sans lequel aucune ecriture ni aucune parole n’est plus onto_poetique, mais decline en bourbeuse introversion de la purete du coeur.Bien a vous. jerome.

  36. Cécile D. dit :

    : « Pourquoi écrivez-vous ? »
    -Le premier : commencer une phrase ; le deuxième : la continuer ; le troisième enfin : la terminer. »
    in QUATRE CONFÉRENCES de Claude Simon.

  37. Paul Sunderland dit :

    JE SORS EN BOÎTE

    Il y en a qui ont essayé de me désinhiber. Ils voulaient voir le Paulo se ridiculiser en boîte de nuit, alors ils n’ont pas arrêté de me payer des alcools. Pas de chance pour eux, j’ai tout sifflé, c’est vrai, mais rien ni personne n’a pu me faire aller sur ce dancefloor. Pour les filles qui ne me connaissaient pas, je n’existais pas. J’étais littéralement invisible. Je n’étais pas sapé tendance. Repéré et classé sous les regards avertis des félins nocturnes, depuis de longues minutes déjà, comme quantité négligeable. Sauf pour mes bons amis désireux de me faire perdre mes moyens et de m’observer, non pas en entomologistes, mais en hyènes du samedi soir. J’ai tout bu, donc, posément. J’ai poussé le jeu jusqu’à leur faire croire que j’allais me lâcher. Ma perversion contre la leur; j’ai gagné, bien entendu. A chaque fois, à la dernière seconde, je les sodomisais mentalement. Ils me hurlaient presque dans les oreilles sur fond de rythmiques en boucle, leurs vives exhortations tenaient du rire, de la séduction et de la colère de moins en moins bien dissimulée. Je ne rentre pas dans vos petites cases, bande de connards, pensai-je. Je suis trop fort pour vous. Trop fort pour ces egos dilatés dans l’espace de la rancoeur sociale. Trop terne pour que même les éclairages les plus violents me donnent la consistance que vous voudriez. Trop gros pour les go-go dancers. Trop pauvre pour me payer, chaque week-end, ces cheap thrills. Trop cynique pour ne pas rire de votre rageuse détresse.

    Trop bourré pour ne pas gerber.

    Je me suis approché d’un mec, un deejay, yeah, en titubant; les autres, mes compagnons d’infortune (la leur) se sont demandé ce que j’allais faire. J’ai dégobillé sur la platine, ça s’est mis à faire de gros grésillements, des étincelles. Court-circuit, débandade sonore et lumineuse immédiate, gémissement collectif des corps coupés de leur nirvana gratuit pour les filles, gratuit avant 22h30. Le jus est revenu, après bidouillages. Plaintes, cris, scandale, incompréhension. Ecoeurement devant le tourne-disque repeint en rose.

    On m’a chassé à coups de pied au cul.

    Mes amis, eux, ne m’ont pas raccompagné. Mais après tout, je suis assez grand pour rentrer tout seul chez moi. Dans ma boîte à moi. Et puis n’oublions pas: j’avais dès lors l’estomac bien dégagé; dehors, il faisait bon.

  38. Manuel M. dit :

    Le rêve m’envoie en mission loin de Paris, ou pour mieux dire en bourse pour la création, dont ceci est peut-être le compte-rendu qui en était dû à l’institution philanthropique qui me l’a décernée. La capitale de l’Irlande était Porto ou Lisbonne, quelque chose comme-ça, portugaise, de ce côté de l’Atlantique, et suffisamment au Sud pour ressembler à plusieurs égards à Miami.

    L’intérieur de la résidence ressemblait fortement au Musée Guimet, mais dans mes visites à la bibliothèque je voyais frustrée ma légère envie de lire ou de feuilleter. C’était pas de livres. C’était plus beau que ça. En marbrures de couleurs et plein d’inscriptions, il s’agissait des tombes d’un columbarium, avec même des accroches où des rares fleurs étaient fraîchement posées. Etaient-ce les livres mêmes ? les livres qui en avaient été incinérés ? On dirait cela du fait que d’autres artistes, pensifs, venaient « consulter » ceci ou cela, et demandaient parfois à s’asseoir, ou le petit escalier, à la bibliothécaire. Nous étions presque toujours à des étages qui plongeaient en gratte-ciel sur le port.

    Nous passions les nuits soit dans les couloirs, à flirter et, très facilement, entre hommes et femmes qui ne pensions qu’à ça, et qui n’avions pas grande chose à nous dire, gavés de littérature internationale, art, et mode, nous toucher. Nous allions très tard dans un fumoir, en taxi, une espèce de limousine ou tenaient plein de nous, qui n’étions pas tellement nombreux.

    La particulière innocence du vice, consistante à se sentir en état de délivrance par rapport à toute une série d’illusions, tromperies et anxiétés, rendait nos rapports d’une simplicité consistante à l’indifférence de la parole, l’ouvre-bouche de l’exhibition et le royaume des caresses jamais entièrement assouvies.

    Au moment du réveil, avec une forte érection, une des artistes, qui louchait des yeux comme une Vénus hollywoodienne de série B, entre 30 et 40 ans, avait dénudé sa grosse poitrine, défait ses longs cheveux teintés blonds et laqués et sur le sol d’un couloir mal éclairé mais feutré et très chauffé, elle était toute nue avec un autre et moi, nous sollicitant chacun d’une partie du corps et respirant très fort dans le flou et les baisers à la chaîne.

  39. Arthur-Louis Cingualte dit :

    « La capitale de l’Irlande était Porto ou Lisbonne, quelque chose comme-ça, portugaise, de ce côté de l’Atlantique, et suffisamment au Sud pour ressembler à plusieurs égards à Miami. »
    DANTESQUE !

  40. Arthur-Louis Cingualte dit :

    LA LITTÉRATURE TORRIDE EN ARGENTINE

    par Arthur-Louis Cingualte

    Elles ont bougé, ses fossettes. C’est indéniable. Elle à beau détourner le truc en étant en sous-vêtements (dentelles noires assorties à ses cheveux), on ne voit que ça maintenant : ses fossettes. D’ailleurs, on peut recommencer : on a tout soigneusement décomposé. Il y a eu, dans l’ordre, un instant, l’avant, où l’on traînait envoûté, le long de son corps tout entier, puis rapidement le pendant, et enfin l’autre, celui-ci, l’après, durant lequel ― et donc encore maintenant ― l’architecture de son visage a fini de subtilement se métamorphoser. La toute nouvelle expression qu’elle invite à considérer déconcerte et demeure sans interprétations possibles. Sous sa poitrine démesurée, on ne sait si tout cela bouillonne ou gèle. Même la situation de ses commissures (yeux, bouche) ― situation toujours siamoise à celle des fossettes ― n’apporte aucune indication. En considérant donc son attitude, aucun sentiment précis n’est identifiable. Et comme si cela ne laissait pas le voyeur suffisamment perplexe, son petit doigt gauche, selon un tracé fainéant et tourbillonnant, parcourt de la pointe de son ongle vernis l’intérieur de sa cuisse droite jusqu’à la zone qui réunit en un territoire, pour le bonheur éternel d’un grand nombre, les deux. Elle ne s’y arrête cependant pas, remonte sa main en passant par son nombril, puis par sa poitrine, et enfin la redescend en dessinant toujours sur son derme bronzé de petits motifs concentriques hypnotisants. Elle semble prête à attiser quelque fièvre en ses chairs. Elle renverse sa tête en arrière et se mord lentement, d’un un bleu magenta à un rose paisible, la lèvre inférieure. La mâchoire relâchée, le son de sa voix enrobé par l’écrin d’un timbre grave, comme l’expire en un dernier effort un mourant heureux, couine suavement le han de l’âne.

    Après ça, elle se fige. Ses paupières alors closes la contraignent à interrompre sa lecture. Oui, parce que, aussi étonnant que cela puisse paraître, depuis un petit bout de temps elle lit ― et pourtant elle est loin d’avoir la gueule de la liseuse de Fragonard. Quand on est devant, là, à l’observer en train de lire et commencer presque à se toucher, c’est particulièrement surprenant. Ça fait mascarade. Ça fait faux. Le fond et la forme ne dialogue pas dans la même langue : le mélange écœure, ça en devient même presque embarrassant. Alors qu’elle, elle ne s’est jamais encombrée de telles comédies. Son rôle, celui qu’elle tient inlassablement à merveille, est simple : c’est celui de la pétasse. Et c’est bien connu les pétasses ne lisent pas ! Qu’est-ce qui lui a pris ? Personne ne veut voir une feuille dissimuler un téton, des mots absorber un regard. Ce n’est pas à la hauteur de sa réputation caniculaire de chauffeuse effeuillée à elle, la célèbre playmate argentine, de tourner les pages d’ouvrages sans couleurs ni images. De son siège princier de bonnasse elle doit défendre son empire de sensualité vulgaire et éviter quelques aberrations de communication ; parce que les autres pétasses, derrière, encore un peu dans l’ombre, elles en ont de l’ambition. Un couteau entre les dents, elles n’attendent que ça, un faux pas, pour lui voler ne serait-ce qu’un mois la couverture de playboy, pour provoquer, à sa place, un scandale à la télé. Elle qui symbolise chez la moche en colère, l’esthète pédé, ou bien encore pour le quidam le plus standard, la pétasse. La fille conne, ravie et érectile, qui ne sait que faire bander les foules en remuant ses seins et son cul. Qui ne demande qu’à ce que tous lui bavent dessus, des pieds à la tête, d’envie et de plaisir. Ce n’est pas rien. Elle a des responsabilités. Il faut qu’elle s’en tienne. Beaucoup compte sur elle.

    C’est qu’on la connaît bien, qu’elle nous ait familière. Depuis le temps qu’elle est active elle ne conserve plus beaucoup de morceaux d’intimité inédits aux regards assoiffés. Son corps, constamment maté jusqu’en les landes les plus obscènes et laiteuses des cornées mâles argentines, est ce qui l’incarne médiatiquement. C’est son instrument. Elle n’a pas d’existence en dehors de sa capiteuse plastique qu’elle élance comme une entité ubique via les lucarnes scrutées de quelques téléviseurs ; de quelques ordinateurs. Néanmoins, d’ici, sur son lit, en vrai, sans filtres, sans effets, un livre à la main, elle ne semble plus appartenir aux linges de la fantasmagorie. Elle apparaît différente. On tend à la respecter, à entendre ses émotions. On se surprend presque à la trouver belle. Malgré l’atmosphère moite, elle ne transpire pas, ni ne le suscite chez le voyeur : elle demeure, les yeux clos, un doigt haut ― aussi ravissant que ceux qui font pleurer de jalousie les travelos les plus chevronnés ― sur la cuisse, immobile. Ses fossettes ont enraillé son spectacle charnel. La charge érotique, tout à l’heure dans l’atmosphère, permanente, inverse le cours de son trajet. Son corps l’a trahie. Il cesse d’appartenir au domaine public. Alors qu’il a été conçu pour investir les projecteurs et séduire les objectifs. Sous sa peau ― comme elle l’a clamé, sans audace, au regard de l’évidence de la chose, à quelques magazines en papier glacé ― quatre prothèses de silicone fréquentent et contribuent à érotiser sa silhouette sans trop de subtilité : deux de dimensions colossales logent de tout leur poids dans ses seins et les deux autres ― selon une mode sud-américaine tout à fait exotique et grotesque pour les mentalités hissées au-dessus des tropiques ― se régalent de ses fesses. Faut la voir de profil, le rapport devant/derrière (sein/cul) est parfaitement équilibré et son polygone de sustentation se révèle être un prodige chirurgical. Une entité postmoderne.
    […] A dater de cette nuit là, ils se la partagèrent. Personne ne connaîtra les détails de ce sordide ménage à trois qui scandalisait le quartier. Tout marcha bien pendant quelques semaines, mais cet arrangement ne pouvait durer. Entre eux, les deux frères ne prononçaient jamais le nom de Juliana, […] Sa destination se trouve là où elle exhibe ses formes faites exprès avec un sourire de salope décérébrée pour des millions de téléspectateurs. Sur ses draps, là, maintenant, un livre à la main, noyée dans une bienveillante pénombre, on ne la reconnaît plus. Elle est défigurée : ses fossettes trahissent une expression obscure qui indique autant l’hilarité que le désespoir, alors qu’a priori on jurerait presque qu’elle ne sait pas lire. Soudain, c’est absorbée (ses yeux ouverts, son visage peut enfin traduire ses sentiments) qu’elle reprend sa lecture. Cette fois-ci, par contre, c’est sérieux : elle se donne la peine d’ajuster son oreiller à sa nuque et elle plonge franchement ― avec la vigueur de l’impatience ― sa main dans sa culotte. Han. Ses pommettes, ses fossettes, recommencent leur étrange ballet miniature.

    […] Un jour, ils ordonnèrent à Juliana de sortir deux chaises dans la première cour et de ne plus passer par là, parce qu’ils avaient à parler. Elle pensa que le dialogue serait long et alla donc faire la sieste mais ils la réveillèrent au bout d’un moment. Ils lui dire de mettre dans un sac tout ce qu’elle possédait, sans oublier son chapelet de cristal et la petite croix que lui avait donné sa mère. […] ils la vendirent à la patronne du bordel. Le marché avait été conclu d’avance ; Cristiàn reçu une somme qu’il partagea avec son frère […] C’était ça : elle vient de découvrir quelque chose. Et ce quelque chose, c’est la littérature. Voilà pourquoi elle semble considérablement bouleversée. C’est le syndrome de Stendhal qui l’embrase et qui, la baisant par procuration, l’entraîne à se faire jouir. Elle appellera demain la chaîne pour proposer sa démission. Sa sexualité redécouverte et améliorée, ce ne sera pas eux cette fois, mais bien elle, qui se branlera. Qu’entre deux chapitres elle pense un peu à son confort. Que par quelques passions elle se récompense ; parce qu’en Argentine, comme elle le découvre, il y a Jorge Luis Borges. Une aveugle en plus ! Les garçons, eux, ont droit à une nébuleuse de supports optiques comme autant de stratégies à leur plaisir individuel. Il n’y a pas de voyeuses mais que des voyeurs. Alors elle, pour son plaisir : elle lit.

  41. jerome ruffin dit :

    Le chiasme entre le symbolique et le réel, est la feuille de route de l’écriture de Louis-Artur Cinguale. Fracture fractale ment répercutée dans chacunes des images de la réalité sans images d’où parle le locuteur, se démystifiant lui-même a mesure que l’ecoeurant épouillage de la strip-teaseuse avance, et constatant, sans avec trop peu de surprise, que la représentation ne correspond pas a la réalité, n’est qu’une des lectures possible de son texte. C’est la mienne. Beau travail M. Cymbale !!!, pardon…. M. Cinguale….vous voulez tous nous rendre fou !!…vous attaquer a l’arme lourde les pauvres restes de certitude que nous avons, ceux, bien nommés « irréfléchis », ou s’accordent, sans conscience, représentation et réalité, substance même des foules pendant l’opération de leur trépanation, comme la rotation du cercle ultime du Même perçait, autrefois, dans la philosophie antique, son axe dans le dialogue éternel des âmes entres elles ….Un petit chapitre dans le style « métaphysique de la mécanique quantique » ne serait pas de refus. !! Une anti-ontologie, une déconstruction en cours…quel chantier !!. Il n’y a pas de « Il y a »…un abyme de réalité et d’humanité, au final assez « pathétique » , semblable au dépit de l’émouvante humanité du spectateur devant la strip-teaseuse, face a son humanité dévoilée, parce que précisément inacceptable dans sa représentation barbare ; humanité de la strip-teaseuse qui ne se révèle qu’a la condition éradiquer toutes les représentations que l’on se fait de l’homme, et qui n’embrasse que l’ensemble infini des motifs de les renier comme n’étant jamais le véritable reflet de Narcisse. Tenez bon Louis-Arthur, le miroir de la parole que je puisse me voir danser un instant ! Quelle réalité cachée, au demeurant, derrière tant d’ostentation vaine parce qu’irréfléchie. Humanité qu’on ne retrouve qu’en rédimant la plus banale vulgarité a laquelle , malheureusement, et pour notre désespoir et notre damnation, nous consacrons souvent autant d’effort que la « pétasse » a protéger sa couv. de magazine porno. Bicéphalisme endiablée, les faux jours de la connaissance de soi ont de beau jour devant eux…surtout lorsque la culture tout entière tend a se muer en pure et simple condition de production du « réalisme » de cette idolâtrie dans le malentendu, que les forces de l’erreur prennent des dimensions d’usine et de travail a la chaîne , que les conditions de la vie se transforment peu a peu en esclavage ; l’idolâtrie est la construction intellectuelle qui s’élève spontanément et corrélativement a la nouvelle condition moderne du réalisme par la foule. Le réel ne semble plus appartenir aux « linges de la fantasmagorie », et pourtant l’essentiel de l’humain reste intacte derrière les impasses de la représentation  …un poète le comprend, lui qui justement se défi par instinct de toutes celles en usage, parce qu’il pressent, comme son devoir existentiel le plus fort, comme son impératif catégorique de se faire lui-même par lui-même une idée de la réalité ; mais expliquer la même chose a un physicien quantique pourrait donner lieu a un dialogue d’une drôlerie vertigineuse. Louis-Arthur nous entraîne vers ce doute, qu’il n’instille pas a la façon d’un P.K.Dick, mais par intraveineuse spectrale dans le corps , a démystifier, de nos idées. On ne sait plus si c’est « l’humanité » qui est schizophrénique culturellement ou si ontologiquement le réel est piégé ? A moins qu’au final, il ne s’agisse tout simplement pour Louis-Arthur, que de réveiller en nous le sens antique de l’aleteia qui exige, la correspondance et l’identité entre les deux…..

  42. Brieuc Le Meur (deux mondes, panic in Berghain) dit :

    dans la panique, je laisse tomber mon briquet, qui fait une étincelle en touchant le sol, un instant repéré par une demoiselle aux cheveux ondulés noirs et brillants, les lumières sont roses pâles et plus sombres, rouges, bordeaux, elle est posée là et comme transposée, d’une scène en plein jour oui, signe d’immense appétit, sage identité mêlée à ce lieu straight balance cadence interdite, elle fragile, intime politesse, gracile américaine sur le pont un peu rêveuse sans doute, une natte, une chemise blanche à fines rayures, un col rond en dentelle, un pantalon à ourlets fins, plage ou marinière, emporte tout même ses lunettes, son appareil en bandoulière sur la photo, mais ici elle se permet une quête en solo -aventurière- oh quelques minutes, elle sortirai du campus, nouvelle et première, fleur irréelle pauvre et classique au sortir de son jet, si elle en dispose, je crois bien que non, son regard s’évade rivé en profondeur sur un homme grand au pantalon noir et haut bleu qui se relève et l’essaie, la flammèche bippe, splite et s’éteint, elle s’aperçoit d’une note qui a changé en elle, elle n’y avait jamais pensé, n’avait jamais essayé, elle s’avance prend tout droit, traverse l’espace de droite à gauche sans se soucier des danseurs tandis que je file jusqu’à l’escalier et disparaît. Je disparais de la scène. Elle tourne autour d’un gay torse nu et de deux autres habillés en gris ou noir, bruns, classiques, pop, pas là, qui discutent. elle revient sur ses pas, la mine réjouie, appréciant et extériorisant son for intérieur, intime hardiesse, riant toute seule, sa démarche souple et rapide accueille une largesse, puis une lâcheté, c’est bon, ça y est, la techno s’affole, comme en sac de clou, fx mobile et aérien, espacé, qui fait des appels d’en bas, du sous-sol, impacts qui sommeillent et se désagrègent, remontent en fil acerbe, démontés bambadam badaam clac clac, retenus en l’air par des snares pointeurs, comme une marionnette, le track rend compte d’une plénitude, et les objets, le message, sont suspendus, c’est une merveilleuse ascension. Et la minute esthétique n’est plus que la dimension intérieure dont les murs et l’air, le cœur, tout aurait changé ; une pression de souffle cosmique, une attaque venue d’en haut.

    Non ce n’est pas moi, non ce n’est pas moi,
    ça s’affole

    et soudain se libère comme un jeu de cartes, dés jetés sur la table, on regarde chaque son avec une impression de sol, d’arbres, des clés, ont ouvert une porte

    gommage bille en tête

    l’aspect blanc est jaune électrique

    une table de banquet qui se détend, infinie, qui passe et souffle un vent, une langue de sèche, un tremblement , silence complet, entendu quelques mains qui prennent les cuisses, prend aux tempes, aux épaules, c’est haut, ces contre plongées, ce dehors, longues étapes, ont une empreinte sur les niveaux, les volumes d’erreurs, c’est une natte de comète, en flux tendu, elle est dans l’urgence, aux sirènes d’acétates, des hurleurs allez montre moi les décades, les années univers, je me perds, au dessus, à regarder, ou j’ai choisi d’être honnête, à côté d’une colonne, d’un italien qui enroule et d’une culottée, qui me fait de jolies grimaces, bien fixée comme un chien d’arrêt, l’allemande, c’est si frais son regard câlin, vite que je t’aigrisse, je fils scandaleux et grommelle pourtant sans patience, mais je ne sais pas bien, plus de surprises, de trouvailles, il me faut vous dire le plus incertain, le plus vaniteux : l’oreille est posé sur l’épaule, je demande pardon, essuie sans elle les ombres aux arc élégants qui n’ont pas toujours montré leur arrière garde élémentaire ; quelques transfuges d’autres clubs, et je misère, m’en vais retrouver Dauphine, au cratère torride, maîtresse désolée, caractère intrépide, comme une femme qu’on aurait conduit jusqu’à la sourde caverne, je sais faire résonner, les vairons mystères les yeux de cette fière étape au coeur de mon monde d’action grimaces. Je fend le coeur d’une muse aussi. Je sais que j’obtempère, merci. Je redescend, délaisse ma piste et entend le point où les deux musiques se lient, croise quelques connaissances. Devant moi s’offre le spectacle de la frêle mouvance, les pics de salis, de touffe comme un insecte dans la tourmente, dans un canardage d’époque. Je suis ici, le coeur solide, mais je ne comprend pas qu’on m’agisse sans en faire état au monde intérieur, quelle mouvance, quel cri solide, quel embêtant défi. Ne suis-je que sommeil et rêves étranges? Démences à outrances, autres espions de nos vies; ils sont nombreux ce soir. Du balcon, je peux toucher les annonces qu’ils font, je peux forcer le chant, je sais le conte, et quelques toits du monde, passerelle au dessus d’une mer de sentiment; ils sont durs les ressentirs, je suis seul, hanté par moi-même, perdu au milieu de tous, la voix, la crinière de la bête précieuse qui coule en chacun de nous, s’effile et caresse, frétille effleure et ça me va, mais pour combien de temps? dis-moi, pour combien de temps? Thème: la détresse, obscurément. Le poids la main, tourne et change l’heure: tout rime avec hauteur, et contusions, audaces, l’épure vainqueur, le gronde charmant qui passe, tombe en dépression, revient, vivace et reprend, les instruments, la voix d’oracle, musique, moteurs, vols à l’arraché, tourbillon de masques, toutes nos destinées, les champions de l’arnaque, de mystères en pacotilles, fumée devant soi, blanche, mouvante, la mystique en pagaille, folle abondance de feutres, de climats chatoyants, de combines sans doute, mystique asociale, tombeau, pyramide, odeur de chaud, les pierres, et toutes ces inventions, ces appareils, qui fonctionnent à merveille. Cette ère est redoutable.

    champion tu es, et tu n’as pas le droit de ne pas avoir d’estomac.

    Tu sais pourquoi tu pleure c’est solide et tant pis

    tu ira droit devant, compère, je t’attends. ce moi qui glisse et fidèle

    toujours obstinément

    au moins c’est une constante

    marque d’attention.

  43. brieuc le meur (auddie) dit :

    où il est dit également que je raconte n’importe-quoi. Confondante précision, bien qu’un tantinet réac ; il se paye le luxe de déceler la signifiante liesse, mais pas les glaouis d’airain. Ce qui est distillé dans la littérature en général ? fine position d’autant plus estimable que cela peut partir sous presse, en ordre de mission, comme ça, d’un geste, suprême mutation, je suis perdu là, mue transbordière, ensemble sur le même radeau (d’enfer), (le moins possible). Ne pas sous-estimer la fonction camouflage, et surtout la pudeur de ne dire que quelques mots, ou un flot de remarques, regard brûlé, de constats, tant de secours, grêlée de plomb (dans la cervelle), ça fait mouche, codes anciens, cirque de verre, essaie de le lire, le ton s’éveille, disque livre le tiens, le ton s’éveille, art défini, rajoute une couche, ensevelir, libre tranche horaire, petit nuage. utilité.

  44. auddie dit :

    fonction: piège

    il démérite?

    la sensation

    est à son comble

    pourtant

  45. auddie (blm) dit :

    J’ai remarqué deux choses en visionnant le journal d’arte de ce dimanche 26 février.
    La première est l’emploi du mot « bling bling », à propos d’une jeunesse russe chic qui veut du plaisir mais qui ne s’intéresse pas à la politique. On connait le sujet, mais aussi, les ombres qui nous animent, nous minent, l’époque. On constate (malgré la tendance régressive de cet anglicisme bling bling), c’est pourtant le meilleur terme pour désigner ce théâtre, ces gens, cette combine, le « bling bling ». Cette expression est assumée par le journaliste. Elle est utilisée avec un regain de sérieux, et ça fait comme en vélo, on a changé de braquet. Cela indique que quelque-chose s’est passé en politique, non pas chez ces jeunes russes ou dans notre appréhension de la télé, mais qu’une dimension nouvelle, inesthétique de la langue, est passée dans l’usage, en désamorçant le ridicule du mot, sa forme stupide. Cela nous fait dépasser l’image, et offre un loisir nouveau: celui de dépasser ces gens, ces « bling blings », car ils sont devenus une statistique élémentaire, très rependue, et que plus sérieusement, une douce horreur s’est insinuée en chacun de nous sans que nous en ayons vraiment prit la mesure.

    L’autre était la citation d’un artiste photographe dont les sujets sont des téléspectateurs.
    Il les représente chez eux, dans leurs intérieur(s).

    La voici:

     » Par son pouvoir hypnotique, la télévision débranche quelque-chose de vital en nous ».

    Étrange évidence.

    On pourrait évaluer la réciproque:  » Par son pouvoir hypnotique, la télévision branche en nous quelque-chose de vital ».

    Oui mais quoi?

    Eh bien l’intérieur absolu (ce truc du web, des jeux, de l’art et de l’imaginaire, et puis la conscience, et toute la machinerie, les pièces du fond, enfin tout quoi), c’est cela que ça branche, ce truc vital: la disparition du corps, objet outil machines, ce qu’il y a entre le monde et moi.

  46. jerome ruffin dit :

    Que de tragédies contenues, entièrement, dans un si bref,« instant esthétique » ; instant de la pression absolue s’exerçant sur l’existence ; instant de suspension des facultés de la raison, faculté du sens ; libération des sens, et du désir devenu Triton qui cherche , mais trop tard, pour en retenir la leçon, « le pardon » sur l’épaule admise envers et contre l’usage tragique de la suspension de la raison ; tragédie, veut bien dire, impossibilité d’aimer. L’esthétique, n’est pas la beauté, mais seulement l’ensemble des expériences qui en sont possibles, et ce fruit vénéneux par excellence, qui ne pousse que sur la végétation morte de l’arbre de vie, sur l’intéressant, est aussi un moyen de réduire « le volume d’erreurs » , par l’effroi qu’il provoque, de sorte que, a « suspendre le « sens » » pour resserrer les liens avec la beauté, on ne commet qu’une bienheureuse faute, qui si l’expérience a les traits de l’écriture de Mlle Grêle a aussi suffisamment de clarté pour que l’effroi la reconduise vers l’amour vrai. Cependant que, bien évidemment, la clarté n’y trouvera jamais son compte ; mais ne noircissons pas trop le tableau, sinon « Auddie » va encore supposer qu’un réac. c’est mêler a la conversation…Comme on aimerais , Marielle vous lire dans l’impossibilité devenue force et puissance même de l’amour !!…tout au moins doit on sincèrement vous le souhaiter, car, « l’esthétique » n’est pas tant le lieu de l’expérience vraie de l’absolu, que celui du « malentendu » absolu, de la folie supérieure acquise par la « suspension » du sens, qui donne a Monk par exemple son jeu si particulier ; et dont on ne peut pas ne pas savoir, qu’elle ramène inlassablement vers l’angoisse et au delà aux effrois, parce qu’elle tourne en rond même au fond de son enfers Dantesque ; (devenir la proie de l’éternel vertige de la fascination esthétique est une racine du démoniaque chez Kierkegaard). L’expérience esthétique n’est habitée que par un amour trouble en son principe, a la fois attiré et expulsé, faux frère de l’être, ubiquité dialectique des inversions axiologique que l’esthète nomme, sans penser a mal, « son sérieux ». C’est tellement amusant, d’assister a la mise en scelle de Münchhausen, se transportant par les cheveux. Élévation qui est en fait qu’une accoutumance au mensonge seul capable de réduire la vie a la dimension d’un instant, alors que l’existence entière est a priori l’instant de la présence a l’éternel. Expérience de l’absolu qui n’a aucune réalité, puisqu’elle n’est que tangentiel a ma vie, hors cadre, hors gond comme l’est l’instant par rapport au temps pour le fils qui ne veut pas quitter ses habits couleur de nuit ; aussi réel, qu’une révolution avortée ; ni plus vrai qu’une énigme que l’on pose a soi même ; mais précisément beau pour cette raison qu’on peut se permettre de transgresser le vrai l’espace d’un instant ou croit on on en a conquis l’éternel. C’est peut être pour cette raison, que les religieux de tous les ages se sont tant méfier des artiste et de leur sulfureuse beauté ; peut être y voyaient ils un péché d’impatience auquel , on ne doit se risquer, pour en goutter tout le fruit sans en mourir, (ce qui serait stupide et embêtant) qu’en se l’autorisant comme un jeu. Sinon, la culpabilité exigera notre « pardon sur l’épaule » aimante et hait a la fois parce que sans complicité avec notre mal. Tragédie du mensonge esthétique qui mue l’angoisse de l’élévation en une fascination que l’on danse en club dans les raie de lasers et les lavis de fumée artificielle et blanche. Car la fascination qui procède de la beauté vraie, comme nous l’enseigne toute l’histoire de la philosophie esthétique, est autrement contraignante a l’égard du sens , ou la volonté rené d’elle même « dans » la beauté, peut exiger autre chose que de suspendre le sens ; mais de nous suspendre nous, de « me » sacrifier, lorsque les conditions du sens commandent de lever la contradiction en levant le couteau sur soi. La beauté fascinante jusqu’au sacrifice, jusqu’à souffrir joyeusement le sacrifice, devient la condition de l’affirmation du sens, et n’a plus rien a voir avec la beauté « esthétique » fondé sur l’abstraction de soi qui est ce qu’est la copie par rapport a l’original. Dont tout le pauvre secret consiste a mêler infiniment le corps avec tous les autres, a faire l’un par la sensibilité ; et a mettre , au terme de la vie, l’ultime déception, le dernier regret qu’aucun temps ne peut plus effacer, d »’avoir produit soi-même le « mystère » en « suspendant » le sens, au lieu de vivre le sens qui implique la confrontation permanente, et la pression absolu du mystère ; le vivre dans son suspend, sans y renoncer avant le terme. Renversement du principe de la subjectivité dans l’implosion « esthétique » et intériorisation de la contradiction de l’existence par l’artifice du mensonge. Au final, le regret, c’est a dire l’évidence que ce n est pas l’absolu qui s’est révélé mais seulement la faculté de se mentir et de se perdre en soi-même qui s’est désenveloppée comme un amour frelaté, vicié par les moyens qu’il se donne de s’accomplir ; ce « renoncement » a une part absolu du sens, qui ouvre l’expérience esthétique, par delà le bien et le mal, est aussi un renoncement au sens de l’absolu, lui suspendu, peut être cloué au bois. Et cependant, éternellement gagnant par l’effroi, l’envers du décors et le lieu de la scène : les oiseaux du ciel et les lys des champs, en suspend comme Marielle, une nuée de grêle dans l’œil de Dieu.

  47. jerome ruffin dit :

    Bling bling, comme le son des euros au fond de la cassette d’Harpagon ; la France politiquement représentée par un clown moins risible que M. Jourdain…je ne m’étends pas sur le sujet, parce que ma colère est véritable sans bornes a l’égard de ce sous-fifre, Arlequin de pacotille , ce valet minable et miteux, suffisant et arrogant parce qu’haineux et inculte au dernier degrés( celui ou l’homme est mur a point pour croquer du fruit des apparences sans queux ni têtes, mure pour trouver satisfaisant de pisser des pétrodollars comme la pouliche de Gargantua noyant les gens de paris dans son urine) cette bonniche au service de la spoliation, de la déconstruction inconsciente de toutes les bases politique possible d’un avenir commun ou il puise le culte de sa personne, s’adressant a nous comme un instituteur a sa classe de CM2, qui fait toute la force de sa politique de haine, ou le mépris absolu de l’humain est la règle de sa gouvernance, la ou l’époque exigerait de toute urgence une patrimoinisation, une refondation du socle commun (comme j’aimerais chier dans la gueule ouverte du ministre de l’inculture, et lui pisser ma haine contre sa suffisance liberticide et anthropophage, d’impuissant pourceau ; hadopiser sa putain de viande faisandée, de bourgeois mort-né, si cela pouvait inséminer deux ou trois frissons de liberté dans ce corps sans âme et sans vie de vieux vicelard bavant sur le cul des enfants de moins de treize ans…). Cinq années a supporter la plus méprisante des incultures, le plus mauvais film de série Z, sans scénario, dénuée de la moindre étincelle de vie et d’esprit, mais prolifique en montages cruels et sadiques contre les homos, contres les étrangers , contre tous ce qui n’a pas renoncé a la vie, a l’humain, a la conscience, au désir et a la pensée, a la différence, pour grandir sa vaniteuse insuffisance ; cinq années sans aucun idéal politique hormis celui de réduire tous les français au statu sociale moyenâgeux de l’esclave chinois, suant sang et eau pour un bol de riz par jour dans le monde le plus dépourvue de sens que l’on ait jamais vu idolâtrée par tant de millions d’esclaves volontaires..le degrés du zéro absolu en politique…quand on ne peut pas s’élever parce qu’on est trop conscient de sa pure nullité comme l’est Shharkozie, on le peut encore en rapetissant tout, en rendant tout plus insignifiant encore que soi-même, ; voilà l’œuvre de l’orgueil : le désert , le roitelet sans sujet, qui confond ses taches de foutre éjaculer a la gueule de tous les français, avec la mamelle qu’il devrait leur tendre s’il n’était pas aussi radicalement et ridiculement indigne de figurer au rang même de l’humanité ( la dignité est une condition du bonheur chez Kant), voila un signe de l’esprit du siècle dans lequel nous vivons…pardon, dans lequel nous résistons. Suis-je suffisamment réac cher Auddie ?

  48. auddie dit :

    « Tous les sujets sont-ils admis en littérature »?

  49. auddie dit :

    Je suis d’accord avec cette chose terrible: l’impossibilité d’aimer conditionne le jeu, l’interprétation, et le propos. Devant soi. Mais pour qui jouons-nous? Regardons-nous le public comme un spectacle?

    « Le jour où j’ai compris que mon jeu c’était comme faire l’amour, mon propos a prit un sens nouveau et supérieur, et j’ai duré plus longtemps. » (Louie Hail, Detroit 1996)

  50. jerome ruffin dit :

    Le mal est précisément un « sujet » qui inclus tous les autres ; l’unique abyme en lequel une réflexion et une impression de soi vraie correspondante, deviennent un être, « mon » être. Quand a l’impossibilité d’aimer, elle ne conditionne pas le « jeu », mais le sérieux; le « jeu » au sens du divertissement pascalien, est une césure, une entorse sans conséquence au « sérieux » de l’amour. Le sérieux n’est pas d’éviter la souffrance de l’amour, pas plus qu’il n’y a de sagesse a la redouter, mais de comprendre qu’aimer c’est forcement s’engager dans un dépassement de soi ou sans le recours a une transcendance il est impossible de trouver de la joie dans les bornes de la souffrance. Lisez, Kierkegaard, bernanos, bloy, le Zohar, le Talmud, les mystiques, rhénans et espagnol , J. Bhoeme, swedemborg, faites un tour chez Asensio, les infréquentables, les maudits, les théosophes, etc…je peux pas vous expliquez tout ça c’est trop long et je suis pas assermenté ; quoiqu’il en soit, bien évidemment que rien ne tombe hors du cercle de la littérature, que c’est même sa fonction, rendre le Tout parlant, parler a partir du tout, ressusciter la langue , ressusciter l’esprit dans son unité cohérente, ou faire advenir l’être au sens, a l’unité du sens, ou les poils de mon cul ont autant de réalité que le saint suaire.

  51. jerome ruffin dit :

    Pour etre plus clair encore, approfondissez le concept de « Repetition » chez Kierkegaard : le réel est l’etre recu comme « un don excellent et parfait, qui descend du pere des lumieres », lorsque le moi illegitime, relativiste, est mort a lui-meme ; seconde immediatete, en vertu de l’esprit qui necessite de se laisser porter par l’angoisse jusqu’a l’au-dela de l’effroi qui est la porte etroite du salut, jusqu’a la la certitude subjective de la tran,scendance , de l’intention amoureuse de Dieu traversant toute la creation…bien a vous. jerome

  52. auddie dit :

    je ne pense pas que le mal puisse être à soi

    il n’y a de dieu que littéraire

    sinon que peut-on leur rapporter

    oui dites bonjour à Asensio

    il y a aussi des gestes, des réalisations, sans ce vocabulaire

    réinventer la langue, c’est le contraire de la religion (même en tant qu’outil de représentation ou de figure imposée)
    la réinventer c’est perdre et l’idée de transcendance et l’idée de « mal ». La souffrance est à analyser en terme de données poétiques singulières, mais à même le sol, à ramasser par terre. Extérieure à soi.

    très bien la langue a ses réminiscences, ses richesses

    mais la réiventer souffre t-elle les codes esthétiques

    quelles portes faut-il pour y arriver

    pourquoi la langue de dieu serait la suprême?

    et pourquoi faudrait-il même en parler? jusqu’au dégoût

    pour qu’à chaque fois tuer dieu en parlant de la langue, long précis et précieux blasphème

    la langue on la connaît

    elle ne garantit pas de se faire comprendre

    ce qui est tangible c’est le coeur

    en provenance d’un corp lointain

    sécheresse et dead end de la lande

    marche forcée

    on ne réinvente pas la langue, on devient, à soi, plus précis
    on se glisse avec plus d’aisance
    mais combien de silences?
    quelle langue est-ce
    sinon concepts, et idéaux, idiômes
    de retrouver le même effet
    toujours la même prise
    oh pâle nature
    qu’elle disparaisse
    puisse la transcendance ne pas remplacer l’effet d’assechement, de lutte
    nouricière, mais bon, ça disparaît
    de quelle transcendance parle t-on, sinon de celle de la faute pardonnée, de l’épenchement
    point d’ajustage
    de présentation,
    c’est lisse
    un petit pas pour l’homme
    le jour où dieu est mort
    une petite marche pour la littérature
    et qu’à chaque fois je me surpasse
    m’apparaît bien bénin
    vaste traverse
    mais pont menteur
    tâche arride, investissement
    mais quelle rédemption
    tu es toujours le mal
    le bien, qu’on fatigue!
    tu es la chose aux désirs précis

    ne se nettoie pas sans quelques bouleversements des sens

  53. jerome dit :

    Si l’écrivain doit provoquer une catastrophe spirituelle, il doit aussi, produire de la vie intérieure. Qu’ajoute ce paradoxe au fait d’être publié ?Il fait paraître qu’un sorite se cache derrière le paradoxe. Les manuscrits de « l’Alternative » et du «Journal du séducteur » sont bien des écrits qui n’ont pas été publié par leurs auteurs, ni écrits en vue d’une publication, mais destinés a l’enfouissement, comme le sont tous les instruments inutiles. Écrits cachés, ensevelis au fond d’un lac, ou dans ledouble fond d’un bureau, ils ne trouvent leur unique lecteur, qu’a lafaveur d’un hasard. Ici c’est le meuble, sur lequel ils ont étéproduit qui les cache par un savant double fond ; (mobilie racheté ensuite chez un brocanteur), et la, c’est un coffret hermétiquement scellé, et lesté de pierre, qui remonte, par hasard, du fond du lac accroché a l’ancre des entomologistes. Leurs auteurs n’ont pas voulu les rendre publique, ces écrits n’ont doncété produit que comme support matériel, secours de la matière dans l’acte de penser et de se comprendre soi-même. Penser qu’acause de cela ils sont moins sérieux serait précisément le signe du sorite qui bien souvent fait toute la substance creuse des cranesde Yorrick de nos modernes éditeurs. Et pourtant ces écrits ne sont pas moins le produit d’une pensée, qui a sur toute autre, le mérite et l’avantage de ne pas donner au soucis de la publication, l’attention que la pensée requiert lorsqu’elle doit se comprendre sans partage a travers l’écrit. Éditer doit être un acte violent, au moins aussi violent, que celui qui devait amener aupouvoir le roi philosophe de Platon, apte a gouverner parce qu’il ne désirait pas le pouvoir.

  54. jerome dit :

    pour ceux d’entre vous qui n’ont pas encore coupé les liens entre « art » et « unité du corps spiurituel de la culture », un ensemble de problematiques interressantes ici : http://www.fredericlordon.fr/

  55. Marie-Agnès dit :

    Ceci est un texte court.

  56. jerome dit :

    Le théâtre des opérations : pontage coronariens, du chasuble affecté de suie. Reste encore a débattre, linge au vent et des poussières, du sang et des taches ; a rebours du cours des eaux, qui vagissent l’informe, et en pantelante vermine soutenue de faim, je m’abreuve aux sources de vérité. La souffrance du poète n’accorde aucune satisfaction de toute éternité, mais elle jette le feu dans la paille, elle déclenche le brasier. Pendant que nous nous tenons a l’autre extrémité, pour ne pas brûler, glacée d’indifférence, sous la cale de nos peaux, obstiné a ne pas dire  : « mettons nos os a l’abri ! » dans la fausse assurance de ne pas trembler. Décomposerons nous pas ? La noire peur indomptée, insurmontée baisera notre ombre pour nous donner la vie. Dirons nous ? « Jouons nous aussi !, a nous donner la vie ? Au jeu du baisée, pensant communiquer la vie comme l’ombre le fait…nous savons ce qu’est la mort : un cri d’amour au terme de la vie. Sur le chasuble donc les taches de mort et de vie, deux taches de sang. Oracle sur le tablier de la fillette, niché dans la mousse des bois, et les murs leprosés des écuries d’Augias ; les dits et écrits invisibles, illisibles sont toujours préférables ; êtres silencieux, tracés dans les sillons du gravier, les raies de lumières frappées de nécroses aux rainures des murets, dans le sous-bois des herbes, a mes pieds ; dans les lances des nuits de glace émerveillées d’être; dans la lumière vraie, sans couleur, sans chaleur, au contre-jour des lunes, sans objet, vierge nudité. « La chaire inconnue de la clarté ». Publierons nous que la clarté est a vendre ? Contre un charnier ?, qui peut tout absorber, des opérations de théâtre : grandir dans son ombre, jeter la nappe, préparez le festin de sel, par ce reste entre les apparences, toujours fuyant, mais que rend la peinture, et qui tombe de nos étaies, comme une étoffe au vent soufflée. Tissez devant l’esprit les barreaux de sa lucarne ! Donnez a la prière son cadre, et au cantique la voie sous le froid des pierres ! Rendre voyant le cœur du lecteur. Pour que filtre la lumière, dressons la table intangible des mots, qui préparent au festin d’invisible repas. La vie n’est pas indifférente aux mots. Un court écrit. Esprit. Langue vierge du mal. Sainte Marie-Agnés des lampées foudroyantes de clartés et de précision.

  57. Anonyme dit :

    Le corps se réveille, en peu de secondes le rêve est transmis à la jeune dame, avec le sexe encore dans son tétanos de l’aube. Le rêve est tapé sur un vieux mobile. On garde en tête les autres femmes ? A ce moment on est quand-même conscient qu’on est limite en train de harceler. Mais l’excuse intello est implicite aux mots choisis pour condenser les images érogènes. La jeune femme en princesse… mais on évite le mot pour banal. L’on dit plus sobrement les vrais images choc, ou métaphores. Le mobile ne conserve pas les messages depuis des semaines, il est saturé. Elle possédait un jardin et on s’était caché là dans un pavillon de corail. Je lui faisait rencontrer ma mère, sur le visage de laquelle je crachais avec une volupté suprême. Puis je raconte une autre fois le rêve à la femme que j’aime depuis un an et que j’ai dénommé ailleurs « ma fiancée clandestine », à cause de la situation précaire de nos rencontres, soumises à l’inquisition de nos ex-couples, encore maîtres de notre vie. C’est ce que je voulais raconter, d’accord ?

  58. Manuel dit :

    Puisque ma vie est devenue un canular, les mémoires qui me restent à écrire seront ni plus ni moins littéraires qu’un canular, mais elles se doivent du merveilleux, de l’étonnant et du ridicule en même temps. Le style propre à déclencher la paranoïa ou l’accélération chez le public éventuel intéressé ou pas.

    Michèle a dû raconter dans son entourage que ses rapports avec moi relèvent du flirt et de l’inconséquence, que je suis un pauvre con, bref. Et pour rester conséquente elle est sagement rentré chez elle préparer le dîner à son fils musicien folk, qui passe plutôt la nuit en boîte ou chez des copines, et peut-être aussi pour faire comprendre à son ex, ce bon samaritain, qu’il y a peu d’hommes sur la terre qui aient ses qualités et sa grandeur d’âme.

    Cela m’a permis de me pencher sur les allusions à la biographie de Gide dans un livre de Léo Scheer sur internet, notamment à la destruction de sa correspondance privée (document in fine pour un roman à venir) par sa femme jalouse. J’ai aussi profité pour trouver un arrangement avec mon propre fils qui me permette d’écrire la nuit. Bref, je suis retourné chez moi.

    J’ai raconté à Michèle au mobile que je suis en train de commencer pour la première fois un roman, carrément un roman, en français, carrément en français en non pas comme les précédents en espagnol. Ma muse dans ce projet à long terme a raccroché me disant qu’elle m’appellerait plus tard et je me suis dit que je ferais donc mon roman en direct, puisque le français je l’utilise sur le blog et sur facebook pour consommation immédiate. Cela rendra tendue l’action, qui, malgré les boudins de mémoire, reste à vivre.

    Que cela ne fasse qu’éventer la puissance d’un vrai roman je n’en doute pas, si vous voulez me dire cela avec plein de ferveur. Mais le roman o les mémoires en tant que canular n’auraient la sauce fantastique que je sais préparer sans ce détournement des bons procédés.

    Tous les artistes se targuent de bien connaître le sexe et de le décliner souvent dans les meilleurs intensités de son spectre, aucun, même celui qui se pose en maudit, va faire étalage d’une vraie grosse pitoyable misère sexuelle. Sur internet on fait mine, si jamais quelque chose comme ça nous arrive entre nos multiples aveux de routine de lécheurs, que ce n’est point un coming out, mais bien un soupir au deuxième degré.

    Je pense que plutôt que les détails de la rencontre et des précédentes, plus aptes à m’inspirer une lettre de tango, et la chorégraphie avec, ce que je veux c’est foncer dans le trash du punk revendicatif, or whatever. Puisque c’est un canular, au risque de virer lyrique ou ringard et perdre le percutant. J’ai des moyens pour faire mal, dans l’abstrait, faire de l’abstraction, de la peinture abstraite, du malfaisant canular, ça viendra.

    Le corps se réveille, en peu de secondes le rêve est transmis à la jeune dame, avec le sexe encore dans son tétanos de l’aube. Le rêve est tapé sur un vieux mobile. On garde en tête les autres femmes ? A ce moment on est quand-même conscient qu’on est limite en train de harceler. Mais l’excuse intello est implicite aux mots choisis pour condenser les images érogènes. La jeune femme en princesse… mais on évite le mot pour banal. L’on dit plus sobrement les vrais images choc, ou métaphores. Le mobile ne conserve pas les messages depuis des semaines, il est saturé. Elle possédait un jardin et on s’était caché là dans un pavillon de corail. Je lui faisait rencontrer ma mère, sur le visage de laquelle je crachais avec une volupté suprême. Puis je raconte une autre fois le rêve à Michèle que j’aime depuis un an et que j’ai dénommé ailleurs “ma fiancée clandestine”, à cause de la situation précaire de nos rencontres, soumises à l’inquisition de nos ex-couples, encore maîtres de notre vie. C’est ce que je voulais raconter, d’accord ?

  59. Manuel dit :

    Un roman qui soit pas anodin n’est pas souhaitable. Ce que je fais n’est pas souhaitable. Quand je me mets à écrire je suis moi aussi en train de bombarder la ville martyre de Homs, ou je suis une bombe sur laquelle j’ai eu le cynisme d’écrire : « ça tombe bien ». A cause de mon éducation je me suis toujours enfoui devant les responsabilités, et en dernier ressort les plus profondes. Je me suis martelé un regard d’acier en me disant que la « laideur morale » n’était pas mon affaire, que je ne serais jamais touché et même j’ai fait en sorte d’exclure toute trace de sa présence de mon vocabulaire, ou de l’investir d’un masque de justesse, justice et je suis allé jusqu’à la consacrer en tant que sublimation.

  60. Arthur-Louis Cingualte dit :

    LET’S SCARE ROSE TO DEATH

    Pare-toi, ici sur la terre,
    Seulement ici
    Nezahualcóyotl

    Il vaut mieux résister au sud que céder au nord. C’est à travers l’application des conditions utiles à un admirable sabotage que Rose Caldeira a retenu cet enseignement. Elle se tient, encore et toujours, au bord du point de rencontre des deux soleils. C’est qu’elle s’émerveille de la terreur et sait remarquablement se faire peur. Des incendies qu’elle stimule se révèlent des cratères autant béats que frustrés. Pour sa capacité à se préserver à chaque fois d’une union physique, elle demeure la favorite incontestée des monts en colères. Elle sait, en effet, mieux que quiconque ce que c’est que d’émoustiller à flanc de volcan, d’ensorceler à nez de fumerolles. Elle fait sur les pentes noires danser des kyrielles de désirs. Ça, cette conversation aussi organique que profonde, on en remarque, chez elle, toutes les dimensions sans aucune peine. On sait que sa méthode sensuelle lui permet de dompter les risques et de subtiliser, par l’observation inédite, quelques mystérieuses mécaniques propres à la terre. Son travail emprunte aux éruptions de brûlantes richesses et d’inestimables confidences qu’elle distribue pour sa gloire et diffuse sans cesse autour d’elle, princière. Cette relation aussi périlleuse qu’intime attise les aspects affriolants de sa condition : elle éclaire à la fois les miroirs de son âme, et l’embellit toujours plus qu’elle ne la brûle. La jeune femme figure ― pour tous ceux qui, comme nous, restent transparents entre eux ― comme un jeu mortel, un impénétrable dédale de flammes. Ses yeux sont autant braises qu’oasis, une lagune écarlate coule en silence sous ses lèvres, sur la courbe de ses hanches reposent de torrides sables nocturnes et sous son derme marche un long sang de feu capiteux. Mademoiselle Caldeira peut se targuer de multiplier les amants comme le poète rassemble les membres d’Osiris : elle tourne autour, montre les cuisses et ne va jamais ― puisque c’est intrinsèque au panache que requiert l’expression de sa fatalité ― jusqu’au bout. Au sud, des cendres qu’elle ramène comme de l’or, Rose progresse, Rose résiste.
    La vulcanologue ne dissimule aucun des trésors qu’elle obtient de ses préliminaires autonomes. Lorsqu’elle se présente en société pour exposer ses découvertes, elle parade et promène quelques trophées sans la retenue qu’exige le secret d’un dialogue charnel. Là, de la tête aux pieds, pendus autour du cou, des poignets ou bien encore, comme des gouttes des oreilles, on découvre l’étincelant tableau de chasse de ses larcins : un bijou pour chaque tourtereau échauffé. Alors, bien évidemment, il se dessine une hiérarchie, tout un ordre de préférences selon les territoires qu’ils occupent sur son corps : l’amant se targuant de la proximité la plus intime, voit son précieux basalte fasciner l’auditoire en raisonnant sous l’effet de secousses latérales de son relief gauche, coincé par celui de droite, juste au creux des ses seins. Il tient son prestige du fait qu’il a failli conclure comme aucun autre auparavant. Elle signifie ainsi qu’elle le moque tant elle l’adore. L’éloquence qu’inspirent les parfums de la séduction de Rose Caldeira entreprend l’éternel et s’excite de la mort.
    Ça y est, ça fume tout autour d’eux. Ils sont proches. Depuis pas mal de temps déjà ils estimaient, prudents, le danger que pouvaient représenter ces volutes de fumées blanchâtres et immobiles comme les voiles d’un navire fantôme. Maintenant qu’ils sont en plein dedans, le soufre de la roche noire projeté en ardents cristaux, ils sortent de leurs sacs de petites étoffes (faites à cet effet) et font timidement signe à Rose de trouver de son côté de quoi se couvrir le nez et la bouche. Bien entendu, ils lui font aussi comprendre que s’il s’avère qu’elle n’a rien, l’un d’entre eux est tout à fait disposé à se séparer de la sienne (ça sera d’ailleurs, comme ils l’ont convenu très équitablement, celui qui a manqué de s’en occuper pour elle). La proposition est exprimée modestement : ils savent bien qu’en lui figurant cela ils investissent, à ses yeux, de candides landes. C’est donc sans les étonner qu’elle fait non de la tête. Ils savent que Rose Caldeira n’a pas pour réputation de s’embarrasser de sécurité. Elle est une spécialiste de renommée internationale ― de celles dont l’espoir d’un instant, d’un soir partagé avec elle, a pour ceux qui la travaillent sans répit la valeur d’un empire. Ses guides du jour ont donc comme impérieuse consigne de prendre soin d’elle et de répondre à l’ensemble de ses désirs. On a pris la peine de leur répéter plusieurs fois tout ça (en espagnol et dans leur dialecte indien) : qu’elle n’ait aucune égratignure, qu’aucune offense produite à son endroit ne soit en mesure de la contrarier. Donc courage, classe et suavité sont de mise. Leurs femmes elles-mêmes, avant de partir hier, leur on fait part de l’estime inaltérable qu’elles partagent, toutes, pour cette talentueuse et si humaine dame du monde ; cela non sans mettre de côté l’aspect financier de sa présence et l’école qu’elle a proposé de financer. Ils sont donc à la fois convaincus et bien rodés. Ils savent que c’est du sérieux comme de l’encre pour les livres. Il y a de l’écrin et des moyens, de l’humeur et de l’attitude. Faut dire que l’entité scientifique occidentale est, sous les tropiques, synonyme de spectaculaire, d’illustre et de décisif : elle sait aussi bien mobiliser les souffles de la mystique que les ressources humaines les plus dévouées. Pour ceux qui s’y trouvent, on marche donc là dans la légende. Les accompagnateurs de Rose se vautrent tout à fait hypnotisés dans cette agréable dentelle. Ils sont entièrement disposés à ne brutaliser aucun protocole et à payer quoi que ce soit de leur vie tant qu’elle accède à ce qu’elle est venue voir. Pour en revenir à l’étoffe, Rose, brûlante, surexcitée ― une chenille comme un frisson orgasmique permanent dans son dos depuis les débuts de l’ascension ― n’a pas eu au préalable le temps de véritablement se préparer. Elle n’a rien d’autre que ce qu’elle porte sur elle pour filtrer les vénéneux miasmes du volcan alors qu’il faut impérativement traverser une centaine de mètres d’abréviations chimiques : monoxyde de carbone, chlorure d’hydrogène, dihydrogène, sulfure d’hydrogène. La jeune femme a bien une idée pour se protéger ― mais cette idée, elle le sait pour l’avoir déjà employée, peut entraîner de déplaisantes conséquences en termes de concentration masculine. Néanmoins, à ce moment-là, trop emportée par son enthousiasme, elle s’en fout. Alors, c’est très vite réfléchi : pas de manières. Sans s’arrêter de grimper Rose dégrafe son soutien-gorge et, par un astucieux jeu d’épaules et de mains, s’en débarrasse en le sortant comme par magie ― juste à la limite d’un déboutonnage de trop ― du col de sa chemise. Elle porte le bonnet droit à son visage : il couvre plus que la zone concernée. C’est le signal : le volcan entreprend l’échange amoureux : ça gronde très mielleusement. Dans un même mouvement, de sa délégation locale, il y en a un qui, comme tripoté par un satyre, se retourne en espérant voir ce qu’il considère alors certainement comme la suprême Vérité. Il prévient d’un clin d’œil ― une fois ouvert tout écarquillé ― ses compagnons du prodige possible que le sous-vêtement retiré et l’atmosphère venteuse peuvent confectionner. Plus âgés, outrés par son attitude, ses collègues lui signifient aussitôt la vulgarité de sa curiosité et exposent les termes par lesquels ils peuvent rendre muettes ses intentions, d’un pouce sur le fil d’une machette. Rose attise de fait, maintenant un linge en moins sur sa peau de Blanche, quelques bribes de curiosité à combattre. C’est donc soulagé ― puisque effrayé à l’idée d’être frappé de cécité par la morale catholique divine que la vulcanologue charrie, mine de rien, derrière elle ― que le petit groupe de locaux remarque (au moins pour s’en assurer) que son ample chemise, pourtant fouettée par le cagnard, ne laisse définitivement rien transparaître. Il n’est pour eux aucun des reliefs qui parcourent le derme de Rose qui soit érectile sous de telles températures. Il faut du torride, du à la limite du supportable. Ils ne sont que de simples préposés, ils ne sont pas élus. Il n’y a que la lave qui bouillonne déjà, pour profiter du spectacle et espérer, peut-être, dépasser le stade optique.
    C’est long sur la fin : comme un goudron de canicule urbaine, le sol devient élastique et caoutchouteux : les muscles du bassin, des cuisses, des fesses, des abdominaux produisent considérablement. À chaque mètre Rose s’érotise toujours un peu plus. Elle s’emperle de transpiration, ses cheveux s’emmêlent sensuellement et les verres de ses lunettes soulignent son regard d’une crasse grisante. Des réseaux de lave avancent jusqu’à ses pieds, lui dessinant les voies qui la mèneront à leur cœur.
    Elle avait raison : juste là, une vingtaine de mètres plus bas, c’est un véritable chaudron qui l’attend ! Elle avait raison ! Elle le savait alors que la communauté le niait. Quel triomphe ! Faut voir son sourire retrouver l’enfance et ses yeux recevoir l’humidité sucrée du bonheur ; c’est au-delà de toute mesure. Un petit hurlement rond, les bras levés, deux/trois sauts sur place, hop, qui lui permettent de faire un tour sur elle-même, et de larges accolades (à l’américaine) pour ses guides devenus alors compagnons. Cette familiarité soudaine ― vas-y que je te tape dans les mains, que je te pince les joues, que tu reçois, chance, un peu de mes lèvres sur tes joues vérolées ― les submerge de fierté. Il y en a même un qui, pour travestir son émotion, les sanglots de la mission accomplie, imite la toux. Cette liesse de la victoire, ce n’est pas leur culture : ça les transcende et les bouleverse. Ils ont l’impression de participer à quelque chose d’éternel ; quelque chose qui dépasse maintenant leurs espoirs de se voir cités dans des bouquins pour investir, derechef, l’écrin des noms de rue. Ils songent déjà à raconter le truc, non sans s’interdire le plaisir de l’étoffer quelque peu, à quelques gamins admiratifs. On trinque avec ce qu’il reste dans la glacière. On prend des photos en posant comme des pionniers. L’instant est phénoménal. Alors, débarrassés de quelques convenances, ils en demandent encore. Ils sont définitivement ouverts, ils veulent exprimer leur véritable nature. Qu’on se marre franchement, parce qu’ils savent rire, eux ! Ils la considèrent suffisamment proche pour ce type d’intimité : elle fait partie de la famille. C’est suivant les conseils de ses camarades que le plus grand avance courbé, lentement et silencieusement, dans le dos de Rose qui est occupée à séduire le volcan. Les bras du sherpa latin se tendent au niveau de ses fesses ; ses copains, plus loin, les traits du visage déformés par l’hilarité qui se présage, l’encouragent du pouce tendu de la victoire romaine. Ses mains se hissent, se suspendent un peu au-dessus des ses hanches, s’écartent, prennent une forme de pince, s’immobilisent sans un son, une, deux, trois secondes, et d’un coup éclair se referment, taquines, sur les flancs de Rose. BOUH ! Ils font à l’unisson. C’est drôle.
    Lorsque l’on pince la peau, à la façon d’une chatouille rapide et appuyée ― même, comme ici, sans la volonté de faire mal, juste pour surprendre et rire ― au-dessus de hanches, côté dos, ça produit invariablement un réflexe, une réaction verticale, une inaltérable mise en relation ascendante des muscles et des nerfs qui tendent le corps de façon immédiate. Une tension musculaire brusque, ça finit par atteindre le mollet et produire au niveau du talon une force d’appui non négligeable : c’est largement assez pour que, sous le pied de Rose, la roche magmatique bien sèche, de composition friable, juste au bord du cratère ardent, s’écrase et cède. La délitation poussiéreuse de la roche noire déstabilise évidemment, et peut même confondre, comme ici, un équilibre de qualité féminine. Rose tombe dans le volcan.
    Au moment de sa chute la certitude ne fait aucun doute pour elle : c’est la passion pour laquelle elle transpire qui s’achève. À force de les chauffer comme ça, c’était évident que l’un d’entre eux allait finir par la baiser. C’est partout dans l’air, dans son cœur, une absence de tension, comme le parfum d’un bain moussant. Elle n’a plus de soutien-gorge et sous son short ne porte pas de culotte. C’est une offrande à la mesure de l’attente de ses conquêtes. Comme quoi elle s’était trop préparée à avoir peur. Rose sait maintenant que le prince des ténèbres ― de ses entrailles à son éther ― se réclame de la lumière.

  61. jerome dit :

    Serait il devenu inconvenant de demander aux écrivains de prêter attention au langage? De ne pas jouer impunément avec le sacré? Avec la paradoxalite de la langue, qui fait toute la jouissance esthétique de la la littérature certes, et de la meilleurs lorsqu’elle s’en rend compte, est, aussi bien trop souvent, sans s’en rendre compte un divertissement qui dessale les eaux de la langue, provoque l’hystérie de l’incompréhension, le scandale du désespoir ou nous nous perdons nous même, emportant avec nous la langue, le lien qui nous rattache a nous même, aux autre et a dieu. Ainsi se perds et la langue et tous les locuteurs dans l’effervescence de la meute en abois. Car la littérature qu’est ce au fond? Sinon la jouissance de la paradoxalite du réel, de toute sa paradoxalite; quitte a forcer les traits, comme chez Céline par exemple, avec sa mauvaise fois et son antisémitisme rivé au corps; et pourtant peut-être était il devenue absolument nécessaire d’être antisémite pour pouvoir voir le XX dans toute l’horreur de sa logique antisémite; car le sentiment a l’œuvre au fond de l’histoire a une époque ne peut être dit s’il n’est pas entièrement vécu; l’esthétique est par delà le bien et le mal, mais justement on ne se rend pas compte a quel point c’est scandaleux! Qu’un antisémite soit, peut-être, le plus grand écrivain du xx siècle qui fut celui de la Shoah, me semble tout a fait dans l’ordre; ce qui ne veut absolument pas dire que je cautionne l’antisémitisme, ni le principe selon lequel pour parler d’une chose en vérité il faut l’avoir vécue avec passion. La chose est elle si extravagante? On s’étonne de l’antisémitisme de Céline, mais de la part de l’écrivain du siècle dont le concept est celui , apocalyptique, de la révélation de l’horreur absolue, le contraire aurait était étonnant et contre prophétique..

    Loin de moi l’idée de dénigrer ce que chacun fait sur ce blog; mais ma «culture de la liesse» qui vous surprends (passage au demeurant qui m’a particulièrement amusé dans votre texte cher Louis-Arthur!) est directement puisée dans l’affirmation paulinienne selon laquelle «la foi est plus que victorieuse», c’est a dire dans la paradoxalite de la Parole de Dieu. On ne peut faire de littérature sans user de la paradoxalite de la pensée, mais jouer avec le «rien», sans laisser sous entendre qu’il est aussi toujours en même temps le «comment» du rapport absolu avec l’absolu, le «comment» du rapport a Dieu, que «Dieu» même n’est pas autre chose que la manière dont on se rapporte a Lui, ce n’est pas rendre justice a l’esprit.
    L’antisémitisme de Céline dit que l’écrivain s’il veut dire le tout de son époque doit participer de ces vices radicaux. L’écrivain n’est pas comme le philosophe retenue par une close de moral, quoique tout comme lui, il use d’un rapport a la limite, du rien qu’il forme dans son œuvre et par lequel il dessosse les fausses certitudes des lecteurs, aidant ainsi un peu a la libération du cœur des êtres. Mais si l’ambiguïté du rapport a la limite, qui est toujours en jeu dans le langage comme le montre le «Tractatus logico-philosophicus» de Wittgenstein, n’est exposer que dans la forme , non dialectique, d’un jeu purement esthétique avec le rien, alors loin de travailler aux réveil de la vie intérieure des lecteurs on lui substitue, paraît il, si on en croit les philosophes, a l’énervement de nos corps parcourus par le soucis de la vérité, l’influx nihiliste de épanchement narcissique dans les miroitements du rien et ainsi, nous nous avachissons dans le confort des illusions. La littérature moderne se complaît dans les jeux paradoxaux, loin de moi l’idée de l’en blâmer, mais simplement de lui rappeler l’origine religieuse de la matière de ses jeux, de sorte que du plaisir esthétique on puisse passer a ce que pendant des siècles on a appeler «édification» (ce qui n’a absolument rien a voir avec une quelconque moraline puritaine, ni même avec un maïeutique socratique fondé sur le rien de l’ignorance qui est toute la sagesse, mais précisément sur l’inoculation, la communication existentielle, par la lecture de la Parole de dieu, d’un concept lui-même paradoxal qui achevé de radicaliser le rapport absolu avec l’absolu en le faisant basculer entièrement dans la détermination du «comment» de la foi qui donne, le «ce que» de son objet, la félicite), ce « renversement », cette convertion, de la faiblesse de l’ignorance en force et puissance du sacrifice de soi dans l’amour par lequel le croyant répète la geste poétique divine, et intériorise comme volonté du Père, la puissance par laquelle il existe, puisque chacun doit reconnaître qu’il ne s’est pas lui-même produit dans le monde, devient lui-même et se justifie devant Dieu. Aussi la littérature n’est pas simplement l’écrin dans lequel se forge des images plus ou moins paradoxales, subjectives, fascinante de vacuité, de transferts, de sublimations des énergies sexuelles en symboles, de mise en abyme ou le lecteur renoue avec une impression profonde de lui-même, une impression spirituelle de sa vie, mais la mise en œuvre, le réveil d’un désir de cohérence, de justification de soi dans la volonté de narration, la nostalgie du ressouvenir, qui pour bien faire ne peut être qu’absolument transcendant a lui-même c’est a dire forcement religieux en ayant son sens au-delà de lui-même et non dans l’immanence , pourtant nécessaire a la reconduite du jeu esthétique littéraire. L’édifiant se distingue du maïeutique en ceci que le sens dans le premier est transcendant tandis que la maïeutique consiste seulement a se ressouvenir d’une vérité compréhensible déjà posséder de toute éternité en nous. La transcendance du sens est aussi ce que recherche l’amour, et ce sur quoi il échoue bien souvent; surtout dans un temps apocalyptique ou la sphère du symbolique a volé en éclat et a laissé l’homme dans la plus grand désarroi, celui de la déformation de l’outil conceptuel de toute compréhension de soi qu’est le langage; car l’amour au sens chrétien, ne procède pas du pathos, mais de la Parole, il est l’esprit de la Parole; il n’est pas un penchant naturel mais un devoir absolu devant dieu, l’unité du désir se jugeant elle même quand a l’acquisition et au rapport de son Bien absolu; aussi ce qui se perd dans les jeux nihilistes de la littérature c’est proprement la pureté du cœur, le fait que dans la langue la désir doit toujours pouvoir faire le point sur lui-même, dire ou il en est de son rapport absolu au Bien; car au terme l’amour, l’esprit du rapport du désir a son Bien transcendant, est l’unique juge de l’existence vécu dans la souffrance du manque de ce même Bien ; et rien n’est plus terrible que d’être juger par l’amour.(Ce qui au passage, fait aussi tout le sens du combat férocement critique de Juan sur son blog.). La littérature ne doit pas devenir le tombeau d’oubli de son héritage religieux du paradoxe qu’elle n’a pas inventer elle même mais dont elle use souvent de manière contre productive du point de vue spirituel, indécente et sacrilège. Ma « culture de la liesse » me pousse a désirer que la littérature devienne l’instrument et le véhicule d’une transfiguration de soi, ( ce que produit au fond toute œuvre d art de valeur) en n’occultant pas, que cette vacuité dévoilé du sens, ce désespoir quand a l’absence de sens dévoilé en nous dans l’effondrement douloureux du désespoir, ce rien, est aussi, un rapport a quelque chose de diffèrent, qui échappe a la raison, et qui n’est ce qu’il doit être, c’est a dire un sens transcendant, un secret en Dieu , qu’a la condition que quelqu’un le croit. Car a identifier trop rapidement le réel en son essence est un rien que la littérature fait apparaître, le désir est lésé, c’est a dire conforter dans son désespoir et l’époque dans son nihilisme. Le rien n’est pas l’essence de la réalité, mais seulement ma non-verite comme condition du rapport au secret du sens que produit un Autre. N’occultez pas l’existence devant dieu pensant la peindre en entier quand elle se déroule seulement devant des hommes, et n’oubliez cher Manuel, que malgré l’effondrement symbolique de nos vie qui fait le cadre de nos existence, tout homme a une double vie, et que la vie de l’intériorité est incommensurable avec celle de l’extériorité comme le souligne cent fois Shakespeare dans son œuvre. Notre époque étant celle de la fracture symbolique, le temps apocalyptique, temps de la révélation de la contradiction de l’existence dans le monde, du monde comme impasse, ne doit pas laisser penser que toute issue est abolie, comme chez Céline par exemple, ou que la seule issue est l’ironie argotique de la langue sans métaphysique et sans désir; mais que la guerre, le monde comme lieu et temps de la synthèse, du chocs, de la répulsion, du mélanges, des contraires, dégage plus qu’il ne voile la possibilité de faire sens pour une intériorité qui n’attend, christiquement , plus rien du monde, sinon d’être par lui battue de verge parce qu’en son désir de sens l’Individu sera sortie du rang de la meute humaine au abois. L’écrivain aura était plus loin que la plupart des hommes dans l’expérience de la vie parce qu’il aura suivit l’exigence du désir au delà du nihilisme de l’époque. Notre époque (cher Manuel) est celle de l’effondrement de la sphère du symbolique dans des résidus de réflexions dénuées de pensées qui ne peuvent nourrir que les lecteurs , par millions, des magazines surfait; qu’il s’agisse de l’amour, du mariage du rapport de filiation, de l’État , de politique, de science, d’esthétique, partout et jusque dans les moindres détails, ont assiste et constate une ruine du «symbolique»; mais cet effondrement n’est il pas le terrain le plus propice a la littérature qui depuis Homère et Virgile, jusqu’à Houellebecque, a pour tache d’exprimer le symbolique dans l’unité de son sens; unité qui ne va pas sans paradoxe, et paradoxe qui ne peut faire sens sans qu’on ne remonte a son origine religieuse que ne doit pas occulter mais préparer la littérature. La littérature permet de faire apparaître a propos de chaque époque, l’unité conceptuelle dans laquelle les hommes de ce temps ont vécu, se sont pensé et compris. Ce que j’ai dit, très brièvement de Céline, est aussi vrai de Flaubert et de de Balzac, chez qui au delà de l’intention consciente de dresser «l’état civile» de son temps, il est évident que la recherche de l’unité conceptuelle était a l’œuvre de manière plus souterraine et plus décisive. Sans la littérature une époque ne vit que dans un langage éclaté ou le «se comprendre soi-même» devient impossible. L’écrivain remembre le langage de son unité, réorganise la langue a partir de son donné historique dans une pensée organique qui lui insuffle la vie, la réflexion et la connaissance de soi aux contemporains. C’est pour cela que l’écrivain commence par être illisible, par plonger les idées de son temps dans leur propres confusion, pour faire jaillir une compréhension supérieure dans un nouveau corps de concepts. Car fondamentalement ce qui se joue dans cette cohérence unitaire et organique du langage dans son rapport non occulte par le jeu littéraire du rien qui révèle le rapport a la limite, c’est la possibilité pour le désir de dire son être vrai, de dire qu’il tend vers un Bien qui le dépasse et pour lequel il souffre: bipolarité, tension du désir devenue connaissance de soi qui sont en jeu dans toute littérature. Voilà, il y aurait encore une infinité de chose a dire, mais je dois aussi travailler et gagner quelques sous a céder aux bêtes esclavagistes capitalistes en échange d’un peu de liberté et scholé studieuse

  62. Manuel dit :

    Tu m’énerves, Jerome. J’admire ton application et ta bonne foi, et aussi ta capacité, mais tu me donnes envie de te casser la gueule.

  63. f4 dit :

    « Serait il devenu inconvenant de demander aux écrivains de prêter attention au langage? »

    – oui

    « De ne pas jouer impunément avec le sacré? »

    – également.

    Cette plateforme d’écriture est un espace de travail. Il s’agit d’activer des formes fictionelles, ou poétiques, en tout cas venant de soi, et non d’un ensemble plus hiératique, plus grand par sa forme, mais plus étroit par sa conscience, son centre, dissimulé.

  64. jerome dit :

    J’ai vendu de la came blanche a une canne blanche et des meutes de rats m’ont poursuivis bien a travers la ville; finalement, elles ont finis par me chasse, me repousser vers mon milieu. Blanc, comme un linge, un vers sans visage face aux bêtes nue de peau, ruisselante de clarté, livré a d’évident furetage, mais aussi soulevant les enceintes, grignotant les murs, griffant des ongles les rues, les parois bien connues qui me protège des trop grandes clartés… elles donnait l’idée d’une force a laquelle rien ne résiste, qui pouvait tout manger, tout absorber, tout dissoudre, et faire disparaître, alors même que le reste, le caché, encore m’effrayait. Menaçant de tout me retirer, de me faire chuter dans je je ne sais quel trou, m’y précipiter en une sublime disparition, ou, sarcastique, elle me promettait de ne pas même peindre une icône de souvenir. Je savais qu’une fois leur travail achevé, la poussière du monde tourbillonnerais encore et transparaîtrait dans la lumière incréé. Serais-je digne de recevoir la grace de la regarder?Enfant je me penchais au bord des puits, fasciné par le trou, l’œil énorme de la nuit pesant sur vous, léger comme un reflet, ou un halo de ciel bleu remonte avec l’haleine fraîche de l’eau, et l’odeur des mousses souterraines, du vagin d’enfantement, l’origine des cavernes ; avec comme un écho qui vous passe la main dans les cheveux, et vous guide vers les cieux; je n’avais pas alors besoin d’y penser, mais j’aurais voulu tout quitter, la terre et le ciel pour que cette image soit vraie; elle me semblait plus réelle, plus certaine que son objet; définitive et essentielle; j’aurais voulu l’habiter. J’ai du changer depuis. J’ai perdu la carte et le compas, et je ne sais même plus demander mon chemin. Car désormais j’ai peur qu’elle ne puisse contenir tant l’obscurité a grandit dans ma vie. Et depuis que j’ai peur, je la fuis. Il n’y a plus de puits, de trou ni de ciel. Les reflets me font trembler, et ne me reste que les silhouettes; les choses m’ont abandonnées et je ne me soutient qu’a grand renfort d’effet, d’étourdissements démesurés ; aveuglement j’enfonce et perce des pointes d’angoisse, cette lance acérée, dans l’œil de toutes les lumières, pour protéger mon obscure retrait; mes pics, mes sommets inversés ou l’on surplombe les nuées qu’aucune lumière ne peut filtrer. Le tertre est noir de cendre et de limaille mêlées des cataractes du pouls juste avant l’arrêt. De mon sommet je ne contemple aucune vallée, et le moindre reflet je le transperce pour m’aveugler. Métro jusqu’à Denfer-raucheraud. Mon ami, dans son terrier aveugle, a saturé l’air de bombes colorées. Irrespirable. Je m’en vais. D’enfer-rocheraud, métro, a nouveau, jusqu’au point zéro. Le soleil jette sans discontinuer des oranges pourries sur des plaques d’acier ; du pont je me retourne : la ville est une raie de lumière rosée,un bel arbre fruitier, melant la tuile et les tintemments de serrures des clochers sur le point de sombrer, qui éclate en gommant ses chromes. La tête me tourne, il devient douloureux de penser. Tant de vide a traverser! A travers les murs briquetés je vois des nouveaux nés tout ensanglantés, baigner leur fluides dans l’echevau des drames de leur destinées. Tout devient transparent, illuminé secrètement des voies de sublime symphonie. Je ne veux pas écouter! Un mot de plus, j’en mourrais, indiscernable étincelle au sein de la puissante clarté. On me croise, sans me regarder; j’effraie, je fuis parce que je les entends penser, au plis de leur vêtements, au rythme de leur pas, l’infini détail veut m’écrabouiller. Le temps veut s’arrêter. Et la douleur est immense de ne pas savoir marcher dans la lumière surchauffé d’un soir d’été. Secrètement , presque a l’insu de moi même, je donnerais tout pour que la pierre immense se soulève et que le temps recouvre sa fluidité. Mais je ne peux me délivrer; prisonnier de moi-même, j’abdique épuisé et soudain le désir resté seul face a lui-même, épurer par son bilan, fais ses comptes en murmurant des paroles insensées sur lesquelles je peux a nouveau m’appuyer. Suis-je sauver? Ce mal que je croyait œuvrer a la destruction de l’être et qui gommer seulement les scories des choses, ces ombres dans la lumieres, travaillait au dévoilement, au décompte du temps dans l’éternité qui est pure lumière sans objet…

  65. Jerome dit :

    Plus tard on remonta, du fond du cratère, la dépouille mortelle de Rosa. Sa robe légère, au grand décollette, pas même tachée de sang, battait les vents entre les brancardiers improvisés mais vigilants a ne pas tomber. On coucha la mortelle enveloppe sur le sol pierreux, entre deux essences de molène et de cirse, les longs cheveux mélangés a une poignée de menthe. Tous purent revoir ses yeux, ou l’ombre vaste, silencieuse du jour, glissait encore sur la boucle précieuse des algues bleues marine, ou se niché, comme un trésor de piraterie ensevelie par la mer, le point aveugle et noir des pupilles , qui autre fois, aspiraient d’un trait, la clôture des souvenirs, et le silence des mots. La première bougie soufflée a un anniversaire, les sourires invisible des yeux aimants, et plus tard les désespérantes percées du cœur, dans les assauts contre le visible. On prononça quelques mots, qui se souvenaient mieux qu’aucun hommes présents, de ses luttes, en langue byzantine, avec des airs sibyllins, on les fit retomber de haut, comme adressé par les morts aux parlants, afin qu’il se surprennent a se comprendre absolument. On n’ensevelis pas le corps immédiatement.

    Sur le versant extérieure du volcan, ils allongèrent le pas, des les premiers grondements. Le corps de la morte épousait docilement la cadence. Sur les pentes, raides ou planes, en file indienne, tantôt retenu au-dessus des abîmes par le chaînon manquant, tantôt, soulevés comme un fétu par la violence des vents, ou courant sur le fil des failles, hissant, renversant, jamais ils ne heurtaient, la relique dérobée, maintenant suspendue aux soins des vivants. Ils semblaient descendre encordé depuis les orgues cachés de la lumière, mais poursuivit par l’obscure marée des inexorables amoncellements de ténèbres. Le sol commença de trembler, et le petit groupe de chanceler entre abîmes et néants, sur des pistes aussi friables que des éboulis de conclusions. Leur pouls imita celui du volcan, et la pulsation de ses artères, qui avait donner refuge au Titans, du fond du cratères, jappa ses aboiements. La bête furieuse rugissait en maudissant de son verbe incandescent. Le don, qu’ils arrachaient a la lumière leur paru formidable, sans mesure, Prometheen, sans mesure dans les profondeurs des basses , enorme roulement sur le sol, plus pesant sur leurs bras. Le ciel, longtemps visible, leur repris sa lampe comme on fume le vers en le soufflant, le volcan teignit en vert et noir foncé, les voiles de pudeur, qui font toute la beauté des concentrations de lumière, des fumées noires volcanique et du brouillard épais qui montait a sa rencontre. Les couleurs mouillèrent leur teinte, dans l’encre rougeoyante des aciers. Elles prirent du laid, sa suavité. Les boues grasses et pesantes, ou des forets de pin noirs rêvaient de leurs futur splendeurs barbares, tendaient aux aiguilles rocheuses, le miroir de leur métabolisme ferreux. Cette foret de pins noirs qu’au matin ils avaient traversé, insouciants, d’un pas, qui était aussi un accroissement graduel du bonheur d’être, ne voulait plus maintenant que l’on perce son secret, comme un oursin elle s’était réfugiée dans ses branches, plus noir et hostile que jamais. Elle tempêtait de colère contre les insensées. Ceux qui croyaient confusément qu’en redescendant la dépouille de Rose dans la vallée, ils arracheraient quelque chose a la ligne perdue de leur vie dans le livre de l’éternité. Eux qui avait traversé au matin étaient passé par la clarté des futaies, mais maintenant qu’ étaient morte la pensée de la joie, ils marchaient apeurés sans tenir compte de leur pas. Jusqu’à butée contre l’écume blanche d’une cascade qui moussait quand la neige volcanique se mit a bouillonner dans l’air. On eut dit qu’un hivers céleste qu’un soupir de la tristesse de dieu s’était échappée , avait brisé le corps du monde, et quitté sa niche au cœur insondable des étoiles, ce centre introuvable de l’univers, source abyssale de toute clarté. Et que pour le réchauffer, il faudrait faire bouillir le monde et l’univers entier. Ils répétèrent le défi d’Orphée. Dieu contrit par tant de non sens de la part des dépouilleurs de nuées, les dépouilla a son tour, et par justice, des restes de la lumière fanée des étoiles, sur lesquelles ils s’étaient souvent guidé, et changea en flocon la pierre noire de souffrance et d’amour que lui causait les hommes. La lune disparue tout a fait, on ne voyait plus partout que le sourire des laves; la petites troupe serpenta dans ce pays aveugle, au gré des flaques de sang, entre les bouilloires géantes et sifflantes comme des Taureaux de Phalaris, et des bains d’acides, ou, a chaque instant, des secousses imprévisibles menaçaient de les engloutir d’un hoquet. Entre chaque tremblement, on entendait distinctement le pas sourd des marcheurs s’enfoncer puissamment dans la poussière; le crissement poudreux des talons sur la terre, résonnait étrangement volatil, comme déployé du silence de toute les harmonies du son; les bombardes rythmaient cette symphonie de l’étrange buttant contre la masse opaque de la présence réelle et massive du silence. L’air aussi devenait plus rare, a mesure qu’ils s’enfonçaient vers la vallée. Puis les grondements reprenaient, mêlant le fracas des roches pulvérisées au chant funèbre des troncs fracassés comme du pain sec. Ils ne retrouvèrent pas leur abri sous la frondaison des pins. Mais plus ils avançaient, et plus ils s’enlisaient dans des dunes de cendre. L’averse poudreuse s’était changée en orage, et déversait maintenant des cataractes du néant des monceaux de cendre froide et poisseuse comme le dédain de dieu et la glu froide dans les mains du braconnier. La troupe s’immobilisa entre l’orée de la foret de pin et l’énorme bouche d’une caverne qui semblait vouloir l’avaler. Elle Suffoquait, figée au pieds du sablier renversée des temps. C’est alors que celui qui avait joyeusement suivit Rosa le matin, celui qui en avait le deuil le plus durement, celui que l’appesantissement de vivre rendait plus clairvoyant, le visage masqué sous une épaisse couche de plâtre blancs, a désemparer le doute, capable de mettre en fuite la crainte dans le cœur des malheureux, sous les craquelures figurant l’inconnu, vit, sans lumière, et a travers le nuit et les tornade du vent, qu’un siphon de cendre, faisait son trou dans les remous crépusculaires du sol. Ses pieds se dérobent et aussi ceux de tous le monde, laissant tomber la morte désespérance dans le gouffre insondable du mal a jamais tapis dans l’ombre ineclairée du secret. Il fit comprendre au autres qu’ils devaient rendre a la cendre le corps de Rosa. Et tous le comprirent quoiqu’il fut impossible de parler et d’entendre. Des que ce fut fait, la terre s’ébroua de toute ses pouilleries et la troupe se retrouva seule, dans les restes de vent qui finissaient de dessiller l’œil de la poussière du monde.

  66. Nicolas Bonadio dit :

    Assis, seul et n’ayant personne avec qui discuter, j’ai découvert
    combien j’étais attentif et concentré sur les détails : pas
    seulement les externes telle la feuille de papier hygiénique
    et son étrange découpage, un beau dessin en pointes, le son
    d’une goutte expérimentant la chute libre jusqu’à la cuvette
    et lorsqu’elle cogne fait cette petite explosion.
    Celle d’une bulle ferme de taille moyenne.
    Je remarquais, assis sur les toilettes et observant le miroir à
    hauteur de mes yeux, le reflet d’une fenêtre plus que nécessaire
    pour les ventilations d’odeurs désagréables, et qui avait pourtant
    des dimensions très réduites.

    J’ai immédiatement su que PERSONNE ne devait se rendre compte
    que des ces moments-là, je ne rejetais qu’une part de la nourriture
    que mon corps avait considéré comme superflue.
    De toutes façons cet isolement dans l’intime ne me déplaisait pas
    le moins du monde. Cette faculté que je possédais pour me concentrer
    sur les détails externes je l’avais aussi pour mes pensées.

    Mes premières réflexions s’orientèrent autours des conversations
    récentes et évoluèrent aussitôt vers les grands projets de ma vie.
    Il fallut peu de temps pour qu’apparaissent ces réflexions mises à l’épreuve
    pour voir si j’avais enfin trouvé la solution pour ce monde, et la réponse pour tous. Enfin… Surtout pour moi.

    Alors que je m’y attendais le moins, j’étais déjà en train de parler
    avec des gestes et des mimiques, comme un schizophrène, mais
    j’étais si naturel que j’aurais pu recevoir quelque reconnaissance
    pour ma prestation.

    Il m’a semblé si impressionnant d’être assis sur une tasse blanche,
    /comme de la porcelaine/
    en étant là, presque immobile et en voyageant aussi loin
    et au plus profond de moi-même.

    Je coulais en idées qui, quand je les prononçais, étaient mortes
    de vieillesse et à chaque instant, mon corps m’alertait dans un autre
    recoin de ma tête, le concret : “le réel”.

    Nous étions là, moi et moi-même, comme le soir avant de dormir,
    complètement relâché et nous nous enfoncions dans une méditation
    brahmane. Ce moment était sans doute celui dans lequel
    je pouvais élever ma conscience avec sincérité, où j’avais la sensation
    de pouvoir abandonner toute les valeurs de domestication.
    Nous étions là où ma vie et mon existence gagnèrent en bruit,
    en place.

    Je ne satisfaisais pas seulement une nécessité vitale, mais je le
    faisais aussi sans endurer la peine de la souffrance (que nous
    assimilions, de plus en plus, à un châtiment à l’esprit que je
    considère proche de l’effort et je commence d’ailleurs à croire que
    celle-ci n’existe pas).

    Pendant que je me lavais les mains, en jouissant de la sensation
    de soulagement, je sentais que j’étais temporairement rassasié.
    Je n’avais pas seulement expulsé les déchets de mon alimentation physique,
    mais j’avais aussi foncé sur mon alimentation mentale.

    Toutes ces choses me montraient l’importance d’une logique :
    tout de suite je laissais la place à des expériences nouvelles
    et à creuser pour élever, exploiter, digérer lentement
    toutes ces saveurs et canaliser, finalement,
    cette énergie pour une relation avec ce monde.
    De nouveau, j’étais disposé à me laisser aller et à
    être attentif, faire partie de mon vain et propre
    jeux, où je m’accumule et me vide des
    profondeurs qui s’acheminent vers une grande simplicité,
    où pour une fois, JE SUIS HEUREUX.

    Je traversais un long couloir, un couloir
    avec un tapis peu coloré.
    Contraste typique entre le rouge et le bleu,
    /un chemin doux sans pierre/
    une route parfaite pour les adieux de
    mon aller simple aux chiottes un Vendredi.

  67. jerome dit :

    Ô le beau singe domestique! on rencontre trop rarement des personnes de votre condition, d’une telle sensibilité, capable des plus hautes élévations de pensée sur des lieux communs. Mais si je ne me trompe, ceci n’est pas un lieu d’aisance, mais une plate forme de travail. Étrange occasion cependant de percevoir les contradictions de l’existence que de s’élever en se soulageant…sur les gogs. Vous oublier cependant de nous parler du délicieux chatouillement, de la délicieuse dilatation du trou du cul lors du passage de l’étron? et cet oublie me fait croire que vous êtes d’avantages un exhibitionniste qu’un poète qui aurait poétiquement ingérer la totalité de son existence, qui ferait parler l’extase dans toutes les dimensions de son existence. Si on vous suit au fond de vos extases etronnesques évidemment on achoppe au mystère, on bute sur la contradiction, la limite, »en jouissant de la sensation de soulagement, je sentais que j’étais temporairement rassasié », le paradoxe est cependant bien maigre, bien peu propice aux terrible écrasement de l’angoisse sans laquelle aucun orphée ne peut écrire une ligne qui tient la route c’est a dire ramène le mort a la vie; et j’ai bien peur que votre ancrage poétique s’il n’est rivé qu’a une aussi fine cheville ne puisse résister bien longtemps aux forces contraires de la domestications des singes, même assis sur les chiottes.Nous vous suivons cher Nicolas, malgré les assauts terribles de violence scandaleuses que votre peinture iconique de vos lévitation brahamique font subir a nos trop bourgeois entendement. Le poète doit scandaliser pour délivrer je n’en disconviens pas, mais c’est vraiment prendre pour des cons les gens qui sur ce blog cumulent a eux tous des vertiges absolu dont aucun bourgeois ne soupçonne l’existence, que de penser un seul instant que cette banalité des besoins physiques même saupoudrer de paradoxal vernis pourrait encore les émouvoir. Je crains que vous ne tapiez a vide…si encore vous vous étiez chiez dessus a la Ferdinand, ou si vous aviez passer une éternité a n’être qu’un organe de transit il y aurait du poétique dans votre merde, ou si quelque libertins bien sadique vous avez dépecé le cul pour le coudre a la porcelaine blanche du gog pour vous en faire comme un organe supplémentaire, il y aurait de quoi dire, les voisins sortirait de chez eux, vous feriez jaser tous le quartier, mais il n’y a aucune poésie a regarder chez les autres ce qu’on peut sans effort aucun observer sur soi. Ou sont les fuites vertigineuses, les perceptives impensables, les sursaut du désir dans le parole qui dit que la vérité est un excès d’existence, de douleur et de joie…On a peu souvent l’occasion d’éprouver dans la vie de telles sensations liées au vertige suprême, a la suprême confusion dans laquelle le langage poétique s’en gendre comme un effort après que toutes les cartes sont battues, pour ne pas sauter sur l’occasion lorsqu’elle se présente, même aussi pauvrement qu’un regard jeté sur l’homme jucher sur son trône merdeux.

  68. auddie dit :

    Les abeilles disparaissent, mais elles vont sûrement revenir, sinon quelle fleur devront nous choisir? La rose? Le colza? ou le chiendent? Les humeurs massacreuses des laborantins en herbe n’ont d’autres loisirs que de briller à l’école, doigt pointé sur une carte dans un magazine, diserte faite à l’oral, signature à l’écrit, feuille de paie tombée du ciel. Quelle aventure. Mais qu’on ne se chagrine pas trop, ce sont les abeilles contre les cultivateurs sud américains. Qu’ils se battent donc entre eux.

    Aglae et Françoise sont deux abeilles. L’une, revancharde, irait bien secouer les puces des cinglés du lycée hôtellier, ou la fille du directeur, qui roule vert en Citröen, qu’ils se prennent un platane, ou un crayon de papier.

    L’autre, apathique, ne sait plus voler. Elle se perd dans les dunes, se pose sur une tôle ondulée. Aglae…

    Mais peut-être que Jérôme saura la retrouver…

  69. jerome dit :

    La nuit était redevenue douce, calme et profonde comme le parcours infini de la première vibration de l’harmonie. Tout tremblant encore dans l’essor de la nuit, ils glissèrent le long d’une gorge houilleuse, une antique veine noueuse, une écorce de pierre noire, qui les redescendit rapidement dans la vallée; ou ils purent se rasséréner un peu en foulant le sol ferme et plat, tout couvert de la rouge prairie de lave consumant, dans d’épaisses bouffées d’encens, des champs immenses de lavande bleue. Dés que leurs jambes furent parcourut du frison de la présence pleine et mat de la terre, un chant les acceuillit au loin, qui se lamentait de la mort de Rose, si laconiquement qu’au coeur de la plainte semblait se réparer l’éternel joie, comme par la mortification de l’esprit s’approffondit la conscience qu’on a d’un bien que l’on a que l’on peut perdre ou gagner éternellement; preparant l’avènement d’une joie plus haute, et si différente des plaisirs humains qu’ils semblaient encore n’être que des enclaves de la douleur comparée a la parfaite sérénité soulevait par la lamentation terrible du chant. Sur la tôle rauque et âpre du râle, la douleur s’évaporait en s’absorbant en elle-même, comme un guide avertie conduit au secret. Un moment régna le silence, habité des milles frémissements de la foret millénaire qui semblait avoir traverser tous les âges, conquis toute les adversités, rappelant par les profondes rides des chênes centenaires l’hommage rendu au interstices des roches, ou dans les âges obscures et primitif des longues périodes géologiques du minéral, elle s’était blottie tout entière en germe, condensé en lichen, pour mieux affirmer et marquer sur la stérilité de la pierre, la force incoercible et la puissance absolu et souveraine de l’amour sur ce qui en semble, un instant, démentir la réalité et la puissance absolue. L’oeil pierreux du monde, l’absurde présence de ce qui ne serait en soi aucun être, était l’histoire que naturellement narrer le chant de l’inconnu pour se préparer a l’avenir immense et infini de la mort. Le groupe n’eut des lors plus qu’une envie, qu’un premier et dernier désir, entendre le poète; le voir était leur unique soif, mais leur coeur omis de battre a nouveau lorsque parvenu a la lisière du champs qu’envahissait la lave, légèrement en surplomb ils virent qu’un gouffre immense, qu’une faille nouvelle provoquée par les tremblements de l’éruption les séparait de la source du chant. L’océan de lave avait emporté le pont en se précipitant dans l’iris bleuté de l’abîme sans fond d’où s’élevait une fumeuse colonne tellement compacte qu’elle semblait un pieux planté dans l’orbite noir du non-espace d’avant le monde. La terre, le ciel et les eaux, tout semblait s’y confondre sans distinction, la langue de lave rouge s’étirait depuis le cône encore fumant du cratère jusqu’au vide ou la nature semblait vouloir redevenir sourde et aveugle a tout, se refermer sur elle même, comme la pierre froissé d’un dépit jeter aux oubliettes du déluge. A nouveau la terre trembla, et ils durent se jeter en arrière pour ne pas être happer a leur tour; quelques pierres roulèrent sous leurs pieds jusque dans le précipice, et a nouveau le chant monta dans les airs, plus lamentable et plus féroce; et tellement inquiétant qu’il n’était pas possible de le fuir. Cependant, alors qu’ils se croyaient séparé par la faille rocheuse, en écoutant mieux ils leur sembla maintenant qu’ils avaient été trop loin, qu’il avait dépasser la source du chant. La voie venait de derrière eux, il firent demi tour en obliquant légèrement en direction d’une hauteur qu’ils ne percevaient pas encore autrement qu’au dénivelé de la pente. Enfin derrière la masse musculaire des derniers branchages ils le vire. Vêtu de blanc, chenu et maigre comme un spectre, échevelée psalmodiant tel un fou ; tenant dans une main le cratère et dans l’autre la faille immense, gesticulant dans les airs comme pour refermer une plaie; les rides du front contractant nerveusement l’ultime effort de la chair dans la pressurisation des éthers hermétiques ou l’un devait renouer avec le tout autre, dans un combat intérieure qui faisait serpenter ses yeux et son regard sur des contours invisibles que lui seul percevait; il ne respirait plus autrement qu’en chantant un chant que son souffle allez chercher si loin en lui, qu’il en blêmissait presque d’asphyxie, avant que subitement ,l’oeil ne se révulse, comme un oeuf blanc figé dans l’orbite et qu’insensiblement ne tarisse l’hémorragie sémantique du monde et ne se referme la blessure divine dont la douleur seule explique la création du monde. Soudain, en un instant de sublime étrangeté, les couleurs inversèrent leur valeur, un vent glacial balaya la foret sans ménagement, l’aube se voila d’une éclipse ou le mal semblait avoir été chassé du monde par la puissance de l’amour. De sombres nuées surgissaient des vapeurs blanches de la foret toute transpirante d’aube, des ailes translucides extirper des caves de nos plus affreux cauchemars nous griffèrent le visage, le ciel s’obscurcissait de la nuée infinie des ombres que refoule l’approche de la vraie clarté. Un instant le monde sembla définitivement périr, l’éclat de la lumière s’éteindre définitivement étouffé dans l’affreux bruit de mastication de millions de mandibules, comme une bouche noire au nombre infini de dents, capable de convaincre tout vivant de l’idée qu’il n’avait jamais été qu’un rêve inexistant. Nous nous jetâmes a terre, trop tard, car tous nous furent blessés, griffés, déchirés au joues, au cou, les bras lacérés par ces étranges masses d’air presque visible qui toute fondaient sur le soleil pour en crever l’oeil et la vue. Quel effroi!, mes amis, ne faut il pas subir pour comprendre que le dernier degrés du désespoir, celui de la tyrannie, ou le mal contraint l’être a sa propre dénégation d’existence, fut l’ultime combat que le chantre inconnu mena par le seul pouvoir de son chant. Convoquer la forme dernière du mal, était aussi nécessaire, pour le reconnaître, et le vaincre, que pour prendre conscience de la vraie largesse du bien. L’air alors se brisa comme un miroir et l’invisible réalité éternelle de Rose nous apparue, après que la mesure trop humaine de la visibilité ait été congédié.

  70. auddie dit :

    La nuit était redevenue douce, parcours infini le long d’une gorge houilleuse, antique veine, une écorce de pierre noire les redescendit rapidement dans la vallée, toute couverte de la rouge prairie de lave consumant d’épaisses bouffées de lavande bleue. Un chant les acceuillit au loin. Sur la tôle rauque et âpre du râle, la douleur s’évaporait, habitée des mille frémissements de la foret; primitif des longues périodes; condensé en lichen.

    Lorsque parvenus a la lisière du champs qu’envahissait la lave, légèrement en surplomb ils virent un gouffre immense, comme la pierre froissé d’un dépit aux oubliettes du déluge. A nouveau la terre trembla. Ils durent se jeter en arrière pour ne pas être happé à leur tour; quelques pierres roulèrent sous leurs pieds jusque dans le précipice, il n’était pas possible de fuir.

    Cependant, alors qu’ils se croyaient séparés par la faille rocheuse…, vêtu de blanc, chenu et maigre comme un spectre, échevelé, psalmodiant tel un fou, tenant dans une main le cratère et dans l’autre la faille immense, gesticulant pour refermer une plaie; les rides du front contractant nerveusement, l’ultime effort, faisait serpenter ses yeux, son regard sur des contours invisibles

    on souffle allez chercher
    si loin en lui,
    qu’il en blêmissait presque d’asphyxie,
    avant qu’insensiblement ne tarisse
    l’hémorragie sémantique du monde

    l’aube se voila d’une éclipse
    toute transpirante d’aube,
    définitivement périr
    mastication de millions de mandibules,
    nombre infini de dents, convaincre tout vivant

    de l’idée Nous nous jetâmes
    car tous nous furent blessés, griffés, déchirés
    celui de la tyrannie,
    un miroir et l’invisible

  71. auddie dit :

    (remix du texte de jérome du 12.4..2012 au dessus à 22 h
    j’ai conservé les suites en l’état, rapproché sûrement, enlevé les phénomènes paranormaux,
    autant d’ -il n’y a que maille qui m’aille- bibliques et autre lyrisme des présupposés.

    c’est à dire que j’ai retenu le côté tragique et fantastique, et non le corporel, l’éner-gisant, l’hystérique ou le religieux.

    je trouve, alors, puisque ce ne sont que vos mots, que le minimalisme vous sied.

  72. jerome dit :

    Interressant cher auddie, et, si vous le preferez ainsi, tant mieux. Personnellement je prefere la premiere version, plus litteraire et surtout plus finement « initiatique » qu’en version expurgée. Car au fond, si vous otez l’aspect dialectique edifiant du texte, il ne reste qu’une suite de mots, d’images, mais on perd le sens de la parole, c’est a dire de la conscience du desir. Je comprends parfaitement que l’on puisse etre reticent au religieux(cela fait d’ailleurs partie integrante du l’approche de l’absolu comme tel, le scandal de la raison), mais je pense que c’est mal en comprendre l’essence veritable que de l’expurger sans y reconnaitre la parole d’outre desir par laquelle l’infinie negativite du manque qui hante tout homme peut prendre conscience d’elle meme et surtout faire sens. Or c’est cela precisement que vous avez amputer a mon texte…cela ne fait rien, j’espere que des que j’aurais installer mes reines de l’année , et que j’aurais a nouveau un peu de temps libre, je pourrais, vous surprendre en empruntant d’autres voies, toutes aussi religieuses que les precedentes, mais beaucoup moins aussi aisement discernable…vous faites monter le prix des encheres cher auddie, je trouve tout cela fort motivant. Bien a vous. jerome

  73. jerome dit :

    Pardon, encore un mot…vous avez gommer l’aspect enrgisant, alors que j’avais essayer de mettre l’accent dessus en passant que vous etiez aussi musicien et que vous comprendriez le lien essentiel qui existence entre le corps le souffle et les accents qui en procedent et que l’on nomme les « mots » (pour ne rien dire de votre , milles excuses, « incomprehension », sur le choc physique qu’accompagne toute decouverte de l’esprit dans le plus stressant et ettouffant effrois)…la par contre je trouve que vous oeuvrez a contre-sens…mais bon…

  74. auddie dit :

    Il y a quelque-chose d’agaçant dans la sphère écrivaine, c’est, je crois, cette façon qu’ont les gens qui en parlent de se gausser de la difficulté de l’être, et d’écrire. Bon, soit. Mais ce que je remarque, c’est que tout le monde peut écrire. Surtout, ceux qui n’écrivent pas ont souvent plus de choses à dire. Qu’ils l’écrivent bien ou mal importe peu; ça se corrige, mais qu’ils disent la faille au plus profond d’eux-mêmes ou le fait le plus marquant, la cicatrice révélée dans une étincelle, cette lueur de bougie qu’est la littérature, et soudain leur don de parole devient la logique même.

    Abrupt est le ton et la voix se brise. Un voile qui n’est pas du goût de tout le monde. Une irrelevante efficacité .Oui soudain tout se brise lorsqu’on astique un peu plus le démon de nos souffles égoistes. Ne pas savoir écouter l’autre c’est gigantesque.

    Ne pas savoir le dire n’est rien.

  75. jerome dit :

    Cher auddie, je suis entièrement d’accord avec vous; les plumitifs sont nombrilistes et leurs difficultés a devenir écrivain relèvent davantage du tour de rein du aux entrelechages de cul, qu’a la valeur réelle de leurs dits. Et sous ce rapport effectivement tout le monde peut écrire. Cependant, la littérature, comme les autres arts, comme la science et la philosophie ne sont pas nées d’hier, et la dimension transhistorique d’un texte lorsqu’il hérite d’une problématique tamise le bon grain de l’ivraie; l’écrit n’a son poids de sens qu’en héritant de tout le passé et en ouvrant sur l’avenir, dont si parole il y a, il signifiera le sens. L’écrit sporadique, la génération spontanée de mots albinos comme des souries de laboratoire sans passe ni avenir, peuvent faire leur effet esthétique, accrocheur, mais ne laisseront au lecteur qu’un dégoût au final dû a une trop superficielle appréhension de leur être historique dans la maigreur de leur reflet spirituel; glisse, la boite a savon entre les mains de ces sous écritures , comme l’épaisseur de l’histoire, le fleuve d’Heraclite, la prise en compte de la lutte existentielle; tombe hors des mains l’essentiel, la prise en compte de Ma souffrance, sans laquelle d’ailleurs il n’y a aucun sérieux a dire se rapporter en existant a un bien que l’on ne possède pas encore, et qui n’adviendra en plénitude qu’avec la mort; souffrance qui nonobstant ses particularités historiques, est la même pour tout homme, d’être déchirer, crucifier par son désir d’absolu, de réalité pleine et entière, que révèle la nouvelle catégorie de la répétition chez kierkegaard, dans un monde relatif ou la masse, la foule, le nombre, prenant le pas sur la logique de la qualité, fini par exiger que chacun se satisfasse des illusions comme s’il s’agissait de la réalité en soi..Bah..rien que d’en parler j’en ai des écœurements, des haut le coeur. Or écrire ce n’est pas faire preuve d’allégeance envers la fausse spiritualité de la masse pétrifiée dans l’illusion de la réalité de Junon, mi forme mi matière informe, c’est révéler a la conscience la contradiction dans laquelle elle est plongée; ce n’est pas porter sa douleur et difficulté universelle a exister en bandoulière; ce n’est pas la taire non plus en sacrifiant son bouc a St Rollex, sacrifice tout de parade qui apaise la douleur généralisé et sonder, commenter, algorythmée des foules tenue en laisse par la fascinations de ceux qui prétende, a la place de dieu, avoir l’omniscience sur elles, et érigée en loi incontestable, en oracle divin exhumant la substance dernière du monde, qui bien souvent ne sens que la merde des mains manipulatrice des lécheurs de cul en rond; c’est « butter » contre le mur infranchissable de la ,limite, de la contradiction dans laquelle nous nous débattons a chaque instant et ou parfois les plus grandes douleurs précèdent ou succèdent a des joies, elles même totalement indicible tellement la pleintinide et le parachèvement de soi en soi s’accomplit presque malgré nous; qu’on le veuille ou non, écrire c’est s’autopsier soi-même, soi-même et son monde, dans ce rapport a la contradiction qu’est l’existence. C’est , au fond, le sens de l’existentialisme chrétien, qui est le seul cercle auquel je me reconnaisse une quelconque appartenance; qui consiste non pas a déplier l’existence dans un modèle rationnel, mais a montrer combien elle est absurde, impensable, c’est a dire, en un autre sens, sublime, miraculeuse incoercible. Et si précisément cette thématique remonte a Socrate qui le premier revêtit existentiellement l’ironie, imprima a son existence la forme de l’esprit comme le manteau de vérité dont l’homme doit se couvrir pour se comprendre lui-même et échapper au cycles hyperboréens des illusions sophistiques, je ne voit pas qu’il soit , de nos jours , devenu moins urgent d’user de la même ironie en écriture si on veut parler en vérité de l’homme, et de son monde, c’est a dire de son rapport avec l’absolu, et du dénie de la relativité qu’il suppose, alors que toutes les forces de l’époque sont a l’oeuvre pour refouler l’ironie et la supplanter d’un sérieux de magister cerei, un sérieux de tartuffe appris dans les écoles de commerces au contacte de la seule source et mesure de toute réalité, l’argent, et ou au fond chacun ne fait que pervertir son âme son coeur et son entendement jusqu’à les tordre dans cette monstrueuse inversion de la pédagogie ou au lieu de se mesurer a notre ignorance absolue et fondamentale on se prête et se rend complice du jeu hypocrite qui consiste a se faire croire que telle chose nommément désigne, en l’occurrence l’argent serait le critère absolu de la valeur des hommes, du mouvements des sociétés et de l’histoire…merde alors quel putain d’énorme trou d’obscurantisme ne sommes nous pas en train de creuser dans les galeries de l’histoire!!! il faut absolument s’en rendre compte! sinon aucun mot qui sortira de nos bouches ne sera autre chose qu’un mensonge , une faiblesse consentie devant le peur de se démarquer de l’esprit général qui tue tout humanisme..! Merde, Merde , l’immense, l’incommensurable batterie productiviste de veau idolâtrant leur veaux d’or , leur dieu forgé de leurs propres mains est une limite, un mur qu’il faut faire sauter pour déverrouiller l’esprit et le rendre a lui-même en toute simplicité. Tout ce faux sérieux ces docteurs es néant qui prononcent des phrases lourde de sens mais vide de réalité, sont sérieux tant qu’ils ne confessent pas leur impuissance a mettre du réel dans leur langue, tant qu’il ne reconnaissent pas la contradiction de l’existence…le font ils!! ?soyez sur qu’au même instant la foule les rejettera et que c’est couverts d’insultes et de crachats qu’ils diront la vérité. Je suis désolé cher auddie, entende qui a des oreilles pour entendre mais l’écriture sans tache je me torche avec, l’écrivain qui ne recherche que la reconnaissance de ses pairs ou mieux, le divertissement, m’est aussi utile que l’oisillon dans les mains de Gargantua après la défécation. La langue meurt cher auddie, elle meurt du trop de rapport direct avec les apparences prises pour aune de toutes réalité, alors que l’esprit est entièrement un rapport indirecte a la réalité absolu en rédimant le relatif, ou l’individu se juge lui-même, prends conscience de lui-même; de la part de réalité qu’il attribut aux illusion et de celle qu’il consent a l’absolu; écrire, ne va pas sans penser, sinon c’est un jeu auquel je ne joue pas; écrire a un moment ou toute l’époque se précipite comme un seul homme dans un rapport direct avec la pseudo-réalité et appartenir au clan des affameurs qui rendent nécessaires cette impulsion sur laquelle repose leur pouvoir c’est la chose la plus mauvaise que puisse faire et devenir un homme de notre temps; le héros, le maître voleur, l’écrivain brigand revient a faire oeuvre de sabotage et a devenir essentiellement traite envers l’inconscience généralisée dans laquelle vivent les hommes en tuant , en étouffant , en condamnant la moindre apparition de quelque chose qui ressemblerait a un désir d’absolu. Et effectivement le veau affalé sur canapé brancher sur le miroir cathodique de sa non-pensée doit pouvoir trouver le bonheur …le bonheur selon MR Dassault et Lagardere, le bonheur dans l’accomplissement libéral de ce que toutes les anciennes tyrannies n’ont put accomplir: le bonheur dans la négation de soi. Un écrivain qui ne voit pas quelle est la tache que le déficit spirituel de l’époque lui impose ne vaut rien a mes yeux. Les cadavres exquis et autres gaudrioles oulopiste me laisse totalement impassible. Ne croyez pas que parce qu’il s’inscrit dans un projet, un écrivain restreint ce qu’il veut dire, bien au contraire; l’étroitesse d’esprit que vous me supposez parfois est de la même espèce que celle qui réduit les milles et trois conquêtes de don juan a l’amour exclusif d’une femme, c’est a dire au passage du possible a la réalité. Le problème n’étant pas , surtout a notre époque wikipedienne, d’avoir un discours encyclopédique mais de parler de telle sorte que l’abstrait en se trouvant dégagé se trouve aussi ramener en permanence au concret. Art que l’on ne maîtrise qu’après avoir beaucoup consommé de littérature de tout poils.L’écrivain a pour tache de soulever le voile de maya en laquelle l’époque vibrionne dans ses illusions, appuyer et produite par le libéralisme inversé des antiques tyrannies; sa négation des hommes comme marque de la puissance de quelques uns, le consentement a la négation de soi, a l’inexistence absolue, a l’anonymat servile étant le point de départ de toute conscience de lecteur a laquelle s’adresse un écrivain et il a pour tache de renverse le processus. La tache est d’autant plus sacré et urgente que les illusions soutenue en permanence par le rapport a la marchandise substituée au symbole , produit des conséquences toujours plus funeste, tragique dans leur aveuglement, injuste dans leur principe de non participation du plus grand nombre au destin collectif dont ne profite même pas les face auto bronzés des beatifiantes richesses terrestres qui sont source non reconnue, et cause de toutes les tyrannie que les hommes se font subir mutuellement dans leur inintelligence du sens de l’être; a commencer par l’énorme enlisement des masses dans l’insensibilité spirituelle, de sorte que de parler de soi en termes vraie devient une chose aussi étrange que de parler des îles les plus lointaine et exotique. Ce que l’écrivain doit voir c’est que la culture du plein, de la marchandise, du résultat, masque ce qui chez les grecs apparentait la vie humaine a un mouvement infini et éternel, en prendre conscience était l’oeuvre d’une vie et l’unique source de joie non frelatée; l’exclusivité porter a l’attention du résultat masque l’intentionnalité de la conscience, le choix de soi; masque le fait que le sens selon lequel on existe peut n’avoir pas de résultat ou des résultats, au contraire ruine tout, Bref, l’écrivain doit comme socrate au fond, faire oeuvre maïeutique et aider a l’accouchement des âmes, c’est a dire a l’éveil de la conscience éternelle qui est l’objet propre et fondamentale de la philosophie. De sorte aussi que la culture recouvre une unité entre les diverses branches ou elle s’émiette au profits des exploiteurs de l’humain qui tirent a eux tous les profits, tant matériels que symboliques. Leur arracher des mains le symbole de leur pseudo réussite serait déjà , a mes yeux l’oeuvre d’un véritable écrivain contemporain, que j’attends et ne vois nulle part venir, et que peut-être vous êtes cher Auddie. Bien a vous. Jerome

  76. auddie dit :

    Pour se donner du courage, un homme qui se trouvait là, seul dans cette ville, se remémorait toutes les personnes qu’il connaissait, celles et ceux qui avaient partagé avec lui un sentiment d’inquiétude et une envie pressante de s’agréger pour distraire la mélancolie, dont acte du bon songe, dominé par la récurrence de l’immensité, par la valeur relative, ce propre à soi basé sur l’oubli qu’on est en soi, un rat vivant, un rat humain dans un corps peureux, ou vulgaire, ou propre, ou fin, mais toujours fragile et secoué par des mouvements d’insecte, ce vivre ensemble vaguement indépendant. Ça lui paraissait vain; mais s’il lui fallu justifier de son expérience, de sa force, il eut commencé par là: s’imaginer que ces pauvres rencontres et isoloirs magnifiques à deux, à trois, à cinq, puissent être littéraires, et tragiques, et solides, puis aurait abordé d’autres villes. Il sentait que quelque-chose lui échappait, il devinait une substance de la vie lui filer entre les mains. Il n’y avait pas « de sens ».
    Il lui fallait revenir en arrière.

  77. bissecta dit :

    C’est charlatan d’écouter le soleil
    avec sa voix de chat
    et de vérifier si sa corbeille est suffisamment
    ombragée par la vertu de l’obscurité.
    Peut-être un ronron d’équinoxe…
    Ce serait alors dire par le supra-méta-langage
    de l’argent aussi chthonien, qu’apollinien,
    l’exorcisme des valeurs à réincarner vers l’ailleurs.
    Couver 29 jours des réalités, des virtualités, des vérités évacuées.
    Réception et émission en osmose de 3 rossignols qui crépitent ces crépuscules.
    La mise à jour du speculum en charge électrique.
    Rebirth from the black hole
    Et le soupir de cet argent trop pur!
    A diversifier, à morceler en milliard de multivers cristallins,
    à nier afin de souffler autant de big bang au cœur des intervalles osant se nommer.
    Désir d’autres valeurs que celles des princes poètes bipèdes à crever.
    Résider au sein du savoir de tous.
    Les adorer sans partage obsessionnellement , sans compromis hormis celui d’en produire d’autres.
    C’est charlatan de chanter la lune
    avec une voix de loup
    et de se foutre de ses errances illuminées
    par les vices de la lumière.
    Peut-être un hurlement d’éclipse…
    Ou le ricanement de la vie cosmique.

  78. Arthur-Louis Cingualte dit :

    20/11/1970

    Les solitaires ne se passent pas d’admiration. Ils se vengent pour se pardonner.

    Yeux au khôl sous la visière, les jambes identiques, équivalences osseuses parfaites, longueur de cheveux trop subtilement différente pour être confondue avec sa doublure.

    Elle est quelque peu excitée par les vibrations de la bécane.

    Il faut la foi pour être sacrilège.

    Clap ! Ça y est, ça tourne !

    Elle est sa propre machination, ô horreur (les deux mains ouvertes sur les joues, la bouche un peu arrondie au centre) : elle remarque maintenant. Elle a léché le dos moelleux d’un crapaud vénéneux.
    Mais pourtant elle y est, là, pour de vrai, mythologique. Le tremplin, les marqueurs de distances… oui : comme elle s’en branle !

    De la vitesse, de l’audace, qu’elle gicle. Elle pense le sabotage comme un carnaval…

    Sur la voie solaire, le système lacté, Tina accélère encore, tous les regards, tous les objectifs la suivent, certains (les plus perçants) surpris par sa balafre.

    La fièvre dans les rayons de son palpitant qui s’éveille pour la première fois.

    Plus un son, sous elle : les pieds volcaniques, à peine sous l’eau de Taormina. Le ruban de la ville, en l’air, rapetisse, rapetisse, rapetisse. Le pot d‘échappement souffle la fumée brune que là, malheureusement, l’Etna ne produit pas.

    Elle est allée suffisamment vite. Les derniers contours du plateau défilent. Encore au-delà, plus loin, le vide, le vrai. En dehors de l’écran même ; c’est merveilleux ici : le théâtre antique, le détroit, l’Etna, la mer, le vent chaud qui l’étreint tendrement, mille bras qui s’imbibent de son chagrin.

    Tous la regardent miraculeusement s’envoler, tous ses beaux contours dessinés comme sur une amphore grecque, figure noire, ses jambes liserés dans l’air. Tandis que plus bas elle s’abîme sur les rochers, que son éclat rappelle la traîne du paon entière et que le métal de sa moto évoque un cheval naufragé, tous observent le ciel. Elle s’est évanouie dans le soleil.

    L’astre s’est illuminé, incandescent ― taché de constellations de confettis sanguinolents jamais vues ailleurs ―, Tina Aumont rejoint les étoiles, comme Médée a quitté Corinthe.

  79. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Un Conquistador, son scorbut, et pas arrivé :

    « Je vous dévaliserai toutes, je le sais, mais hélas je ne peux empêcher le souvenir, à Grenade, de ton corps étendu, mes insomnies à l’observer dans la pénombre à l’orée entière du soleil. « Te réveilleras-tu enfin ? » me disais-je. Parce qu’à la lumière naissante manquait encore ton sourire pour que ta chair s’illumine pleinement. J’attends dans la chambre depuis le coucher du soleil avec un peu de tabac comme unique compagnie. Il se fait longuement souhaiter ce rayon de soleil ; cette promesse à ton éveil prodigieux. Dans l’océan sans fin, l’arc de l’horizon longtemps vierge, j’ai observé l’envers de chaque nénuphar. Comme dessous ceux-ci, il prend son temps, le rayon ; d’un interstice dans les volets sa réflexion danse trois heures durant sur le plafond. Je l’observe reprendre son souffle lumineux au sommet du mur de notre chambre ; il met ensuite une bonne heure pour descendre le mur tout à fait et se déposer comme un pétale, gracieusement, sur ton visage de lanceuse de couteaux. Poignarde-moi en plein cœur ; ne te refais pas avec nos filles dans le stupre d’un harem ! Ton visage dans la lueur d’or tu émerges de ton sommeil. Les secondes ne tombent plus : elles coulent de mon front maintenant. J’examine le muscle de ta cuisse droite de prochaine concubine se tendre délicatement, Gibraltar, pour l’océan, ton épaule gauche tressauter, tes hanches se soulever, tes pieds prendre la chose en vrille, tes cheveux invoquer l’éther ; tes lèvres éclosent puis tes paupières dévoilent sobrement tes yeux jaunes de poison. Tes seins s’ouvrent comme des fleurs ; à Grenade pour moi ; maintenant pour d’autres. Les pluriels de l’aurore ensanglantée ! Tu me l’assènes en pieu de fonte. Tu commences à gémir, tu murmures sans rien dire d’étranger. Un félidé dans la gorge ; ou serait-ce ton souffle fétide de Gibraltar ; mais pourtant ça y est ! Tu t’étires. Quel délice de l’Est secoue encore le vacarme de l’Ouest. Une suite ininterrompue de mouvements réussis. Le prodige de Lazare multiplié… La tension d’or, parfaite. Ah oui j’y songe souvent. Loin ! de toi ; de toutes ! Je me tiendrai loin, si loin qu’Echo ne pourra répéter les vestiges de vos chants. J’aimais passer ma vie à tes côtés. Le rayon de soleil de Grenade, sa réflexion sur mon cœur de misère enflammé conduit à la misère des autres. Je n’ai que trop pleuré. J’évacue mon désir dans les fanges du Nouveau Monde à te représenter, monstrueuse chimère ; moi puissante émanation de l’étrange, qui mordit trop tôt les nerfs de sa joie ou rencontra trop tard, entre deux cuisses de rideaux rubescents, ma naissance. Mon plaisir repose sur le sol et coule en semence de stupre de quelques lianes. Il s’échappe de ta main ! »

  80. Paul Sunderland dit :

    QUELQUE PART DANS LA GALAXIE

    Mes yeux s’ouvrent. Je perçois du sombre, et la masse de ma tête, cerveau, cheveux, sang, se déporte d’une façon curieuse, sans que je remue. Je suis probablement plié dans une position bizarre. Je concentre ma pensée sur le cou, les vertèbres cervicales : je ne sens rien pour l’instant. Dans quelques secondes je vais déplacer, lentement, très lentement, ma carcasse. Une jambe ankylosée. La gauche. Mes yeux se referment. Je bâille. Doigts. Mains. Creux dans du mou, au bout des ongles. Terre, gravier. Il ne fait pas froid. Le crâne contre de la pierre un peu froide, en revanche. Je réactive les paupières. Tout se concentre vers la barre de migraine qui me traverse le front. Je me détache du minéral rugueux, redresse lentement la colonne vertébrale. Non, pas de torticolis. C’est plus au niveau du front, me dis-je, quand soudain, je change d’avis. Non, c’est au niveau du bide et de la vessie. Ça doit être dû à mes mouvements, pourtant décomposés. Chier, pisser. Impérative, urgentissime poussée de scories brûlantes. Je regarde à gauche et à droite. Je suis seul, je pense, dans un espace sombre. Des deux cotés, à une dizaine de mètres, des trouées pâles. Des rumeurs, au loin. Je baisse précipitamment le froc, le slibard, je me désape tout le bas, cul à l’air je fais quelques mètres à tâtons en suivant un mur (celui contre lequel je comatais), et je lâche tout. Jamais je ne me suis senti aussi bien, dans cette expulsion à l’écart des dispositifs prévus. J’ai l’impression que ça ne va jamais s’arrêter, cette déferlante de résidus organiques. Mon cœur s’apaise, descend en dessous des soixante battements par minute, ma migraine disparaît, ma concentration est totale. Je n’ai presque plus besoin de respirer. Je le fais quand même, et je dois dire que c’est assez réussi, comme fragrance. Je repars en arrière, finis par retrouver mes fringues.

    Et ma sacoche. Je parviens à trouver les ouvertures, farfouille à l’intérieur. Ma bouteille de whisky américain. Je ne la discerne pas vraiment mais au poids, je constate qu’elle est vide. Que je l’ai vidée. Ou presque. PQ. J’ai aussi un gros rouleau de PQ dans ma sacoche, quand je pars en expédition. C’est ça que je cherche. Je m’essuie, laisse tomber le papier usagé. Un peu sur ma droite, je retrouve mes jeans et le slip encore calé dedans. Les chaussures, c’est un peu difficile, je les ai fait voler. Je marche en chaussettes, de temps en temps un pied se pose sur un gravier trop gros pour sa plante, et je grimace. J’ai lancé mes targettes vers la paroi d’en face. J’essaie de ne pas me claquer la gueule contre. Mes mains finissent par la toucher. Je repars au niveau du sol. J’espère ne pas poser les doigts sur des seringues et des préservatifs usagés. Première chaussure. Je tâte. C’est le pied droit. Je l’enfile. La gauche, je la retrouve cinq minutes plus tard. Je peux me déplacer plus vite, à présent. Pour la sacoche, c’est bon, je l’ai passée en bandoulière.

    À présent, j’ai le choix entre l’une ou l’autre des pâleurs latérales. Je me dirige vers celle d’où j’entends venir une rumeur. L’à-plat vaguement luminescent s’agrandit. Je sors la tête d’une espèce de pont. Mais là-dessous, et à l’extérieur non plus, je ne discerne ni chaussée carrossable, ni voie ferrée. Comme si l’ouvrage était à l’abandon. C’est au-dessus que les trains peuvent passer. Le pont se situe dans un terrain vague, une friche à l’abandon encaissée dans une cuvette artificielle, en contrebas d’une route, ou d’un ensemble de routes. Il y a de la terre, des végétaux, de la rouille, des choses délaissées, des ampoules électriques solitaires, çà et là aux flancs d’entrepôts mystérieux, qui brillent pour que je les regarde briller, mais pas plus.

    La mémoire me revient. C’est la route qui mène au Pont de l’Europe. La rumeur, ce sont les véhicules, surtout des poids lourds, qui ne cessent de circuler dans une direction, dans une autre. J’ai encore torché comme un chef. Je m’émerveille d’être allé échouer dans le dernier endroit où un être humain peut aller, après une journée d’intense et gratifiante activité intellectuelle. C’est mieux que les bars. Ici, c’est fait pour moi. Par contre, je ne me rappelle absolument pas les différentes étapes du circuit qui m’a mené jusqu’au profond de ce pont trop loin. C’est que je devais être encore bien entamé. Je sais juste que je m’y suis rendu à pied, et seul. Comme de coutume.

    Il fait doux. Je lève la tête vers des étoiles magnifiques qu’aucun orange sodium de lampadaire ne pourra jamais occulter. C’est tellement profond dans la hauteur, et en même temps je touche le ciel du doigt. Je suis fou. Je bois au bout de nulle part, et je nage dans l’univers, sans me perdre. Il suffit juste que j’aille chier, au préalable. La sonnerie de mon téléphone me fait redescendre. J’ouvre à nouveau ma sacoche. Je ne sais pas l’heure.

    — Paulo ? Paulo ! Mais putain t’es où, qu’est-ce que tu fous ?
    — Allo ?
    — Putain on te cherche partout ! C’est Mike ! T’es où ?
    — Ben, euuhhh, je sais paaas, euh, du côté du Pont de l’Europe, un peu avant. Côté français, a priori.
    — « A priori », mouais. Tu t’es encore défoncé la tronche. T’as fait ça encore dans quel trou du cul de zone ? Tu pouvais pas nous prévenir ? On y serait allés avec toi !
    — La Voie Lactée me parle, Mike. Elle me dit que je ne dois pas me prosterner devant elle, mais devant Dieu seul. Cependant, elle ne m’interdit pas l’émerveillement devant sa beauté, car elle aussi est créature de Dieu.
    — OK Paulo, t’es chaud. Ecoute, démerde-toi pour trouver un tronçon de route, repère-toi et rappelle-moi, je viens te chercher. On t’attend pour la conf’, t’as pas oublié ?
    — J’ai mes notes dans ma sacoche, Mike, je suis opérationnel. À tout de suite.

    Sous le pont, ça ne passait pas. Je marche vers un remblai. Quatre silhouettes que je n’ai pas vues venir m’encadrent. Tout va bien. Ce sont des amis gitans. Comment sommes-nous devenus amis ? Comment ont-ils su que je serais là, et à cette heure ? Ce sont les Gitans. « On va te raccompagner jusqu’à la route », fait le plus âgé, celui qui est devant moi (les trois autres m’entourent, un à gauche, un à droite, le dernier ferme la marche). Nous rejoignons l’asphalte sans forcer. Je les remercie, dis comme d’habitude que je ne mérite pas leur gentillesse, que je suis navré du dérangement… « Ne raconte donc pas de conneries », fait l’aîné. Serrage de louches. Je marche vers un arrêt de bus. J’ai mon point de repère. En composant le numéro de Mike, je les entends qui s’éloignent, et la voix du vieux, à un des autres : « Tu vois, c’est un homme des dernières heures, mais lui, il voit dans la nuit, dans toutes les nuits. »

    L’heure n’a pas d’importance. Il est des lieux qui ne ferment jamais. Il faut apprendre à les trouver, à gagner sans triche le droit d’y entrer. La conférence. Elle porte sur les origines et survivances atlantes de la culture nord-américaine. Je parlerai de la nostalgie de l’Eden, du protestantisme et d’Edgar Cayce. Sera également abordée une archéologie amérindienne assez intrigante. Je vais prononcer gratuitement cette conférence, et toute solennité déplacée en sera absente. Ce n’est pas une question de célébrité. Il y aura beaucoup, ou peu de monde. Les gens qui doivent être là seront là, cela seul compte. Quelque part dans la galaxie, nous aussi nous sommes en vie.

  81. Estelle dit :

    « On doit résigner à ne rien posséder et s’apprêter à tout rendre. Il faut considérer ce qu’on a devant nous, cette terre, cet air, qui nous survivra. »

  82. bissecta dit :

    Il a dit: tout est perdu… Sauf l’amour. L’amour ? Mais l’amour de la vie alors ou de la mort.
    Ode à personne, n’étant personne, l’Etant étant bien trop répétitif, pas assez créatif, cette personne, demeure des heures en leurre, construite de rémanences mémorielles qui résonnent scintillantes et s’entrelacent entre elles, malades de n’être qu’adhésives au chaos fécondateur que distille maniaque le langage conceptuel en son effroi sacré.
    Le libre arbitre est entre les deux provocators.
    Il faut, percuter, percuter, percuter le casque des apparences, encore.
    Dormir avec l’horreur lucifuge couvant des comportements glanes, manne maudite sur ces gentilles affections cachées au sein d’une vierge métallique forcément de pics recourbés puis ne pas réguler l’encéphale moyennant la missive des songes car s’auréole ainsi la propulsion première.
    La peur paye bien.
    Shoot garanti.
    Le libre arbitre est entre les deux provocators.
    Toujours, les esclaves sont bien circulés et dès qu’ont leur donne la liberté, ils courent acheter des cages.
    Petit, arrose-toi de tes larmes, l’amour est sublime au chant du départ, là tu pourras enfin te voir et grandir, grâce à ces cascades de sanglots source des suicides, des génocides d’une parole déplacée puisque sur ta peau le passage n’est qu’un protocole, aussi ne sois pas sage mais mage comme ceux qui écoutent les anciennes phases du tissage gestatif.
    Le libre arbitre est entre les deux provocators.
    Mode de vie humain ou mourir en marchant.
    Qui restera sensible?
    Oui, c’est ça: lâche cette cible tout de suite!
    Sensible tel le prédateur de ton cœur à vif, à dévorer tout cru en culte crissant l’orage des déraisons automatiques dictées par ce que tous savent en secret. Une fois de plus la vie dans la mort et la mort dans la vie, terrible amour susurré au sombre par certains fous décidément castrés à l’aide du soleil abyssal.
    Envie d’être mâle ou d’avoir mal ?
    Et ce durant qui dure, dur, tout le temps où tu ne fais que coller quelques réalités relevées d’une touche de désirs puérils, ces châteaux de sables à ta conscience, pauvre confiance ramollie par civilisation au glamour dystopique.
    Le libre arbitre est entre les deux provocators.
    Au centre de l’arène, pas de salle d’attente.
    Petit, tu seras un homme.
    Viole-moi, ne t’inquiète pas je ne me laisserai pas faire et comme ça tu pourras être un homme.
    Tout n’est pas perdu…
    Le libre arbitre est entre les deux provocators.

  83. Anne-Angelique Meuleman-Zemour dit :

    « J’ai tant souffert de tes remarques désobligeantes sur ce que tu prétends que je suis, qu’aujourd’hui elles n’ont plus d’emprise sur moi. J’abandonne avec lassitude ton mépris et tes injures. Les hommes ne semblent plus capables que de cela parfois, déverser incessamment et insidieusement leur mépris qui n’a que la couleur de leur haine, non rouge sang comme ils le croient ou l’espèrent pour les plus imbus, mais atone et sans germination possible. Ils souffrent dans leurs côtes de ces coups que leur porte la réalité et ne peuvent accepter de voir que seules les femmes soient capables d’écouter le temps s’écouler du haut de leurs entrailles et s’épandre à la lune quand l’instant ne s’est pas encore transfiguré en continuité. La réalité les assomme de ces coups d’illusion qui les rendent si cruels. Dérision et volupté, âme et corps de l’homme avide de vérité. La mort attend dans son tombeau que tu ouvres enfin les yeux sur le silence de ton langage. Parler pour tout maudire dans des vomissures à l’odeur de lait maternel rance, sein flétri de ta volonté de puissance, tu ne sais faire que cela. »

  84. jerome dit :

    «Je t’ai aimé plus que ton mépris, malgré ta haine et le chaos des illusions; je t’ai aimé, a cause d’elle et de l’astre jaloux de sa décomposition; je t’ai aimé parce que seul l’amour enseigne, parce qu’il ne ment jamais; parce qu’il me fait don, œuvre, immutabilité; parce qu’on ne peut le refuser, s’en défendre, y renoncer, s’en défaire jamais. Parce qu’il fait de nous des bêtes infernales, parce qu’il sait les dompter; parce qu’il est la puissance, l’être et l’éternité. Parce que toujours il a une nuit d’avance préparé; parce qu’il n’est rien sans l’affligé. Parce qu’en lui je jouis de ta présence insatiablement renouvelée. Parce qu’il œuvre intimement a toujours tout rénover; parce qu’il transfigure la chair en incorruptibilité; parce qu’il ne se lasse jamais. Parce qu’il est seul l’Indompté, la victoire sur le temps comme dans l’éternité; parce que lorsque je te te vois blême, me maudire et m’insulter, je ne perçois rien qui puisse le concerner en vérité.»

  85. Arthur-Louis Cingualte dit :

    La Morte en Beauté
    Mythologies autour de certains des épisodes de la vie de Tina Aumont

    « We saw the crimson leave her cheeks
    Flame in her eyes
    For when a woman lives in awful haste
    A woman dies. »

    Djuna Barnes

    18/11/1970

    Elle pense que les rêves que l’on fait dans les espaces clos sont contagieux.
    Un temps elle ne sait pas où elle est : elle dort.
    L’autre : elle ouvre des yeux épais, comme sous l’eau.

    Dans le fauteuil, une main sur l’accoudoir, l’autre derrière la nuque, l’aisselle ouverte sous la manche, elle a la morgue évanouie, l’allure fainéante et sensuelle des jeunes fillettes peintes par Balthus ; à la mince différence bien sûr que son corps à elle s’est déjà allongé (un mètre soixante-quinze) ; une grande perche douloureuse au-delà des territoires de l’adolescence, une lande pas plus loin, juste ailleurs, un peu au-dessus.

    C’est que son motif récite ici l’ennui romanesque, la langueur incandescente et ― tant qu’il sirupe encore, presque coagulé sur la faïence blanche des toilettes ― le sang. Et ces émotions rampent bas. Trop bas pour les distinguer objectivement. C’est que cette neurasthénie caoutchouteuse et mystique qui est la sienne n’a pas fléchit sa trajectoire. Elle s’est articulée depuis son arrivée en Sicile et s’est étendue sur toute la durée du tournage, jusqu’aux récifs excentriques ― l’écueil soudainement tranchant ― d’une actrice, d’une figure docile qui s’est lorgnée un temps héroïne.

    Pour les curieux elle décroise ses longues jambes. C’est bientôt la fin.

    Pourtant, là, autour, dehors, on ne la sent pas cette fin, ça ne fonctionne pas : l’illustration est travestie. Le ciel bien trop calme, le vent trop chaud, trop doux, trop innocent. Seules des chauves-souris qui savent ce qui s’est barbouillé dans les alentours préalablement (et depuis une poignée de semaines) inspirent quelque cohérence au décor : elles préludent en acrobaties sauvages et ricanent avec une obscénité de ménades horrifiées. Et puis rapidement, comme si ça ne suffisait pas, comme si l’intervention était devenue irrésistible, impérieuse d’antiques démiurges tragiques rendent à l’oasis d’horreur son intime crépuscule ; son véritable visage ; sa peinture de guerre.

    Un temps encore, le soleil est semblable à une orange qui agonise.

    Ensuite, comme définitivement insultés, révoltés par l’indécence de ce décor bleu-radieux, l’étoile s’esquive : des nuages s’installent et se vautrent dans le ciel comme un troupeau d’éléphants dans une mare limpide.

    Ça y est : l’orage tabasse la vieille ville avec jubilation. Il s’appuie contre les murs et ses contours extravagants s’écrasent sur la vitre de l’une des salles de bain du Grand hôtel et des Palmes de Palerme.

    Et le marchand de boue peut passer et repasser dans le ciel sicilien.

    Tina Aumont, présence qu’on ne peut pas ignorer, l’actrice fille-de, séant légendaire, célèbre khôl aux yeux, regard ourlé lent, liquide, sa fameuse silhouette longue et molle, mutine, sa voix lascive et capiteuse comme la panthère ronronne, est restée cloîtrée dans une chambre-qui-n’est-pas-la-sienne toute la journée, seule, un même peignoir-qui-n’est-pas-le-sien sur ses épaules. Contrairement à la semaine dernière, elle s’est faite rare à moto. Au moins personne ne le lui reprochera ce soir son absence à plusieurs kilomètres d’ici, à Solunto, sur le plateau de tournage : le temps est bien trop hostile pour qu’on lui demande de chevaucher sa terrible bécane pour l’ultime acrobatie.

    Alors elle redescend dans le muscle, décolle sans précaution le pansement qui recouvre sa joue et découvre dans la glace sa belle balafre. Elle ne s’est pas loupée, la bandante virago ! Dos d’âne microscopique, texture carmin bien dessiné, bien à sa place ; sur quelques centimètres, longue comme l’Australie sur une carte de classe, du sommet de la pommette gauche, en un arc, elle atteint les commissures de ses lèvres. Ses lèvres qui s’empourprent toutes rubescentes et qui se mordent, se bouffent pour imiter l’éclat de celles de la cascadeuse, de sa doublure. Elle passe la main dans ses cheveux et ajuste sa coupe : ses mèches d’icône d’avant-garde sont suffisamment longues pour maquiller l’indélébile blessure. Presque un sourire dans le reflet. Une sensation de vitalité, une tendre poésie très certainement.

    C’est qu’hier soir elle a craché et ses dents et sa vérité. Elle peut être fière de sa cicatrice. Elle se dit qu’elle témoigne des qualités de son estomac neuf et de l’affection saisissante qu’ils nourrissent à son égard.

    Son peignoir au sol, elle entreprend l’observation de ses muscles : le biceps du bras droit et les abdominaux (du bout des ongles, d’une lingerie à l’autre, comme pour chercher les bosses, les dunes sur son ventre de nacre). Léger. Très léger. Elle envisage une série de pompes, de tractions ― qu’elle commence ― puis finalement s’avise : ce n’est pas nécessaire, elle n’a pas de doublure pour les scènes de cul. Ça, ils le savent bien les techniciens, ils l’ont tous lu. Tina Aumont : une peau de zèbre aux motifs à décoder pour quelques baves léonines, pense-t-elle.

    Soudain ça reprend forme, vers le bas, encore, une fièvre torride et sensuelle comme des sables mouvants, caressant, engloutissant un désir des chevilles aux cuisses.

    Elle s’inquiète. Où peut-il bien être ? Qu’est-ce qu’il fout, là, en ce moment ? Celui avec ses mains qui rendent jaloux les travelos brésiliens les plus raffinés. Celui qui bavarde avec le Diable et fuit devant Dieu. Celui qui enlève les étrangères aux taches de rousseur sans savoir comment, qui collectionne les triangles de petites culottes, voit l’enfer sous les sous-vêtements et fait des nœuds avec la queue des chats. Ce loup de la Conca de Oro. Elle le sait, c’est elle le chaperon. C’est dans le script et maintenant dans sa vie : il va mal finir.

    En effet, Tina sait qu’elle devra se confronter à lui le moment venu. Baisée de désir elle a englouti la cascadeuse. Elle a sucé et son audace et son courage. Elle n’est plus celle qui stimule les érections et qui ouvre ses cuisses pailletées à tous les objectifs comme l’une de Gibraltar, l’autre de Tanger, à l’océan. Elle a le rôle noble, l’héroïque, le vrai. Elle est à la fois dessous et en dehors des projecteurs. Elle est complète. Elle est tellement belle qu’on en oublie qu’elle est bonne.

    Dehors ça vocifère les dernières morves de la funeste rumeur. Elle arrange ses ciseaux comme un couteau et les place entre ses dents. Les lames ont encore le goût du sang. Elle a des pensées d’incendie.

    L’orage s’épuise aussi doucement qu’elle se recouche (sans robe de chambre mais avec des sous-vêtements-qui-sont-les-siens). Elle a oublié ses dialogues et ne se souvient plus si c’est elle ou l’autre qui doit prendre la moto ce soir.

    De toute façon elle préfère attendre demain. Parce que là plus rien n’est asphyxiant. Elle atteint des confins eschatologiques. Comme dans un rêve éveillé contagieux, elle reste le sourire aux yeux et les larmes aux lèvres, en quarantaine. L’idée d’une drogue qui ne fait pas mal en somme.

    02/02/1970

    Le pitch de Il Cremisi Lasciare le Guance
    (« La Pourpre Quitte Ses Joues ») :
    « Au moment d’épouser sur une plage son fiancé, un mafieux, une jeune femme quitte la cérémonie avec un homme qui vient de lui sourire. L’amour est aussi étrange que soudain. Ensemble, ils traversent à moto une Sicile baroque au sein de laquelle ils visitent un hôtel inspiré des peintures de Clovis Trouille et la demeure d’un architecte cannibale ; assistent à l’invasion de Taormina par une milice lesbienne mésoaméricaine ; rencontrent un dictateur hermaphrodite en costume de Spartacus ; une Éthiopienne géante bec-de-liévrée et des chats à la queue nouée. Mais ces rendez-vous magiques et horribles sont l’œuvre de l’homme qui l’a séduite : un hypnotiseur et un assassin de femmes. Elle s’en rendra compte au terme d’un voyage halluciné alors que la traque que mène son fiancé et sa meute criminelle pour la retrouver les mèneront au sommet de l’Etna. »

    Dans un précédent film, sa jupe trop serrée, trop courte, dévoile le triangle de sa culotte et des sommets de bas sur ses cuisses alors qu’elle enjambe le cadre d’une bicyclette. Un adolescent regarde ravi. Mais comme cette grande perche aux yeux de défonce soulignés d’ivresse ne sait pas en faire, le gamin l’accompagne un peu gêné, un peu ensorcelé. On voit très bien comment il s’y prend pour qu’elle roule : une main sur le guidon et l’autre ― la caméra insiste dessus ― sous la selle, donc sous son cul. Et elle se marre. Dans cette séquence mémorable de Tina Aumont (comme dans le reste de sa filmographie), il semble qu’on l’aperçoit plus elle véritablement que son personnage. On ne sait si c’est juste maladroit et accidentel ou bien alors conscient, purement provocant, donc aguicheur et même putassier (pour les plus excités). On veut irrésistiblement l’emprunter. C’est comme ça, inaltérable : on sait que la sensualité ne s’interprète pas. Bien que dans ce même film Laura Antonelli ne peut retenir ses seins et tout son bordel de convaincre et épater la lumière, c’est Tina, à vélo, qui l’a ému jusqu’aux larmes, le Pinto Sabre, et plusieurs nuits en plus ; des nuits autant juteuses que tristes. Alors il a choisi pour être l’héroïne de son Pourpre. Pour en voir, comme un animal penche l’oreille, un peu plus (de fait Laura avait déjà tout donné). Pour la salir, la traîner dans sa bave. Qu’elle s’en prenne plein la gueule ; il connaît la réputation de l’animal : poupée fracassée envoûtante, sauvage, prêt à tout, spontané, ose-le-diable.

    Oh il va en profiter ce démon ! Mieux qu’avec une pute ! Un truc physique… c’est de cette façon qu’il fait ses meilleurs films, qu’il se dit, qu’il se répète brûlant quand son agent lui a retourne le contrat signé.

    29/10/1970

    Tina Aumont est arrivée hier avec son agent et un peu de son entourage, comme l’indiquait son nom sur la pancarte du chauffeur de taxi. Ce soir, elle se rend effilochée au cocktail donné en son honneur par la production italienne. C’est d’époque : les verres sont disposés sur des plateaux mobiles. Ils sont évasés. Il y a même des olives dedans. Tout est bien coloré. Les sourires en jettent comme il faut. Elle est déjà défoncée et se persuade qu’elle va danser rapidement. Mais fait non, pas tout de suite : elle ne bat pas en retrait, elle change de direction, de discussion. Danser à un cocktail. Sur la terrasse des plantes démesurées dans d’immenses pots de fleurs dessinent les ombres d’un théâtre plus d’horreur que chinois. Elle parle de ses jambes et de leur correspondance avec la lune, de ses bijoux et de l’or d’Atahualpa, de ses chats et des marées qu’ils influencent. Tous écoutent, des verres à lui proposer, ahuris par ses yeux paysages. Les siciliennes présentes, elles, jaillissent jalouses, en retenu. Elles identifient, par ci, par là, les objets tranchants, les volumes dangereux, sous-pèsent pas distraites du tout les éléments du décor.

    Tina cherche sa doublure mais ne la voit pas… Et au premier venu : « Tenez-ma-glace-faut-que-je-danse! »
    Le chanceux s’en empare, la regarde – sa robe noire taillée dans le volcan – rejoindre la piste, écarter haut ses bras, ajuster en rythme doucement, ses hanches, secouer ses cheveux, les emmêler / allumer un peu… Ô la capiteuse vestale ! Prodige-de-la-belle-est-bonne à la fois ! Il attend sans tenir. Cherche… Leur regard se croisent enfin… Il lèche sauvagement la crème glacée. C’est suffisamment obscène pour qu’elle revienne, bourrée, bêtement vers lui. Ses cheveux éclaboussent d’extravagants confettis ; sa robe des éclats de nuit. Il l’invite à la suivre pas loin, lui rend sa glace (le cornet est entamé) “elle”, “lui”, une chambre à l’étage… “oui” avec la tête… il y en a kyrielle… celle d’«amie », de « la fille », du « fils », de « la bonne » (il insiste particulièrement sur celle-là…)…
    Parce qu’elle se donne toujours comme ça à l’étranger et qu’elle est tendre Tina va pour celle de la fille. Derrière elle, dans les escaliers, on cherche où s’achèvent ses cuissardes.
    Au travers du trou de serrure : les peluches bondissent d’extase quand Tina saute sur lit. Quelques émotions juvéniles sous l’effet des ressorts et elle s’allonge tout à fait, se marre, zinzinule, gesticule ; une vraie petite fille justement. Lui n’y croit pas : en tailleur, par terre, sur un tapis-volant, noyé dans l’abime ténébreuse de sous sa robe de l’actrice, il entreprend, avec des doigts tremblants de travelo raffiné, les complexes lacets des cuissardes qu’elle lui tend.
    Un chemin de croix! Des nœuds de démente ! Fil de menteuse dans le dédale ! Provocation géométrique ! Théorie de cordes corrompue ! Casse-chinois! Babel-à-l’envers ! Op-Art cruel !
    Déjà Tina Aumont, les bruits de la fête en bas et en plus ces pompes ! Ce qu’il flippe… !
    Insupportable cette lenteur de profane ! Tina explose, déchire sa robe rouge, l’effort est vital, il tabasse furieusement l’air, comme si, dans l’arène il fallait impérieusement la retirer : un taureau court vers elle pour la transpercer. A la voir comme ça, l’Actéon verni comprend qu’il a traversé l’écran. Maintenant même s’il demeure invisible, il sait le fond démonique de Tina là, qui veille et file toujours, un peu comme les météores derrière le bleu du ciel. Il n’ rien à faire elle commande. Elle est si spéciale.
    … ce qui s’est passé, elle a déjà oublié. Pas le regards, ensuite, tout le monde au courant comme d’habitude. L’exploit tout ça.
    Le matin, déchets et ruines de la soirée… sont sinistres comme un viol dans un camping. Pourtant quand Tina Aumont traverse la terrasse – juste d’un long t-shirt – les confettis qui dévalent de ses cheveux illuminent très joyeusement les traces de son passage.

    07/11/1970

    Il n’est rien sans lumière, dit l’Aztèque. Que le jour inonde. Dans la petite pénombre ses paupières dévoilent des yeux jaunes comme un imprimé de poison. Ses bras s’écartent, ses seins s’ouvrent comme des pétales. Elle commence à gémir. Un ronron dans la gorge, un orgasme fainéant… Ça y est ! Elle s’étire. Le miracle de la photosynthèse. Maintenant, dans le miroir, elle observe son cul, cambre, décambre, tente, le regard changeant sur une, deux, trois, quatre coutures et échantillons de pose (dos, trois quarts, profils). Des retouches de maquillage d’un pouce humide de salive, un sourire, une gueule sérieuse, une putassière, une triomphale : elle est prête pour voir la cascadeuse, sa doublure (pas-de-cul siffle t-elle lasse).

    Taormina est une ville qui s’escalade, ne se contourne pas. Elle s’accroche au dessus du vide, tout délicatement, sans vigueur, ni nerfs, ni larmes. Tous ses chemins qui mènent à l’Est s’achèvent vraiment : il y a des bords, certains un peu suspendus. On va pas plus loin : au delà c’est les poissons, la mer et ses seize nuances de bleu.

    Entre le théâtre et les abords du centre ville, sous un arbre, dos-contre-tronc, considérant le vertige derrière les verres torrides de ses lunettes, Tina chante : « et si les ongles rongeaient les enfants ? »

    « Tina Aumont ? On ne peut se manquer ! »

    Détails et querelles éclairs dans les yeux de Tina : La voilà la cascadeuse. Directement inscrite direct dans le rayon le plus lumineux de la journée. Tapis d’or au sol. Reflets pastel-en-ciel. Aveuglante mais pas douloureuse.
    Tina à l’ombre se lève. Elle, c’est soleil noir, magie noire, bétyle d’Elagabal sorti pour la procession. Elle le sait qu’elle est ensorcelante…maudite, que son sang et de ténèbres… que son regard rend dément…tout ça, tout ça…et surtout, facette, fond, contour, forme : séduction vénéneuse, malveillante en diable jusqu’à ces viscères reptiliennes. Grains de beauté ? Certainement pas : taches de panthère en trous noirs, trous de verre. Tous absorbés ― elle ? elle est naïvement Impériale : à verser au bûcher de Sardanapale.
    L’autre, la cascadeuse ― et c’est, à quelques détails, le même visage ; la silhouette peut-être moins molle ―, c’est l’articulation naturelle, athlétique, saine. Son sourire au zénith réclame la fraise et non pas le sang ; le miel et non pas les larmes. Une inscription dans l’espace courageuse, une acuité merveilleuse.
    Sous toutes les coutures c’est celle-là même que Tina cherche, dans le miroir, dans un reflet de flaque, ou à la bougie nocturne son corps en ombres chinoises ; dans l’image d’un visage éblouissant, d’une sirène enfin entière.
    Tina demeure visible mais impossédée, dans l’image. Elle se déplace avec une lucarne. La cascadeuse, elle, est là. Vraiment, elle existe, l’actrice le sait elle vient de la toucher. C4est elle le simulacre de l’autre, sa réflexion immatérielle.

    La dernière scène de la journée : Tina, de loin, dans le théâtre, une robe rouge un peu vulgaire, maquillée comme une pyromane, évite le taureau un première fois, la cascadeuse en fait, une très gracieuse voltige (un murmure de considération sérieuse et béate chez les techniciens), demi-tour du taureau, déterminé il chauffe le sol avec son sabot, bave, s’élance. Tina Aumont – selon le script – déchire sa robe. Plus rien, (juste une rumeur obscène et sonore chez les techniciens) le taureau ronronne. Elle traverse le plateau sur le dos d’un satyre électrique, chercher son peignoir. Faut voir le sourire de Pinto Sabre. Bien large.
    « Ô Calcutta, Calcutta. » C’est ce qu’elle préfère comprendre d’un murmure, d’un regard qui lui est destiné, venant de derrière les caméras. Elle jure pourtant que ce n’est pas ce qu’elle a entendu.
    C’est comme ça : qu’elle impose, inhibe où excite ce n’est plus qu’une image, un élément héraldique, un truc presque faux, pas véritablement sérieux. Alors qu’elle contient tout un orchestre d’hystérie, Tina ne sait pas vraiment pourquoi tout ça mais la réponse qu’elle cherche – elle s’en convainc – est la clef de voute des systèmes les plus complexes destinés à justifier son monde. Ça lui inspire des mesures concrètes et définitives, une machination dans le marbre du réel.

    18/11/1970

    Ah ça non, dès qu’elle a souri, aucun problème pour demander la clef de la chambre.
    Tina a juste pris garde de ne pas trop montrer ses mains : depuis un mois elle n’a pas taillé ses griffes, au cœur de la révolte elle les a laissées soigneusement pousser. Si elles n’étaient pas si fines, si aiguisées, on se verrait dedans comme dans un revolver.
    Les intervalles raisonnables se déchirent, disparaissent, reviennent puis se logent en coussins : elle fixe la molécule du délire, là, tout de suite.
    Son cul moulé dans le mascarpone avance, bâbord, tribord ― la lune (ou le soleil noir) qui l’influence.
    Le sourire aux yeux, les larmes aux lèvres, elle mouille comme un pirate dans une tempête électrique. Elle est tellement bonne qu’on en oublie qu’elle est belle.
    Enfin Tina entrevoit, à la faveur fiévreuse de la lueur orange de l’ampoule, la cascadeuse aux toilettes, un short aux chevilles, agiter l’onde.
    Œil pour œil, dent pour dent : « lui réifier, lui bousiller la gueule » qu’elle se dit sensuellement.
    Elle se stationne à quatre pattes sur la moquette ― Cherokee à décolleté, ses jambes trop longues pour la cuissarde italienne ― et apparaît dans la lumière de la porte entrouverte.

    Pisser les yeux fermés ? Comme dans le jardin d’une ambassade, un limousine ?
    Comme si rien ne pouvait se passer quand on a la méditerranée tout autour ?

    Alors la panthère se comprime, ses tâches sous la peau, cambre vers la cascadeuse, rentre ses cuisses dans ses hanches, le nombril dans l’arc, les seins à peine aplatis, hisse son cul, le circule comme un Indien dit doucement « oui ».

    Le sabre en avant, le tranchant « bonjour », elle bondit hors de l’image.
    Un temps : le cosmos est suspendu dans les chiottes.
    La première goutte de sang fait déborder son cœur.

    La même chose plusieurs nuits de novembre :

    La scène : La lune est dans la chambre, sa lumière comme un lait très dilué, un peu sale. Pas un bruit, Tina est dans son lit. Autour, le bordel à des contours byzantins : il semble précéder, comme ça, en une multitude de petits tas complexes de natures différentes (vaisselles, linges, accessoires de maquillages, bijoux, onguents…) de quelques rituels magiques. La masse de longs cheveux immobile de Tina la rend impénétrable : son sommeil paraît, dans le ventre d’un monstre marin, imperturbable. Cependant, un temps, elle s’agite. Ensuite viennent, chuchotées, d’inquiètes glossolalies presque enfantines. Tension soudaine : ses pieds surgissent de sous le drap. On sent bien la lave, progressivement, faire son chemin vers la surface, progresser. Ses mains raclent, griffent, passent ainsi des linges à sa chair ; ses ongles se plantent dans ses cuisses. Quand elle se retourne on remarque que son khôl s’est imprimé sur son oreiller. Alors, elle triomphe tout à fait, libère ce qui la retenait par les chevilles, la tirant vers le bas. Cet effort, à son zénith, à le même chant que l’orgasme. Quand Tina, en nage, ouvre enfin les yeux il y a au bout de son nez, dans l’éclat de sa peau, coincé dans les commissures de ses lèvre le dessin d’une étrange félicité. Il n’y a pas de justice quand on rêve.
    Le rêve : Ses pieds tournent comme des hélices, ses seins des nageoires. Les poissons parlent, prient. Ils sont dorés à s’en faire des colliers. A la surface, l’étoile du matin est basse dans le ciel, ses rayons – en fait de gros bras dorés – s’appuient sur le sol pour la maintenir à hauteur. Le territoire est noir. Il fume de belles volutes blanchâtres. Tina ne sait pourquoi, ni comment elle est arrivée là. On ne la voit pas. On est à sa place. On escalade la pente vers un incendie. Hurle des syllabes étrangères. La fumée se dégage complètement : c’est elle, démonique, effrayante, nue, glacée dans le feu, une rose criminelle à la main. On la touche on se brûle, elle se consume. Tina est mise à distance, elle est un bétyle, rien qu’un trophée. Elle ne peut-être femme tant qu’elle n’est pas devenue une proie. C’est le triomphe de la mort, léguer tous les remords, pisser des fleuves de rumeurs. Tina, dans les rayons, dans le feu réclame malgré elle trop de soleil. Mais on ne la remarque soudain plus, une autre qu’elle – en même temps la même – est engloutie par la bave des hommes et s’enfonce, s’enfonce. Ce n’est pas beau à voir. Le fil qui la retenait a été coupé. Tina descend quand, la dépassant dans sa chute la cascadeuse tombe dans l’océan. Tina s’élève. Elle pleure dans des bras, juste des

    bras autour d’elle, rien d’autre, ni langueur, ni fièvre érotique et ses lèvres douces comme une fille timide qui l’imiterai.

    Ses mouvements disent enfin ce que ses formes dissimulaient.

    20/11/1970

    Les solitaires ne se passent pas d’admiration. Ils se vengent pour se pardonner.

    Yeux au khôl sous la visière, les jambes identiques, équivalences osseuses parfaites, longueur de cheveux trop subtilement différente pour être confondue avec sa doublure.

    Elle est quelque peu excitée par les vibrations de la bécane.

    Il lui reste une ruine de respect pour l’autorité suffisante pour être subversif ; et elle a la foi pour pouvoir être sacrilège.

    Clap ! Ça y est, ça tourne !

    Elle est sa propre machination, ô horreur (les deux mains ouvertes sur les joues, la bouche un peu arrondie au centre) : elle remarque maintenant. Elle a léché le dos moelleux d’un crapaud vénéneux.
    Mais pourtant elle y est, là, pour de vrai, mythologique. Le tremplin, les marqueurs de distances : comme elle s’en branle !

    De la vitesse, de l’audace, qu’elle gicle. Elle pense le sabotage comme le carnaval…

    Sur la voie solaire, le système lacté, Tina accélère encore, tous les regards, tous les objectifs la suivent, certains (les plus perçants) surpris par sa balafre.

    La fièvre dans les rayons de son palpitant qui s’éveille pour la première fois.

    Plus un son, sous elle : les pieds volcaniques, à peine sous l’eau, de Taormina. Le ruban de la ville, en l’air, rapetisse, rapetisse, rapetisse. Le pot d‘échappement souffle la fumée brune, que là, malheureusement l’Etna ne produit pas.

    Elle est allé suffisamment vite. Les derniers contours du plateau défilent. Encore au delà, plus loin, le vide le vrai. En dehors de l’écran même ; c’est merveilleux ici : le théâtre antique, le détroit, l’Etna, la mer, le vent chaud qui l’étreint tendrement, mille bras qui s’imbibent de son chagrin.

    Tous la regardent miraculeusement s’envoler, tous ses beaux contours dessinés comme sur une amphore grecque, figure noire, ses jambes liserés dans l’air. Tandis-ce que plus bas elle s’abime sur les rochers, que son éclat rappelle la traîne du paon entière et que le métal de sa moto évoque un cheval naufragé, tous observent le ciel. Elle s’est évanouie dans le soleil.

    L’astre s’est illuminé, incandescent, ― taché de constellations de confettis sanguinolents jamais vues auparavant ―, Tina Aumont rejoint les étoiles, comme Médée a quitté Corinthe.

  86. Manuel Montero dit :

    Le récit d’Arthur-Louis est tellement vertigineux dans son baroquisme tendu et jeune, de précision, que l’on ne peut que lire plus tard pour éviter un télescopage. J’aimerais attendre qu’il soit imprimé pour le lire en entier. Je pense qu’un éloge est une critique constructive, l’on ressent la sensualité du langage par la familiarité dans la fantaisie.

  87. jerome dit :

    A la nuit, ils s’arrêtaient, décidant au hasard d’un hôtel, d’une auberge, d’un corps de ferme romane embrassée de cyprées. Ils se jetaient comme des clefs, sur de grands lits ouverts et blanc comme des livres; plongeaient dans leur silence imprononçables et presque effacés par le bavardage entêtant des crapauds au pieds des grands Tamaris. La poussière flottait dans la chambre, plus légère qu’une drogue dans le sang, avec un air de fête improvisée, et sous ce ciel inespérée de paillettes constellées, haruspices et genèses se confondaient. Tina chavirait, ôtait son masque devenait son double, se réunifiait, comme une danseuse dans un grand écart ou elle trouve la paix; ouvrait la baie, jetait ses écailles comme un lézard jouissant des dernières pénétrations de la chaleur du soleil presque couché. Elle se penchait par la fenêtre, et en s’inclinant pour voir Syracuse dans le couchant –qu’on apercevait sous le volcan depuis Toamino– montrait son cul candidement, a Flavio qui, sous prétexte de lui offrir un verre, une cigarette et un baiser, ne se lassait pas de le palper. «L’électricité est coupée…les plombs ont disjonctés a la centrale…», avait on informellement annoncée aux vagabonds, en prenant soin de ne pas les rebuter des inconvénients occasionnés….Ils souriaient, dans leur vêtements trop amples pour voyager en moto, et le bailleur était content d’accueillir des voyageurs aussi prévenant. La nuit insensiblement finissait de filer sa trame d’immatérielle araignée ou s’ empiège, fascinée, l’esprit errants dans les parhélies scintillantes de la campagne toscane par la lune fantasmée. Le monde avait cesser d’exister, et les flyers plastifiés que dégueuler d’un sac a main renversé, miroitaient dans le noir comme des yeux de chat qui aurait avalait les dernières images du monde a son dîner, et qui aurait digéré toute l’insubstantielle vacuité phosphorescente du carnaval d’où ils s’était échappée. Tina s’abandonnait a l’ombre qui l’oppressait, la palpait, défigurée, dévisagée ; elle s’offrait, se donnait a rente, en hypothèque comme l’océan a la sonde quêtant sa verticalités; se convulsant en axe, de symétrie désordonnée, comme un bâton brisé, et rebelle aux lois de l’optique, une pieuvre que le courant emporte aux plus profond et au plus sombre, la ou cesse le vertige de l’infinie distance qui la séparait d’elle même, la ou de ne plus rien savoir du monde, ni d’elle elle se sait être réellement elle-même ; et elle suit son seul espoir, de se retrouver a cause de l’oubli ; du sang perle de son nez, et le plaisir a la mort mêlée, comme un cœur emprisonner par l’esprit, comme cœur et esprit se débattant pour se démêler et s’unir, ne trace qu’une perspective de fuite sur la réalité : se perdre, et enfin mourir pour se retrouver. Dans une dernière violence, l’ombre saisit son corps en entier, elle jouit et pleure sur sa mort, comme un nouveau né.
    Mais déjà a Paris elle vivait d’hypothèque a « ma tante », certaine de ne jamais trouver la réalité qu’aux objets trouvés.

  88. Hurlante Nova dit :

    Hier soir, d’humeur festive, je discute a ma voisine de droite, une actrice mythomane inexpérimentée avec un projet vaniteux, qui soudain, me zappe, tournant la tête sans politesse et gentillesse, puis, pour ne pas rester sur une logique humiliante d’exclusion je parle a ma voisine de gauche, une midinette jolie dans le journalisme mais étonnement simplette, là, de même, elle souffle un truc a l’oreille de son compagnon à mon sujet et me zappe en tournant la tête, et moi, là, je chuchote à haute voix : « ben putain, entre le laideron analphabète et la grosse vache bosh décérébrée, me voila gâté, hey, il faut cultiver l’exercice de la parole les autistes ! »
    Résultat, il faut soit que j’apprenne a penser en voix off, soit que je chuchote beaucoup moins fort, car ce fut très gênant (et jouissif) de voir leurs immédiats chocs et longue et permanente fureur, qui, tout au long de l’intimité d’une projection cinématographique, nous donna un très étonnant sentiment de symbiose revêche et d’antagonisme sadomaso.

  89. Arthur-Louis Cingualte dit :

    je me convaincs même, progressivement et avec empathie : ça serait, en effet, être fourbe de penser qu’il ne s’agit que de sa faute à lui. Lui, April, rien qu’un pauvre Prométhée intoxiqué par les incendies d’un feu qui le calcine pour l’avoir juste entraperçu. Dans la boue chaude de l’horreur, chez les femmes qui souffrent puis griffent et mordent, il est éprouvé par sa sensibilité aux vertiges et astreint à marcher sans cartes ni oracles. C’est tellement évident quand on le voit. On touche le fait certain qu’il ait étrenné, au péril de son abondance le désastre toujours plus au sud de sa providence admise, et que le foyer ardent insoumis et infernal qui navigue en lui, le plus beau flic de San Diego, l’adversaire de la misogynie ambiante, ne s’est jamais tari. Dieu me protège de cet exemple romantique… Je me rassure. Je me dis que, contrairement à moi, un flic ça se doit de se contraindre à la contextualisation culturel et sociale pour s’animer sainement. Qu’un flic Incarne. Qu’un flic, pareil au lémurien ou au koala, c’est endémique à sa région, à sa nation. Ici, il n’est malheureusement qu’une mauvaise herbe et une mauvaise herbe, comme le dit Jim Thompson, c’est une herbe qui n’est pas à sa place. Une herbe ingrate qu’on brûle avant qu’elle ne contamine la terre.

  90. jerome dit :

    A vide.

    Des pleureuses, noires olives écrasées, sous les murs ocre de Jérusalem, aux mailles brisées du filet flottant au vent, déchirées, comme la voile par les lames de fond des enfouissements stellaires, dans des plumets d’or fin, que la bourrasque poussiéreuse du soleil, avait précipité, sur des mats de décomposition et de douleur, ou pourrissaient comme des tiares de rois déchus livrées à l’oxydation du temps, leurs trônes rognés d’algues, tous les trésors des mères qui perdent leur enfant, disparu sous les thuriféraires eaux, mais ou aussi brillaient encore d’autres lueurs de seigles d’abord confondues avec la nuit et qui auraient suffit pour éclairer, des caravanes de chameliers, traversant le désert, couvert d’or et d’étincelantes pierreries, enfouie dans des chiffons miteux, par les ravineuses sentes bordées de rares touffes surissant du sable comme des mains inconnues et hostiles, frappant la nuit de leurs sceptres royaux, d’une stupeur qui conserve au sommeil sa part de lucidité sur la route, et au voyageur indique, la dérive en cercle de ses vides impensée, ou il rêve d’étouffer son rêve brûlant qui le consume, le condamne au remugle dans des atmosphères terrestres, produisant un mugissement caverneux, milles fois frappées, sur le tabernacle creux de la mer, traversé d’espoir aussi improbable que percés d’une infinité d’écueils, rendant inabordable la cote déchirée, et le rêveur aux mains tendues d’impuissance, un songe, surgissant mal du néant, et frôlant, un bref instant, du bouts des doigts, les feuilles de l’arbre défendu, avant de s’agripper définitivement au néant. Suspendue, pleine de grâce, a ce qu’elles avaient fait de mieux, au rien, qui leur avait filé entre les doigts et les emportait avec l’inespéré, rejoindre, au delà de la mort consentie, l’accomplissement du rêve devenue l’impérieuse réalité parce qu’il leur avait été refusé un instant. Desséchées, et mortes a présent, pétrifiées dans l’esprit de leurs restes, en ossuaire tombé du ciel, qui a concentré toute la chaire volatile des vivants, ces doigts, déployant a peine entre la grille des vagues en fracas, leur rempart inutile contre les ensorcellements du vent, jetant au ciel gantée, la pierreuse crispation de leurs tribulations nerveuses, restaient enfoncés dans le ciel, n’empoignant que le souffle fondu de leur rêve, avec lequel elles avaient disparue pour rester , comme des monuments d’immémoriale stature, gisant en témoignage ouvert au présent. Avaient elles jetaient assez loin le filet, loin du sable pour échapper aux prises du ressac de la marée? En Avril tous les fils sont rompus, et les mains inquiètent arrachaient toujours aux lambeaux d’absolu leur douloureuses générations, a corps perdu, lançant des s.o.s gravés dans le sang, en vaine poignée de main pressant l’inflexible bras du destin, sans recevoir son salut. Du bout des doigts elles avaient caressé leur rêve, posé le doigts sur la haine, cette bouche sans lèvres pour baiser l’essence restituée du néant. Puis elles s’étaient tues, car le silence était devenu plus grand que ce qu’elles pouvaient taire; retirées , mains tremblantes comme un phasme enfermées dans des camps, enfouis vivant en germe dans des champs d’horrible pureté, fructifiant aux branches rances d’une civilisation effondrée sa terrible pudeur homicide. Elles erraient alors, hors l’espace et le temps, en mains courante, cherchant en vain le registre des doléances, muettes donc, résignées a l’effroi, tâtonnant aveuglement le fond des nuits sans fin, le puits violent des guerres sans fond, ou elles ne tâtèrent que le sabbat des danses macabres de la progéniture des bêtes immondes et infernales, ou tout les hommes redeviennent des enfants cruels qui se perdent dans le brouillard et le froid coupant des lumières crues de la conscience infondée, devenue bête de proie de la bête. Mains sans corps, mains de néant, plongées dans des bains de sang, qui mirent au monde, la force de mentir; la parole sans moelles, l’incarnation du néant, sacrifiés en adoration innervée et close sur elles mêmes ; a humanité sans dieu, sans avenir et sans l’abîme de la mort a franchir, se sustentant d’explications faciles qui délitent l’écheveau complexe que des Parques subtiles ont déposés dans le berceau des mots nouveaux a naître sur les chemins d’exil. Ces mots qui parlent moins qu’ils ne séduisent jusqu’au le ravir l’homme au désert, son reflet maintenant, fuyant l’aveu du corps, pour se protéger du rêve auquel ils auront voulu donner vie, en nous dépossédant de l’intelligence de nous-mêmes, mais aussi capable de confesser incompréhensible lien qui donne a la main l’objet convoité, et qui par eux, nous jettent en l’existence périlleuse a la recherche d’un bien que l’on ne peut pas acquérir nous même, quoique l’on puisse incompréhensiblement sentir sa réelle présence a travers toute notre impuissance, dont on se fait douloureusement une idée. Fruit que l’on ne peut épeler pour le rendre comestible, fruit de la souffrance dont on ne se fait pas gloire de l’avoir sous la main, mais dont chacun rêve de pouvoir raconter sans faillir toutes les épreuves qu’il a eut a franchir, tant était disproportionnée l’idée du manque et de la possession, de qui en jouirait encore s’il pouvait éternellement en dire l’histoire de la possession. Aussi avons nous embarqués, au soir de l’ultime journée, grimer en aveugle, sur des surfaces incertaines, des corps mouvant d’eux mêmes, que l’iris safranées ne discernait du lourds ciel toujours congestionné, que comme une clarté, un gris plus noir, qui commence a bleuir, une irréalité vraie, une lumière, non pas a cote du néant, mais surgissante du néant, une parhélie fascinante, une pensée pesante et légère comme une promesse, nous guidant, capable d’enjamber l’instant de l’effroi, de la mort qui éveille éternellement ; nous marchions comme un vœux aborde son objet, d’un pas lent et sacré, comme un être dont la condition de réalité serait de traverser sa propre poussière, comme un moment nécessaire de son devenir, sans plus se soucier, des oracles qui prétendent lire les signes dans les nuées soulevées. Nous foulions la terre métamorphosée, participant de la synthèse, qui un instant rompue, avait laissé échapper, une voie inconnue, pas exempte d’adversités, mais pas exsangue non plus. Nous n’avions enregistré aucun bagage, en caravane riche, et ce premier renoncement nous avait donné assez d’élan pour traverser tous les enfers ou seul achoppe la main qui croit tenir autre chose que sa félicité sous le masque de son propre néant. Nous progressions vers une réalité dont l’idée est plus récente et plus âgée que la mort. Le charpentier pensait que, la compréhension de la manière dont la vie est donnée, le chemin vers toute beauté, de celle qui évide le réel entier, l’achève en la niant, et la porte a s’absorber en elle-même, dans un usage humain de la pudeur divine, qui faisait le lien secret et incompréhensible de l’intériorité. L’harmonie et l’identité du nié et du posé, du décomposé ,parce qu’il faut cracher dans la source, pour qualifier son nouveau statu d’être donné, du scandaleux au glorifié, vécue avec passion et intérêt infinis, sans cesse renouvelée, sans que cela ne puisse jamais, t’apporter la preuve que tu est bien né, soulage et dissout les plaies distribuées. Même morte, toujours la beauté est. Ôte tout le poids de la souffrance ? Peux tu encore exister ? Le sentiment ne se dilue pas dans le néant, il se transfigure en beauté, a travers ce défilée entre les écailles rocheuses de l’inintelligible réalité d’un être, compréhensible par plus parfaite réalité. Ce qui te porte a conclure, a t’attribuer des plaies, ce que tu conçois comme réalité niée, parce qu’impossible a justifier, ce toi , sur lequel tu déposes les plaies est un corps non-identifié, et possede le double fond du coffret du magicien. Ce par quoi je me l’attribue, n’existe pas, c’est pour cela qu’on s’y enferre a jamais, infléchissant nos corps d’asiles parfaits hors les souillures. Et tous ce qui peut porter a conclure une vie d’homme parfaite, souvent rejeté, ou a la confondre, avec la réalité du salut, Soliman le possédait. Un tapis notamment , d’une fascinante beauté, dans le motif d’une profonde laine, vibrait une unique étincelle, qui faisait du canevas de mailles le support irréel, s’inscrivant, par delà elles-mêmes, au front immatériel de la beauté, un besoin d’incompréhensible justification, soulager de ténèbres rendues lumineuses d’explication dépossédée. Car la beauté est ce pouvoir de soulever les plaies, d’y perdre la main, saisit au collet qu’elle ne comprends pas. Ne dit on pas, « baigner de beauté » ?. Aux rescapés bottés, la Dame, en courant d’air, sifflait entre ces dents….«C’est entendu, riez maintenant. L’intelligence doit être spoliée, des étendues de l’esprit, qu’elles n’a jamais entrevues qui la rêve en marées sauvages et sans ports sur lesquelles vous agitez vos tètes rances et lasses comme des chardons brûlés? » Est-ce un prélude a la gloire, le premier instant de la vision béatifiante, de la Parousie.
    La chose, rare et magnifique, trônait, a même le sol, au salon. La plus pure des tuniques, peinte d’un motif compliqué, mais de l’esprit le plus vaste , d’absorbante vision de la beauté, cet étouffoir de la haine, lumineux encensoir des grands exorcisés.

  91. auddie dit :

    Dans le métro, mon corps sent encore le sexe. Je garde ma veste près de moi. Le cuir recouvre mes jambes, m’empèche de répendre, de me fuir, de me couler. C’est l’autre versant de ma journée… Mais, ils ont tous fait pareil, et glissent, ouverts, rasssasiés, vers le soir de la semaine. On est dimanche.

    La rame est bondée, c’est désagréable, j’ai chaud. Je fais semblant de consulter un dépliant publicitaire, quelque article sur des voyages organisés, des réductions sénior, et il y a une photo: ils mangent tous, la mine basse, autour de tables mises bout à bout, dehors… dehors, dans le sable… on dirait qu’ils sont sur la lune. Il n’y a rien, et le contraste entre le jus d’orange -probablement chaud- et les sinistres dunes environnantes, me rappelle subitement l’écart mystérieux qu’il y a entre une histoire d’amour imaginaire, et la chaleur salavatrice d’une bouderie préremptoire, puérile et disproportionnée. On va peut-être les laisser mourir de soif.

    Je voudrai –
    Claustrophobe dans mon propre corps.
    Sa blondeur efface ma noirceur. Dans nos regards s’échange la voix. Oh, très peu de mots. Nos corps lointains malgré le sexe. Lents arrimages aux côtes du temps. Je souffre, je glisse. Je respire. Mais la tristesse est là, fidèle. Elle, au moins, ne m’a jamais quitté.

  92. anonymous dit :

    à quoi sert tout cela?
    cris transis lancés sur des pentes de glace
    ou alors,
    chuchottements dans la fournaise
    on ne comprend plus très bien

  93. auddie dit :

    ouais, cris transis lancés dans la fournaise
    et quand il pleut, la graisse dégage une odeur de chaud, la pierre suinte et sous le joug d’une dépression estivale, le vent se lève, on ne sait plus très bien quoi? Si c’est le soir ou l’aube? Si tu jouis ou si tu pleures? Si tu te censures ou si tu es franc? Je ne crois pas qu’il ait été dit qu’il faille baisser les bras, surtout quand un baiser français étonne une allemande en vacance demain soir. Eh bien oui, je serai là, et je les oublierai toutes. Idiotes. Aujourd’hui, je suis allé au bureau des réclamations. J’ai pris mon ticket, et je me suis rendu compte que j’allais attendre au moins quatre heure – dans la fournaise -. Heureusement, j’avais avec moi le dernier Bret Easton Ellis. Je ne sais pas pourquoi, au même moment, je me remémorais mes derniers « instants du web », et jubilais une nouvelle fois de m’être barré de facebook. J’ai ouvert le livre, et ne l’ai plus lâché. « Suite(s) Impériale(s) » me dépassa tant et si bien que la fadeur des mots absents que je déploie parfois, touts de censure impregnés, m’apparaissèrent absolument répréhensibles, oui, c’est le mot, et après café, lecture, fille, ballade, bière, pluie, baisers et re-pluie, je courru jusqu’à chez moi pour changer quelques lignes et peut-être ……..

    J’étais galvanisé.

  94. jerome dit :

    C’était tout a fait ça…du bruit dans la charpente, une tôle que le vent soulève et fait rincer au dessus, (il n’y en avait pas ? A bon autant pour moi), de la file des clients pressée contre le comptoir de contre plaquée blanc tout barbouillé de cambouis et de graisse. Deux plombes, c’était le cas de le dire ; deux heures a moisir dans cette bouilloire de cristal surchauffée, oubliée de dieu, recevant sur la nuque toute le plomb d’imprimerie de sa parole, fondue pour un retro….Ai je le droit de dire que ça me fait chier de perdre deux heures a courir après un retro ? Je vois d’ici la gueule de la maréchaussée…sourie de Joconde pincé sur les lèvres; clin d’œil allusif au coéquipiers, dans le genre: «Eh Roger, vise un peu, le bon client…vous avez les pneus plats, les retro vous gènes pas apparemment? Et pas de contre-visite chez Norauto ? …eh Roger amener la liasse on va lui lui réécrire la bible au poète?;… ».
    Mais je pouvais pas dire décemment a ma femme , une fois de plus, que tel putain de petit détail insignifiant, comme une paire de retro, pouvait exiger le sacrifice de plusieurs heures de grâce accordées au salut; je ne peut pas décemment lui dire que ce que je peux de mieux faire pour elle c’est de me contre foutre de tout ce qui n’a pas trait au salut…elle aurait immanquablement conclut de mon refus, a un signe de désintéressement pour son être, une flétrissure jeter a sa beauté de femme, et donc a du désamour.
    Comme je m’y refuse, je rpends le retro et j »vais aux emplettes ; je garde pour moi mes explications. D’ailleurs ne lui ai je pas dit en lui avouant mon amour, qu’au fond dans cette vie, je me foutais de tout sauf d’elle ?
    « Qu’est ce que vous voulez ?….. »
    « votre concession….. »

  95. jerome dit :

    J’ai fait pleurer ma femme ce soir
    je suis devenu un obstacle a son bonheur….§§ !
    Doucement je rigole.
    Un obstacle a son bonheur…la phrase interpelle…….
    ………., je décompose,………………………………….. pour éprouver le seuil éthique de la formule …hum. !!………………………………..on doit pouvoir faire mieux esthétiquement………………………..mais ethiquement je suis blessé a mort. Elle m’a tué. Elle me déteste comme elle a jamais détesté personne…..et au fond de moi je sais, que je n’y suis pour rien, qu’elle est la femme de ma vie, que j’ai fait ce que je pouvaiS faire de mieux pour entretenir l’agape quotidienne.

    Quel rôle ne m’offre t’elle pas, sans le savoir ?

    Elle qui croit jouer la victime….

    …………….et qui pleure ce qu’elle doit perdre sans le comprendre.

    mon amour , mon attachement personnel fait de pardon envers sa persponne….
    c’est dure pour elle//…faut comprendre….

    Qui perds la certitude de la fidélité sexuelle de sa femme perds beaucoup de choses, plus qu’il n’en peut concevoir, car on est toujours plus intarissable a parler de sa perte qu’a gagner l »universalité.

  96. jerome dit :

    sont ce la, les tocs dont je dois me defaire??

  97. jerome dit :

    Ô Job!, Job!, Job!…..trois invocations suffisent.

  98. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Rosée de sang

    « Assimilerons-nous la sprezzatura à la géométrie délicate et féroce qui rend possible la danse de la libellule ? »
    Cristina Campo

    Ce n’est qu’à partir de son installation à Chichicastenango que la figuration s’était véritablement révélée à Sue Heavy Hawaii (Suzanne Sprezature). Sous les tropiques, sa peinture – qui autrefois convoitait autant le sens abstrait le plus phénoménal que le visage de l’ubique – muta considérablement. Sue engloutie tous les motifs les plus caractéristiques des basse terres du Yucatan avec la démesure d’un génie projeté hors de sa lampe. Débarrassée des académies et exemples européens elle redécouvrait le motif. Les sujets de ses toiles se multiplièrent très vite en diverses et séries : cactus titans, volcans sensuels, danseurs volants, jungles clownesques, tissus de lianes alphabétiques, nus indigènes humides, jaguars sphinx, temples mayas babéliques, nués serpents à plumes et natures mortes aux ananas velus … Son style primitif, furieusement expressionniste, semblait destiné à glorifier un tout nouveau panthéon iconographique à la fois populaire, historique, naturel et mystique… Sa formule était bien rôdée (épais dessins noirs, couleurs écarlates, souvent à peine mélangées, compositions en diagonales vigoureuse)), cohérente, toute fois quelque chose faisait défaut. Les fruits, les singes, les chasseurs et avaient beau labourer de toute leur démesure l’espace de la toile, jamais ils ne se suffisaient. L’émerveillement esthétique qui étreignait tant Sue, ne parvenait pas à se réaliser sur la toile ; il demeurait toujours insuffisant. Ce qu’elle pouvait maudire les limites de l’évocation, de l’impression, ses genoux à terre pour qu’on lui indique la formule du portrait authentique.

    Comme il est d’usage de toujours réunir ses trésors en un même coffre, Hawaii s’horrifiait de disperser les siens. Ce sentiment culmina avec son œuvre la plus célèbre, Anthologie de la Reconquête. Cette toile somme est une compilation des sujets d’admirations guatémaltèques d’Hawaii à la façon d’une frise ou même d’un éventail (la forme de l’œuvre est celle d’un tympan). L’espace y est saturé, on n’y remarque pas de ciel mais juste un soleil, descendu à raz de canopée qui inonde l’arrière plan. Sous sa lumière doré des jungles sont ligotées, des cactus couvert de papillons empalent de vieux navires, un volcan enlace un temple d’où dégringolent des citrons monumentaux ; l’océan est à l’ombre d’une queue de quetzals, des jaguars baisent des prêtresses hurlantes alors que des serpents embrassent des cavaliers écœurés. Les œuvres de cette période dite « totémique » (Sue ajoutait même qu’elle faisait là une peinture qui « s’embarrasse ») semblent si lourdes, si prêtent à éclabousser une insupportable et sacrée vérité, qu’on ose à peine s’y approcher.

    Lorsque la fièvre fait filer si majestueusement les étoiles, elles empruntent des trajectoires sauvages.
    Cette énergie baroque, exotique et extatique, toute dévolue à branler le sexe de la peinture orienta l’existence de Sue Heavy Hawaii vers d’irrésistible et périlleuses situations. Son œuvre la débordait, elle la sortait dans la vie comme un orque de la mer sur une plage de phoques endormis – un baleinier pas loin, dans le dos. Elle titillait le danger, le cherchait, se persuadait de l’importance d’une longue danse avec lui.

    * * *

    Alors qu’il attend au bar qu’on le serve, Tarsilo do Mali observe tendrement Suzanne. Leurs deux visages pullulent des petites rougeurs typiques à ceux qui viennent de s’enfouir amoureusement ; et leur cheveux ont cette molle rigidité, comme rincé à l’eau de mer, si particulier au désir à peine achevé. Ce qu’il aimerait la cacher, la garder rien que pour lui… Pourtant elle l’évite un peu, son regard de transi, mais ça ne lui importe pas : leur relation est déjà si inespérée. Il y a tant à récolter du voisinage euphorisant de cette sublime artiste, de cette déesse empoisonnante !

    Il est là, lui, si mielleusement suspendu au filet de bave de sa passion, qu’il lui faut plusieurs secondes pour parvenir à quelque sentiment de surprise : en un saut, Sue vient, subitement, de sauter sous la table à laquelle elle l’attendait ; et déjà, un type à l’air pas fin des marins, s’adresse au barman, des sirènes bandantes tatoués sur les bras :
    – Je cherche Suzanne Sprezature. Elle devrait être là ?
    – Non. C’est qui ça ? Je devrais connaître ?
    – Oui c’est ma femme. Je sais qu’elle vient là souvent. Elle m’a pas donné de nouvelles depuis une semaine.

    Sue tousse sous la table.

    Tarsilo, lui, fulmine doucement, sent quelques peurs furieuse et s’approche. Ça aurait été une autre fille, n’importe laquelle, il n’y serait pas allé ainsi.
    – Sue Sprezature !… votre femme ! Mais qu’est ce que vous racontez… C’est le nom de jeune fille de la mienne ! Vous pouvez pas être marié avec elle !… Je l’ai épousé à Antigua la semaine dernière.
    Alors que le marin, moins par nostalgie que par colère, brise une bouteille de téquila sur le comptoir, le porte s’ouvre énergiquement.
    – Bordel Hawaii ! Tu m’avais dit quatre heure !… ça fait une demi heure que je t’attends dans la bagnole putain ! T’es où ? qu’on se taille enfin ! C’est l’heure merde !
    C’est un grand noir, de haut en bas en jean bleu ciel, la voix très grave, avec des yeux de sorcier passé dans l’outre monde.
    – Pardon ? Hawaii ! Vous… Vous voulez bien dire Sue-Heavy-Hawaii ? Autrement dit Suzanne Sprezature ? l’apostrophe Tarsilo, étouffant.

    Sue gémit sous la table.

    Le noir s avance sûr de lui, la victoire comme acquise.
    – Mais qu’est c’est que cette…
    Le marin, confus, rouge, finit sa phrase et sa bouteille dans le ventre de Tarsilo déjà en larmes s’éteint pitoyablement. Les sirènes du mousse, rendues au liquide, s’ornent de belles écailles rouges.
    Le temps qu’il récupère sa bouteille, le noir est déjà en face de lui, le canon de son 38. pas loin. Il a la bouche d’un tigre affamé. Il hurle plein de drame :
    – Personne n’aime Sue comme moi !
    Très audacieux le marin, à la surprise de tout le monde, inverse la tendance de cette situation délicate : il bondit vers le sorcier et lui lacère rageusement le visage avec sa bouteille. Ses sirènes n’en peuvent plus de plaisir.

    Sue claque des dents sous la table.

    Rythmé par les rires du marin, le noir, les yeux bousillés, gesticule comme un décapité. Il laisse tomber son arme qu’il récupère aussitôt d’une balle dans sa pauvre tête.
    Le marin, tout sanglant du sang des autres, plus qu’un bout de goulot à la main, le flingue dans l’autre, se tient victorieusement, un sourire indescriptible aux lèvres. Il terrifierait un ours.
    – Que personne s’inquiète, je cherche juste ma femme… D’accord ? Je sais qu’elle là. Sue ! Je sais que tu es là ! Je n’ai jamais aimé une fille comme toi tu sais Sue… Tu vois bien comment c’est quand t’es pas avec moi… viens, s’il te plaît… Je t’aime ! Et vous là !… soyez sympa, aidez moi.

    De sous sa table, Suzanne Sprezature se fait toute petite, se cache les yeux ; elle sautille doucement des petits piaillements de rouge gorge dans la tempête. Tellement secouée elle n’entend pas arriver, le marin qui aussitôt, par derrière, lui saisit les jambes, et la tire sèchement hors de la table.
    A peine à t-il eu le temps d’exprimer quelque joie de l’avoir retrouvé, qu’une femme au beau visage indigène – un visage que Sue rêve instantanément de peindre – lui tranche sa gorge pleine d’émotions.

    La période « totémique » de Sue Heavy Hawaii s’achève ici.

  99. f4 dit :

    bravo !

    ça ça ferait un roman qui se lit d’un bloc !

  100. auddie dit :

    Bon allez, du positif: aujourd’hui je me suis baigné à Locoal Mendon, un village du sud de la Bretagne. Des familles même pas recomposées y étaient heureuses, les enfants jouaient aux raquettes, au cerf-volant, les papas étaient fiers, les mamans au taquet, la vie coulait des jours heureux, prise entre une mer infinie, fonce droit devant, les souvenirs, retiens le futur et tous les possibles, en mettant la main comme ça devant les yeux, et derrière, une nature préservée, luxuriante, toute en fougère, pins et oiseaux rares, disait tout sauf la détresse, et le vent, et la maison bio-climatique au chauffage par air et panneaux solaires, et pas un beauf à l’horizon, pas un mec avec des lunettes de soleil en train de te mettre mal à l’aise ou de te juger, territoire des bonjour(s) même sur le sentier au bord des petits renfoncements, sauts de terre à marrée basse, seul cette foutue mouette m’a insulté, et ces ancêtres celtes, et ces marins oubliés, qui pourtant n’avaient confiance en personne, cachaient armes et matériels dans des caveaux le long des chemins millénaires, laissaient des goélettes prêtes à appareiller pour fuir à tout moment sur l’île de Grois, ou tirer un bord déjà politique, chouans laissant sur place les patrouilles révolutionnaires si je ne m’abuse, reliées par alliance jusqu’à St -Germain, et moi en train de respirer tout ça, je me disais, putain, et si moi aussi j’écrivais ma vie sur facebook pour dire le tout bien, le tout gentil, le joli, le sans peur et sans reproche, et soutenir les binious riots, et puis tiens je vais aller manger une crêpe, ou alors sortir le kite-surf, et même, si j’osais, je vous laisserai en plan comme ça, alors que vous aimeriez bien en savoir plus merde, sur ma vie, et sur ma session dans les vagues à dix-huit degrés. Je sais, je sais… Alors, bon, ou mais, ou quand-bien même, je vous aime, tous, tous! et n’ayez plus peur, jamais. La vie est fantastique. Et le monde restera ainsi, plein, et ébouriffant, comme dans une bande dessinée, comme dans un dépliant du conseil régional, comme une esquisse d’Etienne Blandin, ou une promo mignonette pour un roman chic de la rentrée, sans accrocs ni vieille rengaine, sauf dans celui de l’héroine. Un roman pour les filles. Mais moi aussi, les filles, j’écris pour vous. Vous êtes trop belles, et la musique que vous écoutez aussi, ça groove! C’est frais. Oh je vous quitte mon chat arrive. Rires de joie !

  101. jerome dit :

    Un vieux maître chinois, filait un mauvais coton sur l’île de son scapulaire de joncs, mêlant son visage aux maillages de lumière, la bouche écailleuse et râpeuse, comme les milles tuiles de la mer, semblé un oeil, ou une tremblotante lèvre en forme d’iris, me sussurait les confidences triviale du sublime amour, ses chant de transports et d’extase, de la même matière que l’irisation de la vue,au jour du dépucelage de la mariée ou que le pont de pierre qui traverse Toulouse. Jour, tant attendue, et si peu fermé aux boucles de la chamaillerie lorsqu’il est de qualité avariée, qu’il exaltera la nuit prochaine avec la fulgurance des images premières et de l’instant, le meurtre du désir le plus chére, dans le lit même de l’amour. Le souvenir perdu de la lumière, brasse des ses bras sous les draps, et la langoureuse toile de son vêtement, comme les sept chevaux noirs de l’apocalypse du désir lorsqu’il est est le jouet de la mort et conçoit sa fin comme une perte de la conscience, jusqu’au souvenir de la voluptueuse sensation de prendre plaisir a ce qu’on veut, et se perd dans la froideur indifférente de ta chatte, et de ta haine et du courroux de Dieu.
     » Plutôt me laisser couler dans le sable, au nom de quel savoir devrais-je me refuser de croire que tout mon désir est réalisé? …Ah. »..(maussade)….La réalité interdite a la salive, n’en dit pas plus que n’en peut retenir le sable. Le vieux singe se pinçait les lèvres, se mordait la langue et les joues, chaque fois qu’il voulez prononcer un mot avec sens.

    A ses disciples ils faisaient croire qu’il avait maint et maint serviteurs, prompt a exhausser ses moindres désirs, qu’un daimon le servait et que chaque nuit , il recrérai le jardin. C’est ainsi que, tout en cachant qu’il était impuissant, il en usa, et quoique chaque nuit s’opérassent des transformations dans la maisons, qui ne pouvait être le fait que du maître, toujours le plus tard éveillé dans la nuit, il se fit jour dans la conscience des apôtres, que c’était l’Esprit qui le visité. Chaque jour, était une recréation, ou les repères de la veille avait sombré dans l’oubli, chaque jour poussé un peu plus loin l’exil, chaque jour qui se levait agrandissait la lézarde de la veille, en faille nouvelle ou tout était a recommencer, depuis le poids atroce de la souffrance sans imaginaires, jusqu’au tout nouveau et cohérent dont la beauté luisait de tous le spectres du malheur antécédent, comme un oubli bienheureux et ultime de la souffrance, confirmant une présence désemparée des explication de la raison..il faut secouer l’épouvantail car c’est dans sa chevelure de paille que niche les corneilles, ces corbeilles a bijoux, dont les oeufs sont des yeux pour lesquels toute la beauté du monde ancien a séchée comme une tourbe, une image dénue de sens qui s’envole, une affiche de cinéma dans un théâtre abandonné, a coté d’une réclame pour je ne sais plus quoi…et quoi que ce soit, qui ‘sen va retournant aux errances universelles des sables sans orbite, a son étoupe de néant, « Il » traversait le puits de souffrance sans poids la ou on va, avec joie les oublier.

  102. moi même dit :

    Un squelette est assis sur un trottoir passant, contre une facade, à la manière des mendiants. Une boite en ferraille et un bout de carton indiquant: QUELQUES EUROS POUR LE PRINCIPE. JE SUIS SANS RESSOURCES, SANS TRAVAIL ET EN PLUS JE SUIS MORT

  103. jerome dit :

    Rentrée

    I- Sur le ton du sussurrement , du bouche a oreilles, de tout ce qui se peut dire et entendre, en nos temps, comme en ceux qui ne sont plus ou qui sont a venir.

    -Hâtons nous de hanter a nouveau les couloirs du métro, et soudoyons la morts
    -Tendons lui un piège, de nacre et de turbine rugissante…
    -Masse et Vitesse, Vertige,…non?…
    Alerte, maquillons nous! Et semblons seulement…embrassons tout le paraître…nous nous apparaîtrons… et semblables a de charmantes fées, d’hygiénique hôtesse d’accueils, ….que la malice du fard que nous mangeons, dissimule nos intentions! La mort soudoyons, par de distrayante danses parmi les flammes, et dans la draperie de soie verte, coulons la fonte d’un reflet, courir, en vague, comme la robe sur la jambe d’une femme, le coup pieds a l’intérieur du crane des bourrins.
    -et si tu ne te perds…tu aras ta récompense…c’est ca, je rigole , c’est bien cela qu’il etait resté de nos precedents entretiens?
    -de la verroterie pour les kaléidoscopes!!
    Mais deja le voile du spectre blanchie, et dans la lumière, ne révele qu’une absence un peu jaune.

    -Bibi……..Bibi…….hmm….Sommes nous perdus au fond de la mine?
    -cela se pourrait bien…a en croire la tailles minuscules qu’on pris les contenues des désirs, la foison des récompenses promises par l’état et le public de toute sortes, …….plus une chose est éloignée de la vérité, et plus nous nous la représentons petite, indifférente, plus nous la réduisons a la tête d’épingle d’une étoile, qui nous fixe, mais que l’on peut oublier; la distance s’accroissant, la vélocité du phénomène énergétique, qui nous attire spontanément et nous fait peur, perd de sa présence, mais reste entièrement lui-même, relevée dans l’image vestige, vertige, l’image transparente résiduelle d’une apparence disparue, qui a creuser son trou dans la matière et a disparu…. mais que conserve encore la lumière, la vitesse constante de la lumiere, est autre chose qu’un residu de tabou religieux, c’est une perspective comme un événement qui a eu lieu en Dieu, a travers lui, et se répercute aux confins extrême de l’univers, la ou un mouvement tectonique du ciel, moins représentable qu’une fission atomique, une brisure de plan, du Même et de l’Autre, disaient les Anciens, devient astre, lorsqu’il ne reste plus d’elle que sa lumière parcourante..
    – quand quitterons nous cette effroyable mine….qui massacre, détruit, brise, brûle, extermine!!!… l’homme c’est mis depuis a les forger des images, occulte de son igonrance, parce qu’il avait besoin d’etre reconnue par un autre dans une fonction sociale, l’ortie du poete, et de ce fait, comme un exilé ingrat, il oubli la part de mensonge de la premiere certitude qu’il se fait quand a la connaissance de sa puissance, de sa fonction au sein du tout, qu’il se tend a lui-meme un piege mortel, et fini par tombé réellement dans trou qui etait l’invension de sa malice.
    Il se met a produire le reel a son inexistante image de lui-même.
    -n’as tu ceints le piolet a tes reins pour percées les yeux des pierres précieuses, et couvrir de leur nuit, leurs aliénantes flammes.
    – les estimer a leur place, comme des singularités, particulièrement originale de la beauté naturelle.
    -un échos me l’a manger au dernier carrefour dans le boyau.
    -….l’intestin de dieu, l’utérus fécondant la matière fécale de l’oubli céleste …

    Le vent se met a souffler….c’est d’abord imperceptible, une très légère brise…par bouffée…comme une changement de décor qui vient frappé poliment a la porte d’un instant…et promet d’abattre les clôtures.
    -Vois, il fait vibrer le plis de mon suaire….
    -peut être est-ce une fraise des bois, qui,?
    -….qui me pousse a travers?Ah certainement pas …
    -Nous divaguerons donc mon chére, pour rejoindre la mer.

    II- (accourant, essoufflé, apeuré.) Vous ne me quitterais jamais? ….(supplication)…Vous ne me quitterez jamais, n’est ce pas….(avec le ton de toute la déception qu’accroît la réflexion par les conclusion qu’elle s’autorise de sa douteuse science)
    -taisez-vous et hissez plutôt la gran’voil’…mimez le …et nous nous suivrons éternellement des yeux, comme deux astres fasciné l’un par l’autre a travers lui.

    La scène, est celle d’une voie. On ne peut la voir, et c’est sur elle pourtant que nous jetons les yeux.

    est ce la un lien???…
    comment? Quoi…., que disiez-vous?
    Comment recelé, ce que le dire descelle?
    …ce qu’on dit les sept tonnerres, ne l’écrits pas, scelle-le!…ne savez vous que le dire descelle, qu’il vaporise sont parfum, qu’il s’étend sur toute chose comme la lumière, et qu’il ensorcelle la volonté, dans les méandres des boyaux ou nous nous sommes enfoncés…
    et perdu maintenant…
    j’ai l’impression de poursuivre un évanouissement, ce qui est dit nous éville a la disparition de ce qui est désigné; le désir est la structure de la lumière des profondeurs, les plus claire qui se puisse trouvé dans le cristallins des cailles de Normandie, et sur les noeuds marron des peaux de bananes des canaris….
    hop!hop!hop! Je vous arrêtes….je sorts mon tuba….
    votre planche a oursin?
    Un grand vacarme retentit qui noie le dialogue.
    Puis, après le dernier échos, le silence revient.

    -je disais….., je vous d’mandez ju’veux dire, si vous pouviez pas, en vous mettant comme ca et comme ca, me servir de bizeau pour mon tuba…
    ha ca on peut dire que vous êtes tuyotté….
    …cul-otté, cul bordel pas « tui », « tuy », « tu »
    Mais une fois le mot lâché, le miracle s’accomplit, l’autre disparaît, désincarné, la réalité se décharge de ses chaînes de raisons, elle devient flux, intuition, qui porte des noms de rivières, coulantes dans le paysage divin et irriguant le devoir d’aimer, jusqu’à susciter ceux qui sont fait de la matière du voyage.

    -…déjà la houle m’emporte…et je tremble d’une terreur plus froide …quelques religieuses paroles me ferait du bien,
    -elle fleuriraient votre tombe et c’est tout.

    nous voyageons, l’un a travers l’autre, comme deux cultures, deux civilisations, et voilà tout, …
    mais j’ai l’impression que je vais devenir aveugle, et sourd, fermé a toute choses créer c’est a dire connu si j’embarque, …
    Hé bien, laisser vous emporter….

  104. auddie dit :

    « Les plaisirs du cœur sont faits de cette chair solide qu’il ne m’est plus permis de contempler. J’écume, vague des jours, dans une ambiance surréelle, réapprend (encore) à lire, savoure quelques étranges moments de solitude devant des danseurs avec qui je ne peux vraiment communiquer, en mon centre fragile, dépossédé de tous mes vœux, fait sortir de terre les basses et quelques auteurs, et si d’aucuns d’entre eux savaient voir dans mes rictus hésitants quelle sève coule comme une larme presque immobile, de cet œil géant, narquois et égoïste, qui regarde peut-être derrière moi, ils ne voudraient échanger leur quiétude sous aucune forme de prétexte, à part bien-sûr mon cachet d’artiste. Ainsi revigoré, mais toujours aussi seul parmi tant d’autres, je me repère à vue, oh quelques jours devant, et avance sans broncher puisque j’ai appris à fuir, et même à me fuir, jusqu’à la lie, organe pulsatoire devenu rapace-maker; voilà, je me retourne de moins en moins sur les culs dans la rue. J’avance, sourcils froncés, enfin je le crois, jusqu’à ce que j’aperçoive mon reflet dans la vitrine du petit café que je viens de découvrir: alors non: ça ne se voit pas.

  105. jerome dit :

    Tous les jours le recit retrecit un peu plus. Et je me retourne en penser, et te voit comme une indienne d’eaux fortes, bronze et mauve, allongée sur le ruban de ses nattes noires comme un fleuve d’onyx, liquide comme un gaz, comme le bel azur, ses lèvres de la même matière que ses yeux, limpides constellations puissant a la même source. Son visage d’extase, exhibe toutes les fusions de la matière, tous les fils et les points d’ancrages, déboulonné et s’étirant en nage dans les nervures des ailes d’un papillon. Sa nage oscille a la dérive des savoirs qui ont perdus pieds sur tous les continents ivre et titubant, il flotte en leur milieu comme une plume d’alphabet fanées entre les pages d’un livre, un souffle entre les mots, un vide de joie céleste conçu entre chaque battement, en libre flux mystérieux, aussi malléable et indéfinissable que lui, prenant a chaque brasse un aspects différents, tanto il ressemble a un Pape coiffée de mitre emportée par le courant, tantôt a Balboa, son visage de hyène baisant le ruban jaune et ocre qui le couvre, et l’instant suivant, Don Juan, la peau lisse et luisante dans une lumière plus proche des souvenirs perdus, des impression frappantes mais fugaces, des vociférations de première lueurs qui sont des insensibilités du coeur natif, éblouissant sherpa porteur d’autres lumières tardives. Et soudain, avec lui je mange d’irréelles oranges sous un ciel mort né, et la brande s’enflamme, et il me semble que n’avoir jamais été et être toujours ont le même sens, la même nuance couleur de lait, d’agate dans sa bille de verre, d’iris rouge comme un piment sur la cornet dans la pupille des chiens.

  106. michel meyer dit :

    Nous sommes parmi vous

    Il faisait beau, je sortis de chez moi. Une idée finalement pas très maligne, parce que dehors, moi était toujours là. C’est une présence un peu pénible, moi, une espèce de vieille merde que je traîne continuellement. On (oui, il était là lui aussi) a beau dire, on a beau faire… Bref nous sommes sortis dehors, dans le monde, dans l’espoir de rencontrer il. Tu, nous le connaissons déjà, il est presque aussi insupportable que moi. Nous ne savons jamais trop quoi faire dans le monde, il (non c’est pas lui) nous est venu l’idée de prendre un café, en terrasse, pour pouvoir l’accompagner d’une cigarette. Nous nous sommes installés à une table sous le soleil. Il (non, lui non plus) faisait froid pour la saison, nous portions déjà trois couches de vêtement à l’orée du mois de septembre. Saisons détraquées, ecosystème barrant en couille, humanité azimuté, enfin toutes ces histoires.

    Et là a soudain surgi un homme, qui nous a demandé s’il (ça pourrait bien être lui) pouvait nous taxer une cigarette. Nous étions très heureux, nous nous enlisions déjà depuis un certain temps dans d’inextricables considérations pronominales personnelles. Il (c’est lui, c’est sûr) venait à point nommé nous sortir de notre taule. Il s’est naturellement assis à notre table, pour rouler sa cigarette, une conversation tatonnante s’est rapidement établie entre lui et nous. C’était un homme assez beau, d’environ 45 ans, avec des cheveux longs et grisonnants, qui ondulaient de part et d’autre de son visage. Ses yeux étaient accueillants. Il avait le teint hâlé des gens originaires des pays du sud, deuxième génération d’émigré algérien comme je l’appris un peu plus tard. Il rayonnait quelque chose de très spécial en plus de cette chaude cordialité. C’était vraiment un il, je n’en connaissais pas des comme ça.

    Nous nous sommes mis à échanger, le courant passait comme on dit. Roulant sa cigarette, comme il préférait utiliser des bouts de carton comme filtre et non pas les filtres manufacturés que nous trimballions avec nous, il me déclara que fumer avec un filtre revenait à faire de la soudure, une histoire d’acétylène, de réaction chimique produite par la rencontre brutale entre le chaud et le froid (l’atmosphère était fraîche). Ensuite nous avons enchaînés avec de simples considérations météorologiques, probablement du fait de on, qui ne lui était pas non plus étranger. Puis nous avons embrayé sur les enfants, les femmes, la conjugalité, la famille, ce qu’il fallait faire et ce qu’il ne fallait pas faire. Nous avions abordé ce sujet un peu par hasard, nous aurions pu en changer, nous aurions aimer en changer, mais lui avait envie d’en parler. Nous, de notre côté, nous nous sommes désintéressé de la conversation, nous n’avions pas du tout envie d’entendre des histoires de police. La conversation s’est transformée en monologue, nous trouvions le temps long. Et au cours de ce monologue, comme il nous devenait plus familier, il s’est imperceptiblement mis à changer de position pronominale. Il a d’abord glissé vers le tu, puis s’est ensuite coulé dans le nous. Ce n’était plus un il, tout se cassait la gueule, une fois de plus. Nous étions à nouveau seuls, juste un peu plus nombreux. Et nous discutions avec nous dans une totale confusion. Jusqu’à ce que je n’en puisse plus et que je m’extrais de cette première personne du pluriel. Il me fallait absolument fabriquer de la tension, de l’altérité, du mouvement, de la vie éventuellement.

    Mais la conversation de police durait et je sentais que nous n’étions pas encore tout à fait tiré de ce marigot pronominal personnel. L’enjeu devint donc pour moi de trouver une fin dans cette insupportable déblatération et de m’échapper de ce vortex. Je ne voulais cependant pas le froisser et je je guettais la moindre pause, le plus petit relâchement qui me permettrait de conclure cet échange, qui n’en était plus un, avec plus ou moins de naturel. De plus, dans mon imbécile urbanité, je lui faisais parvenir des signes encourageants, pour lui donner l’illusion que ses propos m’intéressaient. Même quand lorsque mon téléphone portable sonna, je l’éteignis pour qu’il n’imagine surtout pas que sa conversation me fut pénible.

    La conversation dura un certain temps, même plus que ça. Soudain, au détour d’une phrase, je sentis une fin possible et je repliai mon paquet de tabac en me redressant de façon ostentatoire. Cela suffit pour qu’il comprenne illico que notre conversation était terminée. Nous nous saluâmes de façon un peu brouillonne, mais cordialement. J’estime que c’est une rencontre qui a bien fonctionné.

  107. auddie dit :

    je quitte ma pensée de la nuit, ondulante, fine comme une cartouche de chevrotine, vivante et concentrée, qui fait parler la poudre à la moindre étincelle, brûlante, libérée, légère, si légère, qu’elle se love dans tout, mon corps, ma tête, s’enfonce dans les limbes difficiles à imaginer, effleure ma langue de sa peau de pèche puis descend plus fermement… et ma pensée s’imagine, elle s’imagine elle-même, et descend encore, démine, désagrafe, désamorce, décapsule, désagrège, mille pluies, parfum musqué, et plus haut que les arbres du parc, traversant les feuilles jaunes, oranges, vertes, se confondant avec le ciel blanc, laiteux, trente huit nuages, vingt-six bougies, de la vapeur au solide, gonflée d’orgueil, complètement en résistance, puis se laisse aller, épouse la ville, démarque, remarque et attentiste, se détache de moi et me regarde; ma pensée me regarde… c’est pas normal qu’une pensée me regarde comme ça tandis que je

    [CENSURÉ]

  108. auddie dit :

    en conversation avec une pote à new-york, en pleine tempête, bourrée de provision de bières, de crackers, de légumes, de sous bock pour les bières, de magazines people de la semaine d’avant, de télé, de CNN, de skype, de facebook, de portable, avec un mètre d’eau dans les rues de NY, ville élevée au dessus des eaux bâtie sur une île au nez et la barbe de neptune, et ça y est, il se passe quelque-chose de plus important que la crise économique mondiale qui fait qu’on paye pour ces connards de traders qui ont un jour off aujourd’hui, qu’il se passe enfin quelque-chose qui ressemble à un truc vrai, même vu du cinquième étage, que merde, est-ce qu’on va avoir assez de carbure pour tenir jusqu’à après-demain? et putain, mais qu’est-ce qu’on s’en fout de votre life les mecs. Vous pouvez bien manquer de bières et de clopes et d’internet pendant deux jours, et regarder enfin la réalité en face, et peut-être que si vous êtes un trans-humaniste en upload constant de vos vacances et de vos cafés en terrasse sur le réseaux, vous aurez tout à recommencer… quelle guigne. Sandy, tu sonnes rien du tout, ni le bras armé de la nature contre vous les conquérants, ni le réchauffements de la planète easy jet branché comme un goret sur le trois-cent vingt, ni comme l’oeil du cyclone des agités du bocal qui voient le calme dans la tempête, non Sandy tu es une attraction locale, un reportage de blonds en K-way sur une côte du new-jersey, une pirate des caraïbes aux accents hypster, une greluche éphémère sur trois jours tu es la reine, une princesse aux pieds mouillés, gonflées tu ne rentre pas dans ton escarpin, tu parles comme une ricaine et oui, les français auront toujours quelque-chose à redire, car nous nous battons pour l’égalité avec la culture et des références contre des moulins, et le vent, et le vent, arrogant, et le vent.

  109. auddie dit :

    « Menteur », sur arte ce dimanche soir. J’ai rarement vu un film aussi dérangeant et symptomatique d’une société. Un film pas vraiment -hyper réaliste- puisque des scènes sont exagérées, et pourtant, on s’y croirait. Impossible de dire si c’est la société qui broie dans le mou, quand t’es déjà mou…, ou si … enfin voilà quoi. Plus personne ne sait si la descente aux enfers est simulée, voulue, anticipée, subie. C’est l’histoire d’un affabulateur, inadapté social, qui veut que son père soit fier de lui. Alors il s’invente des faux jobs, accumule les entretiens au bord du gouffre, des entretiens avec le vide, là, en dessous. Ambiance costume mal ajusté, entrées de boîtes commerciales, magasins d’outillage, loose maximum, invraisemblable geekerie franco-belge aux portes de la perception. C’est le contraire exact du psychédélisme, le contraire de la liberté, le contraire de tout fun, de toute victoire, de toute satisfaction, c’est pour ça que je parle des portes de la perception: ce type dégingandé est peut-être un artiste génial dans un autre monde, ou un gars toujours en descente. Le lendemain, il redevient normal. mais là, non. Le mec redevient jamais normal; il devient une bête traquée sur une moquette de bureau, cage en préfa*, sage en prépa*, briquet* à chaque image obsédante, rations* de chips et jalousie cosmique. T’en reviens jamais, si t’as été prêt à exploser, tu restes prêt à exploser.

  110. michel dit :

    message à caractère réactionnaire

    La tristesse des réseaux sociaux tout de même. Tous ces chacuns frigorifiés devant leur écran, échangeant leurs néants et leurs vanités, pleurant en secret leur solitude surpeuplée. Tout ces chacuns pris au piège de la démultiplication virtuelle, réduisant en réalité leur être à sa plus triste expression. Ce vide grandissant qui annule le temps, l’espace et toute forme d’intelligence. Cette innommable divinité cool de la bêtise incarnée, qui dans sa geste hypnofrénétiquement fun, parvient à noyer ses antiques rivales, trop subtiles, trop immuables, trop pas pareil, trop prise de tête, pour la dynastie de nains pacsés qui règne en gris.

  111. jerome dit :

    Oui, et en même temps tellement confondu, dissolu les uns dans les autres, que même Parmenide ne saurait plus comment si prendre pour rétablir la clarté, parce qu’au fond tout ça ressemble a de l’être mais sans qualité d’être, sans caractère.(homme intérieure dirait Bossuet).Mais peut on leur en vouloir lorsqu’on proclame par exemple que l’extérieur et commensurable a l’intérieur, que le mariage est une catégorie religieuse que l’athéisme entend s’approprier….pour quoi faire bordel, sinon entretenir la confusion permanente des ordres qualitatifs distinct qui rythme une existence, lui donne une tache ou lieu de la laissée s’abîmer dans l’apparente fébrilité de nos activités absolument vaines et dénuées de sens. S’enrichir de la reconnaissance de tous les autres, et presque une parodie hegéliano-feurbachienne de l’aliénation première a nous-même dont on ne sait plus, ni ne veut plus se défaire, parce qu’on y ressent mieux tout le feu de la chaleur grégaire des fausses impression de soi.

  112. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Piéta païenne

    Penser de travers est facile,
    Parce que cette vie tourne au marécage.

    Joao Guimaraes Rosa

    Entendu dans la rue : » Oui, oui Des narcos, des zetas, des dizaines, que des vrais hein, qu’on retrouve morts, explosés… Et d’autres aussi hein, Ignacio, tiens par exemple, tu sais le neuneu qui a violé et égorgé la fille du maître-nageur, il a pas été loupé non plus, sa gorge en deux jusqu’à la moelle comme ces tubes à bonbons tu vois ? Y a quelqu’un, une équipe, qui s’occupe d’eux, juste d’eux. Qui équilibre. Qui rend un peu de justice. Des terroristes, mais gentils. Ça se dit. Et qui laisse des nénuphars tout autour… C’est pas des militaires, c’est pas les flics. Certain ! Tiens ! Rien que la semaine dernière ! Je l’ai vu moi ! Bah, je te dis : faut croire pour le voir ! »

    Ça, ce genre de curieuse musique, de confidence tombée du camion, on en aura entendu la pléthore ces derniers temps dans le sud du Guatemala ; et puis sur le bout d’une langue toujours un peu exaltée, toujours un peu vigilante. Ces chuchoteries qui racontent d’improbables carnages, fusent, se multiplient sans égards aux mon œil incrédules qu’elles rencontrent. Elles déferlent des jungles jusqu’aux villes, des volcans aux églises, des putes aux mères de famille ; elles tissent tout un circuit de légendes et de mythes de sorte qu’au bout d’un moment on est bien forcé de l’entendre. Oui, d’accord, pourquoi pas… : on mesure bien effectivement quelques effets alentour. Peut-être moins de viols, de meurtres, d’intimidations… S’il se passe un truc ? : Oui pourquoi pas… Œuvre des justiciers ? : si vous le dites. Ce n’est pas impossible. Et puis quand enfin, par miracle, on vous conduit devant, bien en face, comme l’assiette à table, deux phalanges dans la plaie, on reconnaît, on fait amende honorable, des phénomènes s’expliquent : parce que oui, de fait, des fumées, de la queue et des sabots des narcos on en voyait, ni ne discernait grand-chose ces derniers temps dans le Sacatepéquez.
    Et bien aujourd’hui on n’est pas déçu. Là, juste sur les bas plateaux tout moites – entre le lac Atitlan et le Pacaya – force est de remarquer que les soi-disant impitoyables narcos se sont particulièrement bien fait baiser. Les lianes, dans une danse capiteuse sans égal se sont enroulées autour de leurs chevilles, de leurs poignets, pour que, ainsi ensorcelés et immobilisés, les balles se fassent tout un cirque de plaisir.

    Encore une fois les amazones n’ont laissées que des cendres dans la gueule du fume bouche.

    Le tableau : ci-gît, là, par terre, un premier la gueule boueuse, une peu de pisse sur le pantalon ; un second au-dessus pendu à l’arbre à finir de murir ; un autre ici, et plus loin en deux morceaux grotesques ; ou bien là, celui-ci encore au volant, la pomme d’Adam à l’air, une cascade de sang depuis la gorge qui dégueule son rideau écarlate sur le reste du corps ; et là, lui, qui colore, petit sirop, un étang réglisse ; ci-gît encore, bien à leur place et tout frais comme des étoiles de mer quand elle s’est retirée, une autre douzaine. Les différentes trajectoires qu’empruntent les filets de sang des divers narcos dessinent de délicats motifs qui achèvent parfaitement le tableau, harmonisent son polychromatisme, et articulent vigoureusement les violentes diagonales de sa composition.

    Ah quel talent ! Encore un joli score pour Ava. Dans le trio de tête sans aucun doute souffle-t-elle songeuse sur le canon de son rifle kazakh bouillant comme un cobra après la danse. Dès le départ parfaitement située, la mire dégagée, la rousse, n’a rien laissé au hasard. Sa collègue la plus proche, Maria da Fé Martins pourrait ajouter un peu jalousement : oui, comme d’habitude quoi… Pas un tire pour rien, que de l’efficace, que du propre : toujours pareil : dans le cœur de loin, dans la tête de plus près, dans les genoux pour s’amuser.
    C’est vraisemblablement bien fini, dix minutes que ça ne gesticule plus, ne tire rien, ne gueule rien.
    Des amazones – cinq, six – surgissent maintenant lentement des fourrés et des roches alentour, en suricates, bien prudentes, sans trop en faire, on ne sait jamais. Elles tâtent le terrain, reniflent précautionneusement… Une siffle là (façon doigts dans la bouche), juste à droite du bananier, parfaitement debout – ce-qu’il-faut-comprendre : la zone est sans risque, on a gagné ! Ava sourit et fait aussitôt signe plein la joyeuse emphase à Mona Snow, sa petite chérie du semestre, de la rejoindre. Elle, la neigeuse, de venir ? Maintenant ? Encore toute échauffée par l’érotisme de la bataille, ô mais oui, très certainement : rien ne la rendrait plus heureuse. Elle court comme la gazelle, furtive et dentelles, et élimine les obstacles avec la grâce atavique que communiquent les premières femmes. Dans les jumelles d’Ava le champ de morts que Mona traverse elle le laisse en fleurs. Il reste encore pas mal de trajet à mademoiselle Snow quand la rousse qui laisse naviguer son regard alentour remarque un vieux jaguar qui ne semble pas accélérer que pour le panache : il court décidé vers Mona. Ava s’agite aussitôt en direction de sa chérie, articule toute une rafale de gestes énormes, d’urgentes amplitudes dramatiques pour signifier le danger, le danger là, juste là, à gauche, là Mona, regarde ! Là ! Putain ! Mais qu’elle regarde cette adorable conne au lieu de sourire en esquissant stupidement des cœurs obèses de tous ses bras. Ava hurle, la neigeuse hurle à son tour, mais rien compris, sans détresse, toute de joie, youhou ! La course toujours légère, gazelle distraite et amoureuse. La rousse imite plus ou moins la bête et s’emmêle pitoyablement, toute bouleversée qu’elle est, dans l’évocation des moustaches et des canines. Mona, elle, laisse la passion lui remonter ses fossettes, un sourire bien sincère. Ava jette un regard au jaguar, un sur la gazelle, à droite à gauche, encore, encore, passe de l’un à l’autre, le trajet toujours plus court entre les deux. La mécanique est infecte ! Passe environ dix secondes : l’espace entre les deux : faut mieux pas regarder…. Entre ses mains Ava Yzal aperçoit le jaguar fondre gélatineusement – ses grosses pattes en sac-à-dos – sur la gorge de Mona Snow qui ne tombe pas mais s’affaisse d’un bon quart et continue, un peu ralentie dans sa course. De perle0 des sang bien grasses imbibent ponctuellement la neige.
    C’est pas le moment ! : Ces larmes aux yeux, ces sons de poussin enfermé dans le noir et ces doigts qui se recroquevillent incapables d’exécuter un geste simple répété des milliers de fois : recharger un flingue. Enfin… Ava s’acharne surtout pour ne pas voir, la minute déjà passée on se doute bien de la situation de la gazelle. Un long soupir d’ailleurs qui vient vers Ava est, à ce moment-là, plutôt clair. Alors la rousse sait, elle récupère ses jumelles pour mettre, en plus de ses larmes, quelque chose entre elle et Mona, pour que, comme derrière un écran, ça fasse faux. Effectivement ce n’est pas terrible : le jaguar travaille le ventre de Mona comme un enfant un cadeau. Agité mais précautionneux il déchire le paquet et extrait de celui-ci une kyrielle de surprises, des merveilles d’horreur en formes de saucisses écarlates. Il la pelote un peu, la fait rouler, se frotte la queue en antenne très amoureusement. Sur son visage qu’il soulève tout rosé en sa direction, Ava lit toute la malveillance du commun et le danger incandescent de ses sentiments. Elle considère enfin tout ce qui ne tient qu’à ça.

    Peu après, Maria da Fé Martins, celle à l’arbalète, la Fléchette rejoint la rousse affligée et, tendrement, sans rien dire, la prend dans ses bras. Tout Ava coule une nouvelle fois. Oh oui un câlin ! Du réconfort, un corps encore chaud, parfumé et épanouit par la sueur, juste un arrondi dans un cou où rendre sa tristesse à l’accablement poétique ! Ava tapisse de ses mains le dos de Maria comme on égalise machinalement une petite dune de sable. Maria reste silencieuse.
    « Tu ne trouves pas toi, Fléchette, que tout le monde est fou ? Qu’on cesse de l’être uniquement quand on un grand courage, des sentiments amoureux où aux heures où l’on parvient prier ? C’est Dieu ou le démon qui me sait ? Hein ? Oh ! Oh !»
    Rien. – pourtant ça méritait quelque chose -, juste un lourd déséquilibre dans l’étreinte, un relâchement comme si Maria s’appuyait sur Ava de tout son poids. Ça ne devrait pas être l’inverse ? La futur décapitée ne veut vraiment pas mais sent venir un truc, ses mains, qu’elle devine soudainement chaudes et cireuses, elles les retirent du dos de sa camarade comme d’un feu, se débarrasse de son étreinte et dès le premier pas qu’elle fait en arrière lui permet de parfaitement s’effondrer dans l’herbe. Plus rousse que jamais, Ava, terrifiée, laisse échapper une petite stridence très courte. Ça change : très vraisemblablement, l’arrière le crâne ensanglanté de Fléchette, lui, a su contenir une balle. Une balle qui a mis son temps pour finir son travail.

    * * *

    Ce matin le ciel est tout velouté, crémeux. Plus tôt, tard dans la nuit, il a de toute son opulence impénétrable invoqué ses plus cauchemardeux reliefs. Le lit d’Ava n’était plus qu’un esquif en bambous après la tempête, ses draps de pauvres fantômes sans personne dedans. Dans sa cabine elle s’est senti mourir mille fois, a senti toute son âme se déliter, partir en ruines, des rafales de tessons de bouteilles se plantant sans répit dans son visage d’amour.
    La rousse était allée trop loin. Tout ce sang, toutes ces infectes conneries romantiques, tout ce prosélytisme artificiel et extravagant. Bah voilà, c’était fini. Tout à fait fini. Aux ténèbres son monde qui tient dans le monde, son personnage qui se fout de tout, qui ricane, plaît aux filles, fume ses clopes sans gestes sincères, qui dégrafe des soutiens gorges comme on baille, tue comme une voiture écrase des animaux, qui s’accommode de ses responsabilités que quand il peut porter la couronne de quelques prodiges et qui n’estime son courage qu’à l’orée de la négation de ceux qui ne sont pas elle. C’était tombé : pour la première fois de sa vie Ava avait peur de mourir. Les contours de son destin lui apparaissait épouser celui fou que dessine un serpent sans femelle. Son destin, elle pensait l’avoir choisi en venant ici, mais toujours il s’était, plein de suaves déguisements joué d’elle. La rousse n’avait pas suffisamment su garder son cœur pur. Elle n’avait rien vu venir toute soulevée qu’elle était par sa beauté du geste. Ah celle-là, elle l’avait tellement gueulée et enrobée d’ornements rhétoriques aussi somptueux que putassiers que la réalité s’était trouvée une belle occasion de se cacher derrière.
    Son âme ? Elle comprenait maintenant : il suffit de demander, à peine un mot, une pensée et elle est vendue. Il y a toujours acheteur. Mais c’est qui ? Il n’existe pas, mais l’âme, elle, toujours, est bel et bien vendue.
    Son air empoisonné, le compas de son globe perturbé et convaincue de l’imminence de sa fin Ava réfléchit toute la journée à ses alternatives. Il n’y avait plus de partie d’échecs qui tenait : ça se jouait aux dés maintenant.

    * * *

    A la proue de la péniche, la lune, cette salope, plante son couteau lacté dans le dos du soleil, la rousse, qui n’a pas le cœur de le retirer, laisse l’étoile agoniser à ses pieds. Au dernier râle Donatella apparaît. La proposition que lui soumet Ava est simple : elle lui file tout l’argent qu’elle possède, ses dix milles quetzales, en échange d’une chose, une chose simple et diffuse : que si le destin la choisi elle pour mourir au combat la première, alors, selon une loi de noire magie – cosmique et cruelle – ça serait Donatella, à sa place, qui mourrait.
    Une bise rituelle sur la joue gauche – on ne scelle rien en se serrant la main chez les Lianes – : c’est fait : comme signé avec du sang.

  113. Olivier Bkz dit :

    Daniel Darc, je ne le connaissais pas, ni ce qu’il faisait, et je m’en suis toujours tapé puisque je me fous un peu de tout. Par contre il m’est arrivé de le croiser et de ça je m’en souviens, je veux dire, les gens sont aussi importants pour les interactions même involontaires qu’ils ont dans nos vies. Alors permettez-moi de vous parler de ma petite vie ici, pour une fois.

    J’l’ai croisé à trois ou quatre reprises dans des soirées et dans des squats, y a trois ans de ça quand je venais d’arriver à Paris et que je fréquentais encore ce genre d’endroits.
    Je m’en souviens parce que beaucoup de personnes qui allaient faire partis de mes amis ou de mes connaissances un peu plus tard le saluaient et revenaient toujours en me disant « tu sais qui c’est ? C’est Daniel Darc ! » et moi je répondais « non, je m’en bats les couilles ! » parce que je suis comme un chien un peu, je ne connais rien à rien.
    Lors d’une soirée, ces mêmes gens qui le saluaient se sont mis à raconter de la merde sur lui pendant un moment, à se foutre de sa gueule, et j’entendais leurs trucs en me disant que c’était étrange d’aller saluer quelqu’un que l’on méprise, mais que voulez-vous, j’suis un chien je vous l’ai dit, et y a un paquet de trucs que je ne comprends pas. Et puis ces gens, ces amis ces connaissances, toutes ces personnes qui feront plein d’hommages cette semaine sur Facebook, bah vous voulez que je vous dise quoi, personne n’est parfait, et surtout pas eux, cette bonne société parisienne faite de bourgeois de l’art qu’ont jamais eu à lâcher un loyer et qui font artistes pour occuper leurs vies d’inutiles , et puis ces pauvres, ces artistes fauchés, ces fleurs de clochards qu’ont rien d’ autre à dire hormis « je suis un génie incompris » en rêvant de faire parti des bourgeois. Et ces putains de journalistes ou petites personnes médiatiques au QI d’huitre, et ces putes de soirées attirées par tout ce qui pue et qui fait semblant de briller, bref, vous voyez de qui je veux parler, ceux que l’on appelle la « bonne société ».

    Bref je me rappelle de lui assis par terre à côté de moi à côté des bouches de ces gens qui disaient le mal, mais je ne me rappelle pas du spectacle prétentieux artistico-grotesque auquel nous assistions, je me souviens seulement de lui, c’est bizarre…
    La dernière fois que je l’ai vu je suivais mon agent (littéraire) et les lardus parce que j’suis un peu comme un chien, je suis les gens que j’aime et je m’en fous un peu de l’endroit où l’on va. Ce soir d’été nous nous avions atterri dans une salle de spectacle mais une grande une belle, avec plein d’argent. Les spectateurs faisaient parti du gotha, du vrai, des gens de la mairie, des journalistes et écrivains connus, parait-il, des femmes habillées de dos-nu, ce genre d’ambiance.
    C’était une lecture de Daniel Darc avec Christophe, une fille très bonne comme le pianiste, très bon.
    J’étais ivre ce soir là, à côté de moi il y avait une femme en jupe que je ne connaissais pas, et puis devant nous installé, un artiste maudit de l’underground, une raclure humaine et avinée, un briseur de femme prétentieux se prenant pour un poète, et au bout de cinq minutes de spectacle notre golio s’est levé en hurlant comme quoi c’était de la merde et non de l’art véritable, et il partit comme ça furieux et titubant en insultant l’assemblée. Comme je le comprends, ce doit être douloureux d’être confronté à l’art véritable lorsqu’on est un imposteur. La femme en jupe que je ne connaissais pas me demanda de la réveiller si elle s’endormait, parce qu’à Paris c’est le truc, faut jamais ressentir quoique ce soit quand tu assistes à un spectacle, ni danser, pour avoir l’air cool. Alors bon, j’étais ivre, j’écoutais Daniel Darc, je le regardai faire les cent pas sur scène avec sa démarche de quasimodo et je fouraillai de ma main droite sous la jupe de la femme, pour la réveiller soit disant.
    Je ne sais pas pourquoi mon agent (littéraire) et les lardus ont voulu qu’on parte avant la fin, la femme en jupe m’a demandé de rester, il y aurait du champagne après, mais moi j’ai suivi mon agent parce que je suis un chien je suis. Et puis je me sentais en colère.
    Nous avons bu un verre dans un bar après avec mon agent (littéraire) pendant que les lardus au loin s’ébattaient.
    J’étais en rage, je gueulais, cette scène, cet argent, le piano magnifique, la lecture incroyable de Darc et Christophe, le texte choisi, cette volonté ressentie, ce travail…
    J’étais en rage parce que je comparais à nous, la scène qui se prétend « underground », et je prenais encore plus la mesure de l’arnaque, de ces auteurs qui n’ont rien à dire rien à partager, de ces chanteurs peintres et autres chantres à la con pas même capables de lire de marcher dignement passé 21h00 ou d’avoir la moindre chose humaine et vraie à partager, tous ces vieux enfants rois passent leur temps à raconter de la merde sur les autres en soirée, « jouant » aux artistes comme les vrais enfants jouent au docteur. J’ai dit à mon agent que je rêvai de me barrer d’ici, de cette fosse septique, et de connaître des gens comme Darc ou ce Christophe, histoire de côtoyer de vrais personnes qui vivent un peu. J’ai compris qu’il fallait réussir simplement pour ça, avoir une meilleure vie et rencontrer des personnes dans mon corps de métier qui vaillent la peine de seulement partager un verre. Mais bref, nous sommes des chiens avec des vies de chiens et des morts de corniauds.
    Alors je me suis passé ce titre, « la taille de mon âme », et j’ai dansé une valse dessus en hommage avec mon chien.

  114. auddie dit :

    vies de merde dans le meme pays , sans se faire violence. suivismes et influences. niaiseries à la chaine, postures haletantes d’internautes figés, hontes abyssales, délires inutiles, bruits de couloirs pince moi je reve t’as rien à dire alors dis rien, obscénités de galerie marchande, pas de sexe, pas de fetes, pas de nombre, et la mauvaise solitude, piquée de naiveté, vues et oreilles coincées, prisons dorées, double vie foireuse, mensonges, petites lachetés, victoires d’enfants de cinq ans c’est ma pelle et mon seau surtout pas celui de l’ecole. ils disent « fb » comme on parlerai de fiente beige ou d’un ami cul de jatte (fabrice (la) brouette, ce gros beauf francais qui se croit irremplacable, qui ressemble à un vieux paris match jauni et écorné, et pasque t’as jamais bougé, tu sers à rien, t’as rien à dire, ni formellement ni dans l’histoire, alors dis rien putain . et tout ca qu’est-ce que ca donne ? : de l’art de merde. texto. des textes de merde. oh rien de grave: la vaste médiocrité, et alerte en plus. regarde à gauche à droite si on a bien entendu ton pet, ta chialerie, ta connerie, ta petite larme, tes gouts de chiotte et ta descente de taz, ton histoire de merde à la bukowsky ou ton irritation chérie. meme pas celeste tu fais la lumiere sur un coin de parking. garée. rangé. couillon. chouquette. nunuche et pas content dis-donc. rien que tu te réveilles et la maison s’est effondrée. dans ton coeur les nouvelles arrivent mais rien ne se dégage. alors couine, rale, rend et suffoque. écoute bien les plus coriaces que toi. invente toi une place au soleil. sucotte un peu le pouce du géant des sarcasmes, qui n’a de place pour toi. oh petit lutin des mini golfs. glandu persévérant. douce amère des communes. des villages oubliés. a gla gla gla maman bobo dessine moi un mouton. bah regarde toi dans la glace. tocard. boudeuse. c’est trop haut j’peux pas sauter. tempetes dans un verre d’eau. révolutions entre quatre murs, quatre coins d’écrans, entre trois yeux, c’est toi et ton centre. ton nombril. ton petit coin honnete et humble. vaste lanterne. et tu oses la liberté dans la sphère privée. ouah! héros des spatules! hamster d’honneur. comique aux cent miracles: ceux qui te feront taire, demain. ferme bien ta gueule, ton blog. prend-le bien pour toi. tout ca c’est qu’une combine sur un clavier allemand. offusque-toi dans un bordel rythmique. regarde au moins tes comptes rendus, tes formes inutiles. tes pleurnicheries tend l’autre joue. ni pour ici universel, ni pour maintenant. ta prose est un cactus nain sans épine. sans contenu. ta fenetre n’est pas le heros de ton texte. ta fenetre c’est ton chiotte et tu partage quand-meme. merci. mémé. pépé. merci egos. centres. nombrils. séries noires et traces de frein. si tu pustules pour un poste à l’année à l’académie des chiances. petite chance : car tu es chiant. chiant. chiante. tu es meme capable de justifier le tas de débris que tu as accumulé dans ton garage. et y’a meme des philosophes qui seraient interressés, ou des sociologues. des critiques qui haient les artistes, car… enfin dommage quoi… de ceux qui voient la vie dans un word 6, dans un foulard, dans un timbre poste. c’est leur maman qui écrit à leur place. tellement ils ne savent rien. et au père de ma copine je pourrai dire: un mot de travers, grand-père, et les héros de la bibliothèque, ceux qui te regardent, tes héros en somme puique tu vis avec eux, risquent bien de te sauter dessus et de t’étouffer de repproches hostiles. paradoxe ambulant. comère. lisier. fanfare. murène. bois creux. joconde. punaise, autiste! et encore c’est pas gentil pour les autistes. Si vous avez un jour la prudence de ne rien faire, de ne rien dire, et d’arbitrairement secouer l’arbre de vos envies, faites gaffe qu’il ne tombe pas plus de fruits pourris que de belles et rondes extases. La vie n’appartient à personne, et vous n’appartenez pas à la vie. alors faites ce que je vous dit, roulures, tombeaux, coléres, emphase, tronches de cake, vipères. insectes. réduits à l’ecetate. au marteau. au couteau.

    © Brieuc Le Meur (auddie) . Berlin. april 21th 2013. 13h30.

    spéciale dédicace à tous les cul cul la praline de la planète, aux epouvantails mouchetés de crottes de piafs, et aux cinglées sans un like. word. et tchussi.
    vendus ! gomettes! raclures !
    bling blings de printemps.
    emballages
    comestibles
    ennuis pirates
    rombières
    bouffons!

  115. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Sa part féminine est une grosse pute. De celles épaisses qui ne font même pas le trottoir ; la langueur opulente ; la démarche chaloupée, feignasse.
    Il navigue d’eau douce et se fout de tout. Brillant contre tous les mates. L’attitude sans motif ni récit, sa mystique n’absorbe pas la lumière, rend juste un pauvre reflet, lisse, moderne mais pas technique. Il ricane beaucoup, n’explose pas, encourage de pauvres pietà païennes. Il songe à la révolution sans érotisme, l’estime sur son torse, sur son plexus bien lunaire. Bien sûr il préfère la mode à l’art, la posture au Princes de Perse.
    Sa vie est très belle : une lande désolé, toujours au zénith, à l’abris de la tragédie et de la comédie. Il ne veut rien savoir, ne se fatigue pas et apprend comme un singe devant un miroir.
    Je le vois là, au dessus, demain, hier, plus tard, il tapine partout et ne jouit jamais.
    Il sature l’espace de sa honte frigide et insolente.
    Il gagne facilement : bien heureusement.

  116. Arthur-Louis Cingualte dit :

    FANATISMES TRISTES ET TORRIDES
    avec, dans le rôle des amazones :
    Ava la rousse (caucase)
    Maria Fé où « Fléchette » (Brésil)
    Mona Snow (sauvage)
    Un vieux Jaguar

    La scène : Yucatan – Jungle – Début d’après midi – Guet-apens organisées par les « lianes » (secte terroriste saphique) contre des narco trafiquants – vallée – gazouillis divers – Kali-Yuga tropical

    Ah, non mais franchement quel talent ! Encore un joli score pour Ava. Dans le trio de tête sans aucun doute souffle-t-elle songeuse sur le canon de son rifle kazakh bouillant comme un cobra après la danse. Dès le départ parfaitement située, la mire dégagée, la rousse, n’a rien laissé au hasard. Pas un tire pour rien, que de l’efficace, que du propre : toujours pareil : dans le cœur de loin, dans la tête de plus près, dans les genoux pour s’amuser.
    C’est vraisemblablement bien fini, dix minutes que ça ne gesticule plus, ne tire rien, ne gueule rien.
    Des amazones – cinq, six – surgissent maintenant lentement des fourrés et des roches alentour, en suricates, bien prudentes, sans trop en faire – on ne sait jamais. Elles tâtent le terrain, reniflent précautionneusement… Une siffle là, juste à droite du bananier, parfaitement debout – ce-qu’il-faut-comprendre : la zone est sans risque, on a gagné ! Ava sourit et fait aussitôt signe plein la joyeuse emphase à Mona Snow, sa petite chérie du semestre, de la rejoindre. Elle, la neigeuse, de venir ? Maintenant ? Encore toute échauffée par l’érotisme de la bataille, ô mais oui, très certainement : rien ne la rendrait plus heureuse. Elle court comme la gazelle, furtive et dentelles, élimine les obstacles. Dans les jumelles d’Ava le champ de morts que Mona traverse elle le laisse en fleurs. Il reste encore pas mal de trajet à mademoiselle Snow quand la rousse qui laisse naviguer son regard alentour remarque un vieux jaguar qui ne semble pas accélérer que pour le panache : il court décidé vers Mona. Ava s’agite aussitôt en direction de sa chérie, articule toute une rafale de gestes énormes, d’urgentes amplitudes dramatiques pour signifier le danger, le danger là, juste là, à gauche, là Mona, regarde ! Là ! Putain ! Mais qu’elle regarde cette adorable conne au lieu de sourire en esquissant stupidement des cœurs obèses de tous ses bras. Ava hurle, la neigeuse hurle à son tour, mais rien compris, sans détresse, toute de joie, youhou ! La course toujours légère, gazelle distraite et amoureuse, voit que dalle. La rousse imite plus ou moins la bête et s’emmêle pitoyablement, toute bouleversée qu’elle est, dans l’évocation des moustaches et des canines. Mona, elle, laisse la passion lui remonter ses fossettes, un sourire bien sincère. C’est drôle. Ava jette un regard au jaguar, un sur la gazelle, à droite à gauche, encore, encore, passe de l’un à l’autre, le trajet toujours plus court entre les deux. Cruel tennis. Mécanique infecte ! Passe environ dix secondes. Lourdes, géantes, baveuses… Ava Yzal aperçoit le jaguar fondre gélatineusement – ses grosses pattes en sac-à-dos – sur la gorge de Mona Snow qui ne tombe pas mais s’affaisse d’un bon quart et continue, un peu ralentie dans sa course, déjà ailleurs. De perle des sang bien grasses imbibent ponctuellement la neige.
    C’est pas le moment ! : Ces larmes aux yeux, ces sons de poussin enfermé dans le noir et ces doigts qui se recroquevillent incapables d’exécuter un geste simple répété des milliers de fois : recharger un flingue. Enfin… Ava s’acharne surtout pour ne pas voir, la minute déjà passée on se doute bien de l’état de la gazelle. Un long soupir d’ailleurs qui vient vers Ava est, à ce moment-là, plutôt clair. Alors elle sait, récupère ses jumelles pour mettre, en plus de ses larmes, quelque chose entre elle et Mona, pour que, comme derrière un écran, ça fasse faux. Fasse cinéma, fiction dramatique. Le jaguar travaille le ventre de Mona comme un enfant un cadeau. Agité mais précautionneux il déchire le paquet et extrait de celui-ci une kyrielle de surprises, des merveilles d’horreur en formes de saucisses écarlates. Il la pelote un peu, la fait rouler, se frotte la queue très amoureusement. Sur son visage qu’il soulève tout rosé en sa direction, Ava lit toute la malveillance du commun et le danger incandescent de ses sentiments. Elle considère enfin tout-ce-qui-ne-tient-qu’à-ça.

    Peu après, Maria da Fé Martins, celle à l’arbalète, la Fléchette rejoint la rousse affligée et, tendrement, sans rien dire, la prend dans ses bras. Elle coule une nouvelle fois. Oh oui un câlin ! Du réconfort, un corps encore chaud, parfumé et épanouit par la sueur, juste un arrondi dans un cou où rendre son torrent de tristesse à l’accablement poétique ! Ava tapisse de ses mains le dos de Maria comme on égalise machinalement une petite dune de sable. Maria reste silencieuse.
    « Tu ne trouves pas toi, Fléchette, que tout le monde est fou ? Qu’on cesse de l’être uniquement quand on un grand courage, des sentiments amoureux où aux heures où l’on parvient prier ? C’est Dieu ou le démon qui me sait ? Hein ? Oh ! Oh !»
    Rien. – pourtant ça méritait quelque chose, non ? -, juste un lourd déséquilibre dans l’étreinte, un relâchement comme si Maria s’appuyait sur Ava de tout son poids. Ça ne devrait pas être l’inverse ? La rousse ne veut vraiment pas mais sent venir un truc, ses mains, qu’elle devine soudainement chaudes et cireuses, elles les retirent du dos de sa camarade comme d’un feu, se débarrasse de son étreinte et dès le premier pas qu’elle fait en arrière lui permet de parfaitement s’effondrer dans l’herbe. Plus rousse que jamais, Ava, terrifiée, laisse échapper une petite stridence très courte. Ça change : très vraisemblablement, l’arrière le crâne ensanglanté de Fléchette, lui, a su contenir une balle. Une balle qui a mis son temps pour finir son travail.

    Plus personne ne boit à sa coupe.

  117. michel dit :

    J’étais à une soirée hier et une chose très pénible s’est produite, les mots se sont mis à déserter mon esprit. Je me suis trouvé dans l’incapacité de formuler la moindre phrase, c’était affreusement gênant. J’ai essayé, à plusieurs reprises et avec plusieurs interlocuteurs, de développer une conversation, mais me suis retrouvé à chaque fois devant une sorte de vortex sémantique qui absorbait insidieusement mes propos. D’abord quelques mots, puis des pans entiers de phrases, bientôt c’était toute ma conversation qui se dissolvait dans ce néant. Les convives continuaient à essayer d’échanger avec moi, je balbutiais des propos décousus, avec forces grimaces pour essayer de compenser. Après quelques tentatives infructueuses, j’ai compris que je n’arriverai pas à échanger avec les invités et je me suis tu. Les gens m’ont oublié et je suis devenu une sorte de complément de mobilier. La soirée est arrivée à son terme, tout le monde est parti et je suis resté seul, avec les bouteilles vides et les cendriers pleins. Et là, j’ai soudain été submergé par une cataracte sémantique. Ça sortait de partout, de la bouche, des yeux, des oreilles, du cul, des flots et des flots de mots qui s’organisaient en phrases, certaines pas mal du tout. Il y a avait des histoires, des discours, des blagues. Et ça ricochait contre les murs, ça illuminait l’espace par zones successives, ça gagnait en volume, ça devenait délirant. Puis les propos se sont densifiés jusqu’à se matérialiser et il a fallu que je me déplace pour ne pas me faire écraser par cette montagne de parlotte. À un moment donné, je me suis retrouvé coincé entre un mur et une allocution étonnante sur les moeurs du scolopendre. C’était une étude passionnante, j’étais très en forme et de fait de plus en plus compressé contre le mur. J’aurai peut-être du à un moment donné me retirer, mais j’étais littéralement sous le charme de ma propre rhétorique, et lorsque qu’une phrase un peu plus audacieuse a commencé à défoncer mon thorax, j’ai estimé que c’était, après tout, une fin envisageable, honorable, et je suis mort content de moi, en pleine forme.

  118. Manuel dit :

    I. (Laurent de Sutter et cie)

    J’avais trouvé drôle que mes tableaux explicites (jamais copiés – sauf dans un cas ou le photographe avait été moi-même – mais faits d’après nature ou de mémoire) pour les femmes dont je me suis vu entouré dans la vie, étaient défendables à condition de dire toujours : « ce n’est pas de la pornographie, mais de l’érotisme ». J’ai eu depuis la sensation d’être un curieux caniche peintre, plutôt que le singe qui n’importe quel peintre se doit d’être. Je déprime donc en écoutant l’intelligent discours de ce monsieur, qui ressemble à des arguments qui me valent d’être psychiatrisé par mon entourage.

    Mon expo sur la tauromachie, rue du Pont Louis-Philippe, au siège du Parti Communiste, m’a valu, pour tout scandale et tout sulfureux, d’avoir une discussion avec une écolo anglaise, qui m’attribuait un penchant pour la cruauté, c’est mieux que rien.

    Les modes de sublimation… j’en voudrais savoir si l’auteur pourrait envisager d’écrire depuis ce programme. Pierre Klossowski en avait sa réflexion sur ce qu’il appelait, en utilisant un terme théologique, la delectatio morosa.

    Je me félicite que par moments le discours philosophique devienne épais et répétitif, ce qui fait qu’on puisse lui accorder le crédit de notre paresse, comme on faisait jadis avec les philosophes, avant de l’arrivée de la formulation journalistique de la « philosophie » chez des chefs-d’opinion plus ou moins brillants, mais nuls pour l’écriture, et donc foncièrement mensongers, qui sont bien représentés par Bernard Henri-Lévy ou Michel Onfray. OU TOUT SIMPLEMENT ONFRAY, PARCE QUE BHL JE CROIS QU’IL EST EN TANT QUE BÊTE NOIRE, PRESTIDIGITATEUR, ÉPOUVANTAIL, UN CAS QUI GAGNE EN INTÉRÊT. Des harceleurs de la pensée par l’opinion, que j’évite. Je me félicite donc d’écouter enfin quelque chose de doucement et délicieusement ennuyeux.

    ÉCHO DU FANTASTIQUE EN PHILOSOPHIE (MALABOU…) ET TOUT CE QUE J’AIME

    Pendant que j’expliquais à Berthe ce qui m’avait été dit par l’équipe d’accueil de l’Hôpital Psy, le taxi a percuté fortement un pot de terre en marbre de la Mairie de Paris.

    Je reste avec une certaine soif d’enfermement, un réflexe bien bizarre, à cause de mon passage à l’acte dimanche à la galerie, quand j’ai expulsé un monsieur de manière non seulement irrationnelle mais complètement déplacée quant à ce que je pense que je suis.

    Je lui ai parlé en anglais et il m’en a répondu : I love bull-fighting, I love photo, but I don’t love you. Cela a commencé à me calmer et lui a permis de sortir. Je reste devant un énigme.

    J’ai exprimé mon souhait à l’équipe d’accueil de demander des excuses à cet inconnu. Ils m’ont expliqué que mon passage à l’acte était une phobie spécifique… de substitution ? en tout cas le mot substitution me revient, et le mythe du sacrifice d’Isaac par Abraham et aussi ma peur innée de faire du mal aux femmes, conduisant à des réflexions masochistes.

    Je me sentais menacé à plein d’égards et jusqu’à un degré insupportable par la même femme qui avait fait sauter mon compte de vidéo-performances, de manière vraiment machiavélique. Quoi dire ? on m’a conseillé de parler à la police, mais je sens que depuis que je suis venu en France je suis entré dans le royaume du mensonge, tout en attendant la lumière. Mon récit ne tiendrait vraiment pas, il n’y aurait que ma peur. Ma peur du franco-français et davantage.

    Tout devient soudainement intouchable, pour la dictée de mes mains devant l’écran et la citation suivante que je trouve sur le mur d’Arthur-Louis Cingualte pourrait fermer ce court exposé : « Un film projeté sur la neige : les oscillations cardiaques de Lénine agonisant. »

J-J Schuhl, in « Telex n°1 »

  119. Manuel dit :

    *

    III. (corollaire)

    Je ne comprenais le
    sens ni le
    fonctionnement
    symbolique de Pallas
    Athéna. Pour moi elle
    était liée au sphinx,
    c’est tout. A présent
    je me dis que la
    démocratie a rendu
    (oh merveille)
    visibles les
    AMAZONES… au
    Parthénon et que
    diviniser l’intélligence
    est la réligion
    démocratique. Une
    réligion parmi
    d’autres ?
    14513
    1611

    *

  120. jerome dit :

    Quand Lund se perdait dans les yeux de Sybil, il mettait un terme a l’infinie tromperie des miroirs; comme deux êtres couverts d’une épaisse couche d’injures ils se pourlécher longuement dans des rendez-vous du face a face, d’une langue salvatrice; Lund volait dans l’espace libre ou manque toutes les assurances hormis celle de l’esprit; il réglait son compte a toute la tragique lumière du monde; il greffait d’invisible ses yeux, parce qu’il ne voulait pas séduire Sybil, mais l’aimer sans la tromper tout simplement. Aussi ne manifestait-il pas son amour de manière directe ou violente, car elle revenait a intérioriser au contraire le désespoir; ni ne le tenait secret complètement, au risque de l’asphyxier; mais dans la présence d’esprit ou sybil le ramenait, Lund l’aimait comme on rend a la cause son effet, sans qu’en se rapprochement le due ne cesse d’être distinct du donateur; a son créditeur il payait tout son tribut et brûlait dans l’indifférence les bornes du trop et du pas assez. La serveuse, qui de loin, les observait, comprendrait sans doute les choses bien différemment; que cette scène était trop sobre pour être un rendez-vous d’amour; ou qu’entre étudiant les amours de fac sont rendus trop complexe a force d’érudition, et qu’en un mot, cette pauvreté apparente et sèche du silence dans une scène d’amour, revient a mettre la lumière sous le boisseau; Lund pensait lui, au contraire que c’était mettre l’amour en lumière que d’en faire le secret d’une transmutation de l’existence; et que de n’en rien dire a Sybil était la condition même de l’état amoureux ou les êtres s’entendent même sans se parler, dans quelque langue surhumaine et éternelle. La serveuse penserait aussi certainement un peu hâtivement que les caresses conduisaient directement au lit, et que l’étape était en quelques sorte trompeuse et inutile; c’est qu’elle en avait vu d’autres la serveuse, et qu’en sa défiance elle n’était pas prête a s’abandonner autrement qu’a taux d’intérêt. Heureusement ses pensées restèrent cloîtrées dans son encéphale et ne dépassèrent l’orbe du verre qu’elle était en train d’essuyer; en tout cas, elles ne troublèrent nullement Lund qui continua de contenir la main de Sybil dans la sienne refermée; l’amour lui semblait être père du langage parce qu’il rendait tout symbolique, mieux que les pétards qu’ils fumait avec les copains en boite les vendredi soirs. Et Sybil, qui était aussi intelligente que pure d’arrière pensée non élucidée, comprenait très bien la difficulté inhérente a cette passion; tenue secrète elle meurt; et manifestée sans se retenir paradoxalement dans ce qui la produit, elle disparaît ou plutôt apparaît injustifiable et explosive; sans craindre de perdre l’aimé elle se dénie, mais habiter de cette crainte elle s’angoisse; aussi sans aucune preuve d’être aimé, elle brûle comme un feu, non de paille, mais constant, parce que constamment contredite par l’apport des preuves qui jettent leur certitude abstraite, dans le démenti de l’amour réel lorsqu’il est éternel. Lund ne se faisait pas un devoir d’elucider l’essence de l’amour, comme si ce qu’il avait ressentie et eprouvé pour Sybil n’avait été qu’une experience a mettre sur le même plan que beaucoup d’autres; mais il faisait de cet experience une occasion unique de mourir et de s’ouvrir a nouveau tout entier au réel; mais quelle dimension donner a l’amour? Quel mesure a t-il pour que l’on puisse faire un peu plus que l’observer en qualité curieuse et qu’au-delà du caractere intéressant de son intensiuté on se laisse non seulement allez au jeu, mais qu’on en apprennent les règles qui rendent l’amour infini constant? la bonne mesure de l’amour n’était pas cependant une science qu’on apprend dans les livres, mais peu a peu dans les malentendus réels qui élucident l’intention infinie de l’amour dans l’ironie des manifestations relatives ou se forge le devenir paradoxal d’une identité; le devenir un d’un être; capable d’ajuster sa conscience a la visée infini de l’amour; et ainsi la reprend volontairement en pleine conscience de son devoir; car Lund n’était pas un poète qui s’imagine glorifier l’amour en l’exemptant du devoir; au contraire il voyait dans son amour naissant pour Sybil, les prémisses d’un devoir, qu’il ne pourrait tenir que s’il en comprenait le sens éternel, l’idée. S’ils n’avaient pas fait l’amour des leurs premières rencontres ce n’était pas a cause de la pudibonderie chére aux grenouilles de bénitier, qui noient les concepts dans l’habillage historique qu’ils ne revêtent en fait vraiment qu’après coup, a thermes, ni parce qu’il en va du mariage comme du bonheur d’un homme, ou ce n’est qu’a la fin qu’on peut dire s’il a était marié ou non; mais c’était parce que le temps de la communion des corps ne doit venir qu’au moment ou s’achève la purgation des mots souillés de l’intelligence; la voluptueuse image de dieu dans l’orgasme des chairs avait sa logique propre qui elle aussi se nier dans l’indifférence a la sexualité sans laquelle on ne passe jamais de l’irréalité de l’image a son être-vrai en dieu. La réflexion du sentiment dans le labyrinthe des signes faisait l’effet d’une drogue, qui déstabilise la langue jusqu’au silence des éboulements qui glissent l’absence tragique de l’amant au monde, jusqu’à la présence similaire de l’aimé, ou le ciel idéal s’invertie, et renoue le paradoxe d’une jouissance situé dans un corps étranger; parce qu’il jouirait par elle, déjà la chose était sure; comme il était certain qu’il renouerait le lien de son être autrement s’il laissait sybil mettre le doigt sur l’entrelacs de ses fils; et que le désespoir retourné de son incertitude, retournerait contre elle-même la contradiction du manque en une présence renouvelée; Lund se laissait glisser vers la vacuité de Sybil, qui était la pleintiude idéale et réelle, d’une présence réelle de l’absence d’un autre, auquel sa présence a lui, Lund, devenait essentielle, s’il n’était en lui-même qu’abnegation, kénose au service de la souffrance de cette incarnation qu’il ne concevait pourtant pas du tout comme une incarnation de la souffrance, mais de la félicité qu’il aimait. L’éboulement des ruines de l’ancienne parole, versait ses mots redevenu insignifiant, dans les seins, le ventre, les lèvres, les mains, les poignets, le cou, les oreilles, les cheveux, les épaules,et les jambes de Sybil; ces mots désertaient tout le reste; la cafet était sans nom, les boissons un hasard, les tables des tourniquets, et les lustres l’intelligence de la serveuse. Par Lund Sybil, habitait un monde peuplé d’au moins un être, un être capable de la décrire entièrement, capable de la sonder, un être pour lequel elle existait, était elle-même un être entier, qui avait une réalité spirituelle dans les mots qui la cernaient et ou elle pouvait se reconnaître; quoiqu’il ne fussent pas les siens, et qu’ils ne pussent certainement jamais avoir directement jaillit de son coeur, tellement elle était fragile intérieurement, prompte a se tromper que cette pensée l’immobiliser souvent; l’intimité tout le temps. Le silence qui habitait Lund lorsqu’il était en face de Sybil, était un infini d’existence absolument indéterminé, aussi vaste et clair que sombre parce que dépourvu de repères intrinsèques; mais ce désert était le lieu naturel de la croissance de l’amour, et renoncer a Sybil revenait intérieurement a renoncer a cet infini, au sens ou il le savait, Lund pourrait a nouveau délimiter d’un texte, une phase censée de sa vie; et Lund vit tout naturellement, sans que personne ne le lui ait jamais appris, que la première fusion des corps dans le silence de la nuit, devrait vaincre l’angoisse de la mort, et porter les germes d’un récit qui avait besoin de sens neuf pour qu’existe la certitude de l’identité éternelle; il voyait sa première nuit d’amour avec Sybil, comme la nécessité de renouer les liens du corps pour réapprendre a parler autrement de l’un compréhensible. Comme deux lunes en orbite l’une autour de l’autre qui dansaient dans le néant, leur vrille invisible faisait des tables et des chaises de la cafet ou ils s’étaient donné rendez-vous, les pépins multicolores du monde s’effritant en confettis; tout leur semblaient hors d’usage, passé comme tombé subitement dans un gouffre d’indifférence; et il firent une impression étrange a la serveuse qui leur demanda leur commande; ils obéirent sans savoir quoi répondre, et choisirent spontanément une automatique boisson gazeuse; « deux pressions s’il vous plais »; la serveuse tourna les talons et disparue dans la profondeur de la salle sans qu’ils la suivent des yeux; assit l’un en face de l’autre, leurs mains asymétriquement enlassées, ne cessant de chercher la mesure juste du tactile sacré, s’approchait du corps nécessaire de l’autre, comme si les deux face d’un miroir s’étaient rapproché jusqu’à rendre la chose identique au reflet; cette assomption des identité propre par la métempsychose réciproque des absence tragique du corps au monde perdu, offrait a l’amour un champs de lisibilité unique qui a tous jamais échapperait a la dialectique de la raison qui pourtant y voyait son intérêt; le corps fuyant sous la caresse infinie, sporadiquement se redessine d’un contour idéal, et ce réceptacle évidée de la tragédie d’un autre qu’on aime, parce que la souffrance est le commun dénominateur de l’humanité, est le lieu de la subversion alchimique du sens, ou l’abandon de son corps a l’autre devient présence de l’esprit acquiesçant a la certitude de sa réalité par la voie royale du désespoir; cet asile des transmutations alchimiques qui défient la raison, permet a l’esprit de devenir la certitude qu’il est déjà, et a la certitude de devenir un acquiescement; et a l’être énigmatique, de se faire une identité de son énigme, devenue aussi claire et transparente a elle-même qu’était obscure la tragédie de la vie dénuée d’amour. Ils se serrèrent un peu plus fort les mains, a la manière dont les chat jouent avec un rien; et ils échangèrent leur abandon par une présence faite d’une entière abnégation, qui est consentement sans présupposition, inconditionné, ne recelant plus en soi, aucune angoisse, plus aucune contradiction, lié par un amour transparent en soi sur la manière dont il opère la transfiguration de l’absence tragique a soi du desespoir, au recit salvateur de la presence transmuée par par le moyen, réelle, de l’abandon et de son corrolaire l’abnegation; un chemin taillée dans la brousse par une caresse spirituelle; un amour saint, puissant et fort comme un ciment dialectique qui défie toute raison; un trésor spirituel dont a rêvé la raison dans le sommeil de l’oubli, enfouit dans les veines des amants, dans le silence du feu alchimique ou a lieu la transsubstantiation des consciences en elle-même; la serveuse réapparue avec les deux demis qu’elle disposa bien en face des amants qui se dénouèrent. Ils burent chacun une gorgée dans le verre de l’autre. Au fond de la salle, un orateur a la télévision pérorait des mots incompréhensibles lourds de tragedies qui les fit rire certainement.

  121. jerome dit :

    Je n’avais eut aucun mal a me faire indiquer le chemin du parc a mot a l’office de tourisme du coin; mais l’indication s’accompagnait d’une surprise, il n’y avait pas un parc des mots en voix de disparitions, mais deux parcs; Les deux parcs se faisaient face; le Don Juan’s park et le Socrate’s Park couvraient chacun les deux pans opposées de la vallée ou la route finissait en cul de sac. Des le parking aménagé au creux des bois contigus aux deux parcs, une différence vous sautez aux yeux, ou plutôt aux oreilles ; tandis qu’une effroyable clameur monter du Don Juan’s Park sur votre gauche, celui d’en face semblait s’enfoncer dans le silence. Aussi tout naturellement la foule des badauds qui venait voir des mots inusité ou obsolète s’orientait elle automatiquement vers le Don Juan’s park. J’ai d’ordinaire l’esprit contradictoire et le caractère revêche; il n’est rien que je déteste autant que de m’entendre dire ce que je dois faire; mais l’atmosphère du lieu était tellement étrangement contrasté que logiquement je me mis a suivre la foule vers le parc le plus bruyant; n’était il pas normal qu’un brouhaha immonde éclate d’un parc a mot? Je pris ma place dans la file d’attente et payait mon tribut a l’agent de caisse qui avait une vraie gueule de charron revenu d’entre les morts. Sitôt franchit l’entrée du parc qu’on ne pouvait apercevoir du parking, le spectacle vous saisissait ; le parc était divisé en trois sections selon l’ordre prescrit des soins de la méthode don juanesque, qui devait faire recouvrir aux mots perdu tout leur esprit par le truchement de la remise a niveau de leur grossesse mémorielle qu’évidera et usera immanquablement le temps et le maintient de la compréhension corrodée par la réduction a l’universel identité sans moyen terme, l’identité de l’inconnu transparent qui fait reluire le poils de ces bêtes épuisées par l’usage des langues lustrant les images jusqu’à les dépolir de tout reflet; tous les mots qui nous arrive au parc sont tremblant d’insignifiance comme les feuille de l’arbre de la connaissance; et nous leur re-imprimons un sens par un polissage de leur anciens reflet; La première section était celles des soins : un « contadin » se tenait devant moi derrière les grilles de rétention; L’air si insignifiant qu’il n’était plus qu’un flou dans les haute herbes; dépourvue de forme, l’ectoplasme était en si mauvais état qu’il me fut impossible de le lire tant de gauche a droite qu’a l’envers; d’ailleurs sans la pancarte qui le signalait : « contadin » jamais je n’aurais pu savoir ce que j’avais vu de flou; maigre jusqu’à la transparence, sa poche gastrique s’était comme refermé sur elle-même, et ne lui permettait plus de digérer aucune phrase; exclu du vocabulaire il devait réapprendre l’alphabet moderne, pour se refaire une image; le mot haletait un air mauvais, proche de la mort; le voir vous faisait souffrir; et je compris alors qu’une partie de la clameur qui montait du parc n’était pas l’expression du souffle recouvré des mots plongés dans l’insignifiance, mais qu’une grande partie des cris et des crissements étaient ceux de la souffrance des visiteurs devant un spectacle si affligeant; je pensais tout naturellement que les mots épuisés par l’usage étaient d’abord mis en quarantaine pour avoir le temps de reprendre leur souffle, avant d’être remis en circulation. Le Don juan’s park avait une méthode très particulière de revigorer les mots faibles d’esprit; étant donné qu’ils s’étaient vidés de leur sens, parce qu’ils avaient été utilisé sans esprit de contradiction, mais en contradiction avec la réalité de l’esprit qu’il finissaient par perdre, on leur donnait pour tout remède de la lecture; d’abord des livres d’alphabet pour les enfants, puis des journaux de la région avant de passer aux classiques; et dans chaque lecture on insérait une image qui tombait comme un cheveux dans la soupe; en ce qui concerne le mot contadin le soigneur utilisait plusieurs images; d’abord une reproduction du « champs de blé aux corbeaux » de van gogh, que le soigneur insérait entre les lettres c et d de l’alphabet pour enfant; puis la « tête d’un paysan catalan » de Miro insérait entre la rubrique sportive et la nécrologie de la feuille de choux régionale; et enfin l’angélus de millet qui redonnait au mot l’espace vide de son acoustique ou a nouveau son souffle pouvait résonner d’une image abstraite réimprimé dans les très fond de son ectoplasme abstrait, mais son corps sémantique reconstitué n’avait rien des vigoureuses couleurs des mots plein d’esprit du parc d’a coté.

    Ce n’était pourtant pas la méthode employée dans le parc d’en face ; et je l’appris d’un soigneur que j’y rencontrais dans la vaste colline silencieuse ou dubitatif devant tant de paix, je ne voyais aucun mot glousser d’extase sa joie d’exister retrouvé; ni aucune grille, ni non plus aucune cage a mot, ni section spéciale de soin psychiatrique palliatif et intensif; « c’est, me dit il qu’ici, au Socrate’s park , on soigne les mots par le silence voyez-vous? Et avant même que j’ai pu répondre qu’il m’était difficile de voir le rien, le soigneur continua, ce n’est pas que la méthode du Don juan’s park soit mauvaise, mais inadéquate si on considère que ce que les mots expriment doit avoir une réalité éternelle, et non seulement mémorielle; car il y a en effet deux manières de faire le sens, d’introduire du sens dans les mots: soit on procède comme Platon l’indique dans son Banquet, par généralisation synthétique d’une même intention d’amour qui gagne en clarté en se précisant dans l’accumulation quantitative, soit on procède a l’envers, comme don juan qui s’éleva au sens le plus général du mot « femme » en niant toutes les réalités singulières qui y correspondent et en perdit la vie; ce qui est une forme d’induction, qui reconduit a l’universel mais en le niant comme réalité, non pas tant parce qu’il nie les contenus singuliers réels pour atteindre un sens abstrait de la mort qui mine les mots, mais parce que cette négation est performative et révèle une manière impossible de vivre et de parler sans rien dire d’autre; aussi ici avons nous optait pour une autre méthode, qui tient compte du performatif qui habite le creux des mots; nous laissons le mot régénérer la vie sauvage, nous le laissons être la proie des contradictions, jusqu’à ce que l’esprit de son insignifiance, s’efface sous la menace de protéger et de signifier sa vie performativement; ainsi en niant les contenus objectif du savoir lié au mot, les réalité singulières qu’ils désignent sont elles articuler depuis un ordre de silence ou l’Un se signifie, sans tenir compte de la lecture mémorielle et abstraite des trop spéculatifs; cela rétablit le lien mystérieux et dialogiquement éternel entre le singulier et l’universel sans nier leur réalité en soi, ni leur différence, mais creuse suffisamment le mystère pour que les mots perdus retrouvent une âme a guider; d’ailleurs regardez de ce coté, vous voyez ce tas de fumier puant…et en levant les yeux je vus ce qui ressemblait a un classique dépôt d’ordures…..ce sont les objets, les déjections du savoir indu des mots; les mots meurt enchaînés au savoir qui les déracine de la mystérieuse racine de l’un, nous nous leur redonnons l’espace de la vie au plein air, la contradiction des alternances du jour et de la nuit fait le reste; aussi ici pas de livre, mais une cure de silence absolu, au bout d’un mois le mot mort, oubli l’oubli de sa signification , il se désenglue du savoir qui l’empêtre dans ses filets, et retrouve l’appétit du néologisme; ici nous ne réintroduisont pas de la mémoire dans les mots, mais de l’intention, de la visée, du projet, de l’esprit cheminant vers sa réalité et glanant les mots nécessaire aux performance qu’il doit accomplir pour se voir dans leur miroir et exhumer l’Un enfouit; regarder de plus prés , la sous l’acacia sauvage, vous le voyait, c’est le mot confiance, il n’est pas mort, c’est notre plus vieil occupant du parc, il lutte contre deux hyènes qui veulent le dépecer, et bien attendez jusqu’à la nuit et vous le verrez fuir par dessus l’horizon replié, au grand dam de ces chasseurs qui ne croyait pas possible qu’il pusse leur échapper ; il disparaîtra au moment même ou il réintégrera son sens, lorsqu’il deviendra évident qu’il est perdu et que les charognard se disputeront sa dépouille et s’entre dévoreront sans motif apparent. Car ici au Socrate’s parc on ne conçoit pas que les mots ne contiennent qu’un sens abstrait, mais au contraire toute la réalité qui se déploie entre l’universel et le singulier; on ne conçoit pas le sens comme un contenu abstrait, mais comme une pleinitude concrète de l’intelligence de la vérité dans le silencieux face a face des jours des contradictions apparentes. Et effectivement quand je sortis du dernier parc je me sentais plus riche d’esprit alors que j’avais déjà oublier les mots du Don juans park.

  122. Falbala's Bay dit :

    une remarque véhiculée par les voies de la raison : c’est une ballade dans la lumière. Le gardien (du parc) s’évertue à remettre de l’ordre dans les parc-mètres qui jalonnent les rues autour (du parc). Il maugrée : « et les participes passés, c’est pour les chiens ?  » … générant alors quelque claquement de volet chez les riverains, sans toutefois …

    … «  tenir compte de la lecture mémorielle et abstraite des trop spéculatifs; cela rétablit le lien mystérieux et dialogiquement éternel entre le singulier et l’universel sans nier leur réalité en soi, ni leur différence, mais creuse suffisamment le mystère pour que les mots perdus retrouvent une âme à guider…« 

  123. michel dit :

    Merci Jérome ;) c’est à la fois drôle et intéressant ce que vous avez produit sur cette idée du parc à mot … l’aspect duel du mot, à la fois gardien d’un savoir hiératique et réceptacle prosaïque de l’intentionnalité de leurs usagers m’était aussi apparu, et j’avais d’ailleurs commencé à bricoler la seconde partie, mais j’ai finalement préféré n’en garder que la première, histoire d’avoir un propos plus univoque dramatiquement plus tendu … mais le projet final est bien de lui adjoindre une seconde partie contradictoire … merci pour le mot « contadin », qui m’a fait bien rire dans un premier temps, je pensais qu’il s’agissait d’une invention de votre cru, qui aurait pu signifier quelque chose comme « abruti de citadin » … savez-vous qu’il y a également un Don Quichotte’s Park ? c’est celui que je préfère je crois ;)

  124. jerome dit :

    Ebauche d’une Hypothése incoherente Votre idée Michel est du genre de celle que j’apprécie, du troisième genre dirait certains, de l’intuition; des que j’y pense la source s’ouvre et le problème n’est plus d’avancer des idées neuves dans le cours de l’écriture, mais de stopper l’hémorragie…. Non, je ne connais pas le Don Quichotte parc’s mais je ne demande qu’a découvrir…ce qui a retenue mon attention c’est que, de tout ce que j’ai pu lire sur cette liste, l’idée du parc a mot est l’idée qui a le spectre le plus large, qui permet toutes les monstruosités artistiques, jusqu’à plonger notre temps dans le bain révélateur de la folie supérieure du paradoxe et de l’impossible réel. L’idée du parc a mots offre des possibilités infinies, un monde sans humour et sans ironie, qui prendrait les lettres aux pieds, qui au lieu d’ouvrir l’esprit le refoulerait en permanence en croyant faire le contraire..le fait que l’on puisse tout faire dire a la langue de notre époque, qu’en elle tous les concepts migrent d’un domaine de cohérence vers un autre apatride et inversement dit l’état spirituel de catastrophe naturelle de notre temps..mais aussi la foisonnant humus percée de galerie dans le mur de l’incompréhension, qui rend difficile de rendre une image de notre monde; tout y semble être en permanence contredit. Ce qui me semble intéressant, c’est la fluctuation des concepts a taille variable comme le corps de gargantua; et surtout leur migrations permanente rendu possible par la prédominance du paturage journalistique; ce qui est Plus insignifiant qu’une aiguille dans une botte de foin, comme un joueur de foot prend des dimension monumental de l’emeute au allure de guerre civile….pourquoi? …..ou plutôt, c’est quoi l’image du monde lorsque tout s’inverse ou presque, lorsque les pics et les creux du relief ne correspondent plus a l’aune du trou de l’effroi et a l’axe du réel impossible…….un hôpital psychiatrique pour les mots fous et ceux associés en corporation d’anonymes alcoolique shootant au prozac leur tremblements parkinsonien dans les redites du vingt heure pour que le patient de la confiance économique se calme avant de subir une ablation du sujet, sans laquelle il prend peur de sa mort; auatnt qu’il a peur du calme claquemuré des cendre dans le marbre de son immortalité que sa fille lui promet de graver en lettre d’or sur son urne vendue chez leclecrs, la ou justement il s’était marié…ca dit quoi du monstre qui s’habille en trois Pierre cardin? …..et si kate moss en guêpière venait me donner les derniers sacrements de son aura de star sur mon lit de mort, est ce que j’aurais plutôt envie de la baiser comme le saint suaire ou de l’envoyer se faire foutre un cierge ailleurs? Je trouve que l’idée du parc a mot permet toute les audaces, mieux que la libre association des surréalistes, parce qu’elle situe la libre association dans les mots, et que notre époque ressemble a un monde ou le langage immaitrisé, se dédouble et se redouble a l’infini en lui-même jusqu’à se perdre dans la bouche des gobeurs de mouches politiques. Pour moi votre idée du parc, a le sens de la langue qui serait devenue le bouc émissaire de toutes les angoisses humaines..et c’est la ou mon hypothèse devient incohérente….dans un renversement qui serait bien évidement un contre-sens du lacanisme: « l’inconscient c’est la langue », retourné en un « l’inconscient c’est l’homme sans la Parole », ou a la fois la langue est supposée parfaite parce que l’esprit critique est mort, mais comme cette langue parfaite, cette Parole, n’existe pas, (sinon pour la foi) l’homme s’exempte en permanence de ses fautes et de sa responsabilité en prétextant une imperfection de langue ce qui est une contradiction avec le présupposé qui rend possible que le monde comme systeme se develloppe tout azimut sans que plus personne ne l’habite vraiment; exemple une tempête dévaste le Maine de fond en comble…c’est la faute a la météo, c’est a dire a la langue rationnelle des nuages qui n’avait pas prévu l’avenir dans son logos total; les politiciens vendent le berceau de la démocratie c’est la langue qu’on vend, et c’est la langue venimeuses des financiers qu’on accuse; une société commerciale se forme sur la base d’un contrat, mais se désigne elle-même dans ses statut comme n’étant pas la propriété des contractants, mais d’une autre entreprise prête nom, et ainsi échappe a l’impôt , c’est encore la langue qu’on pervertie…etc…etc… la langue n’accuse plus les hommes, c’est l’inverse, les hommes accusent la langue de toutes leurs fautes et s’en decharge dans des montage transversal qui minent tout presence possible au monde…mais votre idée michel permet aussi de jouer justement sur les chemins de traverses, de maniere transcategorielle comme l’est le devenir du monde soutneu par une langue sans saujet, que pourchasse le poetique puisqu’il n’appartient lui-meme a aucune categie, hormis celle de sujet vivant et prennant conscience de l’effroyable folie du sens de la vie; sujet qui peut relier les mots fous du monde en perdition, et permettre de penser toute la part obscure de notre époque; pour les mots fous, des psy poètes errant dans le transfert des liens de moebus intersubjectif; pour la grosseur des verres a dépolir un opticien lisant la métamorphose transgenerique des lueurs du verbe en transparence, malgré la fuite graphique des mots dans la presse « Narcisse », la revue poeple hebdomadaire ou chaque jour Monsieurs teste apprend, tout étonné qui il doit etre pour exister : que, due, pue ect…. un monde de mots fous dont la folie échappe aux lunettes des logiciens analytique parce qu’ils ne dissèquent que les peaux mortes des propositions logique du langage du XIX….et cantor et frege et gargantua et ruis blas, et moliere et les stoïciens, et les villes et les champs, et les haut parleurs de Stalline jour et nuit dans les goulags, et la merde dont Parmenide dit aussi au jeune socrate qu’un jour il l’a concevra comme une idée; et le mot politique, blindé d’insensibilité écrasante de mépris comme le plomb dans la gueule des lynchés, et les mots femmes tourbillonnant l’air de l’axe du vertige, et les mots sexe, pornographie si esthétiquement léché que le désir précise son pincement de volupté ou de pudeur? dans la matrice des contraires et manque d’une langue pour se comprendre en dépassant l’impasse ou le mène la langue au seuil de la confusion; et ceux de l’argent de la drogue et l’argent de la drogue et la drogue par l’argent, simple changement de syntaxe? Et l’ouvrier s’embourgeoise et le printemps prévue par la météo qui n’y arrive pas a dire un bonne nouvelle, et dsk qui vous demande si la bonne est nouvelle, et si le tir a l’arc aux jeux paralympique panse l’indifférence aux souffrances des hommes riche et puissant d’une médaille plaqué d’or l’oeil, parce que le couple originel finance l’avenir de la substance des mots creux par la ruine et la misère du présent….quelle est l’unité de tout cela? Le sexe? la fête?la mécanique vice-versa? …peut-être justement le parc a mot comme folie supérieure, comme principe de la folie supérieure capable de fourrer son nez jusqu’aux fond des galerie du langage ou se terre la monstruosité de notre époque difforme a bien des égards; la folie supérieure du parc a mot comme la plus fidèle transcription de la folie de moebus qui circule entre tous ca, toute cette porosité qu’aucune science ne peut mettre en oeuvre, et qui nous brasse et nous emporte dans les courants d’air constant…..le gros problème serait: quelle structure? quelle architecture donnez a la folie supérieure du temps? Peut être justement, le religieux comme pureté du coeur, transcendant toute cette boue en en engrenant tous les paradoxes, pour toucher a la transcendance des mots qui tiennent debout dans la folie du temps.

  125. Manuel Montero dit :

    Mon expo sur la tauromachie, rue du Pont Louis-Philippe, au siège du Parti Communiste, m’a valu, pour tout scandale et tout sulfureux, d’avoir une discussion avec une écolo anglaise, qui m’attribuait un penchant pour la cruauté, c’est mieux que rien.
    Je lui ai parlé dans ma tauromachie intérieure du rôle de lien social du sacrifice, et que c’était parce qu’on mangeait comme ça le taureau que l’on ne mangeait pas les hommes, que la violence restait suspendue, comme dans le sacrifice d’Abraham.
    Il était état aussi du fait qu’en Espagne c’était fréquent d’être végétarien chez les jeunes, même si en tant que modernes ils allaient aux corridas ou aux matanzas du porc dans les villages. Je voulais lui parler d’une amie à moi qui ne mangeait pas de viande mais ses propres poulets dont elle avait à peine une dizaine.

  126. jerome dit :

    C’est étrange que vous citiez ce nom la….Abraham, a propos de la tauromachie et que vous le rattachiez a des histoires alimentaires….Socrate aussi rattachait tout a l’alimentaire si on en croit Xénophon; et pourtant bordel! Quel sérieux n’y avait il pas dans ces propos anodins. Je vois dans le propos alimentaire de Socrate, non un soucis de volupté, mais un soucis de vérité et la volonté de dire que l’absolu nous concerne en tout et tout le temps, mais qu’en même temps, on ne peut pas en donner une expression absolue et définitive, mais seulement relative et renouvelable a chaque occasion qu’offre artistement la vie, comme une lutte avec le Toro dont les coups sont imprévisibles. Or on retrouve cette dialectique de l’intériorisation de la vérité (qui fait tout le sens de la vie) chez Abraham mais complètement inversée, au point qu’on peut avec kierkegaard nommer la foi, la « folie supérieure », dont le rôle n’est pas seulement de suspendre la violence, mais de refonder une autre et nouvelle conception de la vérité comme subjectivité, comme prise en compte du moi dans le rapport absolu au vrai, ou c’est le comment performatif et sacrificiel du rapport absolu qui décide de la vérité et non l’inverse, (un peu comme si je disais cet ordinateur avec lequel j’écris n’est ce qu’il est que parce que j’écris dessus et n’est en soi absolument rien). L’intériorisation du rapport a l’absolu par le sacrifice, c’est la disparition suppression du moi a lui-même dans l’effroi ou l’amour paternel se nie, comme se nie le mouvement d’un mobile lancé a une vitesse infini lorsque la masse d’énergie nécessaire le fige sur place; le sacrifice est telle que l’intériorité paternelle d’Abraham, son « moi »(car n’en déplaise a Bissecta, celui qui est père est par la même identifié comme moi déterminé et précis en un sens absolu, cause d’un effet) , en se sacrifiant, en se supprimant devient l’expression absolu de l’absolu en lui, l’intériorisation du tout Autre en soi, le contenu vide en moi qui donne la plénitude du temps ou l’on reçoit tout deux fois; de sorte que l’arrêt du sacrifice, au moment ou le couteau est déjà levé, après avoir marché trois jours dans la plus inconcevable des contradictions de l’effroi, correspond au « retour » de la paternité « naturelle » d’Abraham, mais cette fois sous la forme d’un amour lavée et rincée de toute signification naturelle terrestre, sous la forme de l’amour infini capable non seulement, comme dans le socratisme de se méfier des ses expressions relatives mais en outre de comprendre que la « manière », le « comment » de l’inscription de soi dans l’amour par le sacrifice en fait a chaque instant l’expression de l’absolu et l’architecture interne du moi; la subjectivité est la vérité, pour Socrate comme pour Abraham, mais Abraham dit la chose de manière plus intériorisé encore que Socrate, en commençant par dire que la subjectivité est la non-vérité; le sacrifice d’Abraham évide tout son être, tout son être déterminé de père d’Isaac, qu’il reçoit alors comme un don excellent et parfait qui descend du Père des lumières en lequel il n’y a pas ombre de variation. Car c’est a mon sens la limite de texte kierkegaardien sur Abraham: il ne dit rien de l’effroi d’Isaac, qui est pourtant le corollaire nécessaire de celui d’Abraham, sans lequel l’amour n’est pas révélé comme étant dans le temps quelque chose de non terrestre, comme pouvait l’être la perfection du cercle dans l’esprit de l’athénien.
    Par contre cher Manuel, je suis moins d’accord avec vous pour lier Abraham et la société aussi directement, puisqu’au contraire son « épreuve » fait sauter toute sociabilité, rend impossible la sociabilité; le père de la foi, est aussi le père du silence dans l’au-delà de la société qu’il suspend davantage que la seule violence qu’elle contient de frustrations contenues qu’elle attise sans en comprendre la logique; et c’est logique putain, parce que si il est celui qui révèle le process de l’intériorisation de la vérité, par un dieu qui peut tout, alors l’humanité qui prend la société existante pour une fin en soi, un absolu, est aveugle au dépassement qu’inaugure le père de la foi. Ce qui ne veut pas dire que comme le philosophe, le croyant ne revient pas dans la caverne d’où il est sortit, mais qu’il y revient allégé par l’humour qui prend les finalités sociales pour ce qu’elles sont, des expressions concrètement relatives d’idées absolues, et des téléologies relatives en faillite devant l’intériorisation de l’absolu qui les dépasse.

  127. Suzuki, blague de Hakima dit :

    L’institutrice présente à la classe un nouvel élève arrivant du Japon:
    – les enfants voici un nouvel élève qui s’appelle Sakiro Suzuki
    Le cours commence. L’institutrice :
    – Bon, voyons qui maîtrise l’histoire de la culture franco-américaine.
    Qui a dit : Donnez-moi la liberté ou la mort.
    … Pas un murmure dans la salle. Suzuki lève la main : »Patrick Henry,en 1775 à Philadelphie. »
    L’institutrice : … »Très bien Suzuki ! » Et qui a dit : » L’Etat est le peuple, le peuple ne peut pas sombrer. »
    Suzuki lève la main : « Abraham Lincoln, en 1863 à Washington . »
    L’institutrice : « Excellent, Suzuki ! »
    Maintenant, qui a dit : « Je vous ai compris »
    Suzuki lève la main et dit : » Charles DE GAULLE ! »
    L’institutrice regarde les élèves et dit : « Honte à vous ! Suzuki est Japonais et il connaît l’histoire française et américaine mieux que vous ! »
    On entend alors une petite voix au fond de la classe :  » Allez tous vous faire enculer, connards de Japonais ! »
    « Qui a dit ça ? » S’insurge l’institutrice
    Suzuki lève la main et, sans attendre, dit : » Général Mc Arthur, 1942, au Canal de Panama et Lee lacocca, 1982,lors de l’assemblée générale de General Motors. »
    Dans la classe plongée dans le silence, on entend un discret : « Y’m’fait vomir… »
    L’institutrice hurle :  » Qui a dit ça ? »
    Et Suzuki répond : « George Bush Senior au premier Ministre Tanaka pendant un dîner officiel à Tokyo en 1991. »
    Un des élèves se lève alors et crie :  » Pomp’moi l’gland !!! »
    Et Suzuki, sans sourciller : » Bill Clinton à Monica Lewinsky, 1997 dans la salle ovale de la Maison Blanche à Washington et DSK à une femme de chambre du sofitel de New-York 2011″
    Un autre élève lui hurle alors :  » Suzuki, espèce de grosse merde ! »
    Suzuki : » Valentino Rossi, lors du Grand Prix de Moto en Afrique du Sud en 2002… »
    Un autre élève crie plus fort : – Casse toi pov’con
    Et Suzuki répond : »Trop facile celle-là, Nicolas SARKOZY au Salon de l’Agriculture 23 février 2008 à Paris à un visiteur peu doué en grammaire.
    La salle tombe littéralement dans l’hystérie, l’institutrice perd connaissance, la porte s’ouvre et le directeur de l’école apparaît.
     » MERDE, je n’ai encore jamais vu un bordel pareil ! »
    Et Suzuki : » Abdelilah BENKIRANE en arrivant à la tête du Gouvernement Marocain.

  128. Michel dit :

    Le soleil est éclatant aujourd’hui mais, curieusement, un voile gris persiste à ternir la couleur des êtres et des choses. L’homme est en vacances mais c’est exactement comme s’il ne l’était pas. Il est pourtant dans une ville étrangère, dans un pays étranger, mais tout demeure parfaitement familier et équivalent. Il marche dans une rue inconnue – elle est inconnue, parce qu’il ne l’a jamais parcouru, pas réellement du moins – mais elle ressemble à toutes les autres, notamment celles qu’il parcoure lorsque qu’il n’est pas en vacances. Il croise des gens qu’il n’a jamais vu et pourtant il lui semble les connaitre. Cette femme, par exemple, porte exactement la même blouse que sa voisine de palier. Elle converse avec une autre femme dans une langue qui lui échappe complètement, mais il est sûr que cet échange figure parmi les 80 élements de conversation courante.
    Cela fait quelques heures qu’il marche dans cet espace homogène, ses jambes sont fatiguées et il décide de s’installer à une terrasse pour prendre un café, comme tout le monde en fait. Bizarrement on ne sert pas de café à cet endroit, mais plutôt des perrier-citrons. C’est un fait remarquable, c’est la première fois que ça lui arrive, ce doit être une sorte de bug, du coup il se sent vraiment en vacances et il se rejouit à la perspective de raconter cette aventure extraordinaire à ses relations, là où il vit, dans le pays pareil.
    Installé à la terrasse, il observe les gens défiler devant lui et c’est exactement comme s’il regardait la télévision dans un fauteuil, chez lui. Même les cadrages sont identiques, il y a ce plan large, ce panoramique droite-gauche suivi d’un gros plan. Cet homme qui tourne la tête en découvrant ses dents, il l’a déjà vu. Il sait parfaitement qu’ensuite il réajustera son bob avec sa main droite, en tordant la bouche dans une sorte de ralenti félin qui exprimera toute son animalité. Sans doute quelques gouttes de salive s’échapperont de sa bouche et reflèteront l’éclat convenu du soleil. Il a du voir ça dans un film, une publicité ou un reportage.
    Quelqu’un l’interpelle sur la gauche dans sa propre langue, c’est sa femme. C’est étrange, il était sûr d’être parti en vacances seul. Il souhaitait se changer les idées croit-il se souvenir. Probablement un autre bug.
    Elle s’installe à sa table et commande un perrier-citron. À la regarder de plus près, il est soudain envahi d’un doute: cette femme ressemble certes à la sienne, mais quelques détails lui font penser qu’il pourrait y avoir confusion et méprise. Ce sont ses hautes pommettes qu’il ne reconnait pas vraiment. Évidemment il est possible qu’il ne soit lui-même pas à jour, qu’il n’ait pas intégré les dernières modifications du système. Elle engage la conversation n°24, celle où il est question de la chaleur excessive. Le timbre de cette voix est lui-aussi tout à fait inhabituel et il commence à douter sérieusement de cette personne. À ce moment-là il est persuadé qu’il va se réveiller et sortir de ce rêve, comme dans les films. Mais le temps passe et rien ne se produit.

    Quelques instants plus tard, ils se dirigent vers la plage, parce que c’est le début d’après-midi et que c’est le moment. La plage est bondée, ce qui est bon signe. Ils s’installe entre la famille nombreuse – trois générations cumulées -, une joyeuse bande de prépubères qui jouent au ballon et un couple timide et amoureux qui se bécote. Ils se tartinent de crème et se couchent sur leur serviette grand format pour se dorer au soleil.

    Ils pensent à Dieu, au principe ordonnateur, à la perspective. Ils se lovent dans l’harmonie, dans l’équanimité du grand nombre, ils se laissent caresser par l’onde du temps.

    Ensuite c’est l’heure de prendre un rafraîchissement et donc ils cherchent des yeux le beau bronzé qui se balade toujours avec une glacière sur la plage. En réalité lui n’a pas vraiment soif mais bon c’est l’heure, alors faut bien. Quant à elle, on ne sait pas vraiment ce qui se passe dans sa tête. Le beau bronzé arrive effectivement sur la gauche et la femme lui lance un « egverci butne shouz grivultz ! » Lui se retourne vers sa femme en se disant « mais qu’est qu’elle raconte ? c’est quoi cette langue ? c’est qui cette bonne femme ? » En dehors du fait qu’il ne soit peut-être pas à jour, cette femme ne lui revient pas du tout. C’est carrément pas la femme de lui, ça clairement non.

    Plus tard ils vont se baigner et au moment où elle court vers les premières vagues, il lui semble soudain reconnaître son mollet droit, vu de trois-quart / arrière-gauche. Et c’est pas qu’il soit rassuré, mais quand même un peu, de retrouver sa chère et tendre, fut-elle exclusivement concentrée dans le mollet droit, vu de trois-quart / arrière-gauche. Et ils batifolent dans les vagues vagues, en créant des remous et de l’écume avec leurs membres joyeux. Leurs bouches sont ouvertes et leurs dents sentent le dentifrice. Rhaaaa les vacances, merde quand même.

    Nous retrouvons nos héros dans une pizzéria à l’éclairage tamisé, sur le front de mer. Leurs yeux font l’amour pendant que leurs dents mastiquent des bouchées de pizza aux scampis. On entend des tintements de verres, des propos feutrés, enfin vous voyez le tableau quoi. Le serveur est un italien élevé en batterie, très correct, il a l’air très content que les gens soient contents. C’est important d’être content que les gens soient content, surtout dans ce métier. Pendant qu’ils dégustent leur pizza aux scampis, ils jettent furtivement des regards alentours – bien sûr après ils les récupèrent -, pour vérifier qu’ils sont en phase avec les autres acteurs.

    Maintenant c’est la nuit, on peut s’en assurer parce qu’il fait sombre et que le luminaire dans le ciel est une lune en forme de croissant. Elle n’a en outre pas la même température de couleur que le soleil, sauf quand ils font des réglages. Ils se sont dévêtus et font des grosses cochonneries à même le sol, pendant qu’un téléviseur diffuse un très joli documentaire animalier, qu’ils regardent distraitement, entre deux bouts de jambon. Ça dure un certain temps. C’était vachement bien se confient-ils après coup, souriant et dégoulinant de stupre. Et ils s’endorment comme deux beaux bébés pas chiant du tout. Demain est un autre jour pareil.

  129. auddie dit :

    a lu ici et là que le monde serait victime d’une crétinisation irréversible, que la confusion intellectuelle « la plus totale » s’installerait en surface, dessous, et même dans les interstices. Reste à savoir ce que leur dirait leur conscience, à ces prophètes de la désolation, s’ils pouvaient faire un voyage dans le temps, et naviguer dans les couleurs de l’époque, dans les ruelles, les chemins crottés… Au milieu d’un champs peut-être; devant une botte de foin? Mais peut-être qu’à quelques pas de chez eux, ou en face, de l’autre côté de la mer, vit-on un peu moins laid que chez eux. A vivre dans un couloir, ou dans la caverne du pirate, ça brille et ça ne vous appartient pas, ou dans un amphithéâtre…, ou, comme dans cette publicité pour la prévention routière vue en france il y a quelques jours: « les statistiques, évitez de rentrer dedans ». Révoltés les pète-sec? Royalistes d’un genre nouveau? Tempête dans un verre d’eau. Et ces intellectuels de ne pas s’ajuster au monde multiple et fractal qui les entoure, et d’oublier d’aimer leur temps, et eux avec (par la même et curieuse occasion). Vies d’étude dans l’écume des livres, au chaud sur les pavés. Vies d’étuve de leur carcasse distraite. Messieurs mesdames les « anti » d’un genre vieillot, les mots vont simplement disparaître, ainsi que la liberté de penser « en son for intérieur ». Et même ça, vous ne l’aviez pas prévu.

  130. jerome dit :

    La naissance de la philosophie dans la mort annoncée du langage fusillé par la sophistique qui a toujours le dernier mot ; le parc a mot en chêne sans voie antécédente dedans ; le miroir de l’un terreur face a son cri un dicible ; un grain de beauté jeté dans la Ténébre extérieure ; les dragées d’un baptême républicain ; le mikado d’un jeu du pendu passé au contrôle technique l’année d’avant ; une poignée de cocons verbal larvés ; la vie parallèle des rites simiesques ; l’anthropologie de la drague dédicacée par la sirène des marais ; un grand dehors sans vie privée qui n’a pas vécu un seul jour ; une séance de bronzage aux néons ; un symptôme public d’intolérance aux gaz rares ; un scaphandre de plongé dans le principe d’asphyxie dénuée d’intériorité ; une pelle et un balais pour ramasser les reflets ; un mètre-ruban des surfaces de débris des profondeurs ; vingt quatre images de la seconde vie des faits ; une bouée du Titanic sauvée par la terreur ; une heure de pointe au chômage politisé ; un carnet de renoncement coincé dans la poche intérieure ; un document administré a l’adresse des exilés ; les larmes du gendre d’Agamemnon ; un sabot de voiture en piercing lingual ; les milles carats de ton corps nue beau comme un diamant ; la cage dorée de l’oiseau de nuit des maux en perdition ; les deux natures d’une parure uniforme ; un dé a coudre a jeter au hasard des modes ; un siècle d’une soixantaine d’années ; la légende défraîchie d’un menu routier ; un paravent sans malice ; une misérable condition de la beauté ; une inconcevable crevaison de cervelle ; un sourire d’épouvantail au merle compatissant ; un lavis d’ombre expurgé « a fresco » qui vous blanchie la moelle ; le genoux de Claire en philtre d’amour ; une rotonde Quattrocento pour les voix qui porte a l’infini ; une croix a remonter soi-même du sous-sol d’I-deal ; le frou-frou du temps terrestre brodé de désirs insignifiants ; la danse de l’oeil dans sa propre angoisse ; un plafond de ciel a remettre entre toutes les mains pleines de sang ; les deux plateaux du toits du monde en équilibre sur la hanche des flûtes.

  131. manuel dit :

    Quant à la présence du rythmique, du démon, dans la prose il en est comme de se demander sur le passage du rythme dans le ton et le demi-ton, mesure rythmique verticale, qui dans notre divagation de batterie du groupe de notre existence par le poème, par la prose, par le réel revient à mettre un coup de mémoire sur un coup de mémoire… Le pari est lancé.

  132. Crut Le dit :

    je remercie pierre mauroy d’être mort aujourd’hui ou hier ça coïncide avec la malédiction familiale qui pesait sur ma tronche : mon grand père était un de ses amis francs maçon (même loge et tout) mais j’ai guéri mon grand-père en faisant une fugue (il en est mort d’ailleurs) sur son lit de mort il me remerciait grandement de l’avoir achevé je l’aimais tant mon papy il ne m’en voulait pas que je lui choure des timbres de valeur et que je ne sois pas une bougeoise : je m’enfermais dans sa cave durant des heures pour concevoir des maisons miniatures et il ne m’en voulait pas quand je lui demandais très sérieusement si j’allais hériter de sa bmw et de sa maison art déco d’ailleurs c’était le deal pour que j’accepte de lui révéler mon folklore sexuel. ma nombreuse famille me déteste énormément à cause de lui. j’ai pété de rire à son enterrement mais secrètement j’étais amoureuse de mon grand père ukrainien qui ressemblait à mon chien. secrètement j’aimais un prolaristo mort tandis que sa veuve fille de pasteur protestante anglaise me foutait des doigts parce que je ressemblais à la femme de mon grand père franc mac qui était une rome de chez rome avec la méga teinture blondasse pour camoufler le truc (elle me déshérita lors d’une partie de mario brosse et j’en fus ravie) brèfle je vous dit pas comment on peut pas être plus batarde et heureuse que moi ce soir.

  133. jerome dit :

    Les faux-papiers des contrats pro ; la lime cachée dans la marijuana des geôles ; cent milliards d’années lumières a traverser a chaque pas dans la mémoire des prés en fleur dont je n’ai aucun ressouvenir de les avoir jamais foulé ; l’inexistence du jugement de fait ; le pont savonneux du support glissant ; la piste mentale du dance floor imprégné de pensées et de ronces ; la préséance du moon walk dans la chevauchée des tubes ; les descriptions antérieures de la Rome mythique ; le cuir inouïe de l’hippopotame imprévisible ; l’hôte des oeufs ; l’a priori indécidable des prescriptions du ressouvenir de la fin sur l’induction des faits nouveaux mis en mémoire ; le soleil guillotiné entre deux souffles au coeur ; un riff’ dressant de beauté la chair de poule du trépas du bonheur ; la culture du rond point dans le dialogue diabétiques de la fraise des sucres ; un cheval pesant sur mes épaules ; la coupe en brosse du peintre dans le cou des couleurs ; l’amour du feu étale sur ton pull ; mes mains près du peu ; le bourdon des pensées dans le coffre fort des morts ; le déchirement des « privilèges » dans le huis-clôt de la faim ; la toilette du saint siège ; le désordre des merveilles ; de poudre la poussière ; l’image de l’aberration défaite dans l’oeil parfait ; la case inclémente a la marelle des fous ; une canne d’aveugle gravée : ceux qui ne voient pas voient, jean 9-41

  134. f4 dit :

    jerome dans une forme éblouissante !

  135. Arthur-Louis Cingualte dit :

    SYSTÊME LACTé

    Juste sous la voûte sud on ne peut pas le manquer. C’est le regard sur le portrait royal de l’estimable aïeul, qui, ambulant échappe à l’huile orientale. Un iris qui aborde de nouvelles landes.

    C’est le verre de grenadine qui a attiré le premier l’attention gourmande du Sultan. L’étrange queue des eunuques, plus violemment, ensuite. Puis enfin le nombril à la couronne topaze de la nouvelle vierge. Inquiet il se décide alors, noyé des quelques suées frissonnantes du duelliste, à quitter l’antichambre secrète. Il sait que son dépucelage marche comme la rumeur d’une guerre à l’arme blanche.

    C’est tout de même convivial. Il y a un beau buffet, de belles soies, de belles cithares et les eunuques s’effacent, très aimablement, comme un miel dans la gorge. Il ne reste qu’un vieux derviche étalé somptueusement, une croupe qui apparaît discrètement sous sa jupe, d’avant en arrière, de son plus beau compas il est cloué, immobile, une spirituelle hilarité tatouée sur ses paupières closes. Alors que le sultan s’installe et que la vierge déroule vers lui ses plus capiteuses hanches, il défile dans sa tête, comme pour les vivre, les étapes de la séduction traditionnelle : politesses, sourires, mains sur les genoux, la nuit, le long des bras, au matin, autour de la taille, sous un linge…

    Il imagine sa mère couper d’un coup de sabre une pastèque en deux.

    Mais l’indispensable stimulation sensuelle du sultan se disloque brusquement alors qu’explose l’éjaculation divine du derviche.

  136. jerome dit :

    Un hémisphère masqué sous l’autre fesse ; la langue tombée au fond d’un vers puise la maxime du songe gravé sur l’architrave qui n’est que pour moitié le ciel ; l’ordinaire des jours du cintre entre les extrêmes friands de viande ; l’huile des prêtres des embaumements ; l’aura d’un scellé du dit ; lecocard des ions chargés positivement ; du noas mes restes de la veille bourrés de galaxies ; l’huile d’embaumement des prêtres du lavoir ; l’A oiseux val dingue ; l’élongation des pleurs du rire, en interférence dans les longueurs d’ondes imaginaires ; la pluie qui claque des dents ; la mer qui glousse comme un jus de citron ; la répulsion des appels au moment de leurs conceptions ; l’attraction des preuves dans les hantises du forceps ; la symphonie des goulots de bouteille dans l’indifférence a la qualité du vin ; la gorge étanche des assoiffés du vain ; les piliers du temple trempés dans la pensée et l’encre ; un égouttoir a cendre ; un butoir a fermentation placide ; un billot de caille lait pour le sevrage des terres du silence ; un écrou a visser sur la coulée d’ivoire claire ; une sélection d’affinités ajointée dans la feuillure des inconnues de la fonction sympathique ; une livre de chair remisée dans l’oubli ; unstip- tease dans la garde robe du soleil en manque d’habit ; le Scotch d’apesanteur dans la cabine des suies glace ; l’intemporelle évolution de la danse des flammes ; une tablature pour flûte amnésique du taureau dephalaris ; le ciseau des dieux dans la boite a gant ; la décoction du caquetage des ampoules ; le grésillement de la masse au réveil de la terre ; la carcasse du chéri sous les implants mammaires frotté de brasiers ; l’acide gastrique en soda sucré ; la grenade au coeur battu aux cartes explosives ; l’affolement du rythme dans sa chevelure d’os ; le plafond de sol de la chambre d’un adolescent ; l’impression que Dieu y a vomi dedans ; la racine carrée de la mandragore ; le faux semblant des surplis ; ton brushing a l’argentine émulsion des squames pelliculaires ; les draps des cimetière du laid ; une nomenclature du sommeil hiérarchique chez Total ; une glace a la poitrine dans son cornet ; un encorné téton incarcéré ; un hectare d’une mandarine ordinaire ; lastèle du god vibrant sur sa peau de banane ; un stérilisateur de suçons ; une rage de dent de la pensée contre laquelle on ne peut rien taire ; la tour d’airain des sécrétions pubères ; la semence symbolique du bonheur encore dénué de réflexion ; une joie céleste inflexible et irréfléchie ; un ballon atmosphérique dans son nuage de foutre ; la naissance de l’ironie a chaque anniversaire du poète ; un an père maître du sens a termes déréglés ; unbonsaï a nuées mangeur de ciel, qui fleurit par la racine les jours chômés ; une culbute en nacelle dans l’assiette en miette du bonheur révolté ; le pont trop loin de la réalité pour le génie civil ; le clôt des abbayes se parant d’un toucher ; un scalpel émoussé du fort intérieur qui n’élude pas l’organe des boutons ; la fureur du décorateur d’intérieur dans le mental d’acier des managers du Mac Do

  137. jerome dit :

    Les cerisiers versent des larmes de sang ; les noyaux du vide cerisent des drames de sens ; l’orgasme des roses explorent les organes du ciel désargenté ; les entrailles des chiffons froissés ; le reste incompressible d’une peine de frisson ; les pistons de l’horreur comprimant la trouée des joues ; un sursoit d’aile de la lumière dans la passe paramentique du surplis ; un souffleur de théâtre cacheté a ne pas lire avant le terme du cachot des yeux dans la modélisation des braises ; un lait de chardon casqué au regard inquiétant ; deux pins violets époumonant des chandelles de bois ; un chaton étripé du soleil dans les poubelles de la taxidermie des saules ; un verre de la pensée dans son rêve ; la civière des splendeurs allongeant l’arpège des prêts fait aux doigts ; les gants du bourreau des asperges ; la bourre des torches avisées dans l’office des ténèbres ; l’étoupe du crane des vignes dans la graisse des gréves ; la tendresse du vin noir des ongles grattant les pépins de minuit ; l’éventration du calme ressouvenir des défunts aimants ; une mort zéro défaut ; la lazure du corps inconsistant devenu transparente lymphe dans l’oubli du rapport sexuel inexistant ; la contagion des routes aux regards vitreux ; le cuir des trop vieilles lumières ; un rire giclant d’une marre ; l’obole des cires fondus dans la double peau du savon ; le goût pour la foire d’une palme édentée ; le corps en gloire du fétiche de l’horreur entêtée ; la mue du foulage glissante dans la cire verte des blés ; les vagues de chaleur renversent les châtaigniers ; la houle emporte une saignée de coquelicots ; enfin sèche la langue du chien lapant la blessure au centre du sel blanc ; en joue! Feu! Pan! Soleil! explore dynamos d’angoisse l’étranglement des goulées de carbone et sous la lave électrique sème ton vitrail de douleurs dans l’oeil blanc de l’horreur masquée ; l’aube chargée d’épines inhalées ; les mains sur l’électrode des pluies de feu dans le corps noir des ruches ; le hérisson ubique ; la chenille du raisonnement urticant des concaténations de l’impensé ; le dragon du rêve dans la résistance des dettes de jeu de l’esprit ; un couple d’inséparables réduisant la fracture des charmes qui jonglent les nuages et s’ébranchent en plein ciel ; la résilience des nuits avalées par les chouettes ; la soie moirée du tangage dans l’Eden en feu ; l’épitaphe de feue l’Eden dans le bourgeons des lettres ; la parure des balafres dans les tremblement de la beauté ; le verre brisé des anciennes tumeurs d’esprit ; le ramage des souplesse dans la rééducation du temps boiteux ; l’ultime tour de vis du nombril liant la chair a la chair ; une borne cinglante de foudre crépitante ; la poudre au cieux levant la pâte céleste ; la vue claire d’une Parques postale des résidences dans la langue hachée du plaisir.

  138. jerome dit :

    Paradoxalement le règne de la finance est celui d’une dialectique de la pure immanence dans les catégories usurpées du langage de la dette, du lien a l’être, du langage de l’Esprit et des catégoriques transcendantes qui n’ont de réalité et de contenues que si on commence par les reconnaître et les distinguer de celles de la pure immanence. Si on considère que la finance est par essence une indexation du temps dans sa totalité a un logos de la pure immanence, alors la ou règne la finance, il n’y a plus ni passé ni avenir, ni Être, mais seulement le reste incompressible du langage fondamental de la dette. L’instant alors est détaché autant de l’héritage du passé que dénué de projet d’avenir ; et si l’instant cesse d’être une césure dans la discontinuité de la nature et de la liberté, il cesse aussi d’être un lien de la liberté a elle-même dans son dépassement de la nature ; de la sorte plus aucune fonction de la culture n’est possible, parce que la culture qui ne rétablit pas la dynamique subjective du devenir esprit du moi dans son opposition a l’immédiateté et par la médiation du logos dans les catégories de la transcendance qui sont celles de continuité du moment dialectique de la liberté a chaque instant, dont on ignore les tenants et les aboutissant, est morte purement et simplement. On peut construire tous les stades de France qu’on veut, gagner toutes les coupes du monde tennis ça ne change rien a cette état létal qui fait de la vie de tous, un désespoir ordinaire. La culture au contraire se transforme alors en arme de destruction subjective, qui aliène les hommes a une dépossession de soi qui va toujours plus dans le sens de l’insensibilité a cet état de choses ; et plus grave, contraint chacun a l’inversion des valeurs qui font des innocents les responsable de la dette …envers la finance qui s’attribue le langage de la dette ontologique.

    Or le langage de l’argent est devenu la langue naturelle de la plupart des hommes sur cette terre ; au même titre que la langue de la foi habiter et édifier l’existence de nos ancêtres. De sorte que la pure angoisse insignifiante de l’instant ne peut plus retrouver sa puissance structurante tant que l’identification du langage de l’argent avec le sacré perdure. Mais identifié au sacré le nihilisme absolu de la finance s’arme contre toute critique en désarmant la critique par un essor de la culpabilité qu’il faut renverser pour supprimer le refoulement salvateur. Or pour cela il faut croire ce que dit la langue sacrée : ne vous souciez pas des richesses de ce monde. Aucune civilisation ne peut plus se bâtir, parce que le socle de la charrue de la finance n’entame nullement la fertile terre de la subjectivité, mais l’effleure seulement a sa surface ; mais en outre il n’y a plus ni effort ni récompense de l’effort ; parce que le temps saisit en sa totalité, la totalité du passé ouvrant sur une totalité de l’avenir, n’est pas en soi la condition d’une présence de cette synthèse redoublée au coeur de ces éléments en rapport ; si la récompense de l’effort est immanente a l’effort, alors elle devient dialectique au moment même ou elle paraît dans le temps, et ainsi n’est qu’une illusion, un spectacle de récompense, et un simulacre d’effort, qui s’il devait se transformer en passion révélerait non qu’il tend vers sa propre suppression mais qu’il use toute son énergie a masquer sa contradiction. Paradoxalement, la ou règne la finance, qui se veut une axiologie darwiniste des valeurs sociales, il apparaît tout le contraire, qu’aucune valeur ne résiste a son acide corrodant qu’aucun logos ne signifie plus un sens, mais qu’au contraire, le désespoir s’installe partout ou le rapport a l’un sans lequel les hommes ne peuvent plus se comprendre cesse d’être la verticalité sacré, absurdement immanente au logos comme est présent l’éternité de l’amour dans ce qui fait toute la noblesse et la dignité du mariage entre les amants dans le temps ; la finance suspend toute valeur, imprègne l’humus social d’une inversion de l’image qui devrait habiter tout homme en constituer la passion de vivre et son intérêt le plus cher a en dénouer la contradiction ; dire que la finance est le mal absolu de la post modernité serait encore un euphémisme ; c’est que sans transcendance toute édification devient impossible parce que la distinction d’une valeur revient a la remettre en circulation dans le relatif. De sorte que le règne de l’or est bien un règne de rayonnement d’une valeur unique, mais absolument négative. Rien n’a plus de valeur sinon celle du moment ou un semblant d’ordre s’établit autour d’une projection du désir, toujours reniant sa subjectivité infinie et infiniment négative qui déplace la récompense dans le domaine de la transcendance. Ainsi de bulle en bulle la finance instaure un mode d’être au monde ou l’instant n’est qu’une tension angoissée cristallisée autour d’une mode. Ce nihilisme est la conséquence du matérialisme dominant (une piètre idée du désir, non comme incognito de l’esprit, mais comme besoin qu’un certain ordre du monde pourrait satisfaire) qui, en l’absence d’une culture de la reconnaissance de la réalité de l’intériorité subjective de tout homme, a extériorisé par inculture, cette négativité infinie et infiniment négative de la subjectivité dans la pseudo valeur démoniaque de la finance. De sorte qu’il faut s’attaquer a la finance comme a un symptôme de l’inconscient comme a un fétichisme du néant.

  139. Arthur-Louis Cingualte dit :

    LA FILLE DE L’OS

    Mexique – Puebla – Parking de zone industrielle – volcans au loin (Popocatépetl, Malinche…) – une baston d’ultra (CF Puebla vs Club Santos Laguna) – grande quantité de poussière et de sable soulevée – son et lumière – Fumigènes pourpres, roses, écarlates, jaunes – sifflets – trompettes – beaux onomatopées hooligans tendues vers le ciel – cheveux rasés, nuques dégagées – spectacle et virilité.

    Le goût commun pour le virtuose, l’admiration qu’inspire le soliste évanouit souvent – et bien malheureusement – toute la grâce du geste quand il atteint l’automatisme. A l’orée de cette esthétique la baston ne manque pas d’allure ; les types sont frais, organisés, bien en lignes ; c’est propre, collégial ; l’esprit là : ça tabasse fort et en chœur.

    A l’écart, spectateur, un mec assis sur le capot d’un 4×4, drague une petite rousse :

    – C’est drôle parce que ce week end je pars en randonnée. On va à la campagne, parce que j’aime vraiment les os. Mes copines aussi.
    – Le os… les os ?
    – On cherche des endroits un peu dégarnis. En bas des volcans, pas loin. Près des rivières aussi. Et on creuse. C’est bizarre non ?
    – Bizarre.
    – Certaines filles aiment les bijoux.
    – Oui.
    – Où même « j’adore les écharpes ! » Moi j’aime les os. Mais vraiment. Une vraie passion.
    – C’est intéressant.
    – Oui. Une fois que tu te l’avoues, que tu dis les aimer tu les vois partout. Vraiment partout.
    – Je n’y avais pas pensé.
    – Les animaux tués sur la route.
    – Quoi ?
    – Ils y a des animaux écrasés sur les routes. Ils doivent avoir des os non ?
    – Bah si.
    – Oui. Plein ! Et puis, là, c’est gratuit. Ils sont juste sur le côté. Y a pas besoin de creuser.
    – Malin. Tu achètes des os sinon ?
    – Pas directement. Parfois je les obtiens comme sous-produits. C’est toute une stratégie.
    – … ?
    – Par exemple je t’offre une entrecôte. Qu’est tu en retires ?
    – La viande.
    – C’est le plus gouteux.
    – La viande. Cash. Jusqu’au bout.
    – C’est bien mais pourtant tu as tort. Tu oublies l’os gratuit. Les charognards les laissent aussi…
    – Je vois.
    – Il est plutôt sexy cet os en plus.
    – C’est drôle. Je n’y avais jamais pensé dans un sens sexuel.
    – Personne ne parle vraiment de la sensualité des os. Ses courbes. L’arc. Lisses. Elles sont très charmantes ses courbes. Douces. Surtout les vertèbres. Là je me mords la lèvre. La vertèbre…
    – C’est un bel os.
    – Oui, c’est un bel os.
    – Oui.
    – Non. Ça l’est vraiment. Il m’émeut. Il m’excite. Un de mes préférés.
    – Et toi ? C’est quoi ton os préféré ?
    – J’y ai jamais pensé… Le fémur.
    – C’est un bon.
    – C’est bien un os ?
    – Oui. Un vraiment bon.
    – Cool.
    – J’aime bien la clavicule aussi, moi.
    – Oui ?
    – J’ai des clavicules particulièrement proéminentes. Regarde, tu peux voir si je fais ça.
    Elle tire sur le col de son t-shirt. Le déforme. Se tend, se penche, découvre bien plus – pour le bonheur du type – que ses clavicules.
    – Oui. Je vois très bien. (mon œil.)
    – Si je fais ça – elle se colle, se cambre complétement – tu peux vraiment voir… Tu remarques comme mes clavicules sont… massives, non ? Proéminentes quoi ?
    – Très.
    – Tu peux bien voir.
    – Parfaitement.
    – Tu peux probablement mettre… Si tu peux…
    – Oui…
    – Vas y met du sable dedans.
    – Du sable là ?
    – Mets juste… Là…
    – D’accord.
    – Tu vois ?
    – On y est.
    – C’est dedans ? Peut-être que si je pousse cette mèche.
    – Non c’est bon : c’est dedans.
    – Oui. Je le sens.
    – J’ai mis du sable dans tes clavicules.
    – Ah… ça dégringole. Y a plein de sable sur vous, ça tombe dans t-shirt.
    – Il en reste toujours ?
    – Je vais regarder.
    – C’est bien.
    – Je sais pas… C’est beaucoup d’os. Je ne sais pas si je suis capable de parler de ça dans le monde réel.
    – Et les cornes ? Hein, les cornes ?

    Mais il y a autre chose : la baston des ultra a pris des allures de partouze. D’une partouze sur la fin. Bien sûr il reste quelques coups, quelques enchaînements de derniers dan, quelques combos par ci par là, mais l’enthousiasme n’y est plus. Tout tombe en lambeaux. La beauté du geste, le panache, que des promesses qui sont bien loin maintenant. Les clameurs des fans de foot ont laissé place aux gémissements. Les fumigènes font la gueule : ils font dans le gris bavé, à peine postillonné. On se ramasse sportif, fraternel, tape-dans-le-dos. On se tient les cotes, se supporte les coudes, penché, vieillit, les jambes échasses, fragiles, casse gueule. On marche presque sur la tête, quatre-patte pas loin. Beaucoup d’os sont, entre deux bleus parfois jaunes/noirs, fêlés, brisés… On s’en plaint, on en renifle les yeux un peu humides. La rousse, là, tient plus : elle court aussitôt les embrasser et les bander avec des éclats de sa jupe.

    La fille de l’os baise à la porte des morts.

    Arthur-Louis Cingualte

  140. la panthère rose dit :

    72. la panthère rose (C.), le lundi 19 juillet 2010
    LES COCHONNES
    (Une expérience insolite de Porcelet)
    Porcelet était admirateur du célèbre interprète d’instruments chinois Pa’ Tao Chon. C’étaient même des chansons « exportables » sur lesquelles on avais bien marqué « Made in China », ce que voulait dire dans une langue occidentale que c’était le meilleur de notre terre.
    Étant fa’an ou aficionado surtout des paroles, des paroles en général et, dans le cas présent de celles de la musique de Pa’ Tao Chon, et étant comme bon chinois plus doué pour l’originalité que pour la simple imitation, voire « émulation », il se dit qu’il devait consulter une sorcière pour apprendre le mandarin.
    Sa tante lui avait conseillé auparavant de tout simplement répéter le mantra « Vladvladvlad », version chinoise gothique du sanskrit « blablaba », et de se mettre comme-ça à l’étude. Mais Porcelet songeait d’une purification au feu.
    La sorcière était absente, c’était normal, dans sa demeure de noirceur c’était comme ça qu’elle recevait et soignait. Il s’installa sur une espèce de trône ourlé de caoutchouc et voûté de toiles d’araignée, lieu onirique dont les secrets sont fantastiques. Porcelet le savait par les récits de Marco Porno et autres connaisseurs de la rondeur de la terre. La magie fit un premier effet spécial, il comprenait les lettres d’un message qui l’était adressé, sur un papier de riz qui tomba du ciel. Mais l’effet s’estompa, il dut faire le vide bouddhique pour ne pas paniquer. Il se souvenait que le texte qu’il avait dans un instant mis en lumière dans le papier de riz était un vieux poème d’amour, Tristram et Shandy, dont l’allemand Richard Wagner avait fait une opéra. Mais le poème devait revêtir une signification pour lui, dans les procédés de cure chamanique auxquels il avait décidé de se soumettre.
    Le papier de riz brûla entre ses lèvres, faisant disparaître toute possibilité de relecture du poème. C’était la cure au feu, déjà ? Avait-il appris le mandarin ?
    La musique de Pa’ Tao Chon commença à sonner, comme sortie du métal fondant que des aides venaient faire couler aux pieds de Porcelet. Il était question de l’énigme poétique. Elle chanta l’histoire de Tristram et Shandy, deux jeunes amoureux très précoces. Ils s’envoyaient déjà des messages d’amour quand ils étaient des embryons dans le ventre de leurs mères. Alors, au tout commencement de leurs amours, ils s’étaient décidés de suivre l’exemple du maître du Tao Te King, le savant Lao Tse qui rejoignit le ventre de sa mère tout au long d’un siècle de grossesse en faisant juste des petites sorties furtives étudier les anciens pendant que sa mère dormait. Ainsi quand il naquit il était déjà un révolté à l’âge de la retraite, barbe blanche et chignon teinté et négligé.
    S’aimer, s’aimer, se disait-t-il dans la demeure vide. S’aimer depuis le ventre de nos mères, poursuivit-il, en parfait mandarin. Mais c’était trop dur pour le chanter dans les sérénades, il devait avoir un erratum quelque part.
    La sorcière l’inspirait, même absente, mais cela était de la philosophie dans sa tête, pendant que les orchidées géantes qui poussaient dans le noir regorgeaient de l’érotisme et qu’il sentit deux femmes bien connues de lui s’approcher de sa mémoire. Deux cochonnes, dans un poème érotique de son maître à penser. Il savait qu’il était cochon, et qu’il appelait cochonne sa compagne Gruette, juste pour la faire jouir et recevoir son Chi, mais que c’était en tant que femmes qu’il avait toujours procédé avec les femmes, c’est à dire des êtres humains.
    L’on a dit que les Japonais, et avec eux les Chinois, ne sont pas touchés du sentiment de culpabilité. Mais les jésuites présents dans son canton l’avaient introduit, suivant les ordres d’Athanasius Kircher, à la pensée de Kierkegaard et au quichottisme d’Ignace de Loyola et Léopold Sacher-Masoch. Le premier postulait séduire les femmes, mais ne pas assouvir ses souhaits ni les toucher. Le deuxième postulait de les endoctriner et leur montrer des images, tout en leur racontant combien on pleurait à la messe le jour avant. Le troisième en revanche était obscur à interpréter pour Porcelet, et fascinant dans l’incunable de Crepax et l’exégèse de Gilles Deleuze.
    Il sût que, dans la magique ruine où une nuit semblait s’être passée, il avait été soigné sans être soigné. Que les méthodes de cette sorcière passaient par le moment où un vide bouddhique s’était installé, donc, qu’elles étaient syncrétiques comme tout dans la Chine et comme lui il avait tellement de temps célébré. Il se rappela de son travail de cartomancien, à une époque, quand Pourceau était très petit et il fallait survivre avec la maman à Pékin. Dans des lieux mal aérés et obscurs lui aussi parlait à travers les parois avec des consultants anonymes qui voulaient connaître l’avenir.
    Il désirait la sorcière, mais il la voulait comme-ça, comme dans la grossesse prolongée de Lao Tsé, invisible, et comme dans l’histoire des deux amants, dérobée et secrète, mais chantée par les plus raffinés des musiciens. L’idée qu’elle vienne pour de vrai le donnait chaud et le faisait bander, en spirale, il perdait son calme, sa concentration. Il se voyait chevauché par un corps de flammes, transpercé par le Chi du Yin Yang, par leur tourbillon. La sensation d’être pris physiquement par le désir d’une déesse lui fit un peu peur. Toutes les deux, les femmes dans sa mémoire avaient dit des phrases comme l’une : « vous êtes un homme tourmenté, ami Porcelet », et l’autre, sa Gruette qui avait écrit dans un volume savant : « rien n’est simple chez Porcelet ».
    Le renoncement aux soins, c’était ça qui lui apparut plus sage, dès que l’odeur de fumée lui rentra par les narines. Peu importe l’encens. Du bois, tout vient du bois, du coup de hache sous les arbres. Il reviendrait chez la sorcière, puisque l’idée d’être artiste comme Pa’ Tao Chon continuait de l’exciter, et puisqu’il savait qu’il l’était depuis le ventre de sa mère, maintenant. Il prit, feignant que c’était un geste machinal, un peu de l’ourlet de caoutchouc du trône (une douzaine de rondelles, sa culpabilité me dicte de vous préciser) laissa une offrande de cerises et partit.
    Mais, bien-sûr, je ne sais pas les jours qui suivraient, mais ce dimanche il avait besoin de sortir au jardin, se promener dans la rue, téléphoner Gruette et lui dire tout simplement qu’il se sentait inspiré, que tout allait bien. Se faire un thé pour la fatigue et se rendre compte qu’il avait quelques soies sur ses tempes qui étaient déjà blanches. Les prendre pour bonnes pour sa coquetterie, se mettre à écrire, à dessiner même de belles femmes plus ou moins ressemblantes à l’une ou l’autre.

  141. la panthère rose dit :

    Ah, les amis musiciens, la mienne disait pareil. Nuits de bohème.
    52. la panthère rose (C.), le vendredi 9 juillet 2010
    Araignée du soir, espoir
    Je fume les yeux dans le zinc de la fenêtre. Une araignée m’amène à considérer mon sort. Espoir, je me dis, sans savoir. De l’autre côté sur la maison voisine une colombe grise, assez foncée et assez grande. L’oracle ne me vient pas à l’esprit. Je la prends pour une colombe noire et je vois ma veuve. Sur le vif, j’ai tendance. Je prends une taffe. Bon, une veuve que je connais pas encore, alors. Une veuve de vieillesse, pour le dire pulsionnellement.
    L’araignée parade un peu, c’est elle qui donne l’espoir, et je comprends vite son art. Elle semble tomber, vous la voyez tomber et sa chute s’arrête dans l’air. Elle est attachée par un fil. Mais là où je veux en venir est à la continuité de l’espoir. Nul attachement à une clé de voûte, à un principe fixe. Mais de petits baisers de son abdomen, au long de son parcours, sur nulle part, sur des plans, sur des points dont la localisation est indiscernable jusqu’au moment de la chute.
    Les colombes grises symbolisent en haruspicie la femme mariée. La vie maritale. J’ai pensé à Klossowski, dont les réflexions portaient sur la condition maritale, amenée à l’élaboration artistique, donc à un jeu de transgression, selon l’esthétique de son époque, marquée par les théories de Bataille. Je me suis rendu compte qu’il y avait un trésor de culture duquel j’avais à peine un aperçu dans cette colombe grise.
    Puis j’ai pensé à la partie ouverte de ma conversation avec un autre « poète » (les guillemets me concernent plutôt moi). Il m’a lu les lignes de la main, mais à voix basse, je n’ai pas tout compris. Ensuite il m’a posé une question en apparence surréelle : Berthe et toi, vous êtes des oiseaux ? Je l’ai encaissé comme une requête sur la stabilité de mon couple et, susceptible, je ne l’ai pas laissé poursuivre. Oui, des perroquets, lui dis-je. Ah, c’est pas très honorable le perroquet, il dévoile les secrets, il a une allure ridicule, me dit-il.
    Je remercie l’araignée. Je suis retombé tout de suite sur mes pattes. Non, mon ami, je dis ça parce que les perroquets ont plus de longévité parfois que certains hommes et parce qu’ils sont une constante surprise de l’intelligence.
    La plaie se refermait, l’espoir noircissait le ciel et le jardin. Le fil était là. Je pense même que c’était sur son coeur que j’avais ancré ce fil. Il eut des souvenirs d’un perroquet de la meilleure espèce, de la plus sophistiquée. Il avait donc, lui-aussi, connu cet « oiseau ». Il me raconta que son possesseur, étant musicien, composait à la guitare face au perroquet. En fait, cet être qui a la plupart des fois la malchance, au contraire des colombes, d’être seul et prisonnier, l’aidait à composer. Il est une sorte d’eunuque cultivé, un idiot savant docile et astucieux. L’on pourrait dire qu’ils inventaient la mélodie ensemble. Le perroquet prêtait oreille aux premiers arpèges et quand le musicien hésitait ou s’arrêtait par la fatigue de la création, l’oiseau ancestral sifflait une suite qui venait fermer le passage musical, le compléter. Ce poète avec son histoire venait faire un geste semblable par rapport à mes inquiétudes après son regard sur les lignes de ma main.
    Le début de toute création est fatal, l’on n’intellectualise qu’après-coup, me dit parfois un autre ami artiste. La catharsis commence par nous blesser, pour nous purifier. L’on se rend compte qu’on a perdu du sang quand on est déjà des initiés dans la création. Le perroquet de mon histoire à moi m’a donné une plume unique, il a choisi la couleur rare et éclatante, celle du sang, et non le gris que lui donnait la grande partie de son existence. De l’or, du smog, l’on aurait pu voir tout cela dans les courtes plumes de sa tenue. Mais la douleur de son panache était un don surprenant, comme l’était l’intelligence qui me dépassait chez lui. Un oiseau qui pourrait témoigner du passage de ma vie, et qui a été généreux.
    Aristote est pour moi un chat, un père calme et consciencieux, indépendant et heureux, libre. Le perroquet auquel je m’identifie n’est pas le théoricien qui a écrit la Poétique de la tragédie, Aristote d’abord, ensuite, bien sûr, Nietzsche, Walter Otto… mais le poète de Sophocle ou Euripide. Tout comme le perroquet du musicien est son Orphée.
    Des sauts d’araignée donnent de l’espoir, l’on est en santé, l’on tiendra la nuit. Même si nos mains nous rappellent le chagrin, le lendemain. L’on s’en servira des doigts, chère araignée, et de la salive qui cristallise dans le fil d’un poème sans attaches apparentes, fruit d’un baiser en chemin. Sur le plan, sur nulle part, sur le refus des parcours des falaises.
    53. Pandora (C.), le samedi 10 juillet 2010
    Puis-je me permettre une indiscrète et ultime question ? La « panthère rose » est-elle ou non la « Panthère » tout court ? Je pense que c’est non, car il me semble avoir reconnu une rose… Ne seriez-vous tous des bandits ou des voyous ? C’est la question que je pose….
    54. la panthère rose (C.), le samedi 10 juillet 2010
    Chère Pandora, ces questions demandent la discrétion capitale, mais je peux vous dire que Panthere tout court c’est une autre, nous sommes plusieurs félins sur le site.
    Des bandits, des voyous ? C’est ce que dit ma tante de votre admiré Gabriel M.
    55. la panthère rose (C.), le samedi 10 juillet 2010
    Et ça sans compter le propre leo, notre hébergeur, qui pour elle serait pratiquement un chef pirate de Somalie (ou, disons, des mers culturels), compte tenue que, tout comme Freud pour les cathos, ça sent le diable tout ce qui vient du net.
    Mais je vois que vous dites, « ne seriez-vous tous des bandits ou des voyous ? », donc, si vous me faites parler au nom de tous, c’est encore pire.
    Nous sommes en guerre, Pandora, et la Résistance n’est jamais déclarée telle pendant une guerre, mais on appelle à l’ignorer, la dénoncer, comme un fait honteux et un délit, puisque dans la guerre, depuis la grande dernière, l’autre est un déviant, un voyou « à passer au karcher ».
    Du banditisme, c’est facile à dire, quand le racket policier dans certains quartiers passe pour normal et quand les entreprises gèrent la violence et font de la violence une de ses plus performantes productions.
    Mais la panthère rose est plutôt comme l’éléphant rose, le rêve d’un ivrogne, un charme ou un conte de derviche ou de cabaliste. Elle traverse, elle ne fait que traverser, une panthère ne « marche » pas.
    Mais si votre question, Pandora, est littéraire et vient à propos de Singet et Porcelet, avec ces mêmes prénoms, alors, peut-être il faudrait spécifier qu’ils sont tirés d’une vieille histoire de banditisme chinoise qu’on trouvait éditée à La Pléiade (cherchez vous même, moi ça fait longtemps que je n’ai plus le texte original, mais je peux le chercher pour vous, car j’ai un faible), en deux volumes, mixée par les soins de votre humble panthère rose avec les deux autres volumes (plus connus) de Cervantes. Un autre qui écrit des histoires de presque banditisme en deux volumes. Un succès.

  142. amerj 222 dit :

    un succès. et un oubli volontaire

    tombé sur le silence

    la voix du gronde aimé tranquille

    dompté comme un chien savant

    Paris

  143. LtD KD TPF dit :

    le chien dompté
    tranquilisé
    identité oublié
    échappé involontaire

    la louve repris sa liberté

    Amsterdam

  144. Arthur-Louis Cingualte dit :

    LE CIEL SUBMERSIBLE

    Du miel du ciel au sel des mers
    Roger Gilbert-Lecomte

    Ça fait quoi …? Déjà deux, trois semaines que tout déconne chez les sirènes… même les bulles, troubles, baveuses se mettent à tirer la gueule maintenant. Comme si les derniers contours du Kali Yuga s’incarnaient d’abord dans les abysses. Pourtant l’océan, là, n’est pas Indien. Oh…! Loin de là même : mer noire (on ne le sait pas mais les sirènes ne sont vraiment pas danoises et encore moins méditerranéennes). Oui, oui : mer noire : juste à quelques centaines kilomètres des côtes, pile dans l’axe des fameux escaliers d’Odessa. Plus qu’à se laisser dégringoler.

    Bon, la géographie c’est très bien mais, concrètement, qu’est ce qui se passe ? Pourquoi ces nymphes salées y vont, comme ça, soudainement, de leurs petites lamentations ? C’est pénible. Avec tous les tonnerres qu’on essuie à la surface on frise l’obscénité. Parce qu’on le sait : elles n’ont pas à se plaindre ! Non ? A leur niveau ce n’est plus de la chance hein ! Voyez ces merveilles de corps épatants, ces courbes capiteuses, ces longues queues cobalt et argent à rendre fou un chat, ces cheveux aux reflets roux divins, ces souplesses kama sutresques, affolantes, phénoménales. Elles passent leurs journées spirituelles uniquement occupées à entretenir l’amour, l’ivresse, la magie et la joie ; à renverser des navires et fakiriser des marins. Toutes gâtées de l’ultime écaille aux cils. Et pas une pour foutre la moyenne en l’air. Je vous le dis très certain : foutez les dans la rue, peignez leur une paire de jambe, calez ça dans un minishort et vous verrez les jalouseries. Toutes les femmes qu’elles croiseront se métamorphoseront en ménades hystériques. Les hommes en mille tournantes les déchiquèteront.

    Alors ? Quel est le problème ? Là, dans l’eau… ? On ne voit pas… Ecologie ? Non, trop facile, ça fait bien longtemps qu’elles ont su composer avec le mercure, les filets et tout ce que dégueule le Bosphore. Non. C’est autre chose. Un truc microscopiquement apocalyptique, bien sournois. Tenez, on me le siffle là, justement, à l’oreille : Poséidon s’est barré. D’un coup : plus là ! L’unique géniteur a mis les vagues. Son absence annonce un génocide sans précédent. Les sirènes le cherchent, hagardes, les yeux immenses, jusqu’aux eaux douces. Où est le vieux ?

    -Chéri ? Chéri ? Maitre ?

    Un Dieu, un Roi du monde qui s’absente, faut dire, c’est particulier. Ça désoriente. L’axe cosmique vrille dangereusement. Les sirènes à elles seules ne peuvent plus tenir les comptes divins. Parce que c’est sous ses enseignements qu’on collabore à la terreur nécessaire, qu’on participe à maintenir l’équilibre du cosmos. Il faut noyer, couler en nombre, systématiquement, toujours, que le chaos ne déborde pas. C’est un boulot difficile, éminemment important ; un boulot qui est loin d’être à la portée de tous.

    La situation est catastrophique, la fièvre considérable : des milliers de touristes naviguent admirablement, jettent l’encre et se trempent à minuit sans angoisses. Certains dansent même avec les requins ! C’est le début de la fin. C’est intenable. On se concerte, on prend des mesures urgentes, on essaye. Pas uniquement les sirènes, tout le monde est sur le coup, tout le royaume : crabes, sardines, espadons, même une poignée de méduses moins connes que les autres y vont de leurs interprétations, font feu de plan B. Z ! Alpha !
    Déjà les sirènes ne le regardent plus. Faut dire ces derniers temps le vieux était bien triste à voir, lugubre. Ses tempêtes, ses fameuses vagues parfaitement sculptées ringardisées par celles de collègues japonais frimeurs et insolents. Même les naufrages que lui offraient ses belles nanas échouaient à lui arracher l’esquisse d’une gueule, d’un sentiment. Rien. L’humeur n’y était vraiment plus. Le goût pour plus rien. Les larmes aux yeux il reniflait l’évidence : on se foutait bien de sa pauvre mer – désintérêt total – peur à zéro – moqueries pour ses mystères et ses catastrophes. « L’époque est au saut en parachute. C’est fini. Place aux plages ! Croisières ! Surfs ! Ricochets ! La mer comme partout limpide, turquoise, paradisiaque ! » Un comble pour l’effroyable dieu !
    Illumination ! Epiphanie inespérée ! Alors que l’inquiétude ronge les dernières entrailles des sirènes dévastées le voilà qui revient, hilare, rayonnant, la barbe à papa, tout neuf et avec la promesse de nouvelles plus fraîches qu’une huître de l’île de Ré. C’est évident : Poséidon s’est pris en main : il porte une belle casquette de pilote et une veste subtilement dorée de fins liserés. Il a retrouvé l’acier de son regard, s’est taillé les poils et s’est coupé les cheveux. Les bulles suspendent leur ascension : le vénérable roi observe fièrement ses sirènes hallucinées et s’exclame « Ah mes belles hôtesses de l’air… On va faire un malheur là-haut ! On va inonder tout ça ! On va pouvoir se faire plaisir ! »

    Le dieu jette aux nymphes un plein filet d’uniformes aériens et d’un coup de trident éclair les écaille pour laisser apparaître leurs jambes à tomber.

    Une seconde et elles sont déjà dans l’avion et prêtent à l’abimer.

    La mer était noire. Elle est maintenant impénétrable.

  145. Olivier Bkz dit :

    Il est possible que l’humanité en tant qu’unité n’existe pas réellement, comme n’importe quelle unité du vivant.
    Il est possible que chaque créature chaque individu soit une mutation perpétuelle de son origine.
    Les mesures ou les normes quelles qu’elles soient ne seraient alors qu’illusion.
    On pourrait sur des échelles vagues, ou au contraire dans une connaissance approfondie et intime de certaines âmes, tirer des conclusions et voir quelques lignes de ressemblances, comportementales d’un point de vue vulgaire, ou des tragédies, à un niveau plus élevé et poétique.
    En éliminant les mesures artificielles crée par les systèmes vulgaires des hommes et en prenant en compte la dernière hypothèse, alors il est terrible de penser que nous ne sommes capables d’appréhender que des natures évoluant dans un spectre différent du notre, les âmes se trouvant dans notre spectre nous semblant invisibles. C’est toute l’horreur de la chose, la raison pour laquelle nous pouvons nous sentir parfois seuls au monde . Et la mutation à quoi sert-elle, puisque d’un point de vue pragmatique, seules les fonctionnalités utiles à notre survie semblent compter réellement. Les pointes anormales enregistrées dans un domaine particulier ne sont dues qu’à la baisse anormale dans un autre domaine donné. L’évolution ne connaissant pas un chemin mais d’infinités, il serait impossible de mesurer à notre échelle de vie laquelle d’entre elle se montrera utile à la pérennité. Mais de quelle pérennité parlons-nous si la mutation est un train qui ne s’arrête jamais ? A notre échelle donc, de notre vision des choses, seul le chaos est, véritablement. Un chaos inscrit néanmoins au sein d’un ordre, ce qui invalide immédiatement cette thèse. Quoiqu’il en soit, il parait évident que l’art et son universalité ne soit comme le reste qu’un vulgaire piece of shit. Aussi compliqué ou élevé soit-il, l’art ne reste qu’une vulgarisation de la vie, compréhensible d’un nombre différent, d’une unité fictive, et donc… Encore une fois d’une illusion ne reposant sur rien. Je sais, c’est rude pour un samedi matin, mais où voulez vous que je l’écrive ? A qui voulez-vous que je le dise ?

  146. Olivier Bkz dit :

    Si vous n’êtes qu un miroir imbécile pour l’autre rejouissez vous, vous pourriez être son gouffre de désespérance. Ne croyez pas un mot de ceux qui écrivent.

  147. Olivier Bkz dit :

    Elle m’avait dit qu’elle n’aimait pas Anna, elle l’avait qualifié de sale pute, quelque chose dans ce genre, moi je lui avais répondu qu’Anna faisait ce qu’elle pouvait avec ce qu’elle avait, et que j’éprouvais beaucoup d’empathie envers Anna, et j’aurais pu ajouter que si cette femme avait existé je l’aurais aimé de toutes mes forces, à l’image de cet homme, et Anna m’aurait aussi aimé .
    L’écriture est un pont qui tangue violemment jeté par dessus un gouffre.
    On y avance seul, les siens se trouvent hors de vue, dans les profondeurs.
    Pour écrire il faut savoir se détacher des choses et des gens, pour écrire, il faut être capable de s’envoler à l’envers, un ballon qui s’envolerait tête en bas en direction des profondeurs.

    Tout ceci est une digression, voilà de quoi je voulais vous parler.
    J’aimerais former une contre-force capable d’aller à l’encontre de tous les mensonges dans lesquels beaucoup se roulent tel des cochons dans leurs fanges.
    Ce serait un groupe fasciste, qui aurait pour fonction de bruler certains livres et de salir la mémoire de leurs auteurs. Il faudrait tenir une liste exhaustive, dessus j’inscrirais par exemple Céline et Houellebecq, Cioran, la plupart des philosophes, une haine particulière serait réservée à ces menteurs de fils de pute de Nietzsche, Sartre, de Beauvoir, sans oublier ces fast-food du mensonge qu’étaient Badiou, Freud, ces ivrognes de merde comme Bukowski, la quasi-totalité des prétendus poètes, tous les auteurs qui se servirent de l’écris pour mentir, alors qu’ils possédaient l’exacte conscience de leurs crimes, étouffant cette conscience, si conscience ces étrons humains n’eurent jamais, sous leurs désirs d’une quelconque revendication stérile à l’existence, par la pensée creuse, inutile pédante et abâtardie.

    Bien sûr je serais tenté d’inclure dans cette liste bon nombre de journalistes, de « performers » (le fait d’utiliser cet anglicisme prouve déjà le trop grand cas que je fais de ces abrutis) ou autres artistes « conceptuels », photographes de la chair, artistes picturaux, en particulier ceux s’affiliant à « l’art contemporain » (encore un non-sens dans le nom même de ceux qu’il désigne), et j’en oublie ! Mais l’histoire ne retiendra aucun de ces charlatans, la démonstration de leurs « talents » suffisant à discréditer au quotidien ce qu’ils sont, de manière grotesque, seuls restent dangereux et polluant les écrivains qui mentent.

    Anna était moi, Anna était une partie de moi en réalité, Anna comme sa façon abjecte d’inspirer les flammes, le désir le goût pour l’absolu, Anna se servant de son corps comme je me servis de mes paroles ou de mes regards, de ma bite, par tant de fois, et puis le mal, le mal partout qu’elle voyait, toute cette crasse, le diable dans les autres, dans cette flaque noire qui menaçait toujours de m’avaler alors qu’elle s’étendait sous mes chaussures dussé-je toujours reculer, et reculer.
    Anna un cauchemar incarné, Anna qui finit par pointer le doigt sur son amour en y voyant le visage de son mal…
    Même si je suis aussi son homme prêt à tout pour la sauver, se torturant sans cesse, jouant du chaos tentant même de le doser dans une précise médication, même si je suis son homme foncièrement bon malheureusement je suis impuissant, et comme lui j’ai toujours un train de retard.
    Je suis Anna et son gouffre glacé, jamais je n’ai été le pont par dessus jeté.
    C’est ainsi qu’il faut écrire c’est le prix à payer pour fabriquer un tas d’histoires à la con, moins menteuses peut-être, n’ayant pour objectif que d’insuffler amusement, joie ou peine, de l’énergie à des inconnus l’espace d’un instant.

    Si le mensonge ne peut-être toléré afin de ne pas faire parti du club des fils de truie dans lequel les abrutis aiment à se rouler, je devrais voir la vérité en face. Mon visage changeant perpétuellement, disparaissant, finissant par montrer à l’autre, à l’amour, l’indicible du gouffre pour la précipiter dedans. Toute cette souffrance.
    Il n’y a pas de chien il n’y a aucun mysticisme, il n’y a qu’un gouffre glacé dans lequel je projetai toutes celles que j’avais aimé et juré de protéger.
    « Douleur cruelle » dit-elle. Ou quelque chose du genre.
    « Douleur cruelle lorsque celui que l’on aime est assis à ses côtés mais absent. Peut-être étais-tu autrement avant, avant d’écrire ? »
    Mais non d’aussi loin que remontent mes souvenir toujours le gouffre était là, avant même il était pire.

    Les vieux renifleurs de chattes les branleurs de salon, les vieillards grotesques refusant de vieillir, les petites gens et leurs petits mensonges, le grand mal qu’ils infligent, les fossoyeurs de l’amour les briseurs, le précieuses ridicules, les benêts ahanant, les suceurs de médias, les sacs à merde les sacs à vin les sacs à came, oui dans un sens je suis bien au-dessus de ces menteurs, je suis bien pire.
    Je suis l’homme au visage de gouffre glacé, qui brule enfermé dedans.
    Je suis l’assassin, prisonnier de lui-même à l’infini.

  148. Arthur-Louis Cingualte dit :

    Dans le parc, le lapin bien planqué ne loupe aucune des nanas qui passent. Son regard rouge laser observe et détaille myriades de collants à s’en crever les yeux, napalms de décolletés à s’éclater le crâne. Une rousse, mini short, hanches qui gazouillent, l’embroche un peu trop cette fois. Dix secondes où il reste immobile, ahurit et puis soudainement c’est irrésistible : ses oreilles en ailes, prêt à décoller de plaisir, il sort des jonquilles, traverse tout ce qu’il reste de pelouse et atterrit, à découvert, sur le trottoir, pleine ville. C’est une première pour lui le bitume, les moteurs, les odeurs, tout ce bruit et ce brillant improbable. Il n’est pas distrait pour autant, il s’en fout même complètement : il n’en a que pour le short, ce dirigeable céleste. La fille va vite, ses talons s’harmonisent avec la sucrerie pop qui se chante dans le cœur du rongeur qui, ému, se rapproche déjà et renifle chantilly de câlins et caresses.

    C’est que, sa patte talisman au feu, il est certain : y a moyen « Les lapins plaisent aux jeunes femmes. »

    Alors oui, pourquoi pas, tout ça c’est pas vraiment faux, mais une chose l’est encore moins : la voiture qui le renverse.

  149. Le Crut dit :

    étant du genre chevaleresque… je déteste l’avidité et la victoire qui manque toujours d’humour et d’intimité. j’aime perdre. cela me donne le sentiment génial que j’appartiens un peu à cette communauté de tarés qui me ressemblent. malheureusement j’ai toujours raison (et même si j’aime perdre, ça n’est que par croyance à cette idée que parfois on m’oppose : celle d’avoir tort et dans ces cas je me réjouis et j’accède à la perte et pars en quête de ma raison jusqu’à ce qu’on me retrouve pour me dire que c’était une erreur, bref, je suis du genre chevaleresque) mais justement parce que la comédie humaine n’est pas humaine je déteste qu’on cause des choses divines sans carrément y remédier, en gros l’avide se gave d’immuable pour pondre lui même la loi, pour incarner ce qui le rassure complètement mais sans jamais songer qu’il pourrait être complémentaire de la métaphysique (théâtre en devenir). je prends certes quelques risques en déclarant que la mégaphysique est l’égal du divin (qui est multiple ou un quand et uniquement si on meurt et là je vais me taire car je vais encore traumatiser des mathématiciens) cela explique d’ailleurs pourquoi ils s’obstinent tous à être égaux (avides) un peu comme pour former un socle à côté du bordel multiple et fanfaron qui pète de vie, oui un peu comme pour incarner dans ce grand possible l’un-possible, l’un-carné, cette volonté d’être un objet géant en forme de bite est étrange : veulent-ils baiser le ciel? le ciel a-t-il un orifice? voila les questions que soulève la mégaphysique depuis toujours, science des enfants. (préambule contre le star système)

  150. Arthur-Louis Cingualte dit :

    SUN
    CITY GIRL

    Une rue, la plus rudimentaire qui soit, peut inspirer la vision de mille artistes ; vision qui motivera une douzaine de terroristes à se passer la dynamite en ceinture ; les ambassades inspireront la confusion monumentale d’un cadre dans le nucléaire, l’épiphanie délirante et sanglante d’un chef de guerre au Botswana, le sac de Sidney par une révolution aborigène, le retour du culte du serpent à plumes en Amérique centrale et l’apparition soudaine et sans partage du soufisme dans la politique occidentale.

    Imaginez alors ce que peut provoquer une ville entière.

    Invoquons, par exemple, Séville.

    Séville, toute enfiévrée, toute tabassée qu’elle est par un soleil improbable ne laisse tomber personne, c’est même d’ailleurs sa devise « elle ne m’a pas laissé tomber, » Pourtant, sur place, la tendance se renverse : entre deux corridas, entre les résidus d’un passé arabe glorieux et d’une inquisition soupe au lait, Séville, la journée, sans dentelles, s’accroche. Et puis attention c’est la comédie qu’elle fait, la malade. Elle est la première à s’agacer, à tirer le col, à chercher le contact, à réclamer dans une coulée de morve hystérique de l’attention, de la considération. C’est qu’elle hurle et querelle pour un peu de passion, à demi nue, sans aucune pudeur. C’est par les cheveux qu’elle prend, pas par la main. Le côté féminin de Séville est une véritable pute.
    Selon Lawrence, D.H. – donc pas n’importe qui – le monde est une affaire bouclée. Représentez-vous kyrielles de rubans écarlates qui entourent le globe, l’emballent. Un tissu à peine posé qui achève sa politesse en un joli nœud. Le projet – pour dévoiler tout l’espace ésotérique et inconsidéré – c’est d’ouvrir le cadeau.
    La nuit c’est tout autre chose. Je vais vous le confier même si c’est dur de mettre ensemble ses souvenirs nocturnes (là bas, c’est pas avec du sable que bosse le marchand mais avec de la boue.)
    Au bord du monde sur la place des colonnes d’Hercule il y a encore cette nana qu’on croise partout, cette brune colossale, typique, mi berbère, mi gitane, presque ubique, sa robe rouge comme taillée dans les écailles d’un dragon chinois. Tous la regardent à s’en crever les yeux, naviguent alentours, ralentissent le pas, lorgnent en suricates. Rien de bien méchant, que de la subtilité, que de l’indirecte, que du transversale. Non, il n’y a personne pour déballer, personne pour éventrer, oser cette capiteuse réalité. C’est que la belle andalouse ne manque pas d’astuce : elle feint le simulacre, articule le rêve et le courbe dans la veille.
    Brusquement un admirateur plus déterminé fend virilement la foule : c’est un beau taureau ensanglanté, tout juste échappé. Rien de bien surprenant par ici. Pourtant, là, la bête s’immobilise devant la brune, son regard furieux il bave et gratte le pavé du sabot. On comprend vite : le déshabillé rouge, tout ça… pas besoin de faire un dessin. Le drame se profile, la paralysie est générale, le cosmos suspendu. Pas de zip ni de fermeture éclair sur cette robe encore trop moulante pour la quitter rapidement. L’andalouse dans un réflexe éclair la déchire et dévoile aux yeux du monde toute une réalité merveilleuse ; une réalité si fantasmatiquement espérée, si peu embarrassée de lingerie, une réalité bonne et belle à la fois.
    Le pauvre linge s’envole, cerf-volant écarlate coursé par le taureau. Sur la place, les rideaux enfin ouverts, en une seconde, la foule se rue sur l’outre scène, l’obscène, étreindre cette voie halée enfin incarnée.
    Le goût populaire pour le virtuose, pour l’admiration qu’inspire le soliste évanouit souvent – et bien malheureusement – toute la grâce du geste quand il atteint l’automatisme. Force est de constater que là, l’effort, si terrifiant soit-il, est d’un panache admirable.

    ***

    La robe navrée est maintenant au dessus de la ville, elle croise quelques nuées, virevolte un peu. Au dessous d’elle on peut enfin voir Séville entière.

    Arthur-Louis Cingualte

  151. Arthur-Louis Cingualte dit :

    LA FILLE DE L’OS

    Mexique – Puebla – parking de zone industrielle – volcans au loin (Popocatépetl, Malinche…) – Désert médiocre – une baston d’ultra (CF Puebla vs Club Santos Laguna) – grande quantité de poussière et de sable soulevée – son et lumière – Fumigènes pourpres, roses, écarlates, jaunes – sifflets – trompettes – drapeaux – salives – tatouages – muscles – beaux onomatopées hooligans tendues vers le ciel – cheveux rasés, nuques dégagées – spectacle et virilité

    Le goût commun pour le virtuose, l’admiration qu’inspire le soliste évanouit souvent – et bien malheureusement – toute la grâce du geste quand il atteint l’automatisme. A l’orée de cette esthétique, de ce corps sang et chair Christ la baston ne manque pas d’allure ; l’esprit là : ça tabasse fort et en chœur.

    A l’écart, spectateur, un mec assis sur le capot d’un 4×4, drague une petite rousse :

    – C’est drôle parce que ce week end je pars en randonnée. On va à la campagne, parce que j’aime vraiment les os. Mes copines aussi.
    – Le os… les os ?
    – On cherche des endroits un peu dégarnis. En bas des volcans, pas loin. Près des rivières aussi. Et on creuse. C’est bizarre non ?
    – Bizarre.
    – Certaines filles aiment les bijoux.
    – Oui.
    – Où même « j’adore les écharpes ! » Moi j’aime les os. Mais vraiment. Une vraie passion.
    – C’est intéressant.
    – Oui. Une fois que tu te l’avoues, que tu dis les aimer tu les vois partout. Vraiment partout.
    – Je n’y avais pas pensé.
    – Les animaux tués sur la route.
    – Quoi ?
    – Ils y a des animaux écrasés sur les routes. Ils doivent avoir des os non ?
    – Bah si.
    – Oui. Plein ! Et puis, là, c’est gratuit. Ils sont juste sur le côté. Y a pas besoin de creuser.
    – Malin. Tu achètes des os sinon ?
    – Pas directement. Parfois je les obtiens comme sous-produits. C’est toute une stratégie.
    – … ?
    – Par exemple je t’offre une entrecôte. Qu’est tu en retires ?
    – La viande.
    – C’est le plus gouteux.
    – La viande. Cash. Jusqu’au bout.
    – C’est bien mais pourtant tu as tort. Tu oublies l’os gratuit. Les charognards les laissent aussi…
    – Je vois.
    – Il est plutôt sexy cet os en plus.
    – C’est drôle. Je n’y avais jamais pensé dans un sens sexuel.
    – Personne ne parle vraiment de la sensualité des os. Ses courbes. L’arc. Lisse. Blanc. Vierge. Elles sont très charmantes ses courbes. Douces. Surtout les vertèbres. Là je me mords la lèvre. La vertèbre…
    – C’est un bel os.
    – Oui, c’est un bel os.
    – Oui.
    – Non. Ça l’est vraiment. Il m’émeut. Il m’excite. Un de mes préférés.
    – Et toi ? C’est quoi ton os préféré ?
    – J’y ai jamais pensé… Le fémur.
    – C’est un bon.
    – C’est bien un os ?
    – Oui. Un vraiment bon.
    – Cool.
    – J’aime bien la clavicule aussi, moi.
    – Oui ?
    – J’ai des clavicules particulièrement proéminentes. Regarde, tu peux voir si je fais ça.
    Elle tire sur le col de son t-shirt. Le déforme. Se tend, se penche, découvre bien plus – pour le bonheur du type – que ses clavicules.
    – Oui. Je vois très bien.
    – Si je fais ça – elle se colle, cambre complètement – tu peux vraiment voir… Tu remarques comme mes clavicules sont… massives, non ? Proéminentes quoi ?
    – Très.
    – Tu peux bien voir.
    – Parfaitement.
    – Tu peux probablement mettre… Si tu peux…
    – Oui…
    – Vas y met du sable dedans.
    – Du sable là ?
    – Mets juste… Là…
    – D’accord. Je prends du sable.
    – Tu vois ?
    – On y est.
    – C’est dedans ? Peut-être que si je pousse cette mèche.
    – Non c’est bon : c’est dedans.
    – Oui. Je le sens. C’est chaud.
    – Voilà. J’ai mis du sable dans tes clavicules.
    – Ah… ça dégringole. Il tombe dans ton t-shirt.
    – Il en reste toujours ?
    – Je vais regarder.
    – C’est bien.
    – Oui… T ‘as de belle tâches de rousseurs dans le cou.
    – Et les cornes ? Hein, les cornes ?

    Mais, comme c’est toujours le cas lorsque le voile est enfin ouvert, il y a autre chose : la baston des ultra a pris des allures de partouze. De partouze sur la fin. Bien sûr il reste quelques coups, quelques enchaînements de derniers dan, quelques combos par ci par là, mais l’enthousiasme n’y est plus. Un lambeaux de ci, de ça… La beauté du geste, le panache, que des promesses qui sont bien loin maintenant. Les clameurs des fans de foot ont laissé place aux gémissements. Les fumigènes font la gueule. On se ramasse sportif, fraternel, tape-dans-le-dos. On se tient les cotes, se supporte les coudes, penché, vieillit, les jambes échassées, fragiles, casse gueule. On marche presque sur la tête, quatre-patte pas loin. Beaucoup d’os sont, entre deux bleus parfois jaunes/noirs, fêlés, brisés… On s’en plaint, on en renifle les yeux un peu humides. La rousse, là, tient plus : elle court aussitôt les embrasser et les bander avec des éclats de sa jupe.
    Ils l’ont bien gagné.

  152. Manuel dit :

    Sur les autoportraits en Enfer

    Il a peint à l’encre de Chine?
    Je marchais dans la ville; c’était massif et morne; je prenais du Red Bull. Il pleuvait et commençait à faire nuit, je veux trouver des livres d’occasion en rentrant chez moi, mais suis encore loin. Je passe à coté d’un éclairé et solitaire magasin de congelés. Personne sauf une belle brune longue à la trentaine et des gros papiers manuscrits au feutre gros. Je les lis du dehors. On congèle des légumes de la Renaissance, on offre aussi de l’encre congelée. Mon dialogue est lent, très, très lent tant d’un coté comme de l’autre, on dirait qu’elle est érudite; elle regrette que les légumes dont je m’intéresse se soient épuisées. Des longs silences nous fixant les visages; des détours élégants longeant les réfrigérateurs; robe en cuir, bas noirs, talons.
    Je fais pour elle le calcul du prix du gros paquet et reçois un « Tiene usted muy buena memoria ».
    J’emporte des tonnes de sacs en plastique; la librairie est mesquine et prétentieuse : des jeunes élèves de Letras Hispanicas, pupilles gâtés des nouveaux professeurs, y gèrent. On me demande de laisser tous mes sacs et je ne trouve que des titres anodins. Il se saluent à grosses voix; je remarque la façon automatique dont ils disent que c’est difficile de trouver « la Generacion Beat » et se recommandent les uns les autres de « lire »: je vois qu’ils se moquent de moi…
    Les seuls livres que je prends pour moi au milieu de ses ordures puantes ont un prix exorbité; comme un supplice.
    Ils semblaient quand-même excités par l’idée que je leur fasse visite!

    C’est comme ça que j’ai décidé de peindre un autre genre d’autoportrait : il porterait comme titre Les pédants de « Praga », étant celui-là le nom de la librairie.

    Ca allait résister encore quelques heures ce soir-là, car tout a commencé par une chose plus simple. Une amie française et un autre ami américain viennent me visiter : en voyant tous ces dessins sur du kraft, ils regrettent que je ne fasse plus d’autoportraits. Pas d’ampoules qui marchent, de ce coté de la maison. Il n’y a que la grande et nouvelle chaudière qui fonctionne 100 pour 100. Elle réchauffe et l’atelier et le salon, mon ami américain pourra quitter son manteau et l’écharpe. La Gioconda est un thème efficace pour attirer leur attention, j’en ai fait plusieurs. Mes goûts ne comptent plus, on n’y est plus à l’écoute…

    Ils doivent aimer me voir, s’ils insistent autant sur l’autoportrait…

    Je pense que je devrais entrer dans le jeu social, si je veux devenir un homme d’affaires. À la Calle Zapatin, on vend des souvenirs, des chaussures; il y a longtemps qu’ils disent la bonne aventure, suffisamment chère pour que ça soit un négoce. S’installer dans la province. Répandre des rumeurs. Les diseuses dans mon milieu ce sont elles qui mènent tout au but. Je raconte mon projet de voyage, je parle des ampoules, on voit une femme dans ma vie. On me recommande des soins de beauté un peu extravagants dont je prends note dans des bouts orangés de papier de la voyante : il faut se purifier à l’eau de romarin et mettre des oeillets à la baignoire, moitié blancs, moitié rouges.
    Ma dette karmique en est finie.
    J’ai bougé trop longtemps au plan astral.
    Plus du coté de la peinture que de l’écriture, mes rentrées.

    Mon amie française est avec moi tout le temps :
    Elle regarde sa montre, je dois me dépêcher, il faut que je brûle du Fassour avant le coucher du Soleil. Puis, à l’encensoir, l’autre soir, j’ai brûlé par maladresse un parfum profane. Il sent bon et je peins en écoutant musique.

    L’encre est froide mais suffisamment fluide. Elle est animale et vivante; elle pue le poisson.

    geste tendu
    Wayte, Merton

    composiciones:

    mesurer l’Enfer= sa largueur et longueur; sa profondeur

    – visualiser les damnés
    – les entendre crier
    – sentir la température des flammes et chaudrons
    – sentir l’odeur de fumée

    Mon amie française a écrit sur moi, début de l’hiver, un long article scientifique. Je cite :  » Il est sorcier. Son Art relève d’une magie qui est à la fois ancienne et celle des révolutionnaires, du tarot, des kabbalistes. » Elle décrit mon atelier de travail comme un laboratoire d’alchimiste. Même les livres qui y sont éparpillés la surprennent. Les trois bougies que j’allume toujours au sol. Le jour où je lui propose de poser nue elle semble transportée, s’attendant à une espèce de métamorphose.

    J’ai beaucoup d’idées. Mais je ne comprends pas mes idées. Aucune idée qui m’aide à les décrire. Donc je propose qu’on passe plutôt chez elle; pour ne pas être dérangés et qu’on prenne les premières notes.

    Elle pose allongée sur un coté. Je travaille sur du kraft. J’en fais trois ( 1 m x 1’50 m ). Puis elle fait toute une série de gestes de courtisane ( elle m’offre un verre, une cigarette, elle regarde de coté en tenant la cigarette, elle ouvre une chemise…) que je photographie en bougeant autour comme dans l’ivresse. La signifiance passe très vite par le cerveau, puis s’envole. Elle s’endort sur le sofa de l’atelier et je travaille sur une toile de 2 x 2 au sol avec des pots d’un litre d’huile blanc titane et terre brûlée. Je dessine sa veste avec un rouge de cochenille et sa mini-jupe à l’indigo.
    Je me couche sur le tapis. Mon amie française raconte ses rêveries sans bouger :

    « Je montais au Ciel et des anges travestis m’interrogeaient. Une de ces anges, noire, peinte de bleu aux paupières et rouge vermillon à la bouche, s’est approchée de moi et m’a demandé : Connais-tu le chemin ? As-tu suivi nos traces ? Vois-tu le lait sec et la musique arrêtée depuis nos cris ? Je regardais autour, là il y avait des phénomènes d’espace pleins de mouvement, de lumière et d’ombres. Mon sourcil gauche signalait la Lune, l’autre le Soleil. L’ange traverse à une grande vitesse l’espace vers le fond et là il engage un flirt sur un nain. Les deux disparaissent.
    « Un autre ange, cet fois-ci invisible, me raconte, mon amie, tu dois parler d’une Guerre au Ciel. Serait-ce celle de l’ignorance. Ne devrais-je parler plutôt d’une Peste au Ciel ? Quelle est la Raison de Dieu, qui commande la maladie ou les rêves ? Je fais un voyage à travers la transe aux Vérités du Ciel. D’où sort mon :

    « 1er extase
    « Une femme qui représente la Terre est atteinte des jours de sa menstruation. Avec son concubin au lit elle garde sa culotte beige ample et serrée. Le concubin lui propose, puisqu’elle veut éviter le coït mais pas les jeux, de lui mettre un peu de beurre à l’entrée de l’anus et la sodomiser. Très vite elle empoigne le sexe et précipite un « jouis sur mes seins, donc ». Elle le branle, penchée sur lui, énergiquement. Le concubin reçoit ses halètements et éprouve une reconnaissance intime de sa propre excitation dans le souffle d’elle, sa branleuse frénétique. Dans sa frénésie elle ajoute ses mamelons aux stimuli sur le gland. Qui représente le concubin de la femme que représente la Terre ? Serait-ce Adam, destiné à reposer dans son gouffre ? Et pourtant, la Terre, atteinte des jours d’apocalypse dans lesquels ses fruits tournent à l’amertume, épargne à l’Homme Primordial le repos d’une tombe. Elle interdit le coït, et, nonobstant elle joue avec l’homme le jeu de l’Amour !
    « La Terre enduit ses seins du foutre de l’Homme. Ils rêvent ensemble que cette substance les raffermit, les fait plus lourds et plus tendres. C’est le Christ. Il n’est avec elle pour la féconder mais pour oindre son corps, pour le sublimer. Le subtiliser, dirait-on, à force de la laisser manèger, affolée, sur le sien à lui. »

    Est-il possédé par le diable, soit un vampire ?

    Je me suis demandé si mon amie française était une espionne. Cette peur qu’elle soit une agente secrète est équivalent de la peur de faire l’amour avec une espèce de vampire ou de démon. Ses ébats, ses orgasmes, me semblaient dans mon angoisse puiser sa force d’une intentionnalité infernale, archontique, de fauve saturnienne, quitte à vouloir me joindre au nombre des serviteurs ou esclaves d’un dieu méchant, d’une Babylone ou d’un Moloch dont j’ignorais les détails. Devait-on essayer les fissures dans la sécurité aux aéroports américains ? Aux rayons-X on l’arrêtait quelques minutes et on sortait un canif pas si petit dont elle ne m’avait pas prévenu dans nos bagages à main. Elle contrevenait par méthode les ordres. Se levait et marchait vers les toilettes pendant l’atterrissage, faisant sauter comme par ressort la seule hôtesse d’un petit vol Miami-Washington. Elle croisait les avenues en dehors de tout code du piéton. Elle se faisait suspecter.
    Mon silence nouveau, l’ampleur de ma discrétion, ce sont déjà des symptômes de possession, des diffus états vampiriques.

    On ira essayer de vendre certaines des oeuvres sur kraft au marché latino des Etats-Unis. On prend des renseignements sur le coût d’un voyage à Miami en prenant compte qu’il faut ABSOLUMENT marouffler sur toile les papiers. A cause du climat chaud et humide de Floride les collectionneurs n’achètent jamais du papier.

    Berthe voudrait que j’y mette de l’ordre sur mes rouleaux de toile et mes substances entassées. Elle me suggère de travailler au chevalet pour ne pas faire des bosses sur la toile. De même ça l’irrite que je coupe mal le kraft en rendant difficile le cadrage puisque je vais jusqu’au bord. Et puis l’idée de marouffler les krafts lui semble excellente justement parce que ça permet d’aplatir les gondolages et faire l’oeuvre lisse.
    La toile a besoin de bosses et le kraft de gondolages pour être peinture.

    En vue de trouver de la décontraction et d’être prêts tous deux aux idées de la pose, je réfléchis à la substance à prendre ensemble. Je suis personnellement caféïnomane. Mais connais quelques substances du bord non-légale, légères en principe. Je pense au chanvre, qui m’a apporté d’autres fois une économie du volume et ses agencements dans la composition, ainsi qu’une certaine sensualité perceptible dans mes traits. Mon amie se dit connaisseuse, avant tout on se laisse aller au fil les rues de mon quartier, là où il suffit de marcher lent pour se le faire offrir. C’est le jour encore, on passe au quartier de montagne, imperceptiblement, on engage un dialogue en route avec un ethnique du terroir. Là il porte deux « chinas » de polen. A dix €. Elles sentent bon. Tout semble en ordre. Je suis en train d’opérer à la vue de tous et mon ethnique me suggère de me décaler un peu. Souriant j’ai payé d’un billet de 20 €, j’ai cru comprendre dix chacune. L’honnête chameau me rend dix. Je lui rend une des « chinas »; un peu contrarié il la prend en me disant « haz lo que quieras ».

    Elle bombe et cambre ses hanches accoudée au tapis, me montrant le sexe à travers la subtile culotte. Mon collectionneur du XXe avère que les pastels s’adonnent aux effets faciles. C’est peut-être le cas chez ses autres peintres. Volubilis. Les pastels Sennelier portent des bizarres et subtils esprits, ils ont une plasticité éphémère qui demande qu’on leur épargne le fixatif. On porte sur nous, la faisant traîner par l’atelier avec nous, une enregistreuse. Elle est en train de m’interviewer pendant qu’elle pose, c’est une surdouée. Quel est mon rapport au mythe, aux divinités anciennes ?

    La peinture, quand elle relève de l’Art, est toujours plus près de la sculpture que du dessin. Il faut que les esprits aient de l’épaisseur pour s’y déposer, quelques tâches lourdes pour s’y agriffer, une certaine confusion dans les brillances, une surface qui soit comme parcourue de vagues, qui leur soit analogue. On est à la découverte de la matière. Qu’est ce que c’est que la Prima Materia sinon la Matière la plus chérie, celle qui porte le feu des rêves et les paysages d’enfance ?
    On pourrait parler d’un Désir-de-Matière comme d’un miroir dans lequel la peinture fait visible le désir des âmes pour l’esprit. Le peintre donc va chercher en bas, descends dans les cavernes, pour que l’âme, la pensée, puisse monter au Ciel, vers le Père.

    Il est tard dans la nuit mais une bonne heure pour aller écouter du vrai flamenco aux grottes du Sacromonte, celles qui n’ont point de programme. On est comme affaiblis par tout ce qu’on vient de faire, par l’ivresse et par la baise, par la musique étourdissante de notre discussion. Une plongée dans le Ciel, au sortir de la rue. Comme des atomes de Lucrèce, passant à travers le vide rieur.

    Nous sommes allés trop loin dans la promenade. Les grottes qu’on a vu ne nous attirant pas, on les a dépassées et nous avons suivi le chemin : on a passé, dans le noir, la cuesta qui mène à l’abbaye. On marche par un chemin de terre sans lumière qui en principe devrait déboucher sur la petite cortijada de Jesus del Valle, presque aux sources du fleuve. Je n’ignore pas que c’est un endroit de plus en plus non habité. Avant on faisait du pain, il existait dans mon enfance des champs de coton et des granges : la dernière fois que j’étais venu il n’y avait plus rien de cela. Une solitude étouffante et les allées et venues, à un moment de l’heure de la siesta, d’un motard inquiétant qui m’a guetté de loin d’un air de menace.

    Un piano se laisse écouter du fond de la vallée. Par le champ, heurtant des branches tombées et l’inexprimable angélique sèche, Berthe s’avance dans une ruine et disparait. Je voulais lui dire de revenir. Mais la crainte d’attirer ce que je supposais être des délinquants me faisait avaler mes murmures : je me suis avancé et approché du trou sableux d’une fenêtre. De là j’ai pu bien percevoir un piano. N’ayant pas de portes ni toit ce piano encore entier me sidère, je vois des bougies fumantes et pas de chaise. Le silence ne me laisse rien supposer.
    Berthe !
    Je crus l’entendre chuchoter « oui, viens ! »

    Je dois avouer que c’est accablé d’une grande timidité que je suis rentré dans ces domaines : ils semblaient vides tout d’un coup. Des traces de verres sur la caisse à résonances. En face du piano, noirci par des couches de fumée, un tableau dont les détails se cachent dans sa patine. Il à l’air de cette peinture de nus allégoriques et costumbristas de Julio Romero de Torres. Mais la signature est d’un autre.

    Un malaise me prend. Je vais au fond jusqu’à la seule porte de la ruine : la voix de Berthe se laisse entendre derrière cette porte. Elle dit qu’elle va me présenter un peintre.

    Je retourne au tableau.

    Des tigres entourent un couple de jeunes amoureux dans ce clair-obscur du bitumé et des terres noires qui ne cesse de me ravir. Un fond de crépuscule.

    « -Te explico el cuadro ? » L’homme est gitan ou « agitanado ». On se serre les mains. Un chien aboie près du fleuve, en me distrayant des explications du peintre. Mais on passe à d’autres matières. Il me demande mon nom et insiste sur ce que je lui donne mes deux noms. Peut-être connaît-il la famille de ma mère. Il me prends du biceps et me conduisant au fond et la main sur le poignée de la porte me répète plusieurs fois qu’il est José, le père du père de ma mère.

    « On va passer par un chemin souterrain, mais ce qui t’intéresse, à toi, c’est de connaître. Tu peux être confié sur ton guide. Tu as mes paroles pour te soutenir. Ton atout c’est que tu es comme tu es. N’aie pas peur. Bien de merde, pas mal de pourriture tombe du plafond. Le monde des idées nous jette ses ordures, ses os ou croûtons/ on fera comme si c’était de la manne. Bien que je suis fait comme de silence, je me suis fait pour toi, ce soir, de paroles; regarde ta femme, là, à se baigner… »

    Berthe, dans la longue étendue de la cave, est vue au fond nager dans un lac sans rivière.

    L’espace de cet atelier est celui d’un monde souterrain, mais surélevé en égard d’un certain feu, il est vaste ! Il est vaste et suppose une étendue comme celle d’une poêle qui aurait couvert tous les Champs Elysées ! Sur la surface de cette poêle on saute et l’on va et vient, mon ancêtre, mon amie française, et moi. Ses toiles sont peintes à la graisse de cuisine, au pétrole, à la merde, à l’urine. Il en a qui figurent les vierges en plâtre couvertes de poussière et des cendres de volcan, celles à qui il prie et qu’il place à coté des bouddhas chinois et des bustes en or de Camaron de la Isla.
    On décide qu’on va explorer l’atelier.

    Je passe la porte de l’Est. Le fond de poêle est constant.

    L’espace est inexplicable. Je rencontre un personnage au regard dilué. Il s’habille d’hermine. Il marche pieds nus. On se met à parler. Il me montre six femmes qui montent garde autour d’une grande statue d’un homme couverte de plumes multicolores. Je crois reconnaître dans ses traits Marcel Duchamp, quoiqu’on pourrait aussi penser que c’est Lévi-Strauss. C’est ce type d’espace absolument opaque des bars qui miment des bibliothèques. Je n’éprouve aucun désir de lire ces livres.
    – Je viens de maudire cet endroit, me dit-il.
    – Mais pourquoi ?

    – Voyez, je viens de tout lire, dans cette grotte !
    Il me montre un petit bout de papier sur lequel il a dû ébaucher quelque chose.
    – Prenez par exemple le tout premier livre que j’emporte au hasard : El circulo de la sabiduria : si bien que sa théorie ou sa thèse de base est osée et intéressante, à savoir, une origine méditerranéenne des mandalas tibétains, via le gnosticisme chrétien et manichéen qui fait la route de la soie, quitte à ce que la structure diagrammatique de ces prêts soit encore plus soigneusement remise à une origine classique grecque et juive dans un autre livre du même auteur que j’ai trouvé rangé à coté : Filosofos griegos, videntes judios bien que cette thèse osée, forgée auparavant dans l’étude de l’art de la mémoire de Giordano Bruno, ne soit que le prétexte pour déployer dans des complexes et efficaces structures diagrammatiques les données actuelles sur les différentes écoles du gnosticisme et bien que sa langue espagnole atteigne des degrées d’élégance et de subtile richesse inconnus dans ce pays depuis Gracian, je tiens à penser qu’il n’a été utile qu’à justifier des pertes de temps. J’ai acheté des planisphères du Ciel en métal au Louvre, pour suivre à tout instant les connotations astronomiques des moments de ma lecture, j’ai conçu l’idée d’en faire une nouvelle Divine Comédie en accord avec la gnose ancienne et j’ai mis des années à bâtir le Cosmos… Il en est dans l’écriture comme au dessin. On doit prévoir les mouvements qu’on devra faire. Puis les faire comme s’ils allaient de soi. Donc je me suis conduit en suivant mon naturel lubrique et en ayant élargi mes connaissances j’ai raconté une histoire de bordel que personne a voulu entendre et qui m’a mis dans la détresse…

    – Elle semble bien pénible et triste, votre histoire, racontée comme ça – j’allais dire. Mais il se rapprocha encore plus de moi et me souffla à l’oreille :
    – L’éternel féminin nous épuise dans toute cette gymnastique érudite !
    On est séduit par la femme interdite !
    On est amené à des idées de sainteté qui nous rendent inutiles !

    Le vrai Oedipe n’est pas si facile… Prenez le livre de Nahal Tajadod qui se détache des autres d’une façon rayonnante et mystérieuse : Mani, le Boudha de Lumière. Aux autres elle fait du pastiche, du docu-drame, mais là, grâce aux artifices typographiques d’une oeuvre plus académique, elle se montre bizarrement séduisante : elle fournit des schémas, des listes, des traductions, un catéchisme manichéen qui occupe en caractères chinois une bonne partie du livre; l’éclat de l’occasion de connaître une religion si mal connue, qui fut celle du jeune Saint Augustin et qu’on retrouve mélangée au taoïsme et au bouddhisme en Chine, la renommée de révolutionnaires des manichéens, qui à travers les âges arrive même jusqu’en mai 68… Tout ça aurait peut-être suffi à me faire discrètement intéressé de sa lecture. Mais jamais la lettre ne se présente sans son obsédante féminité !
    Une tante très chérie m’a procuré le livre, en me le faisant parvenir par la poste. Je l’ai placé là, avec les autres.
    – Bienvenu au monde des tantes !, interromps-je. J’en ai aussi une très chérie !
    – Si c’était si simple…! Mais moi je devais la note à un désir adultérin ! A cette occasion les femmes se démultipliaient autour de moi en étant chaque fois plus érudites ! Je vivais avec une poétesse qui était enceinte de moi, on va dans une fête au vieux quartier, chez un écrivain, et une très jeune parisienne se présente à moi en m’offrant de la sangria et en parlant de patristique, qui est d’ailleurs ma matière le plus secrètement préférée.
    Une ou deux années s’écoulent dans des dialogues à trois, puis à deux quand chaque fois ma poétesse s’endort avec le bébé, dans l’autre chambre. La persistante présence dans mon esprit de cette parisienne, dont la beauté physique est même plus accablante que l’extrême érudition. Je verse toutes mes angoisses dans des lettres à ma tante, en lui disant la ressemblance de cette parisienne et d’elle plus jeune. Le livre arrive. Je me sens emparé de toutes les femmes que j’aime, en plus de l’auteur-femme à laquelle j’attribue les mêmes charmes physiques qu’aux trois autres. Mon couple craque, la parisienne tombe malade d’une étrange mélancolie, ma tante aussi. Je change de ville plusieurs fois et deviens dépendant de doses pathologiques de café.
    Je réputais au café être une quintessence alchimique, une sorte d’or potable, d’obscurité, donc de lumière, faite nourriture de l’âme, la diète manichéenne la plus actuel : en fait le café a été, en dépit de la forte anxiété qu’il m’induisait, une sorte de fort antidépresseur qui m’a soutenu tel un fantôme dans ce désastre.

    – Il me semble, j’ai glissé, que tout cela est votre faute, et non celle du livre…
    – Prenez un autre, peu importe, et vous verrez à quoi je veux arriver…

    J’ébauche un mouvement vers les étagères, mais aussitôt l’homme s’interpose pour me fermer le passage.
    – Connaissez-vous le poète andalou José A. Valente ? Ma parisienne nous avait envoyé autrefois des livres à lui, ajoute-t-il comme au passage.
    – Bien sûr. Il me semble qu’il a été, disons, parrainé par le cubain Lezama Lima aux années 70, je fais mine de commencer à faire le menu de mes connaissances sur Valente.
    – Et bien. Vous voyez le statue avec les six femmes ? Vous avez crû probablement qu’elle représente Marcel D. ou Claude L.-S., mais je pense que c’est Valente.

    – Guia Espiritual de Miguel de Molinos./ Pour une des éditions, celle de Seix-Barral, Valente aurait écrit un prologue intitulé Ensayo sobre Miguel de Molinos avec pas mal de détails sur la polémique et le procès qui menèrent l’auteur dans les prisons de Rome. Il met le quiétisme de Molinos en rapport avec le bouddhisme zen, et on lit avec intense délectation ces quelques pages sobres et violentes.
    C’est un livre pourpré, scellé des dauphins de S-B, protégé d’une chemise de Cellophane, garni d’une bande à slogan sensationnel du genre des éditions propres au Destape (le Dénudement ou le Découvrement), comme on appelle en Espagne la fin de la censure franquiste.

    L’homme semble soudainement ensommeillé ou ivre, des larmes pointent à ses yeux, et comme mollement il se repose sur moi, sa main frémissante à ma nuque, et me dit que je sois bon, que je n’oublie ni ne laisse tomber les tâches ménagères, même s’il faut faire la vaisselle ou balayer le soir, aérer la maison…

    Il y a un Art qui est reconnaissable, peu importe le contexte.
    Pensez à tous ces bon élèves de la librairie Praga.

    Quel angoisse d’éprouver que l’Art est partout !

    Une figure étonnante s’approche de nous, la tête et les épaules couvertes de mouvantes et grises souris. Il est vêtu en curé, il est blond. Il a les mains à moitié levées et tourne les paumes vers nous, faisant figure d’éventail. Mais il les cache derrière lui, se met très droit et commence à chanter d’une voix martial. Il chante en fait d’une voix martial rien que des vers de St. Jean de la Croix. Je me mets à genoux et sur un papier dessine ce que je suis en train de voir. Il ressort les mains, semblablement pour que je puisse les dessiner. Et ferme la bouche, pour que je la dessine fermée.

    Il me semble que mon âme est en train de se frire à l’huile, dans cette poêle du revers du monde. Ce sont des sensations schizophrènes, vous diriez, mais ce sont les opérations subies par la chose de l’art. Je sens, dans une espèce d’expérimentation de la croyance, que le noyau de mon âme est là, dans le regard que portent ces ombres et figures. Les arbres souterrains et les éternels crépuscules de lave, les chants de douleur des petites statuettes, l’approche du juge pressentie par un flot de ranceur. De la porte du jardin on aperçoit une usine démodé. Ce sont les forges de Vulcain, Héphaïstos en fait les couronnes de fer des grands animaux du zodiaque, les chaînes des lectrices d’horoscopes et les envoûtements des artistes efféminés ou trop mâles. Il travaille seul, il n’a pas de garçon, seule une ivresse au regard de plastilina et des bouteilles à demi vides d’aigre et obscure Ambroisie.
    Son armement est cosa mentale, tout est dans la tête, selon ce qu’il raconte, mais sa difformité est bien réelle.

    Combien n’en est-il hystérique le (bon) goût de la « mythologie » !! Combien d’expériences creuses !! Vulcain est bureaucrate !! C’est lui le Démiurgue et ce sont ses dictionnaires qu’il faut dénoncer; les chaînons de l’idéologie !! Face aux vivants, ce Mort des Morts crie à l’hérésie, aux superstitieux !! Et pour la putréfaction de ses Morts il parle de loisir !!

    Il me semble que mon âme est en train de se frire à l’huile, quand je ramasse des torchons tachés de peinture, des bouteilles de dissolvant et des cendriers. Face au curé. Je pense qu’il est sorti de la forge. Mais je n’ai aucune évidence. Je ne devine pas son âge.
    Je l’ai dessiné, il faut que je le peigne.

    Après avoir entendu le discours du curé aux souris, du temps s’est passé à prendre des renseignements sur les lieux. Ayant appris qu’il existait une vrai ville au coeur de ce monde d’outre-tombe, je me suis engagé à m’y rendre pour faire ma vie. La veille on m’a conseillé de faire des ablutions. J’ai trouvé un travail comme professeur de lycée. J’ai fréquenté des théologiens, mais j’avais de trop ancrés principes d’hédonisme. Je suis revenu plusieurs fois dans la bibliothèque aux allures de bar et dans l’usine, où je venais passer des commandes. Mais je n’ai pas entendu reparler de mon arrière grand-père, soit par peu d’effort de ma part, soit parce que je n’avais pas le temps. Le matin, Berthe vient me voir dans l’avant-cour privé de mon atelier à la capitale. On savoure l’amour ensemble avant le repas de midi, quoique cela nous a pris du temps. Je veux dire, que avant on passait la nuit chez elle, étant censée être une manière plus normale. Les préoccupations sont trop graves le soir, pour qu’on perde ensemble notre temps. Les statues de la porte font une sorte de bienvenue à Berthe, de leurs gestes figés et humoristiques. Je pense que ça suffit comme hommage et j’ai renoncé au mariage. Nonobstant on avait signé, après mon achat du nouvel atelier, une sorte de document à usage privé de nous deux pour que les questions sexuelles soient claires et il y ait moins de douleurs psychiques. On l’a mis au jour trois fois depuis; cela a permis de passer à travers de rares attaques de promiscuité d’atelier avec un peu d’humanité. Ma participation dans les films avant-gardistes de mon collègue Bergstone, en tant qu’acteur, ont déchargé beaucoup mon âme de ses angoisses et m’ont permis de me sentir aimé physiquement du coté féminin de l’humanité sans avoir à errer désespérément. Je jouais des rôles dans la conception desquels ma propre réflexion comptait beaucoup; de même, Bergstone projette d’adapter assez fidèlement un de mes projets plus récents de livre autobiographique.

    Nota bene: cette nouvelle a été écrite dans mon français d’andalou, puis traduite dans ma propre langue et remaniée jusqu’à devenir toute une autre oeuvre, mais je tiens à vous faire parvenir l’idée originale. Le manuscrit a été envoyé à une maison d’édition, mais n’ayant pas de réponse depuis des semaines je le publie ici.
    Publié par Manuel Montero à l’adresse 16:50 0 commentaires
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  153. Paul Sunderland dit :

    QUANTUM OF CRAP

    Ça sent la sueur, le sperme des branlettes, le cul, le renfermé, les pets refroidis. J’erre en slip, pas rasé de trois jours, parmi les tas de merde, de bouquins, de papiers qui jonchent le sol et s’empilent dans l’appartement, jette un oeil dégoûté sur les barquettes vides, à peu près bien récurées, de purée saumon-brocolis qui s’entassent dans l’évier. Je dévore des acariens à chaque respiration, des acariens me dévorent et me chient. Barquette. Oui, barquette. J’en prends une, la renifle prudemment. Ca ne sent pas grand chose. Les bouts de purée que ma fourchette n’a pas atteints ont durci; je m’étonne que des blattes n’aient pas encore fait leur apparition. Une énième sirène de flics ou d’ambulance passe dans l’avenue, pas loin. Je repose la barquette, négligemment. L’empilement se casse la gueule. Je tourne le dos, contemple la lumière du soleil qui se teinte inéluctablement de poussière au contact de mon monde, mon squat. Je réfléchis alors au rapport possible entre la prière et cette vérité de la physique quantique selon laquelle une particule bien précise, manipulée ici, sur Terre, entraîne automatiquement la transformation non aléatoire d’une autre particule bien précise, à l’autre bout de la galaxie, voire de l’Univers. Quand une prière est prononcée, prière canonique ou toute personnelle, il est bien possible qu’elle affecte quelqu’un ou quelque chose, quelque part. Une prière peut ne pas être agréée, mais elle est toujours entendue. Sa réponse peut prendre des formes auxquelles nous ne nous attendions pas, elle peut se faire immédiate ou tardive; ce n’est pas nous qui le décidons. Je touche une particule, je dis une prière, je touche une autre particule, ma prière part dans l’Univers visible et invisible. Une particule existe, elle se duplique; elle ne se coupe pas en deux, elle ne se dénature pas, non. Elle se duplique, tout en restant elle-même. Un modeste prêtre italien prie, il touche une particule; Dieu, qui n’est pas la particule, lui répond comme Il l’entend. La résultante est notre Pio de Pietrelcina qui reçoit le don d’ubiquité, quitte à provoquer l’incompréhension de sa hiérarchie ecclésiastique.

    Et moi je reste là, à me gratter les couilles au pays des barquettes.
    Heureusement que Dieu n’est pas avare de miséricorde.

  154. Arthur-Louis Cingualte dit :

    NAÏADES EN DÉLUGE

    « I could not work with a girl who did not have spiritual quality. »
    Eirich von Stroheim

    Dans le parc, le lapin, bien planqué, ne loupe aucune des nanas qui passent. Son regard rouge laser observe et détaille incendies de jambes à s’en crever les yeux, napalms de décolletés à s’éclater le crâne. Une rousse, mini short, hanches qui gazouillent, l’embroche un peu trop cette fois. Dix secondes où il reste immobile, ahuri et puis soudainement c’est irrésistible : ses oreilles en ailes, prêt à décoller de plaisir, il sort des jonquilles, traverse tout ce qu’il reste de pelouse et atterrit sur le trottoir, pleine ville. C’est une première pour lui le bitume, les moteurs, les odeurs, tout ce bruit et ce brillant improbable. La fille va vite et ses talons s’harmonisent avec la sucrerie pop qui se chante dans le cœur du rongeur. Décidé, il se rapproche encore un peu et renifle, plein d’assurance, chantilly de câlins et de caresses quand la belle entre dans les galeries Lafayette.
    La porte vitrée s’ouvre automatiquement. Dans l’escalator sa patte talisman au feu, il est certain : y a moyen : « Les lapins plaisent aux jeunes femmes. »
    A l’étage il fait signe mais la fille semble absorbée par les soutiens-gorges. Elle glisse les dentelles entre ses doigts, évalue le rembourrage des bonnets, fini par en sélectionner trois, chacun sa teinte de vert et gagne une cabine d’essayage.
    Quand le lapin se faufile sous le rideau de la cabine la fille déboutonne déjà son chemisier. Elle le laisse glisser sur ses épaules nues puis, ses bras incroyablement souples, elle passe ses mains dans son dos et cherche le verrou du soutif’. Une fulgurance à peine et la lingerie de quitter ses seins et de chuter délicatement sur le sol.
    Pour l’animal la scène est différente : le temps rongeur est plus lent ; l’inframince prend des allures d’intervalle. Bien comme dans un chapeau, les oreilles immenses, dans un contre plongée qui d’un corps fait un territoire, c’est bien une éternité à contempler la vérité nue qui lui est offerte. La révélation, à ce rythme, est insoutenable ; avant que le soutien-gorge ne finisse de dégringoler et ne le recouvre, inondé de désirs, il s’est déjà évanoui.

    Des parfums de cèdre et quelques embruns salés qui lui agace la truffe… c’est dans les bras d’un beau barbu qu’il se réveille, superbe, sur le pont d’un navire en bois colossale la fille est là mais la mer est particulièrement mauvaise.

  155. Walter Van Der Mäntzche dit :

    Mais le truc c’est que tu n’es pas toi, nous sommes des entités parasitant un corps, qui n’est lui même qu’un conglomérat de millions de micro bestioles qui te sont totalement étrangères et hostiles et dont l’harmonie ne tient qu’à un équilibre précaire d’une symbiose concentrée vers la destruction / non la conservation.

    Rappelle toi que le monde est une conspiration, que LE MONDE conspire contre toi, et surtout, avant toute chose, c’est toi contre toi même. que Tu es ton pire ennemi. que Tu travailles avant toute chose à ta perte à ta chute en toutes choses, dans tous tes actes dans l’ordre comme dans le chaos.

    Survis = apprend à te détruire tous les jours, méthodiquement, avec discipline, avec le sourire.

  156. Arthur-Louis Cingualte dit :

    LA FILLE DE L’OS

    Mexique – Puebla – parking de zone industrielle – volcans au loin (Popocatépetl, Malinche…) – désert alentour – pauvres cactus inoffensifs – une baston d’ultra (CF Puebla vs Club Santos Laguna) – air poussiéreux – son et lumière –
    Fumigènes pourpres, roses, écarlates, jaunes – sifflets – trompettes – drapeaux – salives – tatouages – muscles – cheveux rasés, nuques dégagées – spectacle et virilité

    La baston ne manque pas d’allure. Le goût commun pour le virtuose, l’admiration qu’inspire le soliste évanouit souvent – et bien malheureusement – toute la grâce du geste quand il atteint l’automatisme. Ce formidable dessin enchante le poète qui y découvre tout ce que la vie à promis en vain.

    A l’écart, spectateur, un mec assis sur le capot d’un 4×4, drague une petite rousse. Elle s’inscrit grand angle, plein corps, dans son l’image de son regard :
    – C’est drôle parce que ce week end je pars avec mes copines en randonnée pour chercher des os.
    – Des os ?
    – On cherche des endroits un peu dégarnis. En bas des volcans, pas loin. Près des rivières aussi. Et on creuse. C’est bizarre non ?
    – Oui, c’est bizarre.
    – Certaines filles aiment les bijoux tu vois.
    – Oui.
    – Où même « j’adore les écharpes ! » Moi j’aime les os. Mais vraiment. Une vraie passion.
    – C’est intéressant.
    – Oui. Et puis une fois que tu l’a déclaré, que tu dis les aimer, tu les vois partout. Vraiment partout. T’en rêve.
    – Je n’y avais pas pensé.
    – Les animaux tués sur la route.
    – Oui les animaux, bah quoi ?
    – Ils y a des animaux écrasés sur les routes. Ils ont forcément des os non ? Enfin je veux dire comme toi et moi.
    – Je vois.
    – Ils sont juste là, sur le côté. C’est gratuit. Y a pas besoin de creuser. C’est l’os assuré.
    – Malin. Tu achètes des os sinon ?
    – Pas directement. Parfois je les obtiens comme sous-produits. C’est toute une stratégie.
    – … ?
    – Par exemple je t’offre une entrecôte. Qu’est tu en retires ? La viande hein ?
    – Oui la viande.
    – C’est le plus gouteux.
    – La viande. Toujours. Jusqu’au bout.
    – C’est bien mais pourtant tu as tort. Tu oublies l’os gratuit. Les charognards le laisse aussi…
    – Je vois.
    – Il est plutôt pas mal cet os en plus. Tu peux le caresser. Il est sensuel.
    – C’est drôle. Je n’avais jamais pensé à l’érotisme des os.
    – Personne ne parle vraiment de l’érotisme des os. On effleure le sujet chez ceux qui jouisse de la mort, mais ils sont macabres, tristement sentencieux. Ils oublient sa luminosité, ses courbes. L’arc. Lisse. Blanc. Vierge. Elles sont très charmantes ses courbes. Douces. Surtout les vertèbres. Là je me mords la lèvre. La vertèbre…
    – C’est un bel os.
    – Oui, c’est un bel os.
    – Oui.
    – Non pas juste oui. Ça l’est vraiment. Il m’émeut. Il m’excite. Un de mes préférés.
    – Et toi ? C’est quoi ton os préféré ?
    – J’y ai jamais pensé… Je sais pas trop… je dirai le fémur.
    – C’est un bon.
    – Ah oui ? C’est un bon choix.
    – Oui. Un bon. Vraiment.
    – Cool.
    – J’aime bien la clavicule aussi moi.
    – Oui ?
    – J’ai des clavicules particulièrement proéminentes. Regarde, tu peux voir si je fais ça.
    Elle tire sur le col de son t-shirt. Le déforme. Se tend, se penche, découvre bien plus – pour le bonheur du type – que ses clavicules.
    – Oui. Je vois très bien.
    – Si je fais ça – elle se colle, cambre complètement – tu peux vraiment voir… Tu remarques comme mes clavicules sont… massives, non ? Proéminentes quoi ?
    – Très.
    – Tu peux bien voir.
    – Parfaitement.
    – Tu peux probablement mettre… Si tu peux… dans le creux.
    – Oui…
    – Vas y met du sable dedans.
    – Du sable là ?
    – Mets juste… Là…
    – D’accord. Je prends du sable.
    – Tu vois ?
    – On y est.
    – C’est dedans ? Peut-être que si je pousse cette mèche.
    – Non c’est bon : c’est dedans.
    – Oui. Je le sens. C’est chaud.
    – Voilà. J’ai mis du sable dans tes clavicules.
    – Ah… ça dégringole. Il tombe dans ton t-shirt.
    – Il en reste toujours ?
    – Je vais regarder.
    – C’est bien.
    – Oui… T’as de belles tâches de rousseurs dans le cou.

    Le voyeur, ce clandestin de l’intime, fou des apparences, n’accède jamais, comme pourtant cela l’intime secrètement, à la pure voyance. Parvenir au-delà de la peau, dans l’empreinte cosmique du mystère ne l’intéresse pas. Il s’assomme trop vite. Il se suffit d’un ciel expliqué et de la gynécologie de de la déesse Nut alors qu’il s’agit de l’aimer. Il ne sait pas, qu’à un point, l’horizon s’arrête bel et bien et se renverse à la verticale quand Nut se soulève.
    Pourtant, et comme c’est toujours le cas lorsque le voile reste trop longtemps entrouvert, il y a autre chose : la baston des ultra a pris des allures de partouze. De partouze molle, sur la fin. Bien sûr il reste quelques coups, quelques enchaînements, quelques tentatives de combos saignants, mais l’enthousiasme n’y est plus. Un lambeau de ci, de ça… La beauté du geste, le panache, que des promesses qui sont bien loin maintenant. Les clameurs furieuses des fans de foot ont laissé leur place à des gémissements petite fille. Les fumigènes font la gueule. Alors, d’un commun accord, se ramasse sportif, fraternel, tape-dans-le-dos. On se tient les cotes, se supporte les coudes, penché, vieillit, les jambes fragiles, casse gueule. On marche presque sur la tête, quatre-patte, un copain pas loin. Ça se voit : beaucoup d’os, entre deux bleus parfois jaunes/noirs, sont fêlés, brisés… On s’en plaint, on en renifle, les yeux un peu humides, une douloureuse morve. La rousse, debout, sur le capot, la main en visière, ne tient plus. Un bond, elle court déposer ses lèvres magiques sur quelques plaies et les panser avec l’étoffe coton de sa jupe.

    Elle réunit tout ce bien qui s’est éparpillé dans le mal.

    C’est un troisième œil qui le voit..

  157. Vincent dit :

    Je me remets de longs moi a comprendre et accdepter ce qui m’est arrivé; ce qu’on m’a fait. Putain, c’est pas facile… Perdre une partie de son cerveau des suites d’un etranglement et d’une lente esphixiedes neurones… Personne qui veut croire ou compendre… Et puis les preuves medicales, mettre les choses en relation, envie de pleiurer, la rage, la
    ‘impuissance… Des amis vous raconte les choses que vous n’aavez vues, pas pu savoir… Le mal fait aux autres, la culpabilite ressentie… Vous l’avez toujurs plutot toujours senti, vous saviez ce qu’il fallait faire et vous etiez incapable, bloque. VOus aviez lache l’affaire, pas publie, mais vous ne pouviez plus y penser, il fallait se remettred. On vous raconte et des details qu’il vous manquait, la verite se fait jour, reaffirmee par des amis qui s’en veulent de n’avoir rien fait, rrien compris. Leur paroles vous font mal, mais enfin vous savez. Et il faut continuer a vivre. La conspuuation, les diffamations trop aciennes pour y remedier. Le me me poids a porter. La douleur qu’a vecu l’autre, maintenant transparente, la vtre… La justice a faire, et encore tellement de choses a regler dan le retard pris a souffrir et a chercher un peu de soufffle un peu de force, un peu d’ordre. La vie ne sera plus jamais la meme. Regarder dans les yeus des amis qui vous ont connu, qui ont appris et etaient impuissant, la reconnaissance de l’autre dans la mort de l’ame de ne pas se reconnaitre, qu’ils ne vous reconnaissent pas, que vous n’etes plus comme avant, et maintenant vous pouvez mesurer la difference. Vous leur dites merci et vous retournez a votre douleur. Vous n’etes plis eul, enfin, mais vous n’etes plus le meme. Ces talents, ces capacites qu’un envieux voleur violeur se leve dans l’impunite…. Des paraboles de l’histoire se font jour, mais ca ne sert a rien. On aurait prefere ne jamais savoir, mais c’est comme ca, on sait, enfin, riche d’une chose qui ne sert a rien. Trop de retard dans cette guerree qui s’est gagne une bataille sur vous et sur ce qui etait le plus important pour vous. La beaute a disparu. Mangee par un orge atroce qui s’est deguise de sauveur… Il va falloir se recfonditionner pour surpasser les traumas qui vous maintenaient enchaine. Conscients du trucs et voues a l’enfer de ne pouvoir rien faire. Mais on peut changer les choses. Ce sera une catastrophe, on pourra juste alleger les peines et les douleurs, l’espoir n’aura servi qa rien mais la perseverance aura gagne sa maigre victoire.
    Putain ce que ca fait mal. Et savoir le pourquoi le comment n’est que le remede. Maintenant il faut commencer la longue therapie. Prive des forces que l’on avait hier et qui ne reviendront jamais. Ma victoire aura etee ,de ne jamais copier le criminel, de ne pas refaire ma vie sur le crime, et faire loi de ce qui n’est qu’un abus et un droit historique de la liberte, qui voulait faire necessite des calculs de la bassesse, faire justice d’un crime inverifiable. Maisd je garde ma soif de purete, ma rage que la verite se fasse jour, que disparaisse la torture qui pousse la victime a repeter l’ereur d’un soulagement ephemere, et qui me maintiient ecrase par la culpabilite que la societe m’impose pour economiser sa conscince de la responsabilite.
    l’europe ne se remettra pas de sa crise aqvec des choix politiques de demeures ou de vendus. Sa science est aveuglee par la pauvrete. On essaye d’ecraser plus encore le sud dans un etau economique, qui saoule lescpopulations d’un mieux etre economique pour leur retirer les choix du futur. Ses ressources sontg en voie de disparaitre dans les mains des dictateurs de la finance. Je connais bien les plans de cette guerre mondiale ou de ce colonialisme. Et il y a de meilleures solutions que de se tuer, manger par les porcs qui nous ont fait croire que c’etatit la lutte pour la vie. Si le systeme est corrompu c’est parce-qu’on s’est laisse corrompre. Et qu’on a enseigner des erreurds a nos enfants.
    Aux armes !

  158. Vincent dit :

    ni extrapole ni interpole, la corruption de souffre et lumiere blanche, alkalin, alcohol, vitriol, acide, a le battre, arabe, arameen fleuve de l’etre, genocide individuel, arythmie (sensuelle) massive sérielle
    alternative aleration, exocytose, et symbiose,
    exhalter, exhumer, exemple,
    curiosité, oligore, monstre,
    xenobiote, c(h)reti(e)n,
    Etre, etrange, exterrand,
    Les holocaustes suivent aux fascismes,
    memocide et genocides,
    l’antechrist indique la suite,
    Si tu ne sais que choisir c’est que tu ne te rends pas,
    La depression etait l’ancetres des victimes de sion,
    Dans la veine dee sacrifiés,
    Nova, grana, pana,

  159. Vincent dit :

    8 mars
    On me dit que ce n’est pas la maniere de faire… Je vais donc y resonger, .. Un conseil ? Je dois me delivrer de ca..

    Olivier Farrè et Thierry d’Antipode, Cusco, ont montè une cabale contre moi, le 2 octobre, et je suis encore dans les choux.
    Fausse accusation, declarations differentes aux mèdias, apppropriation de mon sac a dos et vol d’objets cruciaux, cambriolage de mes disques durs, cables, installation de troyen dans mon ordi. Le plus important etait sans son cable, rqare et j’ai decouvrt qu’il etait mort; mee affaires m’ont m’ont ete rendues comme dews merdes dans mon sac. J’ai au debut pensè que les flics m’avaient spollès mais c’est un coup montè entre ‘accusetion et la justice. Les numeros de mes contacts ont ete remplacès. Justement le numero d’une employèe de ce monstre. Les flics sont venus unedeuxieme fois me visiter dans la cage pour me vole4r toutes mes affaiures, en particulier le fric que j’avais retirè la veille, decide a quitter la vill3, et les mauvais souvenirs, tous les sales coups qui m’etaient arrivès et a ceux que j’aiime. Je ne parvenais pas a chercher les reponses a mes quesstions, et ne voulait pas lancer une guerre pour les risques qui pesaient sur mes amis et amours. Dejaa on me cachait des choses et on me renvoyait une image faussè3e demoi ; ca me fouttait en boule. J’ai choisi de pas peter les plombs pour protergerc mon ex; elle m’avaaitmis dans une condfussion terrrible.
    J’ai menè ma campagne de salvation sur le web. Ca n’a rienrendu. J’allais partir.
    Apr}es ce crime abusif, cet accharnement et ne comprenant rien, pensant que les flics m’avaient volè, On me liberait sans thunes, sans medicaments, et a-demi inconscient du deroukement des choses.
    J’ai imagiinè mille choses; je flippais de ce qui pouvait advenir avec ces mecs qui avvaient dèvoilè leur haine contree moi, et l’impression que ces mecs caachaient des affffaires sous leurs airs d’innocents. QUi etaient ces maffieux que je supposais maintenant en lien avec le gouvernement, et dans des grosses affaires, ce qui expliquait leuur rage, leur acharfnement et la premeditation que ca revekaiit.
    Je flippais pour moi, maisx encore plus pour d’autres. Quand j’ai demnadè une fois pourquoi il mpaavait faitc a ace crimininel en col blanc, il m’a dit qu’il avait rien fait, avec sa mine d’innocents que je connaisaais maintenant. J’ai lache l’affaire. J’etais trop limitè. J’etais coupable d’avance, J’etais conspuè par les uns et deconsidere par d’autres. J’ai essayè de reprendre internet un moment, et je me remettais mal du coup montè. J’etais assignè a Cusco par le fiscal mais je ne passais pas le voir. Je ne savais pas ce qui allat se passe3r. J’essayais d’oublier, je ne suis pas belliquueux, je ne voyais pas qui faire. Et les prejudices se revelaient au fuur et a mesure. Mes donnpèes avaqient ete revisees, puis mon ordinateur envoyyait ma position regulierement. Ensuite, il se passait des mouvements bizarre dans mes comptes internet. Je devenais fou. Je me drooguais de plus en plus, avec des produits de pire ene pire. Ma honte d’etre accuklè comme ca,c en detresse affective, le mal qu’on m’abait et les problemes qui s’ammassaient, Je ne trouvais pasle moyende communiquuer, ou mañ j’etaqispiege, d’autant quue je sortais des mois a me comporter dans la confusion et l’inaction pour ne pas etre encore accusè de droguè ou quoi.
    C’est surement mon imagination et mon inaction qui m’a fait defforme les choses et j’ai preferè lacher l’affaire. Mais je suis encore dans la misère qu’on m’amis.
    Je n’accuse personne de rien de plus que les faits verifiables des deux jours d’horreur.
    Le reste je n’ai pas de preuves, mais je balance les crimes doont on m’a accusè,
    et propagè, mon identitè est baffouèe sur le web, je suis victime j’ai choisi ma dependancce pour me soigneer des peines d’amour, la sociètè certaines personnes m’ont fwit perdre pieds dans de mendsonges, et je reste dans l’inctioon, de peur de me tromper, par les effets de la cocaine. Je les note, mais il faut que je fasse la difference entre la realitè et lesmensoonges oou les hallucinations, Paerce-quue je saiis que je fais la difference, ou je la faisais avant de venir le golio qued je suis.
    J’ai pas agi a temps pour me defendre. Tout empire dans ma vie, j’ai perdu quelquechose que je retrouve pasa depuis ce 2 octobre. d’un bar.
    C’est assez politique, puisque j’ai expliquè que je considerais N.Sarkozy pour criminel, entre autre je le considere trun e fois de traaitre a la patrie. Surement en revelant mes sentiments Chavistes. Et il a reagi bizarrement.
    Mes donnèes etaient sensibles et j’ai specule sur des arrangements sur mon dos. j’etais tout piratè. Des mouvements mondiauux me confirment mes speculations et mes analyses. Ce type est dans la cours de Sarkozy.
    N.Sarkosy est dangereuux et criminel. La Lybie, et tout le dossier que je faisaisdepuis son arriivè sur la scene mondiale.
    Pourquoi ce coup montè ?
    Je repete je recouvrais des souvenirs en meme temps que ma passion comprendre pourquoi. Mon travail de longue haleine, trouver des solutions pour la paix, a ddcouvrir, aimer, observer, deviner, comprendre, le monde a l’envers, le sud, en conscience et dans l’inconscient collectif, la noia, m’enamourer, vivre simpelment amour et famille, fonder une famille, assumrer
    Je rqaisonnais sans pouvoir confirmer mes doutes, en retrouvant des details et en ecoutant la radio, mon amoour perdu, et aussi le xopatron de cette afgence de tourisme, et cherchant une reponse a ce mystere, qui avait trop d’exxplications, et des rapports personnels trop sensibles, et des repercutions sur mon travail, des relations avec des choses passèes et qui m’ont trvaillèes toutes l’annèe pqassèe.
    Enfin, j’a retrouvè ce type sur les reseaux. AU miieu du tourisme il y avait un tweet sur Sarkozy et un autre Buisson: j’ai pensè que ce message parlait de moi… Comment croit la persecution quand on est victime sans explication de sne dans ma poliation… Le message disait un truc comme il etait enterrè au milieu de sa saletè et je vegete dans ma crasse depuis ce jour maudis, ou j’ai avoueè ma culpabilitè pour tranquiliser les troupes et ne pas laisser des gens inncents dans le mystere. Je sais que c’est une connerie, il ne faut jamais avouer. C’est le regne du mensonge et c’est la loi a suivre, sinon on te detruit. Juste pour le temoignage, puisque je n’ai pas eu mon mot a dire. Il y a trop de prejudices pour tout le monde, pour une crime domt on est victime et qiue l’on ne relate pas. Le crime c0’est de m’avoir derobe mes capacitès, ma vie, fait ecrire des choss fausses sur moi pour que je tombe dans le la prophetie autorealisante. J’essaye de me sortir sans troubler les choses, mais je suis dans cette affaire qui me laisse pas vivre et je suis toujours au meme poiint.
    J’ai assez avec mes torts a suuporter mes erreurs qui trouvent une solution trop tard, pour ne pas avoir a etre diffamè, conspuè, mis en cause, enfin, tout ce quee je raconte ici.
    Je cherche pas a faire justice, j’en ai pas la pretention d’autant que la justice, es du cote de qui gagne le proces. Innocent ou non.
    Les charges qui pesent sur N.Sarkozy depuis desannèes me semblent justses, Je suis passif depuis mon adolescence parce.quee les gens comme lui me font peur et j’apprends que k mes doutes sont subconscients. J’ai des doutes sur pas mal de choses, ett mon silence fondè sur le respect et le manque de confiance, souvent la peur me referme sur moi. Mais les mysteres me poursuivent et les crimes se poursuivent. Mes doutes se revelent fondès mais mes analyses, et les explications que je trouve, si elles tiennent debout vont en sens contraire de lmarche forcè du monnde. Les mensonges regnent et ce qui se passe au Venezuela, ou plutot dans les media etrangers me degouttent. Manipulation, et tout un tas de vieces ou de crimes qui s’acharnent comme toujours sur une victime qui a des clefs pour sortir de linjustice et des predateurs, bien assis et proteges sur le capital ajoutè de leurs responsabilitè occulte et un coupable a la misere redoublèe. Je ene crois pas a la loi du plus forts. Cêst ue consequence, c’est un mouvement animal que l’histoire observe. Mais on peut fonder une culture, et inventer des lois, qui corrigent des jeux de force qui nous amenent a une impasse tragique, que des puissants abusant de leur capital et chargès de l’illusion de leur reussite accelerent adulès par une foule innocente ou aveugle, ou resignèe. Surement par la raison. Maisces puissants s’autodetruisent et nous suivons le carnage a l’envers.
    Mo9n tort est d’avoir attendu trop longtemps pour publier, diffuser mes specuñations (je suis perdu entre la realite et l’imagigination), mais mes pires cauchemars ont trop tendance a se realiser. Je tiens juste a prendrr des mesures de precqutions. Mais tout seul, sans commandement, c »est impossible, d’etre juste. J’ai ecrit il y a quelques moiset ca n’a rien ameliore. Il n’y a pas de solution a mon probleme dans la solitude. Facebook n’est pas une payttrie et cetrains savent l’utiliser pour leur avantaged sur le dos des au7tres, et vu la dimension universelle de mon probleme, enfin, ca deborde de moi. Je ne vois pas ce que je peux faire de mieiux, je n’arrive pas a penser correctement. On est tous menacè par le mensonge et par ceux qui se defaussent sur les autres et rejettent leur responsabilitè.
    C’est ma responsabilitè de temoigner. Avant d’etre consumme, ou de voir se rreaLISer mes peurs de voir ma pensèe etre utilisèe contre la vie. je suis un droguè violent et criminel selon leurs dires. La guerre contre la drogue est un systeme qui utilise la drogue pour detruire les gens et faire du fric sur eux. Sans la guerrre des drigues et les armes chimiques qui m »ont fait arrivè la, avec une regulation et un controle de qualitè, je serqais ecrivain ou poete, la je suis qu’une pauuvre merde, pour avoir cru a la longue les prejuges qui collent au monde. Je crois en la veritè et on a chacun la nootre. Mais au fond on sait quand y’a un couac. Et se battre pour la verite est un combat contre soi avec les autres, non un combat plus facile contre les autres.

    En hommage a la lutte de la patrie Venezuelienne et en memoire de Hugo CHavez
    Comment fait-on changer la societe ?

    Publiquement mis en cause pour cambriolage et attaque a main armèe contre une employèe, Publiè dans les infos, des details persos entourès de mensonges, pour me faifree passer pour un monstre; ces mensonges sont passès par tout les medias. Il m’a mis en cause pour tentative de meurtre, parce-qude j’ai sorti mkon couteau pour me defendre quand il m’asfixiait avce mon echarpe et que je commencais a defaillir. J’ai lachè le couteau ma position ne m’aidait, il a maintenue la pression durntv une ternitè eje ne me souvvient pas, il maintenaait lapression longt3mts, pour me torturer.
    J’ai surement perdu conscience, parcce-que j’etais bizarre a l’arrivèe des flics, avec les journalistes. Il s0est pASSÈ deux jheuress je me souvienss de 20 minutes…
    Je ne vais pas entrer dans les probabilitès ou les raisons de cette acharnement violent, son bras droit a derobe mon sac a dos un debut de la rixe.
    J’ai des marques decouvertes 3 jours apres, mais je n’ai pas ete alertè.
    COups et blessure, torture, pour O:Farrè, vol pour T.C. son bras droit, et pour les personnes presentes, nnon-assistance a personne en danger. Mais je pense qu’il passait pour un heros, et feignait d’etre en lutte. Personne n’a voulu me dira ce qui s’est passè.
    J’avais mis un peu de colle dans le cadenas de ce salaud.Une avocate est arrivèe en fureur disant que l’on avait enfermè la victime.
    Le lendemain j’etais innocentè alors que le criminel se presentait avec ami, femmes, et enfants, et avaiit preparè son diswcours, plein de choses que je lui avait racontè et d’autres qui m’ont itriguè, dans un bain de mensonges se presentant come un bon samaritain edt moi un pauuvre clochard recidiviste, et dangereux.
    Innocentè en deux mots par le juge qui a bien senti la mise en scene.
    Je ne comprenais encore rien, entre autre parce-que je me remettais de la surprisee, et de l¡’asphixie. Il a racontè racontè a mon avocate au millieu de sa « famille! » qu’il flippait pour des represailles, que je pouvais m’ej prebdre qa sa famille.
    C’est pour cet acharnemenrt que je parle de conspiration.

  160. Vincent dit :

    13 janvier
    Tellement 2chozzz… A diré acrier les rezo unos….
    Tous ensemble. Nous nous sommes tanto aimés. Je tombe 2 toile en toile. Altere &go. Je meurre. Je Rene. Renez Rene .
    Rezo unos electriques 100 fila
    Je reviens je 2viens.
    +

    π√÷×€£¢¢¢
    Exopata. Schizocarde. Multiphrene.
    C bo La v1e. Ne vous y perdez pas.
    Mon tour est fini.
    Putain 2ma’chin’
    Nush.

  161. Vincent dit :

    All wide… Twitter was righr 4this.
    EX.y.stanz
    I d1e.
    My son, surVis
    C.u.s00n.m00n.n00ne.d13$…………

  162. Vincent dit :

    3 janvier, à proximité de Lima

    encor une fois,
    on m’a pris mon texte…
    BONNE ANNEE
    N.Chomsky prefdit et je partage son analyse, des catastrophes climatiques et un etat dangereux un monde au boird de la guerre nucleaire..
    Je vais donc enfin partager l’une de mes peurs d’il ya 6 ans…..
    L’etat du parc d’usines nucñeaires francais doirt etre renover a tout prix…
    Je craignais et ñlus encotre aujourd’hui, une catastyrophe, a ll’echelle de l’europe..

  163. Vincent dit :

    Vincent Zéroun
    28 mars 2012

    Alors voilà, un gitan… Maintenant mon nom fait dans les racines Oranaises… Et mes études sur le terrorisme vont m’emmener la Bastille, jusqu’à Courroux d’où on va m’emmener dans les souterrains anti-nucléaires de Guantanamo pour me faire écrire un nouveau livre du marquis de Sade, sous la torture… AUcun pays ne prend ma demande de refuge politique pour mes origines artistiques…. Qu’est-ce-que je fous maintenant, moi ?

  164. auddie dit :

    Les temps que nous vivons sont la fin d’à peu près tout, même des choses dévoyées et/ou défendues depuis longtemps, et plus rien de tient debout, même pas ceux aux postes clés. Le « pape » parle de Freud, de ses névroses et de la presse cosmique. Attali nous dit que les éditeurs ont merdé. Les éditeurs nous disent que le web les tue. Trierweller se venge. Le président dévisse. Les auteurs crient famine et utilisent facebook pour exister. Facebook leur mange et leur temps, et leur style. Les constructeurs de téléphones modifient leur modèles en fonction des égos, des selfies (cameras frontales plus performantes). Les cinéastes sont mal distribués, ou ne sont PAS distribués. La littérature ne se vend plus, ne se lit plus, ne touche plus. Elle est une ombre sur le corps du monde connu. Bienvenu dans la transe de l’inconnu, aux ondes mortes, aux poses vitrifiées, car la liberté chérie nous harasse de son temps libre, de sa foi motrice, tous auteur en la jouissance, pour le sexe et la duplicité des rites immuables, les seuls qui restent. Nous allons, fière allure, tous pareils, beaux, sains, cleans, sérieux ou dépravés, dignes ou coquins, et aucunes de ces choses inutiles qui ont déjà disparu, ces films, ces musiques, ces livres, ne reviendront jamais. Car nos regards à tous sont en sursis. Déjà la planète regarde le sport sans souci, le feu d’artifice digital, la pluie d’hommes vitrifiés, l’écho des bombes des autres pour le besoin de la paix. Nous sommes heureux et identiques. C’est géant, d’avoir autant de chance. D’être enfin comme l’Amérique des années cinquante. NOUS SOMMES PROTEGES. ON S’OCCUPE BIEN DE NOUS.

  165. bissecta dit :

    Le donjon des yakuzas agencé de gynoïdes ou plutôt de sexaroïdes ivres d’éclairs écarlates, s’est fait éclaté par les yeux insomniaques puisque nul n’est besoin d’avoir une bite pour ignorer une bite de surcroît la cyprine ancestrale entoure toujours l’aura des brigands parlant le langage des arbres modalisateurs du rentre dedans terrestre quand bien même leur sève sauvageonne engendrerait des orgies sur le hardware de quelques vagues orgasmiques à la nique des prudes pères, perdus en leur logique en ciel, demeurant au fondement stérile.
    Et les nuages gémissent en jolis cœurs jalousant le giron fontaine des geeks génétiquement flasques conformément à l’esclavage invisible de cette plebocratie qui s’invente au sein du miroir noir des faux efforts, des trompeurs travaux qu’encule l’élite de ses élytres multimédiatiques comme la somme des sommets sonnés clairement d’une ultime uniformité gage de la masse en nasse à présent trop putréfiée d’un parfum pulsé par le gang bling-bling au love-ring limiteur des grandes surfaces sans référence spatio-temporelle.
    Finalement les walkyries chevauchent le Saint Axe du dragon blanc ne quittant par leurs cornes de cet anus océanique éviscéré en effet des coutumes de plumes plombées sans effusion de foutre outre l’urne funéraire fulgurante à auto-désirs bien évidement automatiques afin d’éssemer les serres serpentines d’une biterie de groupe à la croupe des véneries fort vénales des seigneurs du crime organisé d’une culture des ratures éternellement geôlières ; telle est la serrure.

  166. auddie dit :

    schlurp

  167. bissecta dit :

    This hundred * Yesterday * Funerary terrier * Aromatic rockery * Non missing pieces gifted to all
    deaths of Cernunos * Far from the linked island * A watchmaker oak * The retributive energy * At
    the crossroads of destiny * Five thousand years of déjà-vu proximity suspended from the peak *
    Fluvial flute * Deep beat * Memory she-wolf * The black artwork tarpaulin * And disrespect
    protected by way of Drailles * Accidents at rendez-vous * Metallic to flat * Big mouth guffawing *
    Free Boars * Its straps allows the error suddenly vital * Eternal third * Instantaneous medium * The
    ax of nines * Creating Scream * Here the double-headed baby dragon suckle the skyline at dawn
    and at dusk *
    星彩
    アステ
    A sauter.
    Autant sauter.
    Tant qu’à sauter, tant qu’à sucer, ce sang blanc d’hier qui circule sous le terrier funéraire, tu aurais pu
    flasher sur les feux d’artifices cliquetant parmi quelques rocailles aromatiques ou alors creuser mes
    entrailles aqueuses afin de trouver des pièces non manquantes offertes à tous les décès de Cernunos
    en souvenirs ahanant loin de l’île liée. (Ô cher bondage sacré!) Bite !
    Oh ! Regarde : un chêne horloger, c’est certain qu’il ne pose pas de lapin car il doit suivre les
    énergies justicières comme nous à la croisée des destins puisque cela fait autant pour moi que pour
    toi cinq mille ans de proximité déjà-vue suspendue au pic des lutins des garrigues avec des flûtes
    fluviales dégorgeant des profondes rondes, ode et ou requête de la louve mémoire accroupie sans
    honte, jouissant cent fesses par-delà l’oeuvre noire bâchée.
    Et voilà l’irrespect protégé par le chemin des Drailles sous le coup d’une détonation juste éclose des
    fossés à l’accident du rendez-vous ; bref, ce ne sont que métalliques à repasser, pour la grande
    gueule s’esclaffant (Ah espingassat de ta mère!) et une sieste crapuleuse aux sangliers libres.
    Ses dents de ses sangles qui permettent l’erreur soudainement vitale, syntaxe en bouche océanique,
    tiers éternel pour médium instantané ou encore peinture de cyprine sur gland, presque identique à la
    hache des neufs selon le Saint Axe, alors…
    Tu cries, tu crées, tu cries, tu crées, tu cries, tu crées, tu cries, tu crées, cri créant, créance crissée,
    c’est tu sais, Senseï, seisai, ces saillis célestes au grand cri créant car à présent et de tout temps,
    voici que la double tête du bébé dragon tète l’horizon à l’aurore et au crépuscule.

  168. brieuc le meur dit :

    bébé tête du dragon à l’aurore au crépuscule

    faites sonner les jolies marques d’entreprise

    entreprenez-vous : je t’accroche au grillage

    puis je joue au tennis,

    seul

    puis je pars en vacance

    puis je ne t’écoute plus, ô grande vapeur, liquide insensé dans ma tête je fuis

    tête bébé dragon à l’heure du crépuscule

  169. Jon Blackfox dit :

    #camfiction (1)

    Résurgence de V., première du nom, pour ses jambes, croisées dans la vignette miniature d’une collection des plaisirs éphémères. Deux arcs de tissus bleus tendus dans les airs sans visage. Dix touches de rouges ovoïdes en guise de couronne par dessus le calice. Ta peau blanche, telle qu’elle m’était décrite dans les artères échauffées des faubourgs de la Valette ou les rues glacées d’un est new yorkais fantasmé. C’est d’une profane bénie dont je vous entretiens le souvenir. De rouge à rose, ignorant les pales imitations de tes rivales. Une bouche marquée au fer flou m’aurait fait manquer l’irrécupérable, goutte par goutte, tes mains s’élèvent aux prises dans ton filet fixé dans chaque coin. Enquêteur focalisé sur mes précédentes inattentions, sans voir défiler les lignes, sans que je ne l’eus senti relever le buste, ni remettre les voiles en place, V. disparut du cadre en une poignée de flagrances. Incapable de garder son nom en mémoire.

  170. Olivier Bkz - le monde des routiers dit :

    Le monde des routiers, c’est tout un truc.
    Un univers, pour être plus précis.

    Quand il t’avale rien d’autre n’existe, hormis les milliers de kilomètres, les galères mécaniques, les cafés brulants ou les sandwichs glacés, les péages gigantesques, les aires de repos dédiées, l’odeur du bitume à celle de l’essence mélangée …

    Les mecs peuvent dire ce qu’ils veulent, quand ils roulent c’est l’enfer, mais quand ils ne roulent pas, c’est encore pire.
    Tous les chauffeurs sérieux, ceux qui traversent l’Europe de long en large quinze heures d’affilées en ramassant de l’argent, tous ceux qui savent dignement bricoler un mouchard, ceux-là se farcissaient les naseaux d’un produit bon marché qu’on ne pouvait décemment plus appeler cocaïne, tellement il en était coupé.
    Un nom spécifique fut même inventé pour désigner ce produit uniquement dealé sur les aires d’autoroute, mais là tout de suite, je ne m’en souviens plus.
    En parlant des aires, il en existait une assez courue, située à quelques milliers de tours de roues de la capitale.

    A cent mètre de cette aire, une grande station service et son magasin trônait dans les néons lumineux. Il y avait aussi un luxueux hôtel deux étoiles de chaîne, situé à cinq cent mètre à travers un terre-plein, et aucun chauffeur n’y dormaient jamais bien sûr, mais tous savaient que l’hôtel existait, à proximité. Il était une alternative visible à la cabine, l’espace d’une soirée, avec un veilleur de nuit en chemise réglementaire d’entreprise, posant une carte magnétique sur son comptoir, un type bourré de tics, aussi mou que les lits qu’il louait. Une chambre, une douche et de l’eau brûlante … A bien y réfléchir, l’un des chauffeurs s’y payait une nuit assez régulièrement, par plaisir. C’était un polonais, un épicurien de la route, surement. En Pologne il vivait dans la même bâtisse humide où il naquit, en compagnie de sa mère, une petite vieille édentée toute rabougrie, et quand il rentrait chez lui invariablement, le chauffeur lui déposait un baiser sur le front,  » comment ça va, ma petite maman « , puis sortait de son sac quelques trucs achetés sur la route, du chocolat, une mignonette de cognac, ce genre.

    La plupart des chauffeurs que j’ai connu avaient une femme et des enfants qui ne les attendaient plus, quelque part. J’imagine que leurs femmes s’envoyaient un représentant de commerce, ou un voisin, et leurs gosses les détestaient, ces types trop rudes présents deux jours sur quinze, usés par les kilomètres, promptes à gueuler sur tout ce qui bougeait.
    L’aire dont je vous parlais avait un classement cinq étoile apte à contenter tous les appétits, qu’ils soient mécaniques ou biologiques.

    Il n’y avait pas de restaurant routier à proprement parler, mais un restaurant à buffet, dans l’hôtel, avec une formule légumes « à volonté ». Sur l’aire de repos dédiée au semis officiait même un gardien, un black noyé dans une parka trop grande. Armé d’un chien aussi famélique que lui, une lampe torche dans la main droite, le type déambulait toutes les nuits entre les remorques afin de prévenir des vols, ou des clandestins à la recherche d’une incruste qui les ferait voyager un peu plus loin – ce gardien autoproclamé devait d’ailleurs faire partie des sans-papier. Aux aurores, lorsque les routiers revenaient des chiottes, des douches, de la machine à café, il leur faisait son rapport, à chacun, et bien sûr jamais rien ne se passait – il aurait fallu être cinglé pour tenter quoique ce soit dans ce dortoir où parfois jusqu’à trente mastodontes mécaniques se tenaient serrés – même les lions courageux n’osent s’aventurer au milieu d’un troupeaux d’herbivores de plusieurs tonnes. Alors les routiers filaient à ce gardien improvisé leur monnaie, et le mec devait se faire peut-être vingt euros par jours, voir trente, quand il y avait beaucoup de camions. Avec son clébard, il habitait une vieille maison en ruine à un kilomètre de là, presque collée au rail de l’autoroute.
    Et puis bien sûr, il y avait les putes.

    Des filles d’Europe de l’est, plus quelques africaines venant d’Italie y travaillaient à l’année, et pour ces dernières je crois que la vie ici leur était plus facile.
    Chez les ritals, à cause des flics, leurs macs les emmenaient en camionnette tôt le matin au fin fond de nationales aussi sinistres que désertes. Certaines cachaient une cagette, ou une autre saloperie dans les fourrés, pour s’en servir comme siège et ne pas rester debout toute la foutue journée. C’était étrange l’Italie, vous rouliez seulement accompagnés par votre monotonie et le ronronnement du moteur, quand soudain en plein no men’s land, vous aperceviez une fille au bord de la route, mini-jupe, bas, maquillage outrancier talons aiguilles, toute la quincaillerie. Niveau sécurité, ça craignait pas mal parait-il, mais de toute façon je crois que pute n’est pas le métier convenant à quiconque attaché aux notions de sécurité.
    Le proxo de l’aire dont je vous parle était un bulgare, je crois – enfin quelque soit sa nationalité, je pense que toute la race de ce fils de pute devrait être génocidé !
    Un jour, il emmena une nouvelle fille, une blanche venant d’un quelconque bled post-communiste, et elle avait déjà largement vécu sa dose de cauchemars, malgré son jeune âge. Des saloperies de parents, des saloperies de foyers, une expérience de vie comme il en existe des millions, se répétant dans la misère et la violence avec la régularité d’un métronome infernal.
    Faut bien que vous compreniez qu’une fille qui échoue sur une aire de routier se trouve au plus bas de l’échelle de la putain. Pas d’enfant à qui elles pouvaient envoyer des billets, pas de parents, de grand-parents, pas même une tante aimante, habitant dans un lointain pays, qui penserait à elle, rien, absolument que dalle, voilà ce que leurs vies représentaient.
    Cette fille là, dont le nom de métier fut Églantine, ne dut pas tout comprendre à l’histoire en arrivant ici. Alors le dressage se fit sur l’aire de repos, une dizaine de routiers l’enculèrent entre les camions, son visage plaqué de force contre une remorque, un hollandais mit une chanson de Lady Gaga à fond pour couvrir ses cris.

    L’univers de la route lui avait désigné sa place, au même titre que le pompiste derrière sa caisse, les employés du magasins de la station, ou les femmes de ménage à l’hôtel… Ce qu’elle n’avait pas compris immédiatement, la route se chargea de le lui apprendre, violemment.

    Oui, les putes formaient une galaxie importante au sein de cet univers. Il y avait aussi ce travesti qui se faisait toujours chasser par le proxo à coups de poings, ou celle-là, qui se mit à fumer du crack vitesse grand V, et qui proposait de sucer gratuitement l’étudient bossant à la station essence, parce qu’il lui semblait gentil.
    Cet étudiant était lui aussi « spécial », pendant ses pauses il lisait des poètes anglais, et écoutait toute la journée du gros métal à fond dans son casque, comme si le paysage n’était pas assez déprimant !

    C’était un monde, avec ses propres règles.
    La géographie, les hiérarchies les interactions, tout avait été défini par l’activité du transport routier, son Dieu créateur, mais en un sens, ce monde se mit aussi à exister, indépendant et fort.
    Je ne prétendrais pas que tout cela me manque, non, mais j’y repense souvent, comme je repense à mes plus terribles histoires d’amour.
    Lorsque je fais mes courses dans un franprix, quand j’épie les clients, les enfants qui font un caprice pour un kinder surprise, alors je repense à tous les camions qui livrèrent ces produits à la con, et par extension, je repense aux systèmes solaires et sombres de l’Univers Route, les planètes humaines et hurlantes, leurs trajectoires en ellipses que je connus un jour.
    Un soir, alors que je glandais au Point FMR – il y avait un dj merdique entouré d’une foule d’éphèbes barbus, de communicants au chômages et d’artistes en panne d’inspiration – je buvais une bière dégueulasse noyé dans cette mer de informe, et j’ai repensé à cette aire de repos. Je me suis surpris à maudire l’humanité qui m’entourait, je me suis surpris à maudire tous les petits écrivains de Paris ou de province, sans en comprendre vraiment la raison.
    Je pense que je les ai maudit parce que eux, ne savaient rien.

    Si un jour j’en ai la volonté, le courage, l’énergie ou la force, si un jour je suis toujours en vie, alors je vous raconterais l’histoire de cette aire de repos, et celle de ces gens.
    Leur gris, leur humanité aussi, le peu de beau qui éclata parfois en un éclair aveuglant… Les interattractions de tous ces astres fuyants, jusqu’au paroxysme d’une tragédie pleine de rage, quand une nuit il y eut des détonations, et des cris, et des portes de camions claquées dans l’urgence, et enfin cette course-poursuite …
    Cette fameuse nuit dont un quotidien titra à sa une :
    « Le carambolage le plus meurtrier de tous les temps ».

  171. Olivier Bkz - le diable dit :

    Ce soir le brouillard est descendu envelopper la rue dans son linceul, et bien que je sois comme vous, bien que je vive comme vous, bien que je sois vous, bien que j’aie un cdi, une console de jeux, des séries en streaming et peut-être un sachet de thé qui traine quelque part, je sais aussi que le diable est partout dehors, à l’affut. Aux temps anciens des empires naissants, quand le monde était encore vaste et vide des hommes mais remplis de leurs dieux, le diable avait pris la forme d’un centurion cruel aux yeux rouges. Il commandait alors une maigre troupe, et ressentait la peur, quand au détour d’un sentier bordant un désert il apercevait en haut d’un monticule un calvaire, resplendissant et sinistre sous la lumière de la lune. Le diable s’arrêtait, cherchait des yeux une autre voie. De sa bouche dégoulinait une bave épaisse et noire. Il se mettait à balbutier je ne sais quoi, n’importe quoi. Mais aujourd’hui malgré tout ce que je possède et tout ce que je suis censé avoir désappris je sais, que le diable marche libre là-dehors. Il est une silhouette épaisse qui pousse un caddie et s’estompe dans le brouillard, il passe en bas de la rue au volant d’une berline sombre et silencieuse, assit dans un abribus à l’intérieur d’un consommateur de crack en descente, il se met des coups de poings dans la figure. Le diable est l’homme qui pend au bout d’une corde dans l’appartement d’en face, il est le pigeon aux yeux rouges posé sur la balustrade. Le diable gratte de ses ongles à ma porte, il a la voix d’une vieille femme, elle croasse « je saigne, je saigne, laissez-moi entrer aidez-moi « . Je fais semblant que je ne l’entend pas.

  172. Mari-Mai Corbel dit :

    Sur une chaine mineure un flic oui un flic dit que « Bamboula » c’est convenable. Génial. Il ajoute on nous dit bien « nique ta mère va te faire enculer ». Jakpot. Tout est permis. J’ouvre le concours. ‘Je commence ainsi : sale petit bourge de merde, enfant de larbin, valet, triple valet, queue à pute, ben on rigole hein c’est convenable, petit blanc de merde, gros con vaseux, pauvre gueule de connard larvaire, tu la préfères dans le cul ou dans ta gueule gros lard, si tu crois que tu fais illusion, gros larbin, ah tu préfères une balle dans ton cerveau liquide comme dans un film, un vrai film américain, pauvre tâche de flic, tes convenances tu te les mets où je pense, dans ton cul et branles toi en silence, please.’ Je ne sais pas si ça trouvera de pugnaces imaginatifs désireux de s’y coller, vu que c’est quand même hard entre le convenable et l’horreur, mais tout est permis, alors…. bienvenus aux astucieux sensibles.

  173. Eve Guerra dit :

    Tu es sortie du boulot à 15 heures, épuisée d’avoir fait la police (les élèves qui pètent, les tables qu’on ne range pas), épuisée aussi d’avoir pleuré, trop pleuré hier. Dans ta messagerie, plusieurs mails d’amis et des membres de ta famille : tout le monde s’inquiète pour toi. Tu n’oses pas leur répondre qu’il faudra s’y habituer, que ça va durer encore un mois ou deux, que tu as arrêté de prendre tes médicaments, qu’il te faut, pendant quelques temps du moins, atteindre les zones de ton cerveau que tu n’atteins jamais quand tu es calme. Tu t’es installée sur le canapé, et tu as posé ton cahier sur les genoux, un stylo bleu toujours. Mentor te dit que tu perds un temps fou à toujours vouloir écrire à la main, que ça ne sert à rien, mais tu ne sais pas écrire autrement, tout ce qui ne passe pas par la main n’est pas de l’écriture. Tu as promis à Alexandre que tu finirais, alors tu t’y tiens. Ton écriture change tous les jours, et c’est chiant : il faut toujours tout harmoniser. Tu te donnes des objectifs stupides comme essayer d’ajuster 3 pages par exemple. Tu en es à l’ajustement. Tout est écrit. Les trois parties. Tu dois juste, mais c’est énorme et insurmontable pour toi, faire tout culminer jusqu’à la scène du rêve. C’est l’ajustement le plus dur, en fait. Hier, tu as tellement tiré sur la corde qu’elle a fini par craquer. Tu as craqué nerveusement. Alors, tu as fait une crise d’hystérie (au garçon que tu aimes surtout). Il n’a pas réagi. Il commence à avoir l’habitude. Aujourd’hui, tu lui as envoyé de la musique et tu lui as souhaité de désirer une femme plus calme que toi. Tu as bien conscience de ne pas avoir une attitude normale. Il a répondu calmement, comme s’il ne s’était rien passé, comme si tout continuait, suivait son cours. Il ne relève plus tes provocations. Le calme de cet homme te sidère. Il y a eu quand même une pointe de jalousie. Et ça t’a fait plaisir. Tu es rentrée du travail épuisée, et tu as écrit sur le canapé, tu as posé les feuilles par terre.

    L’effort du jour était de respirer fort, de rester calme, d’avancer de trois pages. On ne se disputera pas aujourd’hui, même pas avec l’homme qu’on aime, même si c’est notre passe-temps préféré. On restera calme sur le canapé, parce que l’hystérie c’est un jour sur deux.

  174. Eve Guerra dit :

    Parfois, l’euphorie.

    Ce matin, plus qu’à l’ordinaire heureuse, quoiqu’épuisée d’avoir enchaîné une presque nuit d’insomnie jouissive, puisque de conversation avec un certain « beau bouclé », et achevé au petit matin – c’est toujours au petit matin que ces choses adviennent – le dialogue sur lequel je travaillais depuis des jours. J’ai l’air idiote ce matin, à sourire tout le temps, soit peut-être parce que je suis heureuse de lui avoir fait prendre du retard dans l’écriture de son deuxième roman (il écrit trop vite, et semble-t-il bien, et avec humour, c’est pénible à la fin !) , soit que je sois heureuse d’avoir avancé moi-même – depuis quelques semaines, je tournais en rond, je ne savais pas où aller, quel chemin prendre, sans doute parce que j’ai besoin que l’écriture s’inscrive dans le désir de quelqu’un, d’un corps, de quelque chose, à qui offrir, adresser le texte, et ce désir est revenu – , soit que je sourie juste parce qu’il fait beau aujourd’hui et que je lis un livre drôle. Sourire idiot donc, et l’envie d’épuiser toute cette énergie, cette volonté, en avançant encore le texte, en marchant à tort et à travers, puisque c’est ça, se retrouver, puisque c’est l’un des chemins possibles la réincarnation, réinscription en ici et maintenant (je me suis dispersée depuis trop longtemps, dispersée et perdue).

  175. Ahmet Altan dit :

    Ahmet Altan a toujours refusé de plier. Au bout d’un an de détention, depuis sa prison, il a réussi à faire passer sous le manteau une lettre magnifique publiée dans Le Monde, où il jurait que son esprit serait pour toujours une forteresse inatteignable :

    « Attendez et écoutez ce que j’ai à vous dire avant de battre les tambours de la miséricorde. Oui, je suis détenu dans une prison de haute sécurité au beau milieu d’un no man’s land. Oui, je demeure dans une cellule où la lourde porte de fer fait un bruit d’enfer en s’ouvrant et en se refermant. Oui, ils me donnent mes repas à travers un trou au milieu de la porte. Oui, même le haut de la petite cour pavée où je fais quelques pas dans la journée est recouvert de grilles en acier. Tout cela est vrai, mais ce n’est pas toute la vérité. Les beaux matins d’été quand les premiers rayons du soleil viennent traverser la fenêtre, j’entends les chansons enjouées des oiseaux qui ont niché sous les combles de la cour, mais aussi le son étrange qui sort des bouteilles d’eau vides en plastique qu’écrasent les prisonniers. Je vis avec le sentiment que je réside encore dans ce pavillon avec un grand jardin où j’ai passé mon enfance ou alors, pour une raison bizarre et que je ne m’explique pas, dans ces hôtels français situés dans des quartiers animés. Quand je me réveille avec la pluie d’automne qui frappe à la fenêtre, je commence la journée sur les rives du Danube, dans un hôtel avec des torches enflammées qu’on allume tous les soirs. Quand je me réveille avec le murmure de la neige s’empilant de l’autre côté de la fenêtre, en hiver, je commence la journée dans cette datcha aux énormes vitres où le docteur ­Jivago avait trouvé refuge. Jusqu’à présent, je ne me suis jamais réveillé en prison – pas une seule fois. »

  176. Nicolas Moulin dit :

    Transit d’un matin gris à creil. Constat que dorénavant, on retrouve plus une ambiance Allemagne de l’Est en france qu’en ex Allemagne de l’est, en aussi moche mais moins spectaculaire. Des flics emmerdent un black qui fume tranquillement sa clope sur le parvis de la gare en attendant son train pour Paris (15mn de retard) . Une nuée de types habillés en bleu schtroumpf font les tourniquets vivants au niveau des accès au quai répétant les yeux vides « bonnjournébonwikènde ». Avant, au PMU où j’ai pris un café au comptoir, BFMTV exhibe trois pantins dont il se dit qu’ils sont du gouvernement. Un chauve à tête de lézard triste répète mécaniquement les termes « école » « république » et je sais plus quoi. les mots sonnent creux, c’est un vide béant et sinistre. Il plane quelque chose de terriblement arriéré et rance sur leur visage. Ils sont morts. Tristes caricatures. Pantins mal animés. Finalement, embarqués dans ce véhicule obsolète qui va droit dans le mur, la seule chose positive est de se dire qu’il tombera peut être en panne avant de le percuter.

  177. brieuc le meur (suite Nicolas Moulin) dit :

    La banlieue parisienne, mais aussi la province, ont des côtés figés dans le temps. Si ce n’est pas l’infrastructure, torve et tristounette, qui coupe la respiration, ce sont les regards fuyants ou les conversations super beaufs qui choquent, façon sortie de troquet et accents durs, errance matinale, pastis et rosé dès onze heure. Ces impressions disparaissent quand on prend le train ou le métro, où à « certains feux rouges », où il y a plus de brassage social, et où on se dit : tiens, des gens sympas et rigolos (et pas brisés par le système ou par l’ennui).

  178. Nicolas Moulin - Quitter Berlin dit :

    Maintenant que je sais que je vais quitter Berlin, je me surprends à contempler cette ville comme je ne l’avait contemplé depuis au moins dix ans. C’est le deuil lancinant des brumes de Novembre avec ces choses que mon regard ne percevait plus car l’usure quotidienne rends astigmate voir complètement presbyte qui est un terme qui conviendrait bien parce que je m’imagine bien présentement tel un curé sans foi épiant la rue à travers les voilages gris d’une fenêtre de presbytère…gris comme le visage d’un gars sous neuroleptiques, comme on en croise parfois, peut être. N’empêche que tout ça semble très sublime avec un œil trouble. Le formica est toujours plus marron de l’autre côté du grillage me direz vous. Moi je pars peut être m’installer entre un presbytère et le cimetière où repose mon père, comme quoi…

  179. michelin sarhouel - direct dit :

    « Je n’irais pas jusqu’à dire que j’allais bien, j’avais compris depuis longtemps que la possibilité d’un bonheur durable n’était pas de ce monde mais enfin, il me semble que je traversais une période de paix relative, disons que l’idée que plus de 300 personnes aient déjà participé à la cagnotte de Christophe m’emplissait d’une certaine forme de satisfaction qui, dans l’état de stupeur générale où je me trouvais, pouvait s’apparenter à de la joie, si on n’était pas trop difficile, ce qui fait qu’au bout du compte, et bien que j’en eusse longtemps, et avec une constance qui me surprenait moi-même, caressé le projet, je renonçai, ce jour-là, à émasculer un épagneul en direct sur YouTube. »

  180. lise d' O. dit :

    L’ épagneul aboyait ou non ? lol

  181. blm - Sarajevo dit :

    Freddy a fini d’écrire. Et s’il changeait de personnage ? Et s’il devenait une autre ancre à vos accroches ? Pourquoi une personne romanesque ne serait pas une pierre au milieu des foules idiotes. Rien ici ne prédestine. Vous n’aurez pas le salami und bier sans avoir aussi la solitude des décisions contre européennes. Qu’est-ce que vous croyez ? Le nature en ville est une merde en bouclette ! Fermez votre gueule les lecteurs ! Fermez votre ambidextres arthur léger drôle le soir quand je te cherche petite fille. Mais quand tu arrives tu es une fille du cirque et ton homme est comme moi. Comment rentrer dans mon garage désordre sans que tu n’en sortes ? Tu es une française en allemagne, et moi, je suis seul. Freddy trouvait que ce que le sort lui apportait -en 2019- se foutait de lui. Putain. Mais sérieusement. Les libertés à la pizzéria sont intenables. Sérieusement. Les types mettent des annonces : qu’ils sont aussi présents dans les soirées de *renate (un club berlinois aux limites). Limites de votre crédibilité. Et que reste-t-il de nos amours de lenteur et de découverte ? C’est la même soirée que vous nous proposez dans vos pizzas. Je ne sais plus comment écrire. Je ne suis pas Freddy. Je ne suis pas vous. Je ne suis pas… moi.

  182. voidcaïd - Hamburg dit :

    je veux écrire sur cette femme rencontrée dans un bar de Hambourg. M’a t-on envoyé dans ce quartier pour être au milieu des fous, des libres? Quoi qu’il en soit, c’est évidemment ce que je voulais faire à Hambourg, car Hambourg est plus libre que Berlin (qui est une ville de jeunes gens qui attendent. Qui attendent pour toujours).
    Alors voilà : (mais ne croyez pas que vous allez tout connaitre de ma vie).
    alors voilà : je traîne dans le quartier d’Atona. Je vois cette nana seule qui boit seule dans ce bar bondé. Plus qu’elle, je vois la place vide à côté. Je me m’assois et commande une bière. Elle se retourne. Elle boit de l’apfel schorle, un mélange de jus de pomme et de vin blanc, typique d’une Allemagne qui se bat contre l’opium de l’alcool de patate (comme l’écrit Nieztsche). Enfin ; bref. On est déjà en bons termes. Elle ressemble à Audrey Tautou en blonde : visage aquilin, fortes pommettes. Coupe garçonne. Très souriante. Très confiante. Et forte. Elle me demande quel âge j’ai. Je lui explique qu’on me trouve toujours plus jeune. Je lui dit : Je vais avoir 45 ans. Elle me dit Aaah. Je croyais que tu avais 31. Elle rit. Je ris. Cette nana n’est pas une nana comme les autres. Elle a cette vie en elle, une de ces vies diffuses que j’ai déjà vu dans les raves party des années 90. Des forces de la nature. Des visons. Des visions que j’ai. Je lui demande aussi. Vous savez, lorsqu’on demande … l’espace se libère, et avec elle l’espace se libérait. Le ciel gris et nuageux mutait en ciel bleu roi, jaunes et rouges technicolor juchés sur une terre sablonneuse. Ici pousse l’amour des vins moyenâgeux, des autoroutes de l’information coupées au diamant des villes. On parle longuement de ma ville natale : Blois, la Loire, la Bretagne.
    – Et toi?
    Tu es une fille de Hambourg et tu as 31 ans? Elle rit. Evidemment qu’elle n’a pas 31 ans. Je le vois à ses dents de fumeuse. Mais sa peau. Est si…
    Elle me dit qu’elle a 46. Je lui dis: Tu es de 73?! Je suis sur le cul. Une nana de 73. C’est comme une cuvée oubliée! C’est comme un pan entier du temps et de l’humanité vissée dans le confort et la passion réduite,. Ça doit être l’oeuvre d’un horloger suisse, seul et autiste.

    Et puis, pourquoi je continuerais à vous raconter cette histoire?

    Vous n’avez déjà pas acheté mon premier livre.

  183. Raffaël Enault - surface de la vie dit :

    Tous les matins en me levant, je me demande ce que je fous ici, dans cette vie à Paris où je me sens comme un chat dans l’eau. Alors je prends parfois des photos. À Los Angeles, c’était pour ne pas oublier que je photographiais, pour me raccrocher à quelque chose de l’existence qui me plaisait, des objets, des couleurs, des idées, des êtres, des rêves. Je me pensais sauvé. Ici c’est pour rien, pour personne, même pas pour moi. Je ne vote plus, je ne regarde plus les gens, je ne les écoute plus, je ne sors plus, je n’étudie plus, je ne bavarde plus. Je dors. Je mange. Je lis. Je fais du sport et je me lave. Seul. Ce n’est plus de la déprime mais de l’indifférence. Totale. À tout. Car je sais bien qu’il ne m’arrivera plus rien ici, ni en bien ni en mal. Je suis hors de portée pour mes ennemis comme pour mes “amis”. Dans ce monde où je suis seul, je contrôle tout, mes revenus, mon présent, mon corps, mon esprit. J’ai reconstruit ma vie en forme de forteresse invisible. J’habite un château dans le ciel. Reste des résidus de honte. Pour avoir demandé de l’aide quand j’allais mal. Avant. C’était une erreur. J’ai honte d’avoir été aussi naïf. Personne n’aide jamais personne (sauf si en aidant quelqu’un on peut s’aider soi-même). Je me suis ainsi dévalué. Comme de la monnaie de singe. À abandonner, à jeter, à oublier ! Voilà le message que l’on génère quand on demande de l’aide. C’était stupide. Alors je me suis oublié. Désormais, ontologiquement, je vis dans un désert où les dunes sont toutes les mêmes. Je n’attends rien de la vie ici, sinon des fenêtres de temps pour écrire. Tous les jours. Des pages. Pour explorer, tuer et explorer encore. Je me suis débarrassé de ma thèse et de mes rêves. J’habite pleinement le présent. Je n’ai plus rien à craindre de personne. Ma mort se reflète en permanence à la surface de mon existence, comme sur cette photo le génie dans l’eau. Alors quoi, qui pour me faire peur ? Rien. Personne. Ou peut-être mon reflet, car je suis une anomalie, comme un enfant avec une biographie. J’explore donc la profondeur de la surface de ma vie.

  184. Deva Cavayé - 43 dit :

    J’ai roulé en voiture avec papa clope au bec, sans ceinture et sans siège enfant. J’ai eu des phares jaunes. J’ai roulé à 2 sur un Chappy. J’ai écouté des faces A et des faces B. Pour mon walkman, j’ai enregistré des émissions de radio et fait des compil K7 grâce à ma mini chaîne (avec fonction recherche de blancs!). J’ai fait de la science nat, de l’EPS et de l’E.M.T, j’ai passé un bac qu’existe plus. J’ai envoyé des messages sur des tatoo et on me répondait sur mon fixe avec répondeur interrogeable à distance. J’ai mangé des Raiders et des picorettes. J’ai mis du StudioLine sur mon carré asymétrique et j’ai eu une mini vague. J’ai porté des Jeans Marithé François Girbeau, des Fila et des LA Gear. J’ai dansé des Pogos et des slow quand j’avais 12 ans mais ça c’était avant le 36 72 des raves. J’ai fait des flyers avec des lettres à décalquer car personne n’avait d’ordi. J’ai fait des chèques en francs et des numéros de téléphone à 7 chiffres. J’ai eu un minitel, des maxi 45 et un 90 à l’arrière. J’ai pris des bus à plateforme et j’ai regardé FR3 et Antenne2: ah ah deux deux deux…
    From the 70’s, babe!

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